« A qui profite le crime ? »
Quand un crime est commis, la sempiternelle question qui revient est : « A qui profite le crime ? ». Dans le cas du coup de poker perpétré par le Capitaine Sanogo et ses co-mutins il y a une dizaine de jours, la réponse est sans appel : Les rebelles venus de Libye. Ce n’est un secret pour personne que ces derniers se frottent les mains depuis cette aubaine tombée du ciel, à savoir le chaos à Bamako, créé par les soldats mutins. La progression fulgurante des rebelles que nous subissons est sans précédent dans l’histoire récente du Mali. Kidal, Gao et Tombouctou sont tombées, les populations fuient les autres localités.
Les mutins ont-ils peur de se battre contre les rebelles ?
Compte tenu de cette évolution dramatique que nous constatons, on pourrait se demander quelles étaient les vraies motivations de la forfaiture commise par Sanogo et ses co-mutins. Certains n’hésitent pas à se demander si ce n’est pas la peur d’aller se battre au nord qui a poussé ces mutins à commettre cet acte inqualifiable contre leur propre pays. Mais, si c’était seulement la peur d’aller se battre, pourquoi les mutins refusent-ils de se retirer en constatant les conséquences catastrophiques de leur acte ? Sanogo a déjà été en contact avec les questions du nord, on le sait. Maintenant ce que nous ne savons pas c’est avec qui a-t-il pu avoir des contacts ? Seul lui pourrait éclairer les Maliens.
Les mutins nous font perdre du temps et des soutiens
Une chose est sûre, si ses mutins continuent de constituer l’obstacle majeur qu’ils sont maintenant à toute riposte crédible et organisée contre les rebelles venus de Libye, le Mali pourrait durablement perdre le nord. Le temps joue contre nous, contre le Mali et les Maliens. Tout le monde le sait. Les rebelles continueront à gagner du terrain, ce ne sont pas ces incapables de mutins qui les arrêteront.
Sanogo et ses co-mutins se sont crus obligés d’aller supplier à la télévision nationale la CEDEAO de les aider à se maintenir au pouvoir, après avoir organisé un désordre à l’aéroport de Bamako qui a empêché les représentants de la sous-région à venir discuter avec les protagonistes de cette situation au Mali. Il est clair que ces mutins font partie des problèmes du Mali et non pas des solutions. Tant qu’ils poursuivront leur entreprise d’usurpation du pouvoir, ils empêcheront le pays de bénéficier des soutiens de ses partenaires qui ne demandent qu’à pouvoir discuter avec des interlocuteurs sérieux et crédibles.
Le risque de chaos total guette le Mali
Pourtant, les humiliations que notre armée est en train de subir au nord du pays à cause de l’entêtement de Sanogo et de ses co-mutins à s’accrocher indûment au pouvoir, ces humiliations ne sont qu’une partie du problème. En effet, les Maliens doivent comprendre que notre pays était devenu un trophée pour la communauté internationale, un bon exemple dont tous étaient fiers. De ce fait, elle est prête à tout mettre en œuvre pour rétablir un ordre constitutionnel normal. Les sanctions financières et diplomatiques annoncées ne sont qu’une étape dans la panoplie de mesures de rétorsion qui a été concoctée pour atteindre de cet objectif.
Du coup, les salaires ne seront plus payés, l’approvisionnement de l’armée sera compromis, l’économie nationale sera plongée dans une crise sévère, les populations seront soumises à des souffrances inutiles et j’en passe.
Certains Maliens restent scotchés à leur colère inutile contre ATT qui est déjà hors jeu
La question à laquelle nous devons répondre maintenant est celle-ci : « L’important c’est le Mali ou Sanogo et ses co-mutins ? ». Ces derniers ont créé une situation qui a exposé le Mali à l’ingérence étrangère, qui pourrait entraîner la partition du pays et détruire l’économie malienne. Malgré la gravité de l’heure, certains compatriotes sont restés scotchés à leur colère contre ATT, qui est hors jeu depuis longtemps. Certains opportunistes vont jusqu’à remettre en cause les institutions du Mali qu’ils défendaient il y a encore quelques semaines en rejetant la réforme non nécessaire proposée par ATT. Nous savons tous qu’il faudra se réveiller tôt ou tard et sortir de cette colère destructrice. Mais, un réveil tardif servirait-il à quelque chose ?
Une contribution de Mr Souleymane Doumbia (Dakar)
Le Mali semble se diriger vers un desastre sans precedent : sans armee, sans etat, avec des incapables a tous les niveaux de responsabilites. C’est deconcertant!
Comments are closed.