Le Royaume bamanan de Ségou, bâti sur les cendres de l’Empire du Mandé qui s’est montré incapable de contenir une insurrection de royaumes vassaux accablés par le poids sans cesse croissant des impôts et autres charges nécessitées par les multiples pèlerinages de la Cour impériale.
L’insurrection qui a pris le nom de Kurubali (ceux qui se sont juré de ne plus obéir au souverain) et dont Kaladian, descendant de Nia-N’Golo et de Barama-N’Golo, fut l’un des pionniers le plus célèbres, arrive à bout de la puissance de l’Empire qui s’effondre après avoir perdu la dernière bataille à Dougouba (à l’époque petit hameau Sokala, situé à quelques encablure s de Marakala).
L’empire se disloque entre une multitude de royaumes, notamment bamanan, mossi, peul, ouolof (wolofing, comme on les appelait au Mandé, en raison la forte pigmentation de leur peau), etc. Le plus célèbre fut incontestablement le Royaume bamanan de Ségou dont les souverains ont toujours rêvé de rétablir les frontières originales de l’Empire.
Ségou va sauvegarder les traditions anciennes de l’Empire tout en les adaptant au nouveau contexte social et économique : La confrérie des djéli conserve tous ses droits. Elle assure les mêmes fonctions héritées de l’Empire, fonctions qui leur donnaient droit à des avantages économiques et sociaux assez généreux. La Cour royale leur assurait une immunité dans l’exercice de leurs fonctions (niama-kala) et à ce titre, le djéli ne peut être inquiété ou condamné pour ce qu’il dit ni même pour ce qu’il fait.
Du point de vue pécuniaire, le djéli est récompensé sur les butins de guerre, en premier lieu par la Cour royale et, plus conséquemment par les chefs de guerre qui ont bénéficié de ses conseils avant les batailles (Kou (ko) yé an tiè), qui a donné Kouyaté, ou (I diè ba tè) pour le rassurer que ses conseils ne peuvent rester sans récompenses, ainsi s’adressaient les chefs de guerre de retour de leurs batailles comme en guise d’éloge aux anciens généraux qu’étaient les djéli. Dans cette nouvelle organisation sociale, le statut de la confrérie des numu ne change pas radicalement. Victimes de leur grande maîtrise des sciences de tous ordres qui ont fait la gloire du Roi du Sosso, ils sont écartés de l’exercice du pouvoir comme décrété dans la Charte de Kurukanfuga, après la défaite et la fuite du Souverain Soumba N’Golo Diarra vers les montagnes de Koulikoro. Ils n’en demeurent pas moins l’ossature des armées et aucune bataille n’est gagnée sans leur adhésion à la cause et leur implication directe aux combats.
Maîtres du feu et de la poudre, ils ne craignent ni l’un, ni l’autre, d’où leur renommée d’invincibilité. Soumba N’Golo, le roi aux multiples dons parmi lesquels l’ubiquité, l’invisibilité quand il le souhaitait, l’invincibilité aux balles avait fait de sa confrérie une troupe d’élite apte à défendre sa cité et à étendre sa domination. La légende dit de lui qu’il pouvait apparaitre au milieu du cercle des conspirateurs contre son pouvoir, assis sur un cheval blanc à la crinière fournie, lui donnant l’aspect d’un lion (Diarra-so ou Diarisso pour cheval-lion).La confrérie qu’il a créée en conserve encore de substantiel qu’elle va mettre à la disposition du nouveau Royaume. Les Ta-N’gana (Ta-N’Gara) sont du nombre de ces élites guerrières. Quand le combat est engagé pour prendre une citadelle, ils sont les premiers à prendre d’assaut les murailles. Ils bravent les balles venant du côté ennemi comme celles venant des troupes ennemies perchées sur les murailles. Ces commandos de l’armée bamanan poursuivent leur harcèlement jusqu’à ce que ce que “le silence s’impose sur les murailles”. C’est en ce moment que les fantassins envahissent la cité pour anéantir le reste des combattants ennemis encore en arme. La légende dit d’eux qu’aucun ennemi n’a pu se tenir debout après qu’ils aient tiré sur lui, soit il est touché et il meurt aussitôt, soit il est paralysé du côté où la balle est passée.
Modibo Fadio (Administratif civil à la retraite)