Retrait de la Cedeao des trois pays membres de l’AES : Mon analyse de cette décision historique

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Ce retrait n’est pas une surprise. Pourquoi? Parce que la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) est une organisation communautaire sous-régionale (qui a été établie par le traité de Lagos, le 28 mai 1975 dont le but fondamental est l’intégration et le développement économique des pays membres, l’épanouissement de ses populations), mais qui a été confisquée et instrumentalisée par un groupement de défense d’intérêts privés de chefs d’État compradores corrompus qui sont en même temps des vassaux  de la France et des autres puissances capitalistes et impérialistes néocoloniales occidentales (l’Union européenne finance 73% de son budget) qui s’élevait pour l’année 2023 à  400 milliards de FCFA.

Pour des raisons géostratégiques (garder la mainmise, voire le monopole sur les immenses richesses de la sous-région et en tirer le profit maximum), ces puissances capitalistes et impérialistes néocoloniales occidentales ont usé de leur influence et du chantage pour lui imposer des protocoles additionnels qui ont permis de la transformer progressivement en un instrument d’exploitation économique et/ou de domination- siphonage monétaire et de contrôle politique et militaire.

Son agenda caché et réel n’est nullement d’amener et défendre la démocratie et les droits de l’homme, encore moins le bien-être, aux peuples mais au contraire de leur imposer les diktats des gouvernements impérialistes étrangers occidentaux et leurs suppôts locaux : une oligarchie néocoloniale embourgeoisée, corrompue et extravertie, totalement servile (composée d’une minorité de hauts fonctionnaires, chefs militaires, chefs religieux, entrepreneurs, hommes d’affaires, etc. organisés en coteries et en réseaux mafieux).

C’est pourquoi, dans ses démarches, la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) n’applique aucune procédure de consultation ou de participation démocratique. C’est au cours des sommets des chefs d’État que les décisions sont prises sans consulter le Parlement de la Communauté qui représente les peuples (même si ces parlementaires ne sont pas directement élus par les populations), ni directement les citoyens des pays concernés.  Elle est même amenée à violer ses propres textes juridiques, à appliquer une politique de «deux poids, deux mesures» en fonction des changements d’intérêts de ses maîtres impérialistes et même à refuser les décisions de sa propre institution judiciaire.

Par exemple, dans le cas du Mali, le 09 janvier 2022, sur injonction de la France et de l’Union européenne (UE), en violation flagrante de ses propres textes et règlements, la CEDEAO a infligé à ce pays un embargo économique, diplomatique et financier en mobilisant le concours de l’UEMOA (institution chargée de la gestion du système de domination monétaire du Franc CFA sur huit (08) pays de l’Afrique de l’Ouest pour le compte de la France) pour geler ses avoirs financiers à la Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO), dont les statuts garantissent par ailleurs l’indépendance totale de toute organisation politique !

Pire: saisie le 21 février 2022 par un collectif d’avocats du Gouvernement malien, qui demanda l’annulation de ces sanctions pour «illégalité absolue», la Cour de justice de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) avait ordonné dès le 24 mars 2022 leur suspension. Mais les deux (02) institutions fantoches néocoloniales (Conférence des Chefs d’État de la CEDEAO et UEMOA) ont refusé  d’appliquer cette décision de la juridiction communautaire !

Par le passé, dans le règlement des crises politiques qu’a connue notre sous-région, comme en Côte-d’Ivoire, au Togo, en Sierra-Léone, au Libéria, au Mali, en Guinée, la CEDEAO s’est toujours illustrée par sa duplicité et son hypocrisie. Véritable marionnette, elle ne cesse de commettre des actes scandaleux de parjure en travaillant au gré des agendas des gouvernements impérialistes occidentaux et pour la sauvegarde des avantages et privilèges de Chefs d’État fantoches au détriment des intérêts, des aspirations, de la sécurité, de la santé et aujourd’hui de la vie (par la famine, le manque de médicaments, les tueries) de nos peuples.

Elle a menacé d’intervenir militairement contre le Niger si le Président Mohamed Bazoum n’est pas rétabli dans ses fonctions. Or, Il n’existe aucune disposition des textes communautaires, y compris le Protocole additionnel sur la Démocratie et la bonne gouvernance, qui prévoit une action armée contre un État souverain, même lorsqu’il y’a un coup d’État.

De même, la Charte de l’Union africaine (UA) est très claire: C’est le principe de l’intangibilité des frontières, l’interdiction de porter la guerre dans un État membre, la non-ingérence dans les affaires intérieures d’un État membre, le règlement pacifique des conflits.  La Charte des Nations unies est également claire sur la question.

Alors, nous continuons à nous poser la question à savoir sur quelle disposition du droit international les dirigeants de la CEDEAO et leurs alliés peuvent s’appuyer pour autoriser une intervention armée contre un État souverain même lorsqu’il y a un coup d’État contre les institutions démocratiques?

C’est la raison pour laquelle il y a eu une forte mobilisation de tous les peuples de la sous- région contre une agression armée contre le Niger. Il y a un rejet profond et total par les peuples de l’impérialisme (surtout celui de la France qui est le plus arrogant, méprisant, belliqueux  et assassin).

Cette menace d’intervention contre le Niger a créé une prise de conscience commune des dirigeants et des peuples qu’il faut se mobilier ensemble et se donner les moyens (équipements militaires, actions de soutien de masse de la population) pour créer un rapport de force favorable et faire échouer les manœuvres de torpillage et d’agression de l’impérialisme.

Le retrait de ces trois (03) pays s’inscrit dans cette direction.

Nouhoum KEITA, Journaliste-Analyste politique

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