Suite à la prise de position de notre parti Avenir et Développement du Mali (ADM) en faveur du référendum, Nous avons été vivement " sommé " d’apporter la contradiction à la position de l’ancien Premier Ministre Zoumana Sako telle qu’exprimée dans un texte intitulé : ”Réforme constitutionnelle : " Une menace grave et imminente à l’ordre constitutionnel issue du 26 mars " : (http://www.afribone.com/spip.php?article35176).
l s’agit d’un texte que comme beaucoup d’entre nous, j’avais lu et jugé utile de commenter par égard pour l’ancien Premier Ministre que moi aussi j’ai apprécié dans ma jeunesse, il y a 25 ans (un quart de siècle). Pourtant, cette dialectique semble être devenue le bréviaire des partisans du non au référendum sur la révision constitutionnelle, et attire à sa suite des apologistes plus ou moins aguerris au droit constitutionnel, qui très souvent argumentent sans même avoir pris le soin de lire la constitution qui régit actuellement notre pays le Mali.
Dans ce qui suit, nous allons démontrer que l’argumentaire de Monsieur Sako et de ceux qui s’en veulent les émules, repose plus sur une base rhétorique, que sur un syllogisme juridique rigoureux. Parce que l’architecture institutionnelle et sociétale sur laquelle notre ainé s’appui pour démontrer son cas, pour logique qu’elle paraisse, reste sans fondement au regard de la réalité.
Il ne s’agit pas seulement de démontrer que le raisonnement qui fonde le refus du référendum est infondé. Dans un second temps nous exposerons les raisons qui ont conduit notre parti l’ADM à apporter son soutien à la proposition de révision constitutionnelle.
Pour autant, chacun devra considérer que cela n’ôte rien à l’estime et au respect que je porte à ce grand aîné qui eut dans le passé à jouer un rôle conséquent dans l’histoire de notre pays.
Ce suit se voudra donc rester dans le respect du à un ancien Premier Ministre de la république du Mali auquel nulle personne qui respecte nos institutions ne saurait déroger, ni au respect aux ainés qui sied à la grande tradition Malienne.
Au total pour reprendre le constat de la Mission de réflexion sur la consolidation de la démocratie au Mali, s’il est indéniable que depuis une quinzaine d’années la démocratie est une réalité dans notre pays, ce qui lui vaut d’être citée en exemple, la pratique institutionnelle a mis en évidence de nombreuses questions qui constituent des sujets de préoccupations.
D’ou la nécessite de clarifier avec le nouveau texte, les compétences des institutions de la République ainsi que leurs relations et, au besoin de recentrer ou de renforcer lesdites compétences ; de corriger les lacunes et les insuffisances révélées par la pratique institutionnelle…
La longueur de cette contribution résulte du fait que le Premier Ministre développe son raisonnement en 4 points (A,B,C et D) et conclu en un point E. Nous allons donc reprendre point par point sauf lorsque cela s’avèrera inutile. Etant entendu que si la base juridique ou sociale sur laquelle tout repose est infondée, la conclusion qui en découle devient discutable.
A) De la procédure :
Tel qu’admis par le Premier Ministre lui même, c’est la Constitution du 12 janvier 1992 qui en son article 118 alinéa 1 reconnait au Président de la République, concurremment avec les Députes, l’initiative d’une révision de la Constitution. A ce titre, la révision est un droit constitutionnel reconnu au Président de la République, qui s’il l’estime opportun pour le bien de la nation pourra y procéder.
‘‘La Constitution du 12 janvier 1992 est le fruit de la Conférence Nationale de 1991 à l’occasion de laquelle toutes les forces vives de la Nation sont convenues des règles fondamentales du système démocratique pour l’avènement duquel le Peuple malien a consenti jusqu’au sacrifice ultime.”
Il est a noter que c’est d’une disposition expressément prescrite par cette même Constitution (article 118 précité), qu’il ressort que le Président peut décider seul ou avec le concours de Députés, de la nécessite de procéder a une révision. Des lors, l’argument qui qualifie la procédure d’"antidémocratique" est sans fondement car il contrevient à la lettre même du texte constitutionnel.
Le chapitre relatif à la procédure ne peut donc que relever d’une opinion personnelle du Premier Ministre et non d’un fait constitutionnel. Au demeurant, Il a été loisible à ceux qui contestent la compétence des experts de s’impliquer dans le processus depuis trois ans, mais l’approche des élections leur semble plus propice.
Et lorsqu’il est dit : " La procédure suivie par le Président de la République est unilatérale et anti-démocratique" Le Premier Ministre fait preuve de méconnaissance des textes, dans la mesure ou ladite procédure résulte du texte de 1992, qui lui même résulte de la volonté du peuple.
Si tel n’est pas le cas, nous l’invitons ainsi que toute autre personne en mesure de le faire, à produire l’article de la constitution qui démontre le contraire et invalide la procédure telle qu’entreprise.
B) Du moment choisi :
Le chapitre sur le moment choisi peut paraître effrayant ! En effet, il est supposé que puisqu’il n’y a pas de fichier consensuel, il ne doit pas y avoir de référendum. Sachant que c’est le même fichier qui va servir pour le referendum et les élections, cela sous entend t-il qu’il ne devrait pas y avoir d’élection ? Une telle confusion peut faire douter de la teneur réelle de l’argumentation développée dans ledit chapitre.
S’agissant du "Timing", toute personne de bonne foi sait que le processus n’est pas de dernière minute, mais a commencé en 2008. En témoigne, le rapport au Président de la République pour la consolidation de la démocratie au Mali rendu par la mission de réflexion sur le même sujet en septembre 2008. Sauf à nier l’existence du travail de cette mission, on ne saurait recevoir l’argument sur l’inopportunité du moment choisi.
De surcroit, depuis 2008, les représentants de la commode, et tous ceux qui se sont autoproclamés les représentants de la société civile ont tour à tour été entendus par le CARI, et à ce jours aucun d’eux n’a apporté de contribution. La liste des personnes auditionnées est disponible sur le site de l’ADM (www.adm-mali.com). Monsieur Sacko, a lui refusé cette invitation à participer depuis 2008, en invoquant son calendrier.
Sur l’absence de conflit, autrement dit le fait que le Président ne sera pas le bénéficiaire direct de la révision, elle n’est évidemment pas une condition suffisante, mais nécessaire, étant entendu qu’elle permet de ne pas être juge et partie a la fois. Ce qui, pour le maintien d’une bonne démocratie, est un acte salutaire.
En outre, au regard du dysfonctionnement de nombre des appareils (soulignés par le Premier Ministre lui même) la révision adresse des problèmes réels ; Et vingt ans d’exercices de la démocratie ont suffit pour le constat. Quant aux sens des priorités, nous ne pouvons que recommander à toute personne qui ambitionne de diriger ce pays d’apprendre à gérer plusieurs priorités en concomitance.
C) Des motifs officiellement invoqués pour le projet de révision constitutionnelle:
Concernant les motifs, le texte lui même les souligne, ils visent l’amélioration du processus démocratique, l’adaptation de l’outil a l’objet, de la lettre à la pratique pour mieux avancer dans la construction d’un système démocratique performant. Et puisque l’on est dans l’anecdote, le Premier Ministre dit : "Selon un adage américain, "If it ain’t broke, don’t fix it " (traduction libre : ne cherche pas à réparer une voiture qui n’est pas en panne)".
Nous lui répondons : Ce n’est pas parce qu’une voiture n’est pas en panne qu’il ne faut pas l’amener en révision (vidange et contrôle) sinon elle risque de tomber en panne. Il en va de même pour la constitution, il faut la réviser afin qu’elle ne soit désuète.
c.1 : Le Premier Ministre se fait inutilement alarmiste parlant de "grave danger" et semble ignorer que selon l’Article 29 "Le Président de la République est le gardien de la Constitution", qu’en conséquence, toute communication de sa part se fait dans l’esprit et la lettre de cette Constitution.
Ensuite, Chacun peut constater que comme l’article 118 le prescrit, le texte a été envoyé à l’Assemblée pour vote et attend que le peuple se prononce par référendum. Il convient également de souligner au passage, que c’est cet article 118 dont vous ”craignez” la méconnaissance, que vous avez méconnu plus haut en affirmant la procédure antidémocratique. Le paradoxe est donc à noter.
Et puisqu’il y a répétition, répétons aussi, une fois encore, pouvez vous prouver le contraire ?
c.2 : En affirmant que " dans un État de droit c’est la pratique qui doit s’adapter à la lettre" le Premier Ministre fait encore preuve de méconnaissance du droit et de la jurisprudence. Pour ne citer qu’un exemple : Certaines juridictions internationales, font primer les engagements internationaux sur l’ensemble des règles internes des pays concernés, y compris leur constitution. Dans ce cas les Etats de droit révisent leurs Constitutions afin "d’adapter la lettre à la pratique".
Voici en gras souligné ce qui change dans l’article 53 : "Le Gouvernement détermine et conduit la politique de la Nation et dispose de l’Administration et de la Force armée". Le fait de déterminer représente la réalité du Président qui de fait détermine, par son projet de société, la politique tandis que le Premier Ministre la conduit.
S’agissant de l’article 54 rien ne change ! Est mentionné en sus la création du Sénat. L’article 108 quant à lui, retient que le Conseil Économique, Social et Culturel est un organe consultatif du Gouvernement.
Parler de "graves violations" nous semble donc être un abus de langage.
c.3 : Le Premier Ministre voit affaiblissement là où il y a précision. En effet, l’ancien article 76 dispose "le Gouvernement peut s’opposer à l’examen de tout amendement" par l’Assemblée Nationale, mais ne dit pas qui tranche entre eux. Les articles 76 nouveaux ajoutent que c’est le Conseil Constitutionnel qui tranche. Où est le problème, fautil les laisser s’opposer sans fin ?
En outre, ils précisent que "Les projets et propositions de loi sont, à la demande du Gouvernement ou de l’Assemblée qui en est saisie, envoyés pour examen à des commissions spécialement désignées à cet effet. Les projets et propositions pour lesquels une telle demande n’a pas été faite sont envoyés à l’une des commissions permanentes dont le nombre est fixé par le règlement intérieur de chaque assemblée." Tout autant que ces décisions ne doivent pas négativement affecter le budget de l’Etat.
Encore une fois où est l’atteinte au pouvoir de l’Assemblée Nationale ?
Quant à l’article 79 voici en gras souligné ce qui est supprimé : "Lorsque l’Assemblée nationale adopte une motion de censure ou lorsqu’elle désapprouve le programme ou une déclaration de politique générale du Gouvernement, le Premier Ministre doit remettre au Président de la République la démission du Gouvernement". S’il ne présente plus de déclaration de politique générale, doit-on garder une phrase inutile dans la Constitution?
Le point soulevé par l’article 79.3 relève d’une argutie non fondée ? Aussi, les propos désobligeants à l’égard des élus de la nation n’ont pas lieu d’être et, il est inutile que nous les relevions.
c.4: Au delà de ce qui a été déjà dit en c.2 ces commentaires relèvent d’une opinion individuelle.
c.5 : Lorsque le Premier Ministre affirme " le projet présidentiel réduit dangereusement les possibilités d’intervention directe du Peuple" il est subjectif et imprécis. En tentant de deviner: s’il s’agit de l’article 118, au contraire, il a pour objet de mettre en exergue et singularise le fait que NUL NE DOIT TOUCHER A L’ARTICLE 30, hors le peuple. Car c’est là que réside la raison de tous les "tripatouillages".
S’il s’agit de l’article 41, force est de reconnaitre qu’il introduit en plus "le droit de pétition" pour les conseiller municipaux.
c.6:Le Premier Ministre ne peut ignorer que la création d’un Sénat, loin que "d’entraver le processus législatif" non seulement le renforce en y ajoutant une institution, renforce la décentralisation, mais renforce la gouvernance par ce que les textes seront soumis à un autre regard. Quant au fait que l’article 76.5 mette "en cause le principe sacro-saint de la séparation des pouvoirs".C’est à croire que les auteurs du texte connaissent mieux ce principe que ceux qui l’ont exprimé, puisque l’article 41 de la Constitution française de 1958 (dont s’inspire la Constitution de 92, que le Premier Ministre estime non séquatur) dit exactement la même chose.
c.7 : Pour paraphraser le Premier Ministre lui même, il convient d’éviter les "déclaration pompeusement, péremptoire et vainement sentencieuse et subjective" qui n’engage que son auteur.
c.8 : Parler de ”système autocratique sans contrepouvoirs, consacrant le pouvoir personnel sans responsabilité politique du Président de la République’‘ est une affirmation fallacieuse tendant a divertir le lecteur puisque depuis l’instauration de la IIIe République, le régime a toujours été semi-présidentiel au Mali ; Et le nouveau texte consacre le maintien du même régime.
D) Commentaires spécifiques sur quelques éléments du projet présidentiel
d.1 : Le président Chirac disait que les Africains ne sont pas murs pour la démocratie et notre ancien Premier Ministre dit que nous ne sommes pas murs pour un Sénat !
Or c’est justement parce que le Haut Conseil des Collectivités, comme l’affirme le Premier Ministre connait un "déficit de capacités humaines et institutionnelles" que le Sénat est crée.
Pour autant, d’aucuns peuvent être surpris, que le Premier Ministre qui n’a jamais occupé de mandat électif au Mali, puisse aborder aussi légèrement le déficit intellectuel d’une assemblée d’élus à laquelle il aurait pu apporter son expertise.
Il convient également de rappeler que nul ne détient le monopole de se préoccuper des difficultés quotidiennes et structurelles dont souffrent les Maliens. Et penser qu’il n’y a pas eut de progrès réels sur tout les domaines sociaux pendant les quinze dernières relève soit d’une cécité réelle quant à la situation du Mali, qui cette année encore enregistre un taux de croissance supérieur à 5 % alors que la moyenne sous régionale sera au dessous de 2 % ; soit d’un parti pris unilatéral.
d.2 : Il est surprenant de constater au regard des fonctions occupées par le Premier ministre, une méconnaissance réelle de l’agencement de l’Etat : Comment ignorer sinon que la Cour des comptes est une juridiction financière de l’ordre administratif. Aucun autre des organes cités par le Premier Ministre n’a de pouvoirs juridictionnels et en conséquence ne peuvent juger et contrôler l’administration et ou régler les litiges avec celle-ci.
Une juridiction administrative est un tribunal à part entière, distincts des tribunaux judiciaires. Ils constituent un ordre de juridiction particulier : l’ordre administratif. Aussi dire que "la Cour des Comptes ferait, dans une large mesure, double emploi avec le Bureau du Vérificateur général, le Contrôle Financier, la Direction du Budget, le Contrôle Général des Services publics et certaines Inspections départementales comme l’Inspection des Finances, etc." témoigne au mieux d’une méconnaissance de l’ordre administratif.
d.3 : Le déséquilibre est patent entre l’usage de superlatif négatifs et la réalité des faits. L’opinion selon laquelle "l’autorité définissant la politique de la Nation doit être responsable politique devant la représentation nationale" est dogmatique si elle ne tient pas compte du fait que c’est le Président qui détermine par son projet de société la politique de la nation ; Et c’est omettre de reconnaitre que la responsabilité politique du président ne relève pas (séparation des pouvoir oblige) du domaine de l’Assemblée Nationale mais du peuple, par voix d’élection ou de référendum.
Et lorsqu’il est dit dans l’article 26 de la Constitution de 1992, que’‘ La souveraineté nationale appartient au peuple tout entier qui l’exerce par ses représentants ou par voie de référendum”, ignorer que cela inclus le Président de la République est faire peu de cas de la lettre et l’esprit de cette Constitution.
De même, à moins d’instaurer un régime parlementaire à la finlandaise, que penser que la cohabitation est un fait constitutionnel et non politique à la discrétion du président dénote d’une méconnaissance des textes en vigueur. Ainsi lorsque le Premier Ministre déclare que "chaque fois que le Président de la République ne dispose pas de la majorité à l’Assemblée Nationale", il y a cohabitation c’est ignorer les pouvoirs dispensés de contreseing.
Par contre, bien que rare dans un système de quinquennat, la cohabitation est possible et demeure néfaste eut égard à la non unité du pouvoir exécutif et qu’un esprit de confrontation apparaît entre le Président et le Premier Ministre. Il est pourtant évident que comme tous les autres pouvoirs, "Le Président de la République n’a d’autres pouvoirs ou prérogatives que ceux que lui reconnait la Constitution". Pour le reste il s’agit de répétitions.
d.4 : Répétition (voir d.3)
d.5 : Ce chapitre ne semble avoir d’autre utilité que de nous rappeler que le Mali n’a jamais été aussi bien que quand Monsieur Sako était Premier Ministre : " A contrario, sous la Transition, l’effectivité du bicéphalisme s’est avérée être un puissant antidote contre les velléités putschistes (avril et Juillet 1991)".
d.6 : Nous sommes d’accord (Kuruka fuga n’est pas nécessaire), puisqu’il reste évident que l’on ne saurait être en désaccord sur tout.
d.7 : Contrairement à ce qui est dit l’audiovisuel ne concerne pas que la télévision. Mais aussi les radios, sites internet officiels, et autres instruments multimédia, etc. Quant à la presse, elle n’a pas vocation à être sous tutelle.
d.8 : Il convient de rappeler que la phrase ”dans les conditions déterminées par la loi” ne fait appel ni à une loi ordinaire, ni à une loi organique, mais à la loi en tant que source du droit. Soit la règle juridique suprême, générale et impersonnelle, ou l’ensemble formé de telles règles, auxquels ne peut se soustraire le droit de propriété.
d.9 : Il est évident que "le caractère obligatoire et gratuit de l’enseignement public doit être maintenu". Mais cela est sans antagonisme avec la création d’un Sénat. Quant à l’officialisation des langues nationales il s’agit d’un débat subjectif sur lequel chacun peut opiner.
d.10 : Aucun commentaire
d.11 : Dire que "C’est le propre de tout régime démocratique que la majorité parlementaire soit, à travers le Gouvernement qu’elle forme, le vecteur principal ainsi que la source d’inspiration et de validation de la politique de la Nation" implique que les Etats-Unis ne sont pas une démocratie. Le reste est déjà mentionné en d.3
d.12 : Lorsque le Premier Ministre affirme que "la notion de ”nationalité malienne d’origine” est floue, difficile à déterminer et à prouver" ; il est navrant de constater que tous ceux qui brandissent cet argument n’ont pas lu l’article 31 de la Constitution de 1992 avant de parler :
Article 31 : "Tout candidat aux fonctions de Président de la République doit être de nationalité malienne d’origine et jouir de tous ses droits civiques et politiques".
Il est loisible à toute personne ayant fait l’effort de lire que cela est inscrit dans la Constitution depuis bientôt 20 ans.
Le nouvel article reprend cela et ajoute en clair "Si tu veut être président du Mali, c’est ton droit, mais il faut pour cela que tu renonces aux autres nationalités, parce que l’on ne veut pas que notre président soit sujet de la reine de tel pays ou contribuable de tel autre". L’idée est simple : même si tu est immigré de la énième génération tu peux devenir président. Evitons donc d’effrayer nos frères de la diaspora inutilement.
d.13 : Lorsque le Premier Ministre affirme "Fixer une limite d’âge supérieure pour l’éligibilité à l’élection présidentielle viole les droits humains, en particulier les textes nationaux et internationaux prohibant toute discrimination basée sur l’âge", il omet le fait qu’il y a une limite inférieure, qui elle touche une plus large portion de la population (les jeunes de moins de 35 ans).
Est-ce à dire que les jeunes n’ont pas de droit humain? dura lex sed led
d.14 : Une arithmétique triviale suffit pour comprendre que la date de l’investiture le 8 juin ne change pas et donne au contraire, plus de chance d’être respectée en donnant plus de temps à la limite supérieure et inférieure des dates électorales.
d.15 : La Cour Constitutionnelle cesse d’être juge et partie comme l’affectionne le Premier Ministre. C’est justement cela qui évite le scénario de certains pays.
d.16 : Il est infondé d’affirmer que "les Président de l’Assemblée Nationale et le Premier Ministre sont plus suspects de velléités de manipulations politiques que le Président du Sénat", parce qu’en cas de vacance, le Président du Sénat devant assurer l’intérim, sa neutralité s’impose. La préséance du Sénat et du gouvernement dans l’intérim s’explique par le fait que celui ci pourrait intervenir à un moment où l’Assemblée nationale pouvait avoir été dissoute !
d.17 : La question n’est pas tranchée par les meilleurs experts en droit constitutionnel du monde. Au Mali, cette limitation qui consiste a interdire a l’intérimaire de se porter candidat a la Présidence, se fonde sur la jurisprudence de la Révolution du 26 mars, qui par souci de neutralité requiert aux candidats de se désengager de certaines fonctions six mois avant les élections. Cet argument qui prévaut en période d’exception n’est plus fondé en situation normale.
d.18 : Opinion ; d.19 : Répétition (voir d.14) ; d.20 : Opinion personnelle et procès d’intention ; d. 21 : Répétition (voir c.2) ; d.22 : Répétition (voir d.14)
d.23 : Les articles 61 et 63 sont changés pour tenir compte de la création du Sénat.
La "manipulation du genre ”harmonisation des mandats” ou ”prolongation des mandats” présidentiels est exclus (voir c.5)
d.24 : Conjecture sans fondement qui n’a aucune relation avec l’article 114. ; d.25 : Répétition (voir c.3) ; d.26 : Répétition (voir c.3) ; d.27 : Répétition (voir c.6) ;
d.28 : Nous avons vu dans un pays voisin que lorsque la Cour constitutionnelle est à la fois juge et partie, elle perd en neutralité.
d.29 : Le Président de la Cour Constitutionnelle n’est pas élu pour éviter (voir Robert Badinter) pour éviter une campagne dans un microcosme qui se veut serein. Au contraire, mandat de neuf ans unique des membres de la Cour Constitutionnelle est un contrepoids qui limite les possibilités d’influence sur eux.
d.30 : L’article 74 donne aux membres de la Cour Constitutionnelle la latitude d’enseigner ou de publier des livres.
d.31 : Nous sommes d’avis avec le Premier Ministre que la mode est une affaire privée. d.32 : Répétition (voir c.5) ; d.33 : Conjecture sans fondement
d.34 : Tout le monde est d’accord sur le principe d’égalité des citoyens et d’égalité du suffrage (article 27 de la Constitution).
E) Conclusion :
Au total, une longue digression sans l’appui solide que confère la connaissance de la Constitution du 12 janvier 1992 issue de la Révolution du 26 mars 1991 ; et une méconnaissance patente du droit constitutionnel altèrent la portée juridique, politique et sociétale du texte qui sert de viatique aux thuriféraires d’un populisme qui ne saurait porter d’autre nom que la démagogie.
Pourquoi l’ADM soutient le projet de révision constitutionnelle
L’ADM a décidé de soutenir la proposition de référendum qui consolide la démocratie au Mali. Comme beaucoup, nous avions émis des réserves car nous ne souhaitions pas que certains, pour plaire au Président de la République, tentent d’altérer l’article 30 de la Constitution de 1992, qui garanti l’alternance politique. En cela nous savions le Président trop attaché aux principes démocratiques que lui même a contribué à établir, pour tolérer une telle entorse. Le CARI ayant montré son attachement aux mêmes principes, nous avons étudié les autres amendements afin de nous assurer que non seulement ils ne portaient pas atteinte à d’autres piliers de notre République, mais qu’ils contribuaient à améliorer son cadre.
Nous avons analysé les arguments des personnes qui s’opposent à cette révision et n’y avons trouvé que très peu de substance et trop souvent une velléité démagogique d’utiliser le manque d’information et le désarroi du peuple pour renouveler leur capital politique terni par le manque d’innovation intellectuelle. Nous avons également évalué l’opportunité d’un tel référendum au regard des autres préoccupations du peuple Malien.
En cela, nous avons estimé que la mission principale d’un gouvernement auquel il ne reste que huit mois devra être, au delà de la gestion des engagements déjà en cours, d’organiser des élections transparentes. Pour autant, force est de reconnaitre que le référendum, loin d’être une entrave à tout cela, permet de gagner du temps et de bloquer pour longtemps toute volonté par les successeurs du Président Amadou Toumani Touré de toucher à une Constitution qui vient tout juste d’être révisée.
Ceux qui ne voient pas là un gage de patriotisme de la part d’un Président qui tient à laisser un leg aux générations futures, sont restés sur des arguments spécieux et refusent d’élever le débat. Pourtant, n’en doutez pas, en refusant d’anticiper, le Mali court le risque à l’heure où c’est la dernière bataille pour les acteurs majeurs du 26 mars1991, de laisser l’initiative d’une future révision constitutionnelle à des acteurs qui ne feraient pas preuve du même amour pour leur patrie, que celui dont ont fait montre Alpha Oumar Konaré et Amadou Toumani Touré. A l’ADM, nous préférons que ce risque soit neutralisé dès aujourd’hui, par un acteur qui a démontré son aptitude à dépasser les passions et tentations propres à tout homme en situation de pouvoir, pour le bien ultime de la Nation tout entière.
Par ailleurs, notre parti a constaté que comme en chaque fin de mandat, le courage tardif des uns et des autres s’éveille pour des raisons politiciennes, tandis que ceux mêmes qui ont soutenu le Président de la République gardent un silence coupable par souci de ménager l’avenir. Pourtant, malgré la difficulté de faire entendre la voix de la modération, la crainte de l’invective qui est plus facile que les propositions constructives, Il convient de ne pas hésiter à défendre un bilan qui reste globalement positif.
Pour évaluer le Mali, il faut le comparer aux autres pays de la sous région. Notre pays connait aujourd’hui un taux de croissance moyen de 5 % alors que la moyenne régionale sera cette année d’environ 1 %. Et si le Mali est si peu coté dans l’IDH, c’est parce que nous sommes partis de presque rien il y a 20 ans. Sur le plan de la démocratie, malgré les tourmentes qui ont secoué l’Afrique de l’Ouest ces 20 dernières années, notre jeune démocratie survie contre vents et marées, grâce à la pugnacité et au génie du peuple Malien, au patriotisme de nos dirigeants et de la classe politique.
Aujourd’hui, le Mali doit demeurer ce phare de la démocratie qui donne de l’espoir aux autres peuples. Mais plus encore, le peuple Malien a le devoir de se renforcer non seulement pour subvenir à ses besoins propres, mais également venir en aide aux pays frères et amis.
Nous devons redevenir la grande Nation que l’histoire nous a habitué à être. Non pas un pays dans lequel ceux qui sont en panne d’idées, veulent ramener le débat aux querelles de chapelle ou d’homme. Nous devons élever le débat, car être Malien, ce n’est pas juste une idée c’est un comportement qui s’inscrit dans l’esprit et la tradition de la grandeur de notre nation. Notre peuple est porteur d’espoir car à chaque génération, il se régénère. Il porte en lui la force qui fait les grandes nations.
Et n’en doutez pas le XXIème siècle n’est pas celui des dialecticiens, mais celui de ceux qui sauront apporter la justice et la prospérité à leur peuple. Le chemin est long et difficile, et ceux qui n’ont pas confiance en eux mêmes, en leur pays et n’ont pas foi en la Miséricorde de Dieu, se décourageront ou finiront par rechercher des bénéfices personnels au détriment du bien être pour tous. Mais la vraie jeunesse malienne, celle qui a donné la valeur des Soundiata, Biton, Babemba et Firoun, elle ne baissera jamais les bras.
Madani Tall, Conseiller Municipal à Doucombo
Président du parti Avenir et développement du Mali (ADM)