Dr Traoré, nous relevons une contradiction dans vos deux premiers paragraphes, lorsque dans un premier temps vous dites qu’il ne faut pas voter pour un parti, un programme politique ou un projet de société mais plutôt pour un homme politique, et dans un second temps vous dites qu’il faut voter pour un Homme ou une Femme pour les valeurs qu’il ou elle incarne ou de sa vision. Ne pensez-vous pas que justement, quelqu’un ou quelqu’une qui a ces qualités devrait être en mesure de proposer un projet de société qu’il mettra plus en avant que sa propre personne, montrant ainsi un signe d’humilité qui a fait la grandeur des hommes comme Nelson Mandela.
En mettant ainsi en avant un homme plutôt qu’un projet, ne pensez-vous pas que vous allez pousser les gens à rester dans la situation qui entrainé tout le drame que nous vivons, car les hommes que nous croyions providentiels ne l’étaient pas forcément et comme leur projet politique se résumait à leur propre personne, tout ce qu’ils faisaient étaient accepté quand bien même cela conduisait l’Etat sûrement et inexorablement vers son effondrement ?
Ce meilleur candidat ou candidate que vous appelez de votre vœux, ne pensez-vous pas que s’il était à la hauteur de la tâche qui pourrait lui être confiée, devrait être capable de proposer un projet qui serait au dessus de lui-même et que tout un chacun pourrait suivre même si demain il ou elle venait à disparaître car nous ne maîtrisons absolument pas notre timing sur cette terre et nous n’avons aucune garantie d’avoir une santé certaine pour mener à bout demain ce que l’on entreprend aujourd’hui.
Dr Traoré, les partis politiques ne sont pas créés théoriquement pour défendre des intérêts partisans (même si notre expérience récente de la démocratie a montré le contraire) mais pour défendre l’intérêt supérieur de la nation selon une voie donnée. Et en voulant les mettre de coté dans la détermination du choix que feront les Maliens, ne prenez-vous pas le risque d’induire vos compatriotes dans l’erreur ? Et ce fameux homme providentiel ou cette fameuse femme providentielle que vous attendez, ne serait-il pas mieux pour lui ou elle d’avoir un parti solide, car la composition du parti et des ses membres donnera une idée claire de qui va gérer le pouvoir à leurs cotés. Ne dit-on pas : dis-moi qui tu fréquentes et je te dirai qui tu es ? Pourquoi ne pas donner la chance aux Maliennes et aux Maliens en votant pour un homme ou une femme, de connaître qui sont les personnes qui sont autour de leur futur guide ?
Vous savez certainement Dr Traoré ce qui est défini dans le management moderne comme étant la responsabilité essentielle d’un vrai leader : c’est de savoir s’entourer (le fameux qui fait quoi ?), car dit-on quand on a une brillante idée, la seconde meilleure idée qui doit venir à l’esprit quand on est leader est de choisircelui qui va réaliser cette vision.
De plus en ramenant le débat politique ou le choix électoral au choix d’un guide providentiel, sans renier notre culture et notre héritage, ne pensez-vous pas que nous allons prendre le risque de ne pas nous adapter aux dures réalités à la fois d’un monde moderne et globalisé.
Par ailleurs, dans son appel ou plutôt dans les conseils qu’il donnait aux Africains lors de son 1er passage en Afrique (plus précisément au Ghana) Barack Obama n’a-t-il pas dit que l’Afrique a plus besoin d’institutions fortes que d’hommes forts, car les institutions fortes permettront de régénérer les hommes capables de les diriger.
Dr Traoré, nous apprécions lorsque vous demandez aux Maliens de ne pas voter pour quelqu’un parce qu’il est de la même région ou de la même ethnie, mais plutôt pour un homme d’envergure nationale. Mais Nous devons vous dire que cela est en contradiction avec ce que vous demandez, car si les personnes doivent mettre cet homme providentiel ou cette femme providentielle au centre de leur choix, où voulez-vous qu’ils aillent choisir des candidats sinon que ceux qui sont très proches d’eux physiquement ou géographiquement. C’estdire qu’on sera en plein dans le vote ethnique ou régionaliste.
Et l’effet pervers de ce que vous demandez, nous en voyons déjà les conséquences quand on voit que dans un pays comme le Mali, il y a plus de 150 partis politiques. Pourquoi autant de partis politiques ? Simplement les gens ont fait ce que vous préconisez, c’est-à-dire, ils ont suivi quelqu’un qui à leurs yeux représente toutes les valeurs que vous décrivez. Car au niveau des valeurs, on ne peut les imposer à personne, chacun pouvant arbitrairement et subjectivement définir ce qui est important ou non à ses yeux.
Dans ce cas, votre raisonnement ou votre discours devrait plutôt être un discours qui appellerait les Maliennes et les Maliens à s’engager politiquement et à militer ouvertement. Et cela ne peut se faire que dans les partis politiques ou dans les associations de la société civile. Ils choisiront donc le parti qui représente à leurs yeux la meilleure solution pour le pays.
Donc, on devrait militer pour que la création de partis politiques ne soit plus comme celle des « Grins » et qu’un minimum d’éléments soit exigé comme par exemple :
– la publication de la pensée ou du courant politique sous-tendant ce parti,
– La représentativité au plan national, en exigeant par exemple que ce parti soit présent dans toutes les régions, tous les cercles avec les noms et adresses de leurs représentants qui seront enregistrés officiellement comme tels
– la participation gratuite de ce parti à un effort d’éducation civique des concitoyens. Il n’est pas à nos yeux normal que le parti bénéficie des subsides publics et ne donne rien échange. Pour cela le ministère en charge de l’éducation nationale devrait proposer des thèmes et des objectifs qui seront répartis entre tous les partis politiques déclarés par tirage au sort pour ne pas privilégier un parti par rapport à un autre.
– Des communications régulières de ces partis en directions de la nation dans les principales langues nationales et un décompte pourrait être tenu par une autorité de régulation ou de contrôle mise ne place à cet effet ou tout simplement ce rôle pourra être dévolu à une autorité existante.
– Et le récépissé ne sera donné au parti que lorsqu’on a la certitude que des conditions minimales sont réunies.
Bref Dr Traoré, le parti politique doit être réhabilité et sa création doit différer de celle que nos anciens politiciens utilisaient. Et nous sommes sûr qu’en poussant la réflexion dans cette direction, vous pouvez être très utile au Mali.
Dans la seconde partie de votre contribution, vous appelez à voter IBK. Nous tenons à dire ici que cela est votre droit le plus absolu. Et vous le défendez avec des arguments que vous estimez fort à propos pour mettre en avant ce que cet homme pourrait apporter au Mali. Mais il ne serait pas inutile d’attirer votre attention sur le fait que certains de vos arguments, plutôt que de le servir, vont à coup sûr le desservir. Mais puisque c’est vous-même qui le dites, alors les Maliennes et les Maliens apprécieront.
Vous dites, nous citons : « Aussi, parmi les candidats déclarés et les candidats non déclarés de la classe politique malienne de nos jours, monsieur Ibrahim Boubacar Kéïta a, indubitablement, le meilleur « background » politique » et ensuite vous énumérez les postes de responsabilité que IBK a tenus durant sa carrière. Nous devons dire ici que c’est le fameux couteau à double tranchant, le même que vous utilisez dans la première partie de votre contribution, et qui coupera aussi la plupart de vos arguments.
Car si IBK a été aussi longtemps aux poste de responsabilité, il devient incontestable qu’il a activement participé à la gestion du pays de ces 20 dernières années. Or depuis janvier 2012, les Maliennes et le Maliens sont en train de recenser tous celles et toutes ceux qui les ont conduits dans cette impasse pour éviter qu’ils ne reviennent parés de nouvelles vertus. Or ce que nous venons de vivre n’est pas seulement l’œuvre de ATT, mais de ceux qui l’ont accompagné et ceux qui n’ont rien dit ou rien fait alors même qu’ils avaient des informations sur la situation exacte du pays, c’est-à- dire ceux qui étaient aux affaires. Donc le candidat que vous soutenez, si vous voulez que les Maliennes et les Maliens prennent comme référence le fait qu’il a participé au pouvoir avec AOK et ATT, cela ne peut que le desservir ,mais si c’est la réalité alors que les Malienneset les Maliens en tirent les conclusions.
De plus la longueur du parcours d’un homme politique n’est pas forcément proportionnelle à ses compétences propres.
La référence à l’ADEMA, n’est pas opportune, quand on sait le rôle que ce parti et ses dirigeants ont joué dans la descente aux enfers du Mali. C’est le parti des fonctionnaires milliardaires. De plus, la ruche comme on dit remplie d’abeilles, a attaqué en premier lieu celui qui le dirigeait. Et quand au fait pour IBK de diriger le RPM, c’est normal, c’est lui qui l’a crée. Est-ce que depuis que ce parti a été crée, il y a un débat politique ou idéologique au sein de ce parti ? Nous n’en sommes pas sûr, car les militants du RPM appliquent ce que vous préconisez, à savoir, que lui c’est IBK et c’est l’homme providentiel et c’est lui qui tiens les cordons de la bourse, et donc sa voix est celle du parti.
Est-ce que le RPM est structuré comme parti politique moderne, avec des instances qui se réunissent, qui débattent des sujets d’actualités et qui appellent les autres partis au débat public national ?
Non, car il (le RPM) est à l’image desautres 150 partis politiques (à l’exception d’un ou deux partis) c’est-à-dire qu’on attend tout du chef, qui plutôt que d’être un leader (comme en parle de Mandela) agit comme certaines classe maraboutiques, à savoir, considérer les militants comme ses ouailles en réduisant tout à un homme : le chef.
Et lorsque cette situation est appliquée au niveau de l’état, nous avons toutes les dérives que les Maliennes et les Maliens sont en traindedécrier actuellement.
Nous pensons Dr Traoré que le résultat obtenu à la tête de ces partis, notamment de l’ADEMA, ne plaident pas en faveur de votre candidat. Car quand il n’a pas pu en faire un parti qui devait le conduire à Koulouba, il est parti (il faut dire à ce niveau que AOK a su bien manœuvrer pour l’éjecter d’après ce qui est dit dans les journaux) dupliquer ce parti en créant le RPM. Toujours la même structure et la même façon de faire, à savoir tout à la gloire du chef. Les idées, les hommes, rien de tout cela n’est important. Seul compte le chef et ce qu’il désire entendre.
L’expérience ou l’observation du monde politique à travers la planète (pour ne pas rester cantonné au Mali) nous amène à nous méfier des professionnels de la politique. Car ils vivent de cela et pour ce faire sont obligés au compromis quand il ne s’agit pas de compromission. Loin de nous toute idée de dire que c’est forcément le cas de IBK, mais encore une fois il s’agit de signaler le danger de considérer que des personnes ont été formés pour diriger des nations. En réalité, la formation donne à des gens des informations et des techniques qui peuvent leur permettre de prétendre diriger. Mais ces gens là innovent moins que ceux qui par une démarche intellectuelle personnelle en arrive à la conclusion qu’ils doivent s’engager. Ces derniers osent beaucoup quand les premiers sont dans des calculs.
Nous rappelons ici deux citations de Nelson Mandela :
« Un cœur bon et un bon esprit forment toujours une formidable combinaison »
« Je n’étais pas un messie mais un homme ordinaire, qui est devenu leader en raisons de circonstances exceptionnelles »
Donc voyez-vous Dr Traoré ce leader incontesté qui nous donne sa vérité sur ce que les gens peuvent accomplir avec leur cœur et leur esprit. Demandez plutôt aux Maliennes et aux Maliens d’aller à la recherche de ce cœur bon et de ce bon esprit, il y trouvera plus facilement le leader qu’il attend.
Et ce n’est pas parce que IBK a été premier ministre ou ambassadeur, et qu’il connait bien l’administration qu’un éventuel magistère à lui confié sera forcément une réussite. Car lui ne sera pas dans chaque administration, ni dans chaque bureau de la fonction publique. Ce sont ses partisans et les gens qu’il nommera qui feront ce travail. D’où encore une fois l’importance que nous devons accorder aux formations politiques de ceux qui prétendent nous diriger car il y a de fortes chances qu’il y ait une réplication du fonctionnement du parti au niveau de l’Etat. A ce moment là nous seront tous en danger.
Dr Traoré, permettez qu’on vous rappelle une lapalissade : le Mali ne nous doit rien. Le Mali ne doit rien à personne. Et diriger le Mali ne doit pas être une tâche que l’on mérite parce qu’on est untel, cela doit nous permettre de servir ce pays et sa population. Diriger le Mali doit être un désir de sacrifice ultime pour quelqu’un qui a l’amour de son pays. On doit considérer que c’est un honneur que de servir ce pays fantastique à l’histoire plus que millénaire.
Et toutes les démonstrations que vous faites pour montrer que le Mali doit voter IBK parce que c’est IBK mettent de coté ce qui a fait l’essence du combat de gens ordinaires comme nous tous. Le Mahatma l’a dit : « La démocratie, c’est assurer aux plus faibles les mêmes opportunités qu’aux plus forts ». Or en cultivant cet élitisme qui ne doit pas avoir de réalité dans le discours intellectuel, c’est prendre le risque d’avoir toujours les mêmes qui dirigeront car ce sont les mêmes qui font ces grandes études et leurs enfants aussi à leur suite.
Quand vous évoquez la foi de votre candidat choisi (encore une fois, c’est votre droit le plus absolu) nous pensons que vous prenez un risque, car si vous estimez que IBK est un vrai et bon croyant, nous, nous disons que seul Dieu sait celui qui l’est réellement, car même certains chefs maraboutiques qui sont censés être des guides dans la foi et qui font parfois prier les gens, ne sont pas plus croyants que vous et nous.
Vous ajoutez, Dr Traoré, au background de votre candidat que vous voulez inégalé parmi les candidats déclarés ou virtuels, le patriotisme. Il serait intéressant de connaître quels sont les critères que vous avez utilisez pour mesurer le patriotisme des autres candidats ? La démarche ici se doit d’être scientifique, car si vous comparez, vous devez utiliser les mêmes éléments d’appréciation pour ne pas rester subjectif dans vos conclusions. Est-ce que vous voulez dire que si on n’a pas un background politique aussi long que celui de IBK, on ne pourra, pas être aussi patriote que lui. Nous ne sommes point d’accord avec cette affirmation, car n’ayant pas de parcours politique du tout, Nous n’accepterons de personne l’affirmation d’être moins patriote que lui. Le patriotisme n’est pas seulement des actes ou actions administratives, fussent-ils (ces actes ou actions) un travail d’ambassadeur, de ministre ou de premier ministre.
Le patriotisme c’est dans le comportement au quotidien et dans le sentiment qu’on ressent et donc ce point ne saurait être apprécié à la légère. Mais on peut ouvrir un débat intellectuel sur le patriotisme et sa nécessité, ou son remplacement par le civisme et l’intégrité. LE patriote est une personne intègre qui a un grand sens du civisme.
Il faut reconnaître que le candidat IBK qui a perdu les élections de 2002 a courageusement renoncé à être celui qui mettrait le feu au pays en contestant les résultats, mais l’analyse de cette période doit nous amener à bien étudier les forces en présence à cette époque. D’ailleurs, n’est ce pas par la suite qu’il est monté au perchoir du parlement. Comme quoi, cette attitude a su être récompensée par celui qui a bénéficié de son appui. Ne s’est-il pas payé directement ainsi ? Pourquoi les Maliennes et les Maliens devraient lui revaloir cela encore ?
Dr Traoré, encore une fois, vous plébiscitez votre candidat en précisant que ce n’est nullement pour dire du mal des autres candidats déclarés ou virtuels, et vous nous rassurezen disant que vous avez agi avec la Raison et le Cœur. Ne dit-on pas que le Cœur a ses raisons que la raison ignore ? Alors c’est avec la raison du cœur certainement que vous avez apporté cette contribution. Mais c’est aussi votre droit.
Ce faisant, vous voulez éclipser tous les autres qui ont aussi à un moment donné apporté leur part de contribution pour leur pays, et ils (en tous cas certains d’entre eux) ont répondu à l’appel de la patrie chaque fois qu’ils ont été appelés. Certains d’ailleurs ont mené des actions grandioses malgré de très brefs passages aux affaires, lesquelles actions sont encore dans la mémoire collective des Maliennes et des Maliens. Ceux-là aussi méritent une chance, une très grande chance.
Nous avons voulu quant à nous, vous donner le Cœur même de notre raison qui nous invite au changement, nous autres simples citoyens.
Nous terminerons en citant Gandhi : « Peu importe que nous empruntions différents itinéraires pourvu que nous arrivions au même but. »
Ainsi donc Chers Citoyens,
Nous vous invitons à voter pour le changement, le Vrai !!!
Nous vous invitons à renouveler la classe politique, avec des gens neufs (et rassurez-vous, le Mali sera encore là dans 5 ans pour modifier votre choix si besoin est) !!!
Nous vous invitons à donner la chance à d’autres de contribuer au développement dece riche pays fantastique !!!!
Et surtout votez en masse pour le candidat du changement en lui donnant les pleins pouvoirs car derrière cette élection se joue une partie du futur du Mali tel que nous l’avons connu. Les dangers de l’après élections sont encore plus grands que ceux que nous voyons actuellement.
Réseau de Citoyens Actifs- Mali
Simples citoyens maliens
De l’Ecole de la Vie et de l’Amour du pays
PS : Nous rappelons ici que notre éducation et notre petite expérience de la vie nous ont appris de n’en vouloir spécifiquement à personne pour ce qu’il est, mais pour ce qu’il a fait. Par contre dans le Mali Nouveau que nous appelons de nos vœux, quand un intellectuel veut utiliser la masse par une information partisane, il serait bon dorénavant d’attirer l’attention de ce même public sur les vrais sujets de fond. C’est ainsi que s’instaure progressivement le débat intellectuel….
Merci donc au DR Oumar Aba Traoré d’avoir donné cette opportunité.
Pour maliweb.net
