Quel avenir sans la MINUSMA ?

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La Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA) est devenue un acteur principal dans le dispositif de résolution de la crise malienne. En cinq ans, elle s’est imposée dans le paysage politique, sécuritaire et socioéconomique du pays. Sa flotte aérienne permet de relier le Nord du pays au reste du Mali.

Elle agit dans de nombreux domaines, jusqu’à l’assistance aux couches sociales et à la société civile. Les Maliens commencent à avoir le reflexe du recours à la MINUSMA pour un recrutement, une subvention ou encore un appui au processus électoral. Ses nombreux fonctionnaires font le bonheur des hôtels, restaurants et des propriétaires de logements. Ses installations ultra sécurisées de Bamako, Mopti ou Kidal font penser qu’elle est partie pour rester durablement dans notre pays, à l’instar d’autres missions comme la MONUSCO en République démocratique du Congo.

Pourtant, la MINUSMA est une mission théoriquement éphémère et au statut provisoire. Sa durée d’intervention est limitée dans le temps et fixée, depuis 2013, à une année renouvelable. Au mois de juin, chaque année, des discussions ont lieu aux Nations Unies avant le renouvellement du mandat de la mission, demandé par les autorités maliennes comme cela est prévu et appuyé par les partenaires.

Cette année, des débats accrochés et un renouvellement à minima ont été consacrés par la résolution 2423, assortie d’instructions au Secrétaire général de l’ONU de faire un rapport présentant l’évolution de la situation, six mois après l’investiture du Président élu. Des débats auront donc lieu en 2019 en prévision d’une éventuelle reconfiguration de la mission. Ces changements par rapport aux autres années, montre bien l’agacement des Nations Unies face à la situation sur le terrain et le peu de progrès constaté.

Les pressions supplémentaires et les délais qui se réduisent doivent alerter l’Etat malien à réfléchir sur l’avenir de cette mission. Cela d’autant plus que des raisons légitimes poussent à poser la question de son utilité et de son efficacité : le processus de paix qu’elle appuie fait du surplace, l’Accord de paix censé être appliqué totalement avant la fin de l’année 2017, ne l’est pas à 30% à fin 2018, la situation sécuritaire ne s’arrange pas, la paix a tendance à s’éloigner, la réconciliation n’est pas vraiment à l’ordre du jour et le tissu social est en train de se fracturer. A tout cela s’ajoute un contexte socio politique tendu, sans perspective d’amélioration à court terme !

Les voyants de notre pays sont plus proches du rouge que du vert, la Mission censée nous aider à nous en sortir est donc interpellée. Elle le sera sans doute lors des prochains débats sur sa propre situation. Malgré ses 12000 soldats, ses milliers de fonctionnaires civils et paramilitaires et plus d’un milliard de dollars de budget annuel, le moins qu’on puisse dire est que le Mali n’est pas si loin de la situation qu’il vivait en 2013, à son arrivée sur notre sol !

Le contexte international n’est pas favorable au maintien en l’état de cette mission, la principale menace venant du Gouvernement américain, premier contributeur à la MINUSMA et aux opérations des Nations Unies. Les américains ont souci de faire des économies, de préserver l’argent de leurs contribuables et ne considèrent pas la situation malienne et sahélienne comme une menace internationale majeure. Ils agiront pour une reconfiguration de la mission vers une réduction de son envergure à défaut d’un retrait à court terme. S’ils n’obtiennent pas gain de cause, ils brandiront évidemment la menace de la réduction de leurs contributions aux Nations Unies, ce qui aura fatalement un impact sur les opérations de maintien de paix et donc sur la MINUSMA.

Il ne faut pas s’attendre à ce que d’autres pays riches suppléent les Etats-Unis ou volent au secours de la MINUSMA car le Sahel n’est pas stratégique pour eux non plus. Il faut reconnaitre par ailleurs que, depuis quelques mois, on constate un affaiblissement des groupes terroristes présents aussi bien sur les théâtres libyens que nigérian et sahélien. Ils sont et seront à peu près contenus. La menace qu’ils représentent pour la communauté internationale baisse et baissera même s’il y a de fortes chances qu’elle reste endémique, notamment dans notre pays et pour longtemps.

Nous devons anticiper une baisse d’intensité de l’intérêt et du soutien international, nous préparer à la réduction des moyens de la MINUSMA et à son retrait à moyen terme sans forcément que le G5 Sahel ou la force barkhane soient en mesure de suppléer voire d’être plus efficaces qu’aujourd’hui.

Nous devons nous préparer à une réponse sécuritaire et militaire mais surtout politique face à ces situations prévisibles à court terme.

La montée en puissance de nos forces, leur redéploiement sur le territoire et la restructuration de l’armée avec la mise en oeuvre diligente de la Loi d’orientation et de programmation militaire, dans un contexte de transparence et de lutte absolue contre la corruption et les fraudes, sont incontournables mais ne seront pas suffisants, loin de là !

Il nous faut un nouveau contexte socio-politique mobilisateur des Maliens et leur permettant d’accepter des sacrifices importants pour sortir le pays des difficultés. Pour ce faire, les autorités de notre pays doivent s’astreindre à des efforts importants sur elles-mêmes, revoir leur grille de lecture et se hisser à la hauteur de la situation historique que vit le Mali en ce moment.

Il est d’abord impératif de tenir un discours objectif, reconnaissant les difficultés économiques, sociales, politiques, sécuritaires et appelant l’ensemble des composantes de la nation à la mobilisation sur plusieurs années pour espérer sortir de l’impasse.

Il faut ensuite fixer un cap clair qui permette aux Maliens de situer le plan de marche, la cadence à adopter ainsi que les objectifs à court, moyen et long termes. Ce cap contiendra la mise en oeuvre sincère de l’Accord de paix, dans son texte et dans son esprit, la résolution des questions identitaires et religieuses, la refondation de l’Etat et de la Gouvernance publique dans un cadre d’équité entre les citoyens, les communautés et les territoires.

Il faut enfin adopter une démarche de rassemblement demandant à chacun des concessions, avec en premier lieu les dépositaires du pouvoir, pour convaincre du nouvel esprit dans lequel nous devons concevoir nos rapports socio-politiques et engager la gouvernance publique de notre pays.

C’est en mobilisant tous les ressorts de nos compatriotes et de ce vieux pays qu’est le Mali que nous pouvons espérer avoir une chance de sortir notre pays des affres de la division, des troubles socio- politiques et de son implosion programmée, avec la MINUSMA ou pas, avec Barkhane ou pas et avec le G5 Sahel ou pas !

Moussa MARA

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2 COMMENTAIRES

  1. Moussa marasme, si le mali est un vieux pays, pourquoi ce vieux ne se respecte pas?

    Pourquoi le président du mali parle à son peuple en franSSais!!!

    Le franSSais est un accident, c’est par un crime que c’est arrivée au mali… maintenant pourquoi ne pas reparer le crime ? Pourquoi ne pas faire du mandé (bamanan) la seule langue federatrice et officielle du mali…?

    Je suis sure que tu te trouves en franSS en ce moment, ton vrai pays, different de la poubelle qu’est le mali…

  2. ߒߞߏ

    Shakespeare a écrit un jour que le diable est capable de citer les Écritures quand il y va de son intérêt. Aujourd’hui, ce sont les termes « humanitaire » et « démocratie » qui servent à couvrir les morts et les destructions DE L’OCCIDENT.

    Des mots respectables comme « humanitaire » et « démocratie » ont fini par prendre un sens funeste et cynique du fait de leur détournement pour justifier l’invasion de nations souveraines, et promouvoir l’expansion de la domination militaire et culturelle occidentale à travers le monde. Les médias grand public ainsi que des militants des droits de l’homme y participent en diffusant des contre-vérités et en jouant sur les sentiments de peur, de colère et de répulsion du public pour l’influencer et faire passer pour juste une agression contre un État souverain.

    Lorsque la Russie est venue à l’aide de la Syrie en septembre 2015, à la demande du gouvernement du pays, pour lutter contre EI, al-Nosra et d’autres groupes rebelles, elle a essuyé les critiques des médias occidentaux et des groupes d’opposition syriens qui l’ont accusée de soutenir un dictateur – et le Royaume-Uni et les États-Unis savent de quoi ils parlent, ce sont des spécialistes dans ce domaine. Le renversement d’Assad justifiait sûrement que les États-Unis et leurs alliés laissent EI semer la terreur et la destruction à travers toute la Syrie jusqu’à ce que son drapeau flotte sur Damas. Les attaques contre la Russie se sont intensifiées en 2016 lorsqu’elle a fourni aux troupes syriennes un appui aérien dans la campagne pour reprendre Alep, qui était avant la guerre la plus grande ville du pays et son centre financier et industriel, à une coalition de groupes rebelles dont le Front al-Nosra et des combattants djihadistes non syriens. Les journaux de toutes tendances politiques ont versé des larmes de crocodile sur les civils et les bébés tués dans les bombardements russes, eux qui ne versent jamais une larme sur les enfants de Gaza et du Yémen qui meurent pourtant aussi sous des bombardements aériens.

    Grâce à l’intervention de la Russie, la Syrie ne prendra pas le chemin de l’Irak ou de la Libye et est en passe de redevenir une nation unie et stable avec une identité séculaire et diversifiée. L’intervention de la Russie a empêché la destruction d’une nation et permis à des millions de personnes d’échapper au cauchemar épouvantable de vivre dans un pays dominé par l’EI ou des groupes similaires. L’Occident a adopté une approche diamétralement opposée, il plonge une nation unie dans l’anarchie, et les terroristes ne font leur apparition qu’après l’intervention .

    SUR CE, LA MINUSMA EST LE PROBLEME SECURITAIRE FONDAMENTAL AU MALI, COMME TOUT AUTRE SERVICE SECURITAIRE DE L’ ONU A’ TRAVERS LE MONDE…!

    QUE LA MINUSMA DEGAGE..!!!

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