Le 08 juin 2012, le palais de Koulouba connaitra un nouveau locataire si tout se passe bien comme annoncé. Après AOK et ATT, qui parmi les prétendants aura l’insigne honneur de présider aux destinées du pays avec la bénédiction du peuple malien ?
L’élection du Président de la république intervenant au suffrage universel direct, le choix du premier responsable du pays ne doit laisser aucun Malien indifférent avec cette particularité plutôt intimiste que c’est la rencontre entre un homme et un peuple comme le disait si bien le célébrissime général français Charles De gaulle.
Parmi cette flopée de candidats, certains peuvent légitimement croire en leur chance du fait de leur popularité, de leur poids politique au sein de l’opinion ou de la puissance de leur appareil politique. Le président sortant n’étant pas candidat à sa propre succession, le jeu est très ouvert aiguisant du coup les appétits des uns et des autres. Le nombre de candidatures va crescendo allant des plus légitimes et sérieuses aux plus farfelues et incongrues. Dans certaines chapelles, l’on pense niaisement aujourd’hui que n’importe qui peut être Président du Mali. Plus rien ne fait reculer certains arrivistes, même la caution de 20 millions n’est plus un obstacle majeur. A se demander si derrière cette manifestation d’intérêts, soudaine et tous azimuts pour la fonction suprême, ne se cachent de vils marchandages ou démarchages politiciens destinés à garantir à ceux-ci des « strapontins » à hauteur d’un poste ministériel ou de haut cadre dans une structure étatique en guise de récompense. L’avenir nous édifiera.
Pronostiquer ou avancer les noms de candidats susceptibles d’arpenter Koulouba n’est pas souvent sans risques tellement le sujet passionne et gare à celui qui aura l’outrecuidance d’exclure tel candidat au détriment de tel autre. Un crime de lèse majesté où très souvent les inconditionnels et autres aficionados du candidat « évincé » se répandent en injures et autres insanités à vous faire dégoûter toute envie de politique. Il est vrai que le sujet passionne, mais il est tout aussi vrai que le sujet est sérieux. Donc l’on ne saurait s’émousser face aux impertinences et écarts de langage de quelques énergumènes qui croient dur comme fer que démocratie rime avec volonté personnelle, ou désir propre.
La politique n’est pas une science exacte et très souvent les certitudes les plus évidentes, les assurances et convictions les plus axiomatiques peuvent s’effilocher, l’aléa étant un facteur non négligeable avec lequel, il faut compter. Donc prudence ! Aujourd’hui, dire de façon péremptoire que tel candidat succéderait à ATT peut paraitre imprudent, l’équation présidentielle étant à plusieurs inconnues néanmoins, tout observateur politique averti sait que cette compétition électorale se joue très probablement entre quatre personnalités parmi les prétendants. Autrement dit IBK, Modibo Sidibé, Soumaila Cissé, Dioncounda Traoré pourraient constituer le carré d’as même si d’autres candidats en termes de valeur intrinsèque joueront les trouble fêtes et auront très certainement leur mot à dire. Dans ce lot, les Soumana Sacko (compétence intégrité), Cheick Bougadary Traoré (audace, vision politique), Moussa Mara (jeunesse, probité, valeur), Me Mountaga Tall (stratège, intelligence politique), Cheick Modibo Diarra (notoriété et background), Oumar Mariko (engagement constance et rigueur) ne feront pas que de la simple figuration dans l’animation et l’orientation de cet événement politique majeur à nul autre pareil. Avec ces personnalités de qualité l’élection présidentielle de 2012 promet d’être une belle fête électorale.
A l’évidence, l’élection présidentielle est beaucoup plus une question de personne que de partis politiques. Nous savons tous prosaïquement que ce n’est pas un parti politique qui est porté sur le fauteuil de la présidence de la république mais bien entendu un individu, personne physique avec ses états d’âmes, ses émotions d’homme tout court. Donc le profil du candidat sera déterminant et pèsera certainement dans le choix des électeurs en tout cas beaucoup plus que l’appareil ou la formation politique sur laquelle celui ci est adossé.
Il est important pour les Maliens de connaitre personnellement j’allais dire intimement la personne à qui, ils comptent confier pour les cinq prochaines années les rênes de notre beau Mali. Ainsi à l’image du chercheur dans son laboratoire, voyons à la loupe ce que représentent nos favoris, leurs forces et leurs faiblesses au regard de l’opinion publique.
D’ores et déjà, il n’est pas superflu de faire remarquer que ce quatuor depuis l’avènement de la démocratie au Mali en 1991 jusqu’à nos jours gravitent autour du pouvoir bien sûr à des degrés divers ayant servi à la fois AOK et ATT. Aucun candidat de l’opposition, si opposition il y a, ou de « nouvelle tête » ne figure véritablement parmi les favoris.
Dioncounda Traoré, candidat de l’ADEMA fut ministre de la fonction publique et du travail, ministre de la défense, ministre des affaires étrangères durant la décennie AOK. Sous le règne de l’indépendant ATT, il est élu député, chef du groupe parlementaire de l’ADEMA, ensuite Président de l’Assemblée Nationale soutenant l’action gouvernementale à travers le fameux PDES.
Soumaila Cissé, candidat de l’URD fut Secrétaire Général de la Présidence, ministre des finances, ministre de l’équipement sous AOK, et grâce à ATT, il a été à la tête de l’UEMOA pendant une période de 7 ans.
IBK, candidat du RPM, il fut Conseiller diplomatique et Porte parole du Président, Ambassadeur du Mali en RCI, ministre des affaires étrangères, Premier ministre sous AOK. Avec ATT, il occupa le perchoir avec la bénédiction de ce dernier et son parti le RPM faisait partie de la mouvance présidentielle.
Modibo Sidibé, porté par une coalition d’hommes et de structures lorgne de toute évidence Koulouba et sa candidature est un secret de polichinelle. Directeur de cabinet d’ATT sous la transition, il devient ministre tout le long du règne d’AOK à la santé puis aux Affaires étrangères. Avec le retour au pouvoir d’ATT en 2002, il occupa le Secrétariat General de la Présidence jusqu’à sa nomination en tant que Premier ministre 2007. En mars 2011, il quitta la primature.
Parcours élogieux, brillants et accomplis, aujourd’hui nos quatre prodiges livrent La plus prestigieuse des batailles politiques qui est celle de la conquête de Koulouba.
Pour la première fois de son histoire politique, le Mali sera dirigé par un Président qui a soixante ans d’âge ou plus (l’âge de nos favoris allant de 59ans pour le plus jeune à 70 ans pour le plus âgé). Sachant que Modibo Keita est devenu Président dans la quarantaine, Moussa Traoré dans la trentaine, ATT et AOK dans la quarantaine, l’âge du futur Président suscitera certainement des réactions. Le règne de la gérontocratie a-t-elle sonné ? Un paradoxe d’autant que la régénérescence du personnel politique fait débat, le tournant générationnel revendiqué de plus en plus par les jeunes qui n’hésitent plus à se jeter dans l’arène politique.
A noter que trois des quatre candidats sont issus de formation politique (ADEMA RPM URD). Mieux, nos trois candidats étaient à un moment donné dans la même formation politique à savoir l’ADEMA. Les deux autres partis viennent de l’ADEMA originel. A partir de là Quelle différence entre ces trois partis ? N’est ce pas la même idéologie, la même ligne politique ? N’est ce pas le même mastodonte ADEMA avec ses défenses. En remontant, le temps il y a dix ans on aurait dit que le parti ADEMA a trois candidats.
Modibo SIDIBE même s’il transcende les partis politiques, et reste en marge du fait partisan a toujours composé avec le système en tant que commis j’allais dire technocrate.
Donc au final, nos quatre candidats sont tous issus du sérail. Pratique t on le jeu des chaises musicales ?
A l’évidence, l’élection d’un de ces candidats serait beaucoup plus un changement d’homme que d’idéologie c’est pourquoi la personne du successeur d’ATT est déterminante. Le véritable changement, la véritable rupture aurait été peut être l’arrivée au pouvoir de l’opposition incarnée par Oumar Mariko par exemple.
Le candidat et son programme doivent être bien connus par tous les maliens. Les défis sont énormes. Ils vont de l’insécurité au chômage des jeunes, en passant par l’auto suffisance alimentaire, l’éducation, la santé pour ne citer que ceux-ci. Il s’agit pour le candidat de mettre en œuvre un veritable programme de société à même de prendre en compte les préoccupations de l’heure et d’apporter les solutions les plus appropriées.
Quid du regard de l’opinion sur ces prétendants ?
IBK apparait aux yeux de l’opinion comme un Homme d’Etat au vrai sens du mot. Un républicain, un homme de fermeté à cheval sur les principes et valeurs qui fondent la république. Kankeletigui, comme l’appellent ses fans a séduit une frange de la population durant son passage à la primature sous AOK et à la Présidence de l’Assemblée Nationale sous ATT. Un brin dictateur (emprisonnement des figures de l’opposition en 2007, année blanche), sa propension pour le luxe et les paillettes du pouvoir dérange dans un pays où la majorité ploie sous le poids de la pauvreté.
Dioncounda Traoré, un Politique très futé malgré une fausse apparence parvient toujours à ses fins. Depuis belle lurette, il mène son petit bonhomme de chemin sans faire de vagues, se retrouvant au grand dam de certains de ses compagnons près du but. Il apparait comme un rassembleur, et un homme de consensus. Il traine cette réputation d’homme lige, qui manque de poigne et on le décrit peu charismatique pour diriger le Mali.
Modibo SIDIBE est connu pour ses compétences et son sérieux. Un homme éloquent avec un charisme certain. L’on pourrait dire qu’il est victime de ses compétences car beaucoup lui reprochent d’avoir servi les deux régimes sans discontinuer. Son sérieux séduit avec toutes les saletés qui inondent l’espace politique et les strates du pouvoir.
L’initiative riz qui constitue le plat de résistance de ses détracteurs s’invitera dans le débat. Cette idée lumineuse qui m’a séduit en son temps a connu visiblement des ratés et une bonne stratégie de communication aurait sûrement situé les uns et les autres pour savoir et comprendre ce qui s’est réellement passé. Ce qui est certain et qui explique le paradoxe de la situation c’est que le Mali a quand même été primé pour cette initiative et que certains pays de la sous région s’imprègnent de l’exemple malien.
On le dit non sociable pour un pays de solidarité et de tolérance comme le Mali. D’aucuns fustigent son statut de flic et d’indépendant aussi.
SOUMAILA CISSE jeune premier, sa compétence ne souffre l’ombre d’aucun doute, et son passage à l’UEMOA n’a fait que conforter cet état de fait et constituera pour lui un véritable tremplin pour se hisser à Koulouba. Un homme d’expérience avec un carnet d’adresses bien étoffé.
On le dit hautain. Son parti l’URD est taxé à tort peut être de parti régionaliste constitué en grande majorité de nordiste, et son statut de milliardaire n’est pas fait pour faciliter les choses avec toutes les malversations, corruptions et détournements de deniers publics qui inondent le monde politique.
2012 n’est plus loin, il s’agit pour nous, Maliens de ne pas nous tromper de choix. L’élan amorcé par les deux dignes fils du pays (AOK, ATT) au-delà de ce que les uns et les autres peuvent penser, ne saurait être stoppé par notre non choix ou mauvais choix. L’enjeu est énorme, car il s’agit pour le Mali d’aller encore de l’avant et cela dans tous les domaines. Pour ce faire, la responsabilité du simple citoyen est énorme, avec son vote, il peut contribuer à donner à ce beau pays un Président à même de nous procurer le bonheur auquel nous avons droit tout simplement. Puisse le tout puissant guider le peuple malien tout entier dans ce sens ! Amen.
Une contribution de Mr Makan DIALLO
Docteur en Droit Privé, Avocat au barreau de Paris