Quel avenir pour le Mali

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Le rang occupé et la considération accordée à un Etat dépendent très souvent de son poids politique économique, militaire mais aussi de la personnalité et du leadership du dirigeant en place.

Ainsi au moment des indépendances des pays africains dans les années soixante, la République du Mali occupait une place de choix sur la scène diplomatique africaine et mondiale.  Les dirigeants politiques de l’époque avaient des visions avant-gardistes qui faisaient du Mali un pays combattant et progressiste.

Le régime était socialiste et nationaliste. L’économie était basée sur l’agriculture et l’agro – industrie.

L’état avait créé des sociétés et entreprises d’Etat et avait une monnaie nationale. L’éducation était une éducation de masse et obligatoire à l’école fondamentale.

Les dirigeants de l’époque étaient en avance sur le temps et sur la population. Le peuple n’avait pas compris la portée de la politique de développement adoptée par la première république. Ce déphasage sera une des causes de la chute du régime. Une autre cause de la chute du régime socialiste fut la menace que le régime constituait dans la sous – région pour le néo-colonialisme français. Comme cela a été toujours le cas avec la complicité et la trahison des traites acquis à la cause de la France, le coup d’Etat du 19 Novembre 1968 mis fin à un des régimes les plus progressistes de l’Afrique noire.

Après le coup d’état militaire de 1968, le régime du Général Moussa Traoré bien que moins progressiste que le régime précédent avait des élans patriotiques et nationalistes.

Malgré les problèmes de gouvernance interne, la diplomatie malienne était très dynamique et agressive. Ainsi ce  régime avait de bonnes relations aussi bien avec les pays occidentaux, qu’avec les pays du bloc socialiste mais aussi avec les pays Arabes du Golfe. A l’époque le Mali avait reçu beaucoup d’investissements des pays islamiques arabes.

Et aussi le régime va amorcer une ouverture vers le libéralisme et l’économie de marché.

Ce qui amena le régime à privatiser certaines sociétés et entreprises d’état héritées du régime socialiste. Ainsi le marasme économique et le chômage commencèrent à s’installer au pays. Le pays connaîtra une crise de trésorerie très aiguée et les salaires des fonctionnaires et travailleurs prient beaucoup de retard souvent allant jusqu’à trois mois de retard. Le manque d’ouverture politique et de liberté individuelle créa un mécontentement général. Ainsi  quand  les conditions subjectives et objectives furent réunies, le mouvement démocratique un groupe de militaires et le peuple mirent                             fini un certain 26 Mars 1991 à 23 ans de règne sans partage du régime du Général Moussa TRAORE et de son parti l’Union Démocratique du peuple Malien (UDPM).

Après les événements du 26 mars 1991 et un gouvernement de transition de 14 mois, le coup d’éclat réussi par Ahmadou Toumani TOURE (ATT) en juin 1992, en remettant le pouvoir à un Président de la République Civil issu d’élection démocratique lui conféra une grande notoriété.

Après avoir passé les rênes du pouvoir au nouveau président Alpha Oumar KONARE, le Mali démocratique allait devenir le chouchou des pays occidentaux.

Le nouveau statut de pays démocratique conféré au Mali va être bien géré par le président Alpha Oumar Konaré. Le Président Konaré est une personnalité séduisante. Sa maîtrise de la donne politique et  son      éloquence  avaient fait de lui un personnage incontournable de la scène diplomatique africaine et internationale. Le Mali à travers ce personnage imposant était présente dans plusieurs Forums important.  Alpha Oumar est un homme de culture, un syndicaliste et un homme politique ayant acquis beaucoup d’expériences dans la lutte clandestine. Il a pu donner à la diplomatie malienne une place de choix sur l’échiquier politique international et africain.  Ainsi à la fin de son dernier mandat présidentiel, il sera élu président de la commission de l’Union Africaine avec l’aval de la majorité de ses pairs africains.

Pendant ses dix ans au pouvoir il fit d’énormes réalisations d’infrastructures et fut le maître d’œuvre d’une mémorable coupe d’Afrique des Nations qui avait pour slogan  «  le Jatigiya » Mais l’erreur principal de son régime fut la peur et le peu de considération qu’il donnera à l’armée. Il fut l’artisan de la destruction de nos forces armées et détruit un important arsenal militaire hérité du régime du général Moussa Traoré.

Pour contrecarrer l’ardeur des rebellions qui avaient cour, il utilisa la diplomatie de la valisé d’argent. Ainsi au lieu de remédier le mal, il n’a fait que reporter les échéances. Et aussi par un fin jeu politique, il va aider  le Général Amadou Touré à reconquérir le pouvoir.

Ainsi, Amadou Toumani TOURE, après avoir fait une transition réussie, était dans un véritable dilemme.

Etant  mordu par le virus du pouvoir, comment faire après la prouesse de rendre le pouvoir aux civils, de ne pas être gagné par la tentation de revenir au pouvoir. Le pari était difficile à faire.

Le faux départ du président ATT n’était pas sincère. Pendant dix ans, il était resté comme un lion affamé à l’affût de la proie. C’est ainsi qu’en 2002 ; aidé en cela par le président Alpha Oumar Konaré, il fera un « come back » entaché de fraudes. *Comme une   balle de Ping-Pong   (tennis de table) Alpha Oumar Konaré va lui passer les rêves du pouvoir présidentiel acquis sur fonds de tricherie électorale.

Lui aussi, comme Alpha Oumar Konaré, va gérer le pouvoir selon ses capacités. Il a fait beaucoup de réalisations dans le domaine des infrastructures. Mais tous les deux régimes ont érigé la corruption en système de gestion. Mais la grande insuffisance du régime d’ATT fut le népotisme, le favoritisme et le régionalisme contrairement au Président Alpha Oumar Konaré. Sa famille et ses proches furent trop impliqués dans la gestion du pouvoir. Le président ATT est un vrai populiste qui n’a pris son pouvoir avec beaucoup de sérieux. Son comportement irresponsable a failli jeter le pays dans un précipice. La suite est bien connue, l’affaiblissement des forces armées, la rébellion de janvier  2012 et le soulèvement militaire du 22 Mars 2012.

Avec les deux pouvoirs du régime  démocratique, l’espoir du peuple malien a été déçu. Ils ont abusé le peuple qui est devenu un jouet entre leurs mains. Le pays a certes connu certaines avancées mais le bonheur tant attendu a été une illusion. Toutes ces désolations  ont provoqué l’irruption de jeunes soldats sur la scène politique pour renverser le 22 Mars 2012, le régime du général ATT. Le système démocratique est un très bon système qui a permis au Mali de faire des bonds significatifs dans beaucoup de domaines. Mai les faiblesses  que le système a connues sont les faits résultant du comportement des acteurs de la démocratie. Sinon la démocratie en elle-même a beaucoup d’aspects progressistes et positifs pour le peuple.

Nous pouvons affirmer que  le régime de feu Modibo KEITA a mis l’accent sur l’être social et politique. Celui du Général Moussa Traoré a mis l’accent sur l’être politique.

Le régime socialiste du président Modibo Keita a travaillé pour construire moralement l’homme et le former politiquement. Ce qui fait que les citoyens maliens avaient l’esprit civique et politique.

Quant aux régimes issus de l’avènement de la démocratie, ils ont mis l’accent sur la liberté individuelle au détriment de la liberté collective.

Dans la société traditionnelle africaine, le collectif prime  sur l’individuel, contrairement  à la pensée occidentale qui privilégie la liberté individuelle. Cette perception de la liberté a provoqué un choc dans notre société et a crée le chaos  actuel.

Ainsi l’avènement du régime d’IBK doit être considéré comme un régime de transition. Il doit faire le bilan des deux décennies de démocratie en faisant l’étude SWOT pour corriger les faiblesses et les forces tout en renforçant les menaces et les opportunités. L’euphorie suscitée par l’élection du Président IBK est entrain de s’émousser et le peuple est entrain de perdre espoir. Donc il est impératif et argent pour le Président de redresser la barre sinon les conséquences pourront être très graves pour son pouvoir. Le gouvernail  du bateau lui a échappé, et le bateau ivre est entrain de naviguer.  Nous devons nous engager à ses côtés pour l’aider dans sa mission de pilotage.

Pour redonner espoir au peuple Malien, le Président IBK est dans l’obligation de poser des actes concrets qui vont dans le sens de l’amélioration de la bonne gouvernance. Ainsi il doit nécessairement poser les actes suivants :

  • Etre à l’écoute du peuple
  • Mettre fin à l’ingérence de sa famille et de sa belle famille dans la gestion du pouvoir.
  • Mettre de la transparence dans les actes de gestion de l’Etat
  • Réduire le train de vie de l’Etat
  • Modérer son penchant  très épicurien de la vie.
  • Réduire son goût très prononcé pour le luxe et l’apparence. Il doit cultiver l’humilité.
  • Elaborer un véritable plan Marshall pour le Mali
  • Réduire la dépendance du pays  vis-à-vis des institutions de Brettons Wood en privilégiant la mobilisation des ressources internes.
  • Gérer politiquement l’Affaire Amadou Haya Sanogo pour aboutir à une véritable réconciliation nationale.

Le Président IBK, en se remettant en cause et en corrigeant les erreurs de parcours qui ont été commis pendant l’année 2014 pourrait redonner espoir au peuple malien et contre carrer le plan de destruction du pays engagé par l’opposition politique malienne.

 

 

Yacouba COULIBALY

Administrateur des postes à la retraite

Kalabancoura

 

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