IBK n’a jamais été aimé ni par l’ancien président Alpha Oumar Konaré ni par ses amis de l’ADEMA du «clan CMDT». Le président IBK a été seulement pour eux un homme de circonstance pour asseoir leur régime en difficulté en 1994. Le président IBK a été premier ministre du président Konaré pendant six bonnes années. Il lui a rendu d’énormes services dont les élections présidentielles et législatives de 1997.
Après service rendu, il a été chassé de la primature qui, donna naissance à la création d’un parti politiqué appelé Rassemblement Pour le Mali (RPM en 2001) qui participera aux élections présidentielles et législatives de 2002. Le ministre de l’administration territoriale à l’époque était M. Ousmane Sy, époux de l’ancienne gouverneure de Bamako et ancienne ministre Kadiatou Sow, membre fondateur de l’ADEMA association et de l’ADEMA-PASJ qui est aujourd’hui en première ligne contre la révision constitutionnelle. La suite est connue avec le pronunciamiento électoral de 2002 qui a consacré la victoire du général-président ATT.
Le général ATT a été élu et le nord du Mali est tombé sous sa gestion. Si vous aviez travaillé, depuis le 8 juin 1992 jusqu’au 21 mars 2012, le Mali n’allait jamais se trouver dans cet état piteux dans lequel votre ami IBK l’avait trouvé, en septembre 2013, date de son investiture.
L’énergie que vous avez fourni pour organiser des marches contre la tenue de cette révision constitutionnelle, si elle avait été utilisée contre la politique de «vos amis français» (comme le Professeur Aly Nouhoum Diallo se plait à le dire), peut-être, nous allions récolter beaucoup de bons fruits mûrs. Le général-président ATT a été chassé du pouvoir à cause conséquences de sa «mauvaise politique» pratiquée depuis son avènement au pouvoir, en 2002.
Le Front uni pour la sauvegarde de la démocratie et de la République (FDR) a été créé pour combattre la junte. Ce sont les mêmes têtes qui constituent aujourd’hui les opposants à la révision constitutionnelle à la différence, la seule différence qu’à eux s’ajoute Dr Oumar Mariko, un partisan de la junte et Amadou Thiam de ADP-Maliba qui a été un soutien de taille pour l’élection d’IBK, en 2013.
Le plus grand paradoxe est l’alliance Dr Oumar Mariko – Soumaïla Cissé dans une même opposition. Cela me rappelle les événements du débarquement des mercenaires portugais en Guinée en 1970 où les opposants au président Sékou Touré se sont coalisés avec le colonialisme portugais le plus acerbe du monde colonial européen.
Aux opposants du referendum constitutionnel dont Mme Sy Kadiatou Sow de l’ADEMA-PASJ et de l’ADEMA association, c’est le même Me Kassoum Tapo qui avait organisé les élections contestées de 1997 qui avaient consacré le second mandat du président Konaré à la tête du Mali, aujourd’hui ministre des Droits de l’Homme et de la Réforme de l’Etat. C’est votre camarade, militant de l’ADEMA, ministre du gouvernement Abdoulaye Idrissa MAIGA qui dirige et soutient la réforme constitutionnelle.
Le vrai problème
Le vrai problème de tous les hommes politiques maliens issus du fameux mouvement démocratique est leur attachement à la France comme un fœtus lié au placenta. Personne parmi ces hommes politiques maliens issus de l’ADEMA-PASJ mère n’ose lever le petit doigt contre la politique française pratiquée au nord du Mali. Ils versent leurs griefs sur le président IBK qui est un des leurs, ami aussi de la France mais jamais un mot qui fait mal à la France. Ils ne peuvent pas vivre sans visa de la France.
Depuis l’avènement du président IBK au pouvoir, il a été averti par le président Pierre Buyoya sur le problème de Kidal. Il l’avait dit dès au départ que le problème de Kati n’est rien qu’un petit problème entre militaires mais le plus grand problème, c’est Kidal. C’est à l’ONU que l’ancien ministre français des affaires étrangères, Mr Laurent Fabius avait dit même si l’ONU reconnait l’intégrité territoriale du Mali, il y a la question touareg.
Le trio: François Hollande- Laurent Fabius – Jean Yves Le Drian demeure intraitable sur la question touarègue. Et pourtant, ce sont eux les «amis français» du parti socialiste français de nos démocrates qui avaient renversé le pouvoir dictatorial de Moussa Traoré par la tricherie du «négrier» François Mitterrand.
Nos «démocrates sincères et patriotes convaincus» savent bien que, le problème de Kidal c’est la France et il faut se plier à leurs conditions. Depuis longtemps Yves Le Drian dans une interview à Jeune Afrique, disait que Kidal est un abcès de 30.000 habitants qu’il faut oublier et se consacrer au sud du Mali qui fait 17 millions d’habitants.
Les maliens doivent s’inspirer de la rébellion tchadienne qui a commencé, depuis 1966, (quand le général De Gaulle était au pouvoir) et depuis lors les français sont au Tchad. Ils sont partis une seule fois, après ils sont revenus sous le général Félix Maloum du Tchad après le coup d’Etat contre le président Tombalbaye, en 1975. C’est l’OUA qui a demandé leur départ en 1979 quand ils se sont rendus qu’ils sont partisans du rebelle Hissein Habré. Ils sont là, depuis 1983, avec l’opération Manta.
L’occupation du nord du Mali par la France et ses alliés de l’UE, a commencé depuis longtemps. Les français ne sont jamais étrangers aux événements du nord entre les groupes armés, depuis janvier 2013. Ils sont partisans d’un groupe.
Il y’a aussi le cas de la république centrafricaine qui est pire que sous le régime du musulman Yaya dit Michel Djetodia qui a été menacé et chassé par l’ancien président français François Hollande. Emmanuel Macron est venu à Bamako pour donner des directives au président IBK. Il faut être un pays africain colonisé par la France pour accepter de telles humiliations en cautionnant l’immixtion mi-voilée par la violation de la souveraineté d’un Etat indépendant par son ancien maître.
A l’aéroport de Bangui, le président Michel Djetoda a été menacé par Hollande et aucun président africain n’a levé le petit doigt. C’est Hollande qui a installé le chaos en République centrafricaine en participant au génocide contre les musulmans centrafricains. Ces derniers ont été désarmés et jetés aux mains de leurs ennemis chrétiens. Ce génocide continue encore malgré la présence d’un président élu en Centrafrique. Dans leurs têtes, il faut éviter à tout prix un musulman à la tête de l’Etat centrafricain.
Les Maliens doivent avoir à l’esprit que les français sont là pour leurs intérêts et les intérêts de la France sont au-dessus du Mali et de ses 18 millions d’habitants.
Le problème du Mali, ce n’est pas une révision constitutionnelle mais un problème de justice et cela dans tous les domaines : justice dans les tribunaux, dans les recrutements civils et militaires, dans la répartition des biens sociaux. Un exemple: un jour un cadre malien du centre du Mali m’a dit que leur localité a eu des dons de céréales et leur député a tout détourné à son profit. Cela est très fréquent dans l’administration malienne. Le problème, ce n’est pas le président IBK mais un système.
Il faut tout faire pour combattre ce système de gouvernance des fameux démocrates maliens qui sont au pouvoir depuis l’avènement de la démocratie. Tout le monde les connait avec leurs avoirs avant leur avènement au pouvoir et ce qu’ils ont eu avec le pouvoir. Tout dernièrement, un maire multimillionnaire avec un seul mandat dans le cercle de Kati a tout fait pour s’accrocher mais il a perdu la bataille devant les tribunaux. Tout le monde le connaissait dans sa commune, il vendait de l’essence dans des bouteilles au bord du goudron.
Pendant la campagne électorale de novembre 2016, tout un monde courrait derrière lui et autour de lui à cause de l’argent distribué et des bœufs égorgés pour la préparation de la nourriture. C’est ça exactement le comportement de la majorité des maliens. Ceux qui crient aujourd’hui et qui s’acharnent sur leur ami, le président IBK, ce n’est pas pour le Mali mais pour leur propre agenda. Il y a beaucoup de mécontents qui avaient voté le président IBK et qui n’ont rien eu comme dividendes avec lui.
Il y a ceux de l’ancien régime qui n’ont pas pu avoir un point de chute avec le président IBK et ceux qui sont toujours au soleil. Tout ce monde aujourd’hui a eu l’opportunité avec l’approche des élections présidentielle et législatives de 2018 pour sortir leurs armes.
Les meilleures analyses de la situation actuelle ont été sous la plume de Boye Siby dans le Challenger n°1210 du jeudi 06 juillet 2017: «IBK, un homme piégé ?» et l’interview du Professeur Issa N’Diaye dans le journal «Info Sept» au micro de Dieudonné Tembely.
Les français sont partis jusqu’à imposer par le canal de l’ONU une ligne de conduite quant aux discussions avec les groupes armés : ceux avec lesquels il faut discuter et d’autres avec qui il ne faut pas discuter. Mais pour trouver une solution à un problème d’un peuple, d’un pays, il faut discuter avec tous les acteurs de la crise. Avant la colonisation française, il y avait des états en Afrique avec leurs armées et leurs juridictions. Mais Amadou Kouffa et Iyad ag Ghaly sont des maliens sur tous les plans et même s’ils sont éliminés physiquement aujourd’hui, ils sont dans les têtes et les cœurs de milliers de maliens. Ils n’ont jamais aussi demandé la partition du Mali.
La Constitution n’a jamais été révélée au peuple malien. C’est un document élaboré par un gouvernement et soumis à son peuple. Ceux qui crient aujourd’hui, arrivés au pouvoir un jour peuvent en fabriquer et soumettre à leur peuple. Ces démocrates n’ont rien à proposer comme de positifs aux maliens. Que le chef de l’opposition Soumaïla Cissé aille regarder sur écran géant à l’ambassade américaine à Bamako l’élection présidentielle américaine de novembre 2016, qu’est-ce que ça peut apporter aux maliens. Réponse : rien !
Pour être honorables, il faut organiser les élections maliennes par les propres ressources maliennes, financer par nos ressources propres toutes nos infrastructures sanitaires, sociales, scolaires, routières en payant régulièrement nos impôts et en veillant à ce que ces impôts ne soient détournés par les vautours parmi nous. Quand un homme ou un peuple tend toujours la main, il n’a plus de dignité. Michel Debré a dit : «Un pays endetté est un pays moins écouté sur l’arène politique internationale».
Une chose commence mais personne ne connait sa fin.
En creusant un trou pour son ennemi, il faut bien l’élargir dit le proverbe. Le lieutenant-colonel Kissima Doukara a dit le 18 octobre 1978 devant la cour spéciale de sureté de l’Etat: «en politique, c’est ça ; quand on veut éliminer son ami, on cherche un prétexte pour l’éliminer et après on t’éliminera».
Tous les Maliens doivent avoir à l’esprit les événements du 22 mars 2012 et avant, les évènements de mars 1991. Chaque dirigeant doit avoir à l’esprit les erreurs de son prédécesseur. Rappelez-vous ce que le capitaine Sounkalo Samaké avait dit dans son livre, «Ma vie de soldat»: «Nous avons enlevé Modibo mais on a fait pire que lui».
En 2013, le pouvoir en place comptait sur la France, vous les opposants, vous comptez sur la France et c’est ce qui est inacceptable. Les français sont là pour les intérêts de leur pays.
Chercher le pouvoir et l’exercer sont deux choses différentes. Le président IBK, pour chercher le pouvoir avait harangué les maliens, les avait lancés des slogans qui sont partis dans leurs cœurs: «Pour l’honneur du Mali», «Pour le bonheur du Mali», votez IBK. Il a eu le pouvoir maintenant, il a le regard sur d’autres cieux pour conserver son pouvoir. Il a vu aussi que la question de Kidal est plus forte que lui et tous les «démocrates sincères et patriotes convaincus» qui ne veulent pas perdre leurs visas d’entrée dans leur «paradis parisien» ont peur de critiquer la France. Le président IBK a été une seule fois courageux, c’est devant Hervé Ladsous de l’ONU.
L’opposition malienne aussi n’a jamais été courageuse et n’a jamais marché pour les intérêts du Mali. Elle roule pour ses propres calculs pour accéder au pouvoir. Le rôle du peuple malien et de son opposition, c’est dire ce que le président de la république ne peut pas dire et ce dernier aussi doit aussi être solidaire à son peuple. Le peuple malien vous a élu à plus de 77%, il faut accepter de mourir pour ce peuple qui est au-dessus de votre propre personne et des intérêts d’une puissance colonisatrice raciste et méprisable : la France. C’est tout le peuple qui doit se lever comme un seul homme contre les dérives de la France au Mali.
Le Mali aux maliens. Nous ne sommes plus au 19ème ou au 20ème siècle. Tout pays a droit à la diversification de ses relations internationales. Le monde ne sera plus comme avant. Il faut accepter les conséquences de quitter sous le commandement français et comptons sur nos propres forces.
Il faut vivre avec ses propres moyens. L’énergie que l’opposition malienne a dépensée dans les marches contre la révision constitutionnelle, cette même énergie pouvait être dépensée pour amener le gouvernement à bien sécuriser nos villes et campagnes, nos routes. Tout dernièrement, c’est un braquage sur «la route Kita-Bamako à 10 km de Kati, une cinquantaine d’hommes en tenue selon les rescapés, portant des armes, sortent du bois pour obliger le chauffeur de s’arrêter…» (KABAKO NO 796 Du 13 Juillet 20147).
Personne ne peut affirmer que ce sont des hommes d’Iyag ag Ghaly ou d’Amadou Kouffa ou de la CMA. Quand on a la volonté de réussir une mission, on réussit. Pendant l’occupation du nord de notre pays, Ansardine et MUJAO ont réduit le vol et les braquages.
A Bamako où il y a des milliers de policiers, on braque les citoyens et on les tue en plein jour. Le jour où le Mali a repris Ga, en janvier 2013, les voleurs ont enlevé quarante (40) ânes dans un village de la commune rurale de Gabéro. Du jamais vu sous l’ère du MUJAO dans cette ville.
L’opposition et tout le peuple peuvent par des actions mettre le gouvernement au pas pour une bonne gouvernance dans les secteurs de l’Etat en commençant par la justice qui est le fondement d’un Etat. Au lieu de combattre un homme, il faut combattre tout un système.
En conclusion, il faut aller de l’avant en acceptant d’être unis pour les seuls intérêts du Mali sans calcul politique. Il faut que les maliens arrêtent maintenant de mentir et de tricher et qu’ils aillent sur de bons principes. Si la réforme constitutionnelle doit amener la paix, il faut la faire en écoutant le peuple malien dans sa majorité. Et le président doit le faire en s’assumant.
Dire qu’en ayant les prérogatives de nommer le tiers du sénat, il se proclame en roi, c’est faux. Le sénat ivoirien qui doit être en service pas avant 2020, le tiers est nommé par le président ivoirien (source : Jeune Afrique n°2948 du 9 au 15 juillet 2017). Au lieu de combattre le président sur la révision constitutionnelle, il y a un article de la constitution qui donne prérogative au président le droit de grâce.
Une personne peut être injustement tuée par un criminel et le droit peut le gracier sans dédommagement et avis des parents de la victime. C’est ça une injustice qu’il faut combattre. Le pouvoir appartient à Allah. Il le donne à qui Il veut et Il l’arrache à qui Il veut.
Tous ces hommes politiques maliens tournent autour de deux leaders religieux Bouillé Haïdara de Nioro et Ousmane Madani Haïdara de Tamani. Ils tournent autour d’eux pour leurs propres agendas et les leaders religieux travaillent aussi pour leurs propres agendas. Quand le leader Haïdara se plaint de ceux qui insultent les personnalités religieuses, il a oublié qu’un leader religieux chiite comme lui a plusieurs fois insulté les compagnons de l’Envoyé d’Allah(S & BSL). Haïdara n’avait rien dit.
Le président IBK serait rejeté par ses anciens camarades d’hier de l’ADEMA. Et pourtant il a travaillé et il n’a pas fait de mal que les autres n’ont pas. Pour la réconciliation des maliens, il a même tendu la main au pire des rebelles : Zahabyould Sidi Mohamed qui avait dit au chef de village de Tacharane (paix à son âme), «quand un noir tue une peau blanche, c’est mille noirs qui vont le payer».
Qu’Allah Le Tout Puissant amène la concorde dans le cœur des maliens. Amine !
Yacouba Aliou Bamako