Face aux deux crises majeures qui secouent notre pays (crise sécuritaire, crise institutionnelle), certaines langues et non des moindres n’hésitent plus à soutenir mordicus que le Mali s’expose, au fil des jours, à une déliquescence qu’il ne mérite pas du tout dans le concert des nations modernes.
La simple raison avancée est qu’aux critères de compétence, aux talents avérés, aux motivations spirituelles qui guidaient les pas des élites, des leaders d’opinion et autres , se substituent de plus en plus des motivations bassement matérielles, de l’égocentrisme, des sautes d’humeur, des visées qui constituent des freins à l’impulsion à donner, au sursaut national à stimuler en vue de forger le destin du Mali dans l’union et la cohésion, de lui permettre d’être un pays émergent et qui gagne sur tous les bords.
« Tout ce qui n’avance pas recule déjà ». Comme nous l’avons dit dans un de nos précédents articles (la répétition a une valeur pédagogique), l’une des belles découvertes contemporaines est que les êtres humains, engagés et motivés sans calculs, peuvent changer leur vie en changeant d’attitude pour le meilleur devenir commun.
Seul le changement est permanent dans le monde et le développement de demain qui nous engage tous n’est autre chose que l’investissement d’aujourd’hui.
Plus que des déclarations d’intention, des paroles mielleuses, des réunions interminables, des empoignades verbales de toutes sortes, nous pensons que nos compatriotes ont surtout besoin d’actes concrets, d’actes de progrès, du recours à des hommes d’exception, des rassembleurs confirmés alliant souplesse et rigueur pour apporter des solutions saines et durables , susceptibles, dans l’apaisement général, de mettre un terme définitif aux maux dont le peuple continue à souffrir malgré lui.
La lassitude et l’usure aidant, la période de fortes turbulences décline heureusement et les signes annonciateurs sont palpables au sud comme au nord du pays, ce qui va combler bien des espoirs. En fait, le spiritualisme étant, tant bien que mal, ancré dans les mœurs, les chocs les plus cruciaux s’amortissent toujours, question de temps.
Mais comme l’affirment les chinois, le temps ne pardonne jamais à ce qui se fait sans lui. Alors, nous pouvons dire, en toute honnêteté intellectuelle, que le reste du parcours jusqu’au bout du tunnel est « gérable » pourvu que chaque citoyen averti y croit et s’inscrit dans le processus de sortie de crises en cours et en perspective.
Selon l’astronome Han Hû (vers 768-824) « qui s’assoit au fond d’un puits pour contempler le ciel, le trouvera petit ». Et d’après le grand savant Albert Einstein (1879-1955): « rien de beau n’est jamais sorti de l’ambition ou d’un sens étriqué du devoir, mais plutôt de l’amour et du dévouement envers les hommes ».
Certes, des erreurs ont été commises un peu partout mais nul n’est infaillible. « L’erreur est humaine » et si elle est possible, c’est qu’elle a été faite ; si elle est impossible, c’est qu’elle se fera. Il faut surtout en tirer des leçons afin d’éviter les récidives, les remises en cause à caractère récurrent. Comme l’a dit un grand penseur du siècle dernier, « si vous fermez la porte à toutes les erreurs, la vérité restera dehors ». En se trompant, on apprend aussi.
Quoi qu’il en soit, les maliens et les maliennes ont, à tous égards, un acquis inestimable : leur fierté d’appartenance à un grand pays qui a fait ses preuves dans la gestion des crises aigües et dont les habitants demeurent toujours des frères et sœurs liés par des siècles de brassage, de métissage, de contacts de proximité, de partage de vraies valeurs socio culturelles. Or le socle des liens de fraternité reste le pardon à toutes les épreuves et la purification des cœurs pour la juste cause, la concorde, l’intérêt commun. Un exemple vivant, significatif et porteur a été récemment donné au plus haut niveau de l’Etat dans un esprit réconciliant, rassurant. La vertu coûte, mais elle paie toujours.
Dans le même ordre d’idées, faut-il, surtout en ce mois béni de Ramadan, rappeler que l’Islam, une religion de dimension mondiale et concernant plus d’un milliards de croyants, incarne des valeurs fondamentales de portée universelle. A cet égard, le Saint Coran qui commence par « Al Fatiha », c’est-à-dire l’ouverture et qui finit par « Les Hommes » pose clairement les fondements du culte et appelle à l’amour du prochain, à la tolérance, et au respect de l’autre. Les Ahel el îlm Kitab ou les savants ont toujours fait, en islam, preuve d’objectivité et de clairvoyance comme prescrit.
Les Religions Révélées se concertent de plus en plus dans un but constructif à grande échelle et le dialogue islamo-chrétien entamé depuis quelques années et qui se poursuit sous de bons auspices n’est autre chose qu’une porte ouverte sur les liens spirituels, religieux, la densité de ces fondements, dans le rapprochement, l’entente, l’émulation, la coexistence, l’œcuménisme.
L’Islam ne peut en aucun cas être un facteur de blocage, de séparation, de confrontation ; c’est une religion qui confère un rang et un statut élevés au savoir et aux savants, consacrant ainsi la nature sacrée de la connaissance ou « el îlm ».
Aussi, sous le contrôle des voix les plus autorisées dont les oulémas, les grands érudits, les prêcheurs spécialisés, nous nous permettons de citer quelques versets du Saint Coran qui sont édifiants quant à la gravité religieuse et morale des comportements, des agissements et des manquements des islamistes radicaux occupant le nord Mali, des actes et gestes décriés partout et qui interpellent fortement l’OCI dont notre pays est membre actif de longue date.
«Ô les croyants! Cherchez secours dans l’endurance et la Salât. Car Dieu est avec les endurants » (Sourate Al-Baqarah (la vache) verset 153.
« Nulle contrainte en religion car le bon chemin s’est distingué de l’égarement » Sourate Al-Baqarah (la vache) première partie du verset 256.
« Et quant à ceux qui ont la foi et font de bonnes œuvres, Il leur donnera leurs récompenses. Et Allah n’aime pas les injustes » Sourate Al- Imrân (la famille d’Imran), verset 57.
« La vérité vient de ton Seigneur. Ne sois donc pas du nombre des sceptiques »
Sourate Al- Imrân ( la famille d’Imran) verset 60
« Et cramponnez-vous tous ensemble au câble (corde) d’Allah et ne soyez pas divisés » Sourate Al-Imrân ( la famille d’Imran) verset 103.
« Ne vous laissez pas battre, ne vous affligez pas alors que vous êtes les supérieurs si vous êtes de vrais croyants» Sourate Al- Imrân ( la famille d’Imran) verset 139.
« Ô croyants ! Soyez endurants. Incitez- vous à l’endurance. Luttez constamment (contre l’ennemi) et craignez Allah afin que vous réussissiez ! » Sourate Al- Imrân (la famille d’Imran) verset 200.
Bamako, le 07 août 2012
Par Chirfi Moulaye HAIDARA
chirfi_moulaye@yahoo.fr