En début de semaine, la Garde nationale malienne basée sur un camp à Gourma-Rharous (région de Tombouctou), a subi une attaque tuant une dizaine de nos soldats. Quelques jours plus tôt, c’est une embuscade dans le centre qui a causé la mort de deux de nos soldats. Et encore dernièrement, c’est un hôtel de Sévaré qui a été attaqué. Nous l’avons tous constaté, les actes de terreur jusqu’alors concentrés dans le nord se sont étendus au centre, puis au sud, jusqu’aux frontières de la Côte d’Ivoire. Ces attentats et tentatives d’attentats, puisque la plupart ont en réalité été déjoués, revendiqués par Ansar-Dine pour les deux premières, démontrent une absence de cohérence et de vérité dans les discours de ces narco-jihadistes puisqu’ils prétendent défendre la cause des touaregs alors qu’on sait que leur chef est reclus et qu’il cherche désormais à s’implanter dans le sud du pays. Tout cela masque simplement leurs ambitions personnelles mercantiles et violentes derrière des prétextes fallacieux, que ce soit celui de la cause de l’Azawad ou celui de l’Islam des origines.
Mais si la peur contraint parfois à se taire face aux bandits assassins, voire pour certains à être obligés de collaborer avec eux, cela ne dure jamais et les langues finissent toujours pas se délier un jour. Un mois après la mort du dénommé Mohamed Ali ag Wadossène, troisième chef touareg éliminé cette année (après Ibrahim ag Inawalen et Abdelkrim el-Targui), l’implication directe des siens se confirme. Imputées à Iyad ag Ghaly par la rumeur, ces trois morts ont toutes été expliquées par le désintérêt avoué de la cause indépendantiste par le soi-disant chef touareg d’Ansar-Dine. Ce dernier s’abaisse depuis à revendiquer des attaques commises par d’autres, alors que sa situation d’affaiblissement du fait de la force BARKHANE s’est encore aggravée par les défections importantes qu’il subi dans ses rangs.
Iyad ag Ghaly a fait le ménage autour de lui, s’est arrangé pour faire disparaître les chefs terroristes restés fidèles à l’Azawad, ce qui explique ces défections autour de lui, alors que nos frères du nord réclament le retour la paix. Selon de nombreux dires, les quelques fidèles qui lui restent se seraient mis à l’abri au HCUA, groupe signataire dont la proximité avec les groupes terroristes ne fait plus aucun doute.
Mais si les événements apportent certaines explications, l’inaction est plus expressive encore. Par exemple, le silence de Sidan ag Hitta sur la mort de Wadossène me questionne, car il avait appelé à venger les morts des deux autres touaregs. Peut-être est-ce parce qu’il a un temps été cité comme le successeur potentiel d’Abdelkrim el-Targui et qu’il sait bien qui a donné son propre neveu ? Pour autant, c’est bien connu qu’il n’est en vrai qu’un chef de bande minable et un voleur de Zakat. Et sa mauvaise réputation a été encore aggravée par l’arrivée d’Arabes… pour surveiller son comportement de soi-disant jihadiste, selon les dires de tous. Un comble !
Sidan ag Hitta ne remplacera donc pas el-Targui, ça il en a bien conscience. Il prétend maintenant s’imposer dans le sud du Mali. Mais le risque pour lui (et la chance pour les Maliens) c’est que son incompétence notoire le place à son tour dans le viseur d’Iyad ag Ghaly. Car si le chef d’Ansar-Dine poursuit son projet d’élimination de ses confrères terroristes nuisibles à ce qu’il reste de ses sinistres desseins, Sidan ag Hitta est sur son chemin. A moins que l’arrivée d’Arabes au sein de la mouvance touarègue n’inverse les rôles et que ce soit à Iyad ag Ghaly le planqué de craindre pour sa tête…
Tant mieux pour nous tous si la bête se détruit de l’intérieur, profitons de sa maladie pour l’écraser du pied et montrons au monde entier que nous avons réagi et que nous sommes finalement capables d’être aussi forts que les armées étrangères qui sont venues nous aider.
Par Ismaila Diarra
