Avec la crise socio-politique et la guerre qui a suivi, presque tous les partenaires au développement ont suspendu leur assistance. Bien que les promesses d’aide de la communauté internationale ne cessent d’augmenter, le nouveau gouvernement malien doit pouvoir capitaliser sur les forces vives de la nation afin de mettre en place les bases du développement durable. Ainsi, l’évaluation des perspectives de croissance et de développement à moyen long terme de l’économie malienne à la sortie de la crise se révèle incontournable si on veut agir efficacement. Ces lignes mettent en lumière notre point de vue sur les priorités de la nouvelle équipe dirigeante, afin de remettre le pays sur les chemins du développement.
Les défis auxquels fait face l’économique malienne
La reconstruction des principales villes affectées par la guerre, le déficit du capital humain, la baisse de la compétitivité/productivité, l’accentuation de l’insécurité alimentaire, la pression démographique au niveau des principales villes, le faible accès de la population aux services sociaux de base (santé, eau potable, éducation) et l’aggravation du chômage, constituent les principaux défis auxquels les futurs responsables doivent savoir donner une réponse adaptée au nouveau contexte s’il veut garantir la stabilité nécessaire à la reprise. L’état délicat de la situation devrait soulever la conscience citoyenne des politiciens qui, pour une fois, devraient travailler pour le bien-être de la collectivité. En effet, les pertes d’emplois subséquentes aux fermetures d’entreprises, l’assèchement des revenus fiscaux, la détérioration des échanges extérieurs et la baisse de la production agricole, qui ont entraîné un renchérissement du prix des denrées de base, ainsi que les difficultés d’approvisionnement, n’ont fait que rendre plus difficile la vie de chaque citoyen malien.
Une feuille de route pour la reprise
Tout comme bon nombre de pays en développement, la pauvreté malienne est d’abord rurale. Et sachant que les ressources naturelles constituent la base productive du monde rural, il serait urgent de redynamiser le secteur agricole sur lequel l’économie repose essentiellement. Rappelons que le Mali dispose d’un grand potentiel de développement économique grâce à la production agricole irriguée, l’appui à ce secteur ne serait que bénéfique à l’ensemble de la population car, comme on le sait, l’économie malienne est caractérisée par la prédominance des secteurs primaire et tertiaire, respectivement 36 % et 35.6 % du PIB (Banque mondiale). Un appui soutenu au développement du secteur secondaire devrait être également envisagé même s’il s’agit dans un premier temps d’industries de transformation et de conditionnement de produits agricoles. Car il n’y aura pas de développement soutenu sans l’émergence du secteur industriel. La tertiarisation de l’économie accentuée par l’entrée des femmes sur le marché du travail doit être encouragée par un meilleur accès au crédit. L’artisanat malien avec son apport de près de 12 % au PIB peut devenir un outil puissant de développement et de lutte contre la pauvreté. Pour cela, il suffit que les ministères de la Culture et du Commerce prennent en main le développement de ce secteur afin que les produits des artisans maliens puissent avoir une meilleure place sur le marché international. Ainsi, la culture deviendra un levier économique important et les entreprises culturelles maliennes deviendront rentables et compétitives. Notons qu’il sera important de capitaliser sur la contribution des territoires périphériques car les principales richesses du pays s’y retrouvent et ne sont pas encore exploitées. L’apport de la communauté internationale doit servir au développement des chantiers miniers, à l’exploitation du pétrole, à la construction de routes et au développement du secteur énergétique.
Sidy BAGAYOKO – Economiste