A l’heure où je vous écris, Monsieur le Président de la République, un peu plus d’un million de Maliens sont prisonniers dans les régions de Gao, Kidal et Tombouctou, un million de nos frères, de nos sœurs souffrent des atrocités auxquelles ils sont soumis de la part du Mouvement pour l’Unicité et le Jihad en Afrique de l’Ouest, D’Al Qaeda au Maghreb Islamique, du Mouvement National de Libération de l’Azawad ou encore d’Ançar Dine. Certaines de nos sœurs ont été violées car ayant pour époux des militaires Maliens ou simplement parce qu’elles se revendiquaient Maliennes. L’application de La Déclaration Universelle des Droits de l’Homme de l’Organisation des Nations Unies est un rêve auquel ils ne peuvent accéder car chaque jour les Droits les plus élémentaires sont bafoués par ces terroristes. Nous pensons à tous les otages occidentaux qui se retrouvent au Nord du Mali et notamment aux six otages français. Nous souhaitons qu’ils puissent rejoindre leurs familles le plus rapidement possible.
A l’heure où je vous écris Monsieur le Président de la République, un peu plus de trois cent mille Maliens ont dû fuir la terre de leurs Ancêtres, leurs maisons, leurs amis. Pourquoi ? Simplement Pour ne pas mourir. Ils se sont réfugiés dans le Sud du Mali, au Burkina Faso, en Algérie, au Niger ou encore en Mauritanie, loin de chez eux, ils luttent afin de pouvoir manger, et rêvent tous les soirs de retrouver la terre de leurs ancêtres. Vont-ils un jour pouvoir réaliser ce rêve ?
Monsieur le Président de la République, hier le Mali était un pays envié par la plupart des Africains car il était un pays démocratique où les citoyens avaient le droit de s’exprimer librement sur tous les sujets, et pouvaient également exercer pleinement leur droit à la critique. Malgré la pauvreté, les Jeunes Maliens avaient les mêmes objectifs que les Jeunes Français : étudier, obtenir des diplômes, s’assurer un avenir professionnel. Aujourd’hui les Jeunes Maliens n’ont qu’un seul objectif : pouvoir libérer les territoires occupés par ces groupes terroristes. Chaque jour un peu plus la rage et la honte de voir notre pays occupé nous submergent mais nous sommes prêts à tous les sacrifices afin de libérer notre patrie.
Monsieur le Président de la République, il nous est douloureux de le reconnaitre mais notre armée, l’armée Malienne, n’est pas prête à libérer les territoires occupés par les terroristes. Nous avons de grands soldats tels que les Colonels-major El Hadj Gamou, Didier Dacko qui font sans doute partie des meilleurs officiers Maliens. Nous avons des soldats qui aiment leur Patrie et qui sont prêts à se sacrifier. Nous avons des jeunes et des moins jeunes qui sont prêts à suivre l’Armée et à aller libérer le Nord, mais ils n’y parviendront pas car nous ne disposons ni des armements ni des renseignements et encore moins de la logistique nécessaires pour cela. Nous avons eu du mal à demander de l’aide à nos alliés car nous sommes un peuple fier, nous sommes les descendants directs d’Hommes fiers tels que Soundiata Keita, Askia Mohamed et Sonni Ali Ber.
Monsieur le Président de la République, nous vous remercions ainsi que votre pays d’être à nos côtés dans ces moments douloureux. Durant la campagne présidentielle dont vous êtes, avec raison, sorti vainqueur, vous aviez déclaré : qu’« il faut aider le Mali ». Croyez bien que tous les Maliens ont retenu cette phrase prononcée alors par celui qui allait devenir Président de la République Française. Depuis votre arrivée au Palais de l’Elysée, vous aidez notre pays en essayant de faire voter par le Conseil de Sécurité une Résolution qui autorise une intervention militaire. Mais depuis le mois de Juillet, nous attendons cette Résolution qui n’arrive pas. Nous avons dépassé depuis bien longtemps l’heure de la discussion que ce soit au sein de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest, de l’Union Africaine ou de l’Organisation des Nations Unies et nous devons nous placer dans une dynamique d’action pour libérer les territoires occupés avec l’aide de la France et de toute la Communauté Internationale car c’est uniquement cette action qui permettra au Mali de redevenir un et indivisible, qui empêchera toute contagion de l’instabilité aux autres Etats de la région Sahélienne et qui assurera un peu plus la sécurité de l’Europe contre le terrorisme.
Monsieur le Président de la République, nous n’avons pas le droit de négocier avec ces terroristes après les assassinats de Michel Germaneau, du Capitaine Sekou Traoré et de ses cent vingt soldats. Nous devons faire en sorte de les traduire au plus vite devant la Justice pénale Internationale.
Nous vous prions de croire Monsieur le Président de la République en l’expression de notre plus haute considération
Fait à Bamako le 5 Octobre 2012
Abdoulaye JOURDAN
Secrétaire Général Adjoint
Tres bien dis … 😉
Très bien!
Le ton est juste et l’interpellation sérieuse.
Bonne initiative.
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