Quand les Maliens accusent l’Algérie et quand l’Algérie s’accuse

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Vue l’évolution de la situation du nord de notre pays avec l’implication de la communauté internationale pour chasser les occupants, beaucoup de Maliens accusent l’Algérie dans sa position à ne pas engager une guerre mais d’aller à la négociation. Pour nous, il ne faut ni accuser l’Algérie, ni les autres pays. Il faut que les Maliens comprennent une chose : la sécurité du Mali doit être assurée en premier ressort par les Maliens eux-mêmes à travers leurs forces de défense et de sécurité.
Si les Maliens doivent accuser des pays étrangers ou des hommes politiques étrangers, ils doivent tourner leurs yeux vers les hommes qui ont eu à diriger ce pays du 19 novembre 1968 au 22 mars 2012.
En mettant sous presse ce document, si nous avons bonne mémoire, lors de la guerre de Noël 1985 entre le Burkina Faso et le Mali, dans le livre du commandant Hamidou Mariko, il est noté que six ans avant le déclenchement des hostilités, l’artillerie lourde n’a fait aucun exercice de tirs. Beaucoup d’engins étaient en panne. Tout ça parce que le président Moussa Traoré craint un coup d’Etat. Les Maliens doivent comprendre qu’avant les évènements de la guerre entre le Burkina et le Mali, il y’ a eu les évènements du 19 novembre 1968 où plusieurs officiers supérieurs de notre armés ont été mis à la retraite.
En 1969, plusieurs autres officiers et sous-officiers ont été condamnés et envoyés au bagne de Taoudénit où la majorité perdront leur vie. Ces évènements ont été une catastrophe énorme pour notre armée nationale qui vient de naître il y a seulement huit et neuf ans. Toute la politique du Comité militaire pour la libération nationale (CMLN) a consisté à une purge de notre armée nationale  qui a vu perdre plus de 70 de ses éléments au bagne de Taoudénit.
Sous la politique des «démocrates sincères et patriotes convaincus», il y a eu beaucoup de dérapages avec le Pacte national qui a vu l’entrée des anciens rebelles dans notre armée nationale, la plupart de ces hommes étaient illettrés et ont été bombardés de diplômes.
Beaucoup de nos militaires étaient frustrés. Pour justifier leur forfait, les généraux disaient «la paix n’a pas de prix». Pour la paix, les Maliens ont fait rentrer les rebelles illettrés dans l’armée malienne avec des distributions de galons, ils ont été recrutés à la fonction publique sans passer par voie de concours. Les Maliens ont aussi donné leur vie avec le massacre d’Aguel Hoc mais avec tout ça la paix continue à être un rêve pour eux.
Dès que la décentralisation a été mise sur chantier, le Pacte national n’a plus de sens et il doit être caduc. Le président Konaré a mené une mauvaise politique de défense et on le voit comme un rêveur de panafricaniste. Le panafricanisme ne doit pas nous empêcher de mener une bonne politique de défense pour notre pays surtout qu’on ne peut pas parler de démocratie, de république sans une véritable armée nationale issue du peuple malien.
L’ancien chef rebelle Bahanga devait être maîtrisé depuis le mandat du président Konaré et plusieurs occasions se sont présentées à lui mais il a refusé d’appliquer les textes de l’armée concernant ce criminel. Déjà, en 2007-2008, les Maliens doivent se rappeler de l’humiliation faite à notre armée avec les prisonniers libérés par le canal du colonel Kadhafi à Gao.
Les évènements du 23 mai 2006 ont vu la position de la rébellion au nord de notre pays se renforcer. Aucun homme politique qui a le minimum de sens de patriotisme ne doit signer l’accord d’Alger à moins qu’il ne soit atteint d’une cécité morale et intellectuelle. Tout le monde sait que le président Chadli Bendjedid avait autorisé le multipartisme en Algérie dans les années 90 ; le FIS (Front islamique du salut) d’Abassi Madani avait eu son récépissé de parti politique et qu’il avait gagné les élections législatives de 1992.
La France avait crié : «l’intégrisme islamique devant la porte de la France, c’est la mer Méditerranée qui nous sépare de l’Algérie». La suite, c’est que les généraux algériens ont fait un coup d’Etat et ils ont écarté Chadli qui a été mis en résidence surveillé. Aucun pays à travers le monde, ni la communauté internationale n’a dit un mot devant l’illégalité des généraux algériens qui viennent de mettre fin à un processus démocratique. La communauté internationale  a fait la même chose en Palestine avec la victoire du Hamas. C’est ça la démocratie ?
Jamais l’Algérie ne signera un accord comparable à celui d’Alger, signé entre notre pays et les groupes rebelles de Kidal le 23 mai 2006 qui venaient de piller toutes les armes des deux camps de Kidal et du Ménaka. Si cela s’était passé en Algérie, aucun des hommes du 23 mai 2006 ne respirera de l’air encore. Dès les évènements du 23 mai 2006 où le général ATT avait déclaré à Diéma le problème sera traité avec la gravité des faits et après il avait fait volte-face avec la rencontre pompeuse des mutins de 2006 avec à la tête son Premier ministre de l’époque.
Cet accord a été parafé du côté malien par un grand général. Aucun général algérien ne signera au nom de son pays un tel accord. Les Algériens ont vu que depuis 1991, notre pays est dirigé par une bande de mafias qui n’a aucun amour pour sa patrie. Nous pensons que c’est la cause de leur légèreté vis-à-vis de notre pays.
Nous l’avons vu d’ailleurs avec les otages suisses libérés dans la zone de Kidal. C’était le même Iyad Ag Galy et le gouverneur d’ATT en mission à Gao qui avaient mené les pourparlers avec El Para et beaucoup d’euros ont parlé dans cette libération. Les Algériens étaient mécontents et aujourd’hui El Para est prisonnier dans son pays. Dès lors, le président ATT devait être traduit pour haute trahison.
A l’époque, seul le RPM, son président Ibrahim Boubacar Keïta et un petit groupe de Maliens qui ne représentent que leur ombre avaient critiqué cet accord et les évènements du 23 mai 2006.Après ces évènements, le président du RPM et son parti ont fermé la bouche et ils n’ont plus joué leur rôle d’opposants. Nous avons vu son secrétaire politique traîné par terre lors du débat «Question d’actualité», organisé par notre compatriote Nianza Coulibaly de l’ORTM.
Les larmes d’IBK dont il parlait sur Radio France Internationale après la chute du camp militaire d’Amachach de Tessalit sont des larmes d’hypocrisie. La preuve, le RPM vient de s’aligner avec des partis politiques comme l’ADEMA, l’URD et consorts pour contrecarrer la motion de défiance contre M. Oumarou Ibrahim Ag Mohamed, président du Haut Conseil des Collectivités territoriales (HCCT) qui a abandonné son institution pour aller se réfugier dans la capitale africaine du MNLA, Nouakchott (Mauritanie). S’il a fui c’est qu’il se reproche quelle que chose. Ceux qui ne se reprochent rien sont restés au Mali. Peut être, c’est un des conseillers de Zakiatou Walet Halatine et de Hamma Ag Mahmoud ?
Une fois encore, les partis politiques qui viennent de  soutenir cet homme au HCCT ont montré de plus, leur fond de commerce. Et l’Assemblée nationale et le HCCT, n’ont rien à nous dire. Il faut les balayer tous et mettre leurs salaires dans des domaines plus utiles pour notre pays. Pendant 10 ans, leur présence n’a été que d’une calamité pour notre pays. Ils ont failli à leur mission. Depuis la campagne électorale de 2007, IBK n’a plus lancé une pique au président ATT et d’ailleurs il avait même annoncé aux Maliens d’aider ce dernier pour terminer son mandat. Comment on peut aider un homme qui a trahi son pays qui l’a tout donné ?
Chaque pays a droit à mener sa politique dans l’intérêt de son peuple. L’Algérie mène la politique qui l’arrange. Dans le problème du Sahara occidental, le président Boumediene l’avait dit au président Ould Daddah. «L’Algérie n’acceptera jamais qu’un pays lui ferme l’Atlantique et que c’est un problème clé de la sécurité de son pays». C’est à nous Maliens de travailler et d’assurer notre propre sécurité même si nous savons que nos voisins travaillent contre nous. Nous avons une armée et un budget conséquent doit être voté pour la formation des hommes, leur entretien et l’achat de matériels adéquats.
Un budget spécial doit être voté pour l’armée malienne, uniquement pour la surveillance des frontières nationales. Le Mali n’est pas moins que le Niger en ressources économiques. Les Nigériens ont déclaré à leur Assemblée nationale sous le président Tandja, que «si la Libye veut la guerre, ils sont prêts». Chez nous au Mali, les rebelles et les responsables politiques ont fait de cette rébellion un fond de commerce. Les Maliens doivent mettre fin à ce fond de commerce.
Ceux qui félicitent le président français François Hollande, se trompent. La France ne mettra pas un euro dans cette guerre qu’elle ne récupéra pas avec moins de sept (7) euros. Avec cette aide française, le Mali sera plus encore humilié et  mis à genou. Le Mali sera peut être moins que celui du CMLN sur le plan dignité. Il nous semble que les amis de notre feu ami Cabral regroupés au sein de l’AMS-UNEEM, sont devenus plutôt des fantoches. Quelle mouche les a piqués pour remercier un fils de colonialiste M. François Hollande qui en fait ne défend aucun intérêt du Mali mais plutôt ceux de la France.
De la même manière dont l’Algérie a réglé son problème avec le FIS, un problème purement intérieur, le Mali doit régler la question de la rébellion qui est un problème intérieur à lui sans passer, sans consulter qui se soit. Il en va de notre souveraineté nationale.
En conclusion, la meilleure voie pour les Maliens, c’est chercher toutes les responsabilités de l’effondrement de notre pays. Pour cela, l’Assemblée nationale qui devait interpeller le gouvernement par une motion de censure doit être traduite en justice avec ATT, les membres de son gouvernement et tous les officiers qui ont failli à leur mission de soldats et d’officiers. En somme, ceux qui ont eu à diriger ce pays de juin 92 au 21 mars 2012 doivent répondre. Les Maliens doivent tout mettre en œuvre pour traduire ATT en justice. S’ils ne le font pas, ils resteront encore dans le trou.
Le mal des Maliens se trouve chez les Maliens. Le premier complot contre le Mali est parti des Maliens eux-mêmes. Tous les défenseurs de la CEDEAO, tous ceux qui brandissent la carte de la CEDEAO sont les premiers comploteurs contre leur pays.
Il y a un ancien ministre français de François Mitterrand, ancien commissaire à l’Union  européenne, M. Claude Chesson qui vient de mourir, à chaque occasion qui se présentait à lui dans les années 80 à 90, stigmatisait «l’intégrisme islamique ».
Pour nous, le Mali a un autre danger qui risque d’être un «tsunami», c’est celui des «premières dames».
Nulle part dans notre constitution, on ne parle de la femme du président de la République mais ces femmes remplacent souvent les ministres maliens dans leur fonction. C’est une honte quand on voit un ministre de la République derrière une femme du président quel que soit le respect qu’on a pour les deux. La tombée de notre pays, le Mali, Lobbo Traoré a une part de responsabilité dedans. Cette femme met son nez même dans les différents recrutements civils et militaires. Il faut que les Maliens cherchent une véritable solution aux femmes de leurs présidents.
Nous devons travailler et non de s’assoir pour accuser telle ou telle personne ou tel ou tel pays. Quelles que soient les maladresses de Moussa Traoré, si les Maliens ont travaillé pendant les 21 ans après sa chute, nous pourrions renverser la tendance. Quelles que soient aussi les erreurs du président Alpha Konaré, si ATT avait réellement le souci de son pays, il allait renverser la tendance.
En fait, le Mali n’est pas le souci des «démocrates sincères et patriotes convaincus». Leur souci, c’est le développement de leurs familles. C’est Moussa Traoré qui a mis le Mali dans le PAS (programme d’ajustement structurel). Au lieu que les «démocrates» cherchent à extirper notre pays de ce mal, ils l’ont renforcé davantage. Tout leur palmarès, c’est partager le foncier malien entre eux, vendre une partie aux riches avec des dividendes pour eux. Ils sont partis jusqu’à vendre les domaines des centres de recherche. Quelle cupidité et quelle cécité morale !
A côté de ça, ils ont oublié l’école malienne. L’école n’est pas du tout leur souci parce que leurs enfants n’étudient pas dedans.
La vraie guerre du Mali commencera après la libération des régions nord de notre pays. Les accords suivants : Pacte national, Accord d’Alger doivent être caducs. Ces accords sont contraires à l’esprit de la décentralisation. La rébellion touareg  actuelle est un faux problème.
Que Dieu amène la paix dans notre pays et qu’Il rende honteux les ennemis du Mali. Amine !
Yacouba Aliou

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