Remettre la santé au premier rang des priorités politiques : les réunions de haut niveau des Nations Unies sur la santé en 2023

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En septembre 2023, les dirigeants du monde auront une occasion unique de s’engager à renforcer les systèmes de santé, à mettre fin à la tuberculose et à relancer les progrès en matière de santé pour tous, puisque trois réunions de haut niveau de l’Assemblée générale des Nations unies (AGNU) sur la santé se tiendront consécutivement à New York, aux États-Unis. Les réunions de haut niveau sur la prévention, la préparation et la réponse aux pandémies (PPR), la couverture sanitaire universelle (UHC) et la tuberculose, qui se tiendront du 20 au 22 septembre, peuvent contribuer à faire de la santé une priorité de l’agenda politique. Cette attention est urgente, car la plupart des cibles liées à la santé dans les objectifs de développement durable (ODD), y compris celles concernant la prévention, la préparation et l’intervention en cas de pandémie, la couverture sanitaire universelle et la tuberculose, ont été mises sur la touche et les inégalités se sont creusées à la suite de la pandémie du COVID-19. La multiplication des conflits et des menaces liées aux changements climatiques a exposé les pays et les populations vulnérables à des risques encore plus grands face aux nouveaux défis sanitaires et à la justice sociale.

Toutefois, cette période de crises multiples et complexes offre également une occasion rare de travailler ensemble en utilisant les leçons tirées de la pandémie. Nous pouvons inciter les dirigeants mondiaux à prendre des engagements concrets, soutenus par des investissements dans des systèmes de santé équitables, résilients et durables. Nous pouvons utiliser ces trois réunions au sommet pour renforcer les synergies entre les objectifs de développement durable liés à la santé et aider les gouvernements à hiérarchiser efficacement les besoins en matière de santé afin de relever de multiples défis, tels que l’augmentation de la charge de morbidité due aux maladies non transmissibles et aux troubles de la santé mentale, et les progrès limités dans la lutte contre les maladies transmissibles. Nous avons l’occasion de faire en sorte que des millions de personnes, jeunes et âgées, en particulier les femmes, les enfants et les adolescents, puissent accéder aux services préventifs, diagnostiques et thérapeutiques de qualité et abordables dont ils ont besoin.

En 2021, nous nous sommes réunis au sein de la Coalition des partenariats pour la santé universelle et mondiale autour d’un objectif commun : aligner les efforts de plaidoyer et de redevabilité pour atteindre la santé universelle et d’autres objectifs de développement durable liés à la santé. Aujourd’hui plus que jamais, nous soutenons cet objectif et nos efforts collectifs.

Le renforcement de l’intégration à tous les niveaux de soins et tout au long de la vie, ainsi que l’élargissement de l’accès à des services de santé véritablement centrés sur l’individu, se sont avérés difficiles dans les pays. En réponse, les plans nationaux de santé doivent mieux refléter les actions prioritaires pour les systèmes de santé et les approches intégrées avec des budgets adéquats, une mise en œuvre et un financement efficaces. Malgré l’augmentation continue des dépenses globales de santé pendant la pandémie de COVID-19, de nombreuses interventions sanitaires essentielles n’ont pas été financées. De nombreux pays doivent prioriser l’allocation d’un financement suffisant pour les interventions sanitaires essentielles.

Avec les trois réunions de haut niveau de cette année, les dirigeants du monde peuvent s’engager en faveur d’une architecture mondiale de la santé plus efficace, de partenariats plus étroits et responsables et d’actions transformatrices pour garantir des systèmes de santé équitables, résilients et durables afin qu’ils répondent aux besoins de tous en période de crise et d’accalmie. Les pays dotés de systèmes de santé axés sur la population et sur l’équité, avec des soins de santé primaires solides et la participation des communautés, sont plus résilients, plus durables et mieux préparés à répondre aux crises, notamment en maintenant l’accès aux services essentiels dans les situations d’urgence.

Les gouvernements doivent fournir une protection financière afin que les paiements directs restent minimes et que les populations vulnérables puissent continuer à accéder aux soins et aux services dont elles ont besoin à tout moment. Nous savons que les problèmes qui affectent l’accès et l’utilisation des services de santé, tels que les migrations, les catastrophes naturelles et le changement climatique, requièrent une solidarité entre les pays. Nous savons également que lorsque des politiques efficaces répondent de manière inclusive aux besoins des personnes, nous pouvons réellement y faire face. Il est primordial d’identifier, d’atténuer et de surmonter les obstacles liés aux droits de l’homme et au genre si nous voulons atteindre l’objectif de la santé pour tous.

En mars 2023, le Mouvement pour la couverture santé universelle a lancé un programme d’action, reconnaissant que tous les pays ont besoin d’actions et de jalons plus ambitieux et plus concrets pour progresser dans la mise en œuvre de la santé universelle. Jusqu’à présent, l’engagement politique a été considérable, mais il faut aller plus loin pour que les pays soient sur la bonne voie et atteignent leurs objectifs. Reconnaissant que le renforcement des systèmes de santé, l’éradication d’épidémies tels que la tuberculose et le paludisme, et la garantie d’une PPR en cas de pandémie vont de pair, le programme d’action servira de base à la déclaration politique sur la santé universelle et contribuera aux autres déclarations sur la santé.

En tant que Coalition, nous demandons instamment à tous les dirigeants de s’unir derrière ce programme de santé cohérent et intégré. Plus précisément, le programme d’action fournit un schéma directeur pour les domaines qui ne peuvent être négligés, tels que le personnel de santé, le financement et l’égalité des sexes, tout en veillant à ce que la sécurité sanitaire soit intégrée dans les systèmes de santé.

En septembre prochain, les trois réunions de haut niveau de l’Assemblée générale des Nations unies sur la santé et le sommet sur les ODD nous donnent l’occasion de réfléchir aux progrès accomplis et aux lacunes dans le suivi des engagements mondiaux en matière de santé adoptés par les précédentes assemblées générales des Nations unies depuis 2015, de renforcer la redevabilité collective et de s’engager en faveur de changements véritablement transformateurs à l’horizon 2030.

Pour que les chefs d’État fassent de la santé une priorité continue, nous demandons que des sommets d’examen des progrès en matière de santé soient organisés tous les deux ans lors des AGNU de 2025, 2027 et 2029, en plus des réunions de haut niveau spécifiques, afin de renforcer la cohérence et de tirer parti des synergies entre les processus existants et tous les ODD liés à la santé dans le cadre d’un objectif commun : faire en sorte que la santé pour tous devienne une réalité pour chacun, partout.

Nous ne déclarons aucun conflit d’intérêts.

Les auteurs : Svetlana Akselrod, Gabriela Cuevas Barron, Katie Dain, Lucica Ditiu, Helga Fogstad, Corine Karema, Justin Koonin, Akihito Watabe

 

NB : la version originale de cette tribune, en anglais, a été publiée par The Lancet Global Health le 28 mars 2023

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1 commentaire

  1. C’est dommage que nous avons des autorites avec une vision verticale de la sante, dommage, car pour une meilleure sante il y a beaucoup de consideration a prendre en compte, quand la pauvrete persiste et que les conditions de vie restent pauvres, la Tuberculose par exemple ne va pas être vaincue. Une autre reunion des Nations-Unies et des jolies declarations, ! Merde et y en a marre! Quand va t-on mettre sur place toutes ses recommendations pour le benefice des plus pauvres d’entre nous?

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