Référendum constitutionnel avant les élections générales de 2012 : Les \”Boucliers de la Démocratie\” dénoncent le projet des réformes

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Nous attirons l’attention du peuple malien sur le fait que : " Quand il y a crise, il n’y a de responsables que les dirigeants ". Nous attirons également l’attention des plus hautes autorités de l’Etat sur le fait que : " L’acceptation d’une manière quelconque de l’injustice n’est jamais synonyme de paix, tôt ou tard ça va exploser " beaucoup l’ont appris à leur dépens dont le plus récent est le président Abdoulaye Wade. Ce sont ces inquiétudes réelles qui nous poussent aujourd’hui à demander au Gouvernement du peuple malien de surseoir à l’organisation du référendum auquel nous n’adhérons pas pour les raisons simples…

a proposition du CARI ne verrouille  pas l’article 30 sur la limitation du mandat du président de la République. Cet article peut être modifié par référendum (dans un continent où l’issue des votes est connue d’avance, nous avons souhaité, au nom de l’alternance au pouvoir, voir cet article verrouillé au même titre que la souveraineté de l’Etat, la laïcité, et le multipartisme….).

Nous ne voulons pas d’un "super président " de la République. Déjà, la Constitution de 1992 lui confère d’énormes pouvoirs : chef de l’Etat, il nomme le Premier ministre et les autres ministres, préside le Conseil de ministres, chef suprême des armées, président du Conseil supérieur de la magistrature, il nomme les officiers généraux, les administrateurs territoriaux, les ambassadeurs, nomme le médiateur de la République, a le pouvoir de dissolution de l’Assemblée Nationale. Comme si cela ne suffisait pas, la Constitution que nous proposent les experts pour la Consolidation de notre démocratie donne davantage de pouvoirs au président de la République : il nomme le président de la Cour constitutionnelle, il nomme 3 juges de la Cour constitutionnelle pendant que les chefs des trois autres institutions (le président de l’Assemblée Nationale, le président du Sénat, et la Magistrature) nomme chacun deux). Il nomme le président de l’Autorité de Régulation de l’Audiovisuel, les membres du Conseil économique, social et culturel, définit la politique de la nation.  S’il vous plait, où est la consolidation de la démocratie ? Il s’agit plutôt de la "consolidation du pouvoir du président de la République".

Pendant 20 ans, le Mali a fonctionné avec une Constitution rigide où la modification même d’une virgule n’est possible que par une expression populaire (référendum). Cette Constitution est le fruit d’une large concertation qui a abouti à la Conférence nationale de 1991 conduisant à la Constitution de 1992. Sa rigidité tient donc à sa condition d’élaboration et au fait que le peuple a compris qu’une loi fondamentale qui régit l’organisation et le fonctionnement d’un Etat, qui fixe les émoluments et avantages des dirigeants, si elle est modifiable facilement par ses hommes peut conduire à l’abus. C’est pourquoi, nous demandons que l’on travaille plus à renforcer les capacités de l’Assemblée Nationale (que l’on peut même appeler "Blonba" comme la Douma en Russie) en véritable contre-pouvoir.

La création du Sénat consistera plus à faciliter la modification de la Constitution qu’à consolider réellement la démocratie dans notre pays, sans compter son impact financier sur le budget national.

Le socle de la Démocratie c’est également la décentralisation. Ce processus entamé à l’aube de la 3é République par le ministre Ousmane Sy qui l’a conduit très loin, a encore du chemin. Une chose est de créer une commune, une autre est de la doter de moyens lui permettant d’assurer son autonomie. Donc, le chemin est encore long, c’est pourquoi, il est nécessaire de maintenir le Haut Conseil des Collectivités Territoriales tout en le dotant de plus de moyens pour mener à bien le processus de décentralisation.

  Aussi, nous invitons nos dirigeants à sortir du mimétisme. Nul besoin de le dire, cette Constitution est la copie conforme de la Constitution de la Vème République française.

 La France n’est pas le Mali et les Français ne sont pas les Maliens. A chaque pays ses réalités. Ce qui est considéré comme de la "bona mores" ailleurs peut ne pas l’être au Mali.  Si en Hollande, au nom de "la liberté " et " des Droits de l’homme " on autorise un mariage homosexuel, au Mali, au nom des mœurs on ne peut le tolérer. Si en France, une loi interdit le port de voile à l’école au nom de la "Liberté " , au Mali au nom de la "liberté " cela est autorisé. A chaque pays donc sa notion de "Droit de l’homme" et de " Liberté ".  Singer pour singer, sans considération des réalités de son pays, conduit directement à l’échec. Voilà pourquoi l’Afrique a toujours échoué… En 2002, comme l’a fait la Cour constitutionnelle de Gbagbo annulant les voix du Nord, celle du Mali a annulé des milliers de voix prétextant la fraude, permettant au Général de passer au 2è tour de la présidentielle devant Ibrahim Boubacar Kéita (qui devrait être au 2ème tour avec Soumaïla Cissé)  (2eme bavure). En 2007 c’est le fameux "tako kelen ".

Nous sommes aujourd’hui en début juillet 2011, rien n’est fait pour assurer des élections libres, transparentes et crédibles. Au contraire c’est la tergiversation autour des fichiers (RACE-RAVEC). La question que se pose «les Boucliers de la Démocratie» est la suivante : Que faisait le Gouvernement tout ce temps ? A-t-il oublié sa mission la plus importante ? Pourquoi poser un problème aujourd’hui qui devrait être réglé depuis longtemps ? Le président de la République a clairement évoqué son départ en 2012. Il a même précisé qu’il ne restera pas une seconde. Si le peuple malien est enthousiaste à ces propos, nous les Boucliers ne nous en tenons qu’aux faits. Il dit qu’il va partir, mais ne fait rien dans ce sens. A quelques mois des élections, le fichier électoral n’est pas prêt, ne parlons pas des cartes d’électeurs ou des bulletins de vote, la CENI n’est pas mise en place.

Mieux, au lieu de se soucier des élections, nous foulons à pieds notre démocratie en cautionnant la promotion de l’Homme : c’est l’apogée du culte de la personnalité du "Président Messie ": on nous montre incessamment les murs des hôpitaux vides de tout contenu comme œuvre du président qui a tout pensé pour le Mali et tout voulu pour le Mali. On meurt encore au Mali faute de biothérapie.  La construction d’écoles et d’universités tout autant vides de leur contenu, des murs mais pas véritablement d’écoles. Tout cela c’est le président qui l’a voulu et pensé pour son cher Mali. L’apparence de quoi duper les Maliens, voilà ce qui compte. «On peut tromper une portion du peuple pendant une portion de temps, mais on ne peut tromper tout le peuple pendant tout le temps»

La corruption et l’insécurité au Mali ont atteint leur apogée, le président se tait et continue à montrer les images de l’échangeur et du 3è pont de Bamako. Il est à priori fier de léguer  AQMI à son successeur, conséquence de la gestion laxiste de la rébellion. Ce qu’on n’a jamais imaginé, c’est "Un Mali pays de terroristes ". C’est pourquoi, nous les Boucliers de la démocratie, demandons au président de la République de s’occuper des priorités, en l’occurrence les élections de 2012. Et, au nom de la continuité de l’Etat, de surseoir aux reformes qui pourront se faire par son successeur. En effet, la 1ère pierre de la Cité Administrative dont il se glorifie a été posée par le 1er Président de la 3ème République et l’inauguration par le 2é Président de la 3è République.

La négligence dans l’organisation des futures élections Présidentielles de 2012, nous amène à croire que le désir de laisser le pouvoir le 08 juin n’est que mot. Nous poussons notre analyse au point de croire que c’est un sabotage qui consiste à amener le peuple (les Partis politiques et sociétés civiles) à proposer plus de temps pour l’organisation des élections et insister que le Président continue au delà de 08 juin 2012.  

Hamadoun Bah

   * Vice-président des Boucliers

 

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