Révélation : comment François hollande a découvert l’Afrique ?

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Mali: la France réclame la libération des otages, condamne les violences à Kidal
François Hollande

Découvrez les bonnes feuilles de « Hollande l’Africain », un livre où Christophe Boisbouvier raconte comment Hollande s’est converti au continent, qu’il connaissait très mal…

Avec ce livre*, le journaliste Christophe Boisbouvier lève le voile sur les secrets de la politique africaine du président français. D’entrée, cette anecdote qui en dit long sur François Hollande avant son élection l’Élysée. Nous sommes au printemps 2012, en pleine campagne électorale, et le staff du candidat socialiste lui a organisé une réunion secrète avec des diplomates du Quai qui connaissent bien l’Afrique et qui le soutiennent. But : évoquer quelle pourrait être la diplomatie africaine de la nouvelle majorité en cas d’alternance. Quelques minutes avant la réunion, François Hollande se décommande et laisse le soin à l’un de ses fidèles et ami – l’avocat Jean Pierre Mignard – de le représenter. Certes, une élection ne se gagne pas sur les affaires étrangères. Mais l’épisode démontre sur l’absence d’intérêt du futur président pour les questions géopolitiques. Et en particulier pour l’Afrique, un continent qu’il ne connaît pas du tout (hormis quelques séjours brefs et quelques contacts politiques).
Février 2013, moins d’un an plus tard, Hollande est accueilli en héros dans les rues de Tombouctou, au Mali où l’armée française a chassé les djihadistes. Et il dit à ceux qui l’entourent : « Je viens sans doute de vivre la journée la plus importante de ma vie politique ». Il y aura ensuite l’intervention en Centrafrique, la mise au point de l’opération Barkhane, etc. Hollande est devenu « l’Africain ». C’est le récit de cette étonnante conversion que fait Christophe Boisbouvier, l’un des meilleurs connaisseurs du continent (il est journaliste à RFI), dans un ouvrage où fourmillent les révélations.

Grâce à une enquête très fouillée, on apprend comment Hollande s’est transformé en VRP à mesure qu’il découvrait le potentiel du continent pour les entreprises françaises, qu’il a mis beaucoup d’eau dans son vin sur sa conception de la démocratie ou encore que, comme ses prédécesseurs, il dispose d’un réseau officieux de bons connaisseurs du continent qui savent avec qui et comment palabrer pour faire passer des messages ou entretenir de bonnes relations. Lumineux !

Dans les extraits que nous avons choisis, l’auteur raconte comment l’armée a petit à petit pris le pas sur le Quai d’Orsay sur le continent africain.

Extraits : La France gendarme de l’Afrique ?
e retour en grâce d’Idriss Déby
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« En juillet 2014, François Hollande fait deux cadeaux à Idriss Déby. Le 14 juillet, son ministre de la Défense, Jean-Yves le Drian, annonce que c’est le Tchad qui abritera le poste de commandement interarmées de Barkhane. Et, le 19 juillet, après une étape en Côte d’Ivoire et une autre au Niger, François Hollande s’arrête au Tchad pour une visite officielle d’une quinzaine d’heures. Idriss Déby pavoise. Depuis le rapt et la disparition de son principal opposant, Ibni Oumar Mahamat Saleh, en février 2008, le président tchadien était considéré par les socialistes français comme un pestiféré. Cette visite officielle, qui couronne le rapprochement franco-tchadien amorcé à l’occasion de l’opération Serval, marque donc le retour officiel de Déby dans le club des meilleurs « amis » de la France. C’est à la fois le triomphe de Déby et, aux yeux des enfants d’Ibni, la seconde mort de leur père (…) Dans ce mauvais numéro d’équilibriste où se mêlent maladroitement les dossiers sécuritaires et les principes démocratiques, Hollande tente donc d’évacuer discrètement les seconds. Et enchaîne sur un éloge appuyé des troupes tchadiennes. « Au Mali, s’il n’y avait pas eu le renfort du Tchad avec ses soldats, son armée, nous n’aurions pas pu atteindre les résultats que nous connaissons aujourd’hui, ajoute-t-il. Pour la France, le Tchad a un rôle particulier, parce que, par sa position géographique et par sa situation géopolitique, par le cou- rage dont ses dirigeants – et notamment Idriss Déby – ont fait preuve, la France et le Tchad sont liés. Quel hommage pour le président tchadien ! Par cette phrase, d’un coup, Hollande assume tout l’héritage franco- tchadien légué par ses prédécesseurs. Jadis infréquentable, Déby devient subitement incontournable, à cause du Mali et, plus encore, de la montée du djihadisme en Afrique centrale. Du Tchad au Niger en passant par le Cameroun et le Nigeria, un cordon sanitaire en arc de cercle s’est formé autour de Boko Haram, dans le but de contenir l’avancée des islamistes au sud du lac Tchad. Pour Hollande, qui se veut le champion de la lutte contre les djihadistes au Sahel et en Afrique subsaharienne, Déby est maintenant le partenaire indispensable.

Quand l’armée pilote la politique africaine de la France

(…) Si Hollande ressemble de plus en plus à Chirac et, à vrai dire, à tous ceux qui l’ont précédé à l’Élysée, de de Gaulle à Mitterrand, c’est parce que sa politique africaine se démarque de moins en moins de celle de ses prédécesseurs. Malgré les promesses électorales, il est loin d’avoir rompu avec les traditions « françafricaines ». En insistant sur les enjeux sécuritaires, en composant avec les potentats africains et en plaçant l’armée au centre du jeu, il renoue même avec les vieilles habitudes. (…) Laurent Bigot, ancien sous-directeur Afrique de l’Ouest du ministère des Affaires étrangères, il estime qu’il y a « aujourd’hui une surreprésentation des militaires dans la prise de décision sur les questions africaines, qui ont pris une place laissée vacante par les diplomates du Quai d’Orsay ou même de l’Élysée ». Depuis le déclenchement de l’opération Serval au Mali en janvier 2013, les observateurs sont unanimes sur ce point : la politique africaine de Hollande est de plus en plus « milita- risée » et l’armée de plus en plus écoutée. Un signe ne trompe pas : le maintien de Benoît Puga au poste de chef d’état-major particulier du président. Resté dans l’ombre jusque-là, l’homme attire l’attention des journalistes, intrigués par le rôle et l’influence de cet officier très « vieille France » (…) Malgré la rivalité entre Benoît Puga et Jean-Yves Le Drian, l’influence de plus en plus forte du ministre de la Défense témoigne de l’intérêt croissant de Hollande pour l’Afrique et les affaires militaires. Chaque mercredi midi, à la fin du Conseil des ministres, tous les membres du gouvernement quittent l’Élysée… sauf Le Drian, que Hollande retient en tête à tête pendant quelques minutes. Depuis janvier 2013, Le Drian consacre plus de la moitié de ses journées à l’Afrique : il est de loin le ministre qui passe le plus de temps sur le continent. Au point que la presse le baptise désormais le « ministre de l’Afrique ». « Il n’est pas du tout gêné par ce surnom, confie l’un des conseillers du ministre de la Défense. C’est une reconnaissance de son implication pour ce continent auquel il croit. » Quant à son bras droit, Cédric Lewandowski, que d’aucuns surnomment « Foccardowski » en raison de ses vastes réseaux et de son goût du secret, il a installé dans son bureau une grande carte du Sahel, posée sur un chevalet…François Hollande n’est pas un militariste à tous crins. Il sait que la fortune des armes est changeante. Confidence récente de Jacques Audibert, son conseiller diplomatique à l’Élysée : « Pour nous, l’opération Serval est un cas d’école pour vingt ans. Il y a eu une conjonction de facteurs favorables comme cela n’arrive jamais : un ennemi [Aqmi] qui n’était pas chez lui et que la population ne soutenait pas, un théâtre d’opération qui était à l’échelle de la France et que l’on pouvait traiter avec 4 000 hommes, une profondeur de champ bloquée par le voisin algérien, etc. C’est cela qui nous a conduits à un relatif succès. » Le président socialiste est donc assez lucide pour ne pas être le simple otage d’un état-major va-t-en-guerre, mais la mise en place de l’opération Barkhane, déployée sur cinq pays depuis août 2014, témoigne de l’influence grandissante des militaires sur sa politique africaine. « Pour le lobby militaire, Barkhane relégitimise les bases en Afrique », concède un conseiller de François Hollande. De fait, cette opération n’est pas sans rappeler les dispositifs militaires que la France main- tient en Afrique depuis des décennies. Outre le QG de l’opéra- tion, installé à N’Djamena, où l’armée française stationne sans discontinuité depuis 1983, les bases de Dakar, Libreville et Djibouti sont maintenues comme points d’appui et sites de formation de futures forces africaines de maintien de la paix. « Barkhane signe de manière pleine et entière le retour en Afrique d’une France débarrassée du syndrome postcolonial, analyse sans complexe un proche de Jean-Yves Le Drian. Barkhane recrédibilise la France et signe son retour dans son pré carré. » Rien moins…

L’influence des « marchands de peur »

À côté de ces réseaux politiques et économiques, il existe encore les réseaux sécuritaires. Avec la montée de la « menace terroriste », François Hollande fait de plus en plus fréquemment appel à leurs services. Et, là encore, le président varie. D’abord fidèle à l’esprit de la loi sur la répression de l’activité du mercenariat, votée en avril 2003 par la droite et la gauche unanimes, Hollande se montre aujourd’hui plus ouvert à l’égard des compagnies de sécurité privées, dans lesquelles prospèrent à la fois des militaires à la retraite et des barbouzes. Conscients des réticences de Hollande, les lobbies sécuritaires accentuent la pression pour permettre aux entreprises de services de sécurité et de défense (ESSD) de profiter d’un juteux marché qui atteindrait entre 200 et 400 milliards de dollars. Aidés par l’actualité internationale – kidnapping d’expatriés, actes de piraterie, etc. –, ils cherchent à convaincre l’exécutif d’externaliser une part croissante des activités de défense. Un message qui ne laisse pas insensibles les pouvoirs publics dans une période de restrictions budgétaires. En avril 2013, les auteurs du Livre blanc sur la défense et la sécurité nationale consentent à écrire trois lignes sur le sujet : « Pour répondre aux besoins de la sécurité du transport maritime, et lorsqu’il n’est pas possible de recourir aux équipes de protection de la marine nationale, des solutions appropriées seront étudiées. » Un mois plus tard, à l’initiative notamment du criminologue Alain Bauer – qui, en plus de ses autres activités, dirige le Conseil supérieur de la formation et de la recherche stratégiques (CSFRS) –, les professionnels du secteur se réunissent à l’École militaire à Paris. Interpellé au Sénat sur ce sujet le 12 septembre 2013, Jean-Yves Le Drian se dit « favorable à la reconnaissance des sociétés militaires privées dans le domaine du transport maritime, car la marine nationale ne peut pas tout faire », mais « défavorable pour les activités terrestres, car cela s’apparenterait à du mercenariat, ce qui est contraire à notre tradition républicaine et à nos convictions ». En fait, à cette date du 12 septembre 2013, Jean-Yves Le Drian fait exactement le contraire de ce qu’il dit. À cette époque, cela fait déjà trois ans que sept expatriés ont été enlevés à Arlit, au Nord-Niger. Trois d’entre eux – un Malgache, un Togolais et une Française – ont été relâchés. Mais quatre Français sont toujours aux mains de djihadistes proches d’Aqmi. En novembre 2012, dans le plus grand secret, Le Drian et Cédric Lewandowski, son directeur de cabinet civil et militaire, approchent l’un de ces patrons de sociétés privées que les socialistes exècrent officiellement : Pierre-Antoine Lorenzi, un ancien de la DGSE, qui a monté Amarante, l’une des cinq principales ESSD françaises – aux côtés de Geos, Risk & Co, Anticip et Gallice Security. Pendant quelques mois, François Hollande hésite entre le plan de libération des otages proposé par la DGSE de son vieil ami Bernard Bajolet et celui défendu par Le Drian, Lewandowski et Lorenzi. Mais, en ce mois de septembre 2013, son choix est fait. Ce sera le plan B, exécuté par Pierre-Antoine Lorenzi et son associé nigérien Mohamed Akotey.
Ce 12 septembre, au moment où il s’exprime sur le sujet au Sénat, Jean-Yves Le Drian traite donc en secret avec l’une des figures emblématiques de ce « mercenariat contraire à nos traditions républicaines et à nos convictions ». Mieux, si l’on ose dire, il le fait dans le dos de la DGSE, dont il est le ministre de tutelle ! En effet, jusqu’à libération des quatre otages français, le 29 octobre 2013, Bernard Bajolet, le chef de la DGSE, semble ignorer l’existence de ce plan B. Réaction de Bajolet, quelques jours plus tard dans Le Monde : « Ma conception de l’État s’oppose au rôle de tout intermédiaire privé, quel qu’il soit, dans ce genre d’affaire. […] Lorenzi a joué un rôle parasitaire et contre-productif. » (…)

Quand Le Drian « flirte mais ne couche pas »

Alors que tout semble sourire aux « marchands de peur », un contretemps se produit cependant en juin 2014 : Frédéric Gallois, ancien patron du Groupe d’intervention de la gendarmerie nationale (GIGN) et cofondateur de la compagnie de sécurité privée Gallice Security, est mis en examen en même temps que Michel Tomi, le magnat corse du jeu. Sur la recommandation de Tomi, la société Gallice a été choisie par l’État malien pour former la garde personnelle d’IBK. Et la justice française s’intéresse au règlement de cette prestation, qu’elle soupçonne d’avoir été fait par Tomi via le PMU camerounais (PMUC). Gallois est mis en examen pour « faux et usage de faux » et « recel d’abus de confiance ». Le pouvoir socialiste est-il en train de (re)tomber dans le piège de la Françafrique des « copains et des coquins » ? « Non, répond Jean-Yves Le Drian, le vieux complice de François Hollande, un soir d’octobre 2014 dans un avion qui ramène le ministre de la Défense de Bamako à Paris. François Hollande a l’empathie qu’on lui connaît à l’égard de certains de ses inter- locuteurs et notamment de certains chefs d’État africains. Mais il n’est pas du tout du genre à se laisser piéger. » Alors que cette « affaire Tomi », avec toutes ses ramifications, ressemble forte- ment aux affaires françafricaines dont les responsables français disent volontiers qu’elles appartiennent au passé, on insiste : « Vous venez d’être reçu à Bamako par le président IBK, qui vous a invité à dîner. On imagine que vous avez parlé de cette affaire… » Le Drian : « J’ai le regard du naïf. Je flirte, mais je ne couche pas. Je sais très bien comment ils peuvent m’amener à… Je reste dans mon périmètre. » Quel est ce terrain où IBK veut emmener Le Drian et où le ministre français ne veut pas aller ?… « Je flirte, mais je ne couche pas »… La formule est jolie. Mais du flirt à la chambre à coucher, il n’y a qu’un pas.»

SOURCE/ Le Point

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2 COMMENTAIRES

    • 😆 MERCI SIKASO
      TOUT UN SYSTEME EST SUR PLACE LABAS ET DEPUIS TOUJOURS, ET D’ AILLEURS HOLLANDE N’ EST QU’ 1 PTIT BOUT DE LA MACHINE FRANCE-AFRIQUE-FRANCE DANS LAQUELLE ON NE LAISERAI PAS CE CONTINENT DE TALENTS RESPIRER, L’ INOVATION C’EST UTILISER LES ARABES CONTRE LES NOIRS, CA REUSSI TANT QU’ ON EST ALLIENE A LA MECQUE ET A MENA ET ON BOUFFE DES FRANCS ET NON DU YEN JAPONAIS 😆

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