(Rubrique : Regard citoyen et républicain) : Les insuffisances des réformes envisagées par le projet de loi !

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Le projet de loi portant révision de la Charte de la transition envisage un élargissement du CNT en vue de lui conférer, peut-être, une plus grande légitimité. L’effort est appréciable mais cela ne résout pas pour autant les problèmes suscités par cet organe constitué à la va-vite et qui ne fait qu’assister les autorités de Transition au lieu d’être un contre-pouvoir qui veille.

Il n’est pas le lieu, ici, de revenir sur la question de la légalité de cette institution,  le PM nous ayant déjà édifié à ce propos. Mais on peut se demander dans quelle mesure peut-on rendre plus utile cette institution ? À défaut d’être dans la légalité parfaite,  le CNT pourrait être un organe démocratique plus pragmatique. En outre, il est question,  dans le projet de loi,  de réduction des trains de vie de l’État. Mais les mesures prévues seront-elles efficientes ? Où s’agit-il des entourloupes héritées de l’ancien Mali?

À l’origine, le CNT a été composé pour faire plaisir à la rue. On y a intégré des personnes inexpertes donc inaptes à jouer le rôle naturel d’un parlement. Or, en pareilles circonstances, une situation exceptionnelle,  cette institution aurait dû être composée par des experts des questions existentielles auxquelles notre nation doit répondre. Le populisme, qui a pu guider le choix de certaines personnalités, ne devait pas prévaloir.

Il est nécessaire de revisiter les critères de choix des « honorables «  du nouveau régime. Cette Transition doit relever le niveau du débat en s’entourant d’experts pouvant prendre la mesure des enjeux et des défis. Nos autorités ne doivent pas commettre l’erreur de s’entourer uniquement de gens acquis à leur cause. Ce serait commettre  une erreur de jugement que de vouloir se passer de conseils avisés. La camaraderie aux sommets des institutions ne fera que les décrédibiliser.

L’absence de contradiction laisse toujours planer un soupçon de doute, le CNT n’ayant jusqu’alors servi que de chambre de validation des initiatives du pouvoir de Transition. Et cela est fort regrettable car en période de trouble sécuritaire, politique et institutionnel, seul un organe indépendant (composé d’experts) peut constituer une force de réflexion utile pour la nation. Les nominations par affinité sont des pratiques de l’ancien Mali. Nul ne l’ignore !

Par ailleurs, les autorités de la Transition semblent convaincues qu’une augmentation du nombre des Conseillers pourrait lui procurer plus de légitimité.  On cherche, peut-être,  à s’attirer la sympathie de ceux qui n’ont pas encore leur part du gâteau. Mais la mesure est incompatible avec l’ambition affichée de réduire le train de vie de l’État. En effet,  à moins que les Conseillers ne soient épris d’un sentiment profond de patriotisme et renoncent aux salaires et autres gratifications, une augmentation du nombre ne ferait qu’alourdir les charges d’une transition qui se veut économe. On saluera,  toutefois au passage, la décision de réduire le nombre de ministres et de supprimer le poste de vice-président. Cette initiative vient auréoler cette transition qui n’arrête pas de s’illustrer par ses victoires sur le champ de bataille.

Enfin, et c’est peut-être le point le plus important,  le projet de loi a passé sous silence la question de la durée de la Transition. Il se contente d’indiquer que les conclusions des ANFR seront prises en compte lors de la révision de la Charte. Aussi se demande-t-on quelle sera la durée retenue. Les conclusions des ANR étant imprécises à ce propos, il se pourrait bien que cette révision ne soit en réalité qu’une occasion de faire valider le quinquennat souhaité par les autorités de la Transition. Ce serait bien dommage de tenter un autre coup de force. Un tel procédé serait contreproductif et confirmerait le soupçon d’une usurpation de pouvoir.

Ajoutons que les conclusions des assises ne sont que des recommandations issues d’une consultation d’une partie du peuple. Elles ne sauraient être imposées légitimement  dans une logique de prorogation excessive de ce qui est une situation exceptionnelle. S’il convient de proroger le délai de la transition pour poursuivre les missions en cours et organiser des élections libres dans un bref délai, la classe politique doit nécessairement être associée au projet de révision.  Il ne s’agit pas de refaire les assises mais plutôt de définir un chronogramme sur la base d’un consensus.

Le président de la Transition, fort de la confiance du peuple, pourra se retirer pour préparer sa candidature aux élections prochaines. Feu le général ATT avait réussi ce pari en son temps. Ce serait une autre preuve de son patriotisme.

Vive le Mali !

Vive les Famas et merci pour le sacrifice !

Dr DOUGOUNÉ Moussa

Professeur d’enseignement Supérieur

Consultant Formateur auprès des entreprises et des banques

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