Quand les élus rangent leur principale mission à côté au profit de l’accessoire, pour des prébendes !

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Mandiaye Gaye - recrudescence - report
Mr. Mandiaye Gaye

Mais qu’est-ce qui fait courir tant certains Sénégalais,  vers la direction des associations au Sénégal? En ce moment au Sénégal, la polémique enfle en permanence, autour de la direction de certaines associations, voire toutes. Cela cache sans aucun doute, des non-dits. Sinon, pourquoi toute cette bataille à mort, pour les diriger à tout prix, s’il n’y a aucun intérêt à y tirer ? Le Sénégal, dans ce domaine,  est assurément, un pays tout particulier, car les associations y naissent comme des champignons,  sans aucun contrôle de rigueur au préalable. Il est noté que tous les prétextes, même les plus fallacieux, sont admis pour en créer. C’est ainsi que, la plupart se créent parfois, pour des buts inavoués, camouflant hypocritement des visées cupides, autres que celles officiellement déclarées. Certaines d’entre elles d’ailleurs, sont tout simplement pour leurs promoteurs, un prétexte de chantage, un moyen d’enrichissement illicite ou sans cause,  une source de prébendes ou de privilèges sous leur couvert, etc.  En effet, il y a aujourd’hui  chez une prolifération d’associations en tout genre inconcevable. Ce qui fausse même le sens, le but et l’idéal d’une association louable. A cet effet,  ceci m’avait amené d’ailleurs, à leur consacrer cet article: « Halte aux associations qui sapent la cohésion et la consolidation de l’unité nationale d’un pays! »

Comme nous le savons et le constatons tous malheureusement, au Sénégal, on ne procède que très rarement, à la reddition de comptes  des structures attributaires des deniers publics. Voilà pourquoi, des associations naissent à foison et font la ruée vers l’Etat ou d’autres Organismes, pour bénéficier  de financements ou subventions, à fonds perdus. Alors, bien  instruits de cela, des dirigeants – une poignée des directions-utilisent les fonds alloués, à des fins strictement personnelles. Le président de l’association, avec ses complices parfois, est le principal, qui en tire tout le bénéfice, donc un privilégié évident. Voilà pourquoi, certainement, tout le monde convoite leur direction. Et ceux qui occupent déjà une direction, refusent ou font de la résistance forcenée pour ne jamais la quitter, même contre la volonté de la majorité des membres. Certaines associations, comme l’AMS, l’UAELS, AEDS, l’ANES etc., et tant d’autres, aiguisent beaucoup d’appétit. Oui, parce qu’elles reçoivent de l’Etat « illégalement » des fonds, dont  l’utilisation n’est  pas soumise à une justification obligatoire par des preuves matérielles.

Mais,comment se définit en général une association ? « Une association est un groupement de personnes volontaires réunies autour d’un projet commun ou partageant des activités, mais sans chercher à réaliser de bénéfices. » Elle peut avoir des buts très divers (sportif, défense des intérêts des membres, humanitaire, promotion d’idées ou d’œuvres…). En réalité, ce sont ces membres qui doivent se cotiser pour faire face aux exigences en ressources financières et humaines, pour son fonctionnement régulier. Contrairement à ce qui se passe actuellement pour certaines associations, dont le budget de fonctionnement est pris en charge entièrement ou partiellement par l’Etat. Au moment où pratiquement, la plupart des collectivités locales peinent à décoller. C’est une aberration !

Est-il sérieusement acceptable ou même honorable, pour des élus du peuple de ranger de côte leur principale mission, qui consiste à résoudre les préoccupations quotidiennes des citoyens, de se chamailler, comme des chiens affamés autour d’un os, pour  diriger une association, un accessoire secondaire ; tout ceci,  à cause uniquement des prébendes qu’on en tire? C’est une honte !

Dès lors, on peut se demander, avec un tel comportement, que font-ils, du sacerdoce et du bénévolat, valeur que tout élu, au service de son peuple, doit se prémunir  et posséder largement. Tout le contraire dans le cas d’espèce.

Il existe en effet deux principaux types d’associations :

  • l’association « simple », non déclarée, qui a une existence juridique, mais ne peut posséder de patrimoine ni agir en justice ;
  • l’association déclarée en préfecture, qui a elle, la personnalité juridique. Elle peut donc posséder un patrimoine et agir en justice. Certaines d’entre elles disposent du statut particulier d’associations reconnues d’utilité publique par décret. Leur objet est jugé d’intérêt général (ex : lutte contre certaines maladies, pour les personnes défavorisées, etc.). Cette reconnaissance leur permet de recevoir des dons et des legs, mais elles doivent en contrepartie présenter de sérieuses garanties et sont soumises à un contrôle administratif plus strict, notamment de la part des services habilités de l’Administration.

De manière générale, toutes les associations, quel que soit leur statut, doivent être soumises à  des règles et un contrôle strict qui peut prendre plusieurs formes. S’agissant des associations déclarées, la légalité de leurs statuts et de leur objet est vérifiée.

Le prétexte de cet article, c’est la naissance exponentielle des associations des élus en particulier, mais des associations en général dans notre pays. Un phénomène que l’acte 3 de la décentralisation a largement et négativement accentué, par la multiplication inconsidérée de collectivités locales non viables, et créées uniquement sur des bases politiciennes et non, sur celles économiques et sociales objectives. Tous les citoyens objectifs, raisonnables, observateurs attentifs, qui ont le souci constant d’un Sénégal vraiment émergent, savent que 14 régions 44 départements, dont quelques-uns sont squelettiques et dépourvus du minimum requis de ressources nécessaires pour leur existence viable, c’est trop pour le Sénégal.

Liberté d’association oui, mais subventions sélectives, aux seules associations de bienfaisance, qui œuvrent spécifiquement pour la charité, le soutien des nécessiteux, des personnes défavorisées par handicap, etc.

Objectivement, l’acte 3 de la décentralisation devait, au préalable, corriger avant tout les erreurs des deux précédents actes. En procédant à une évaluation approfondie à la lumière de leur expérience pratique sur le terrain. Après quoi, sur la base des résultats fiables obtenus, concevoir maintenant l’acte 3 de la décentralisation. Mais non ! Au lieu de cela, celui-ci en a rajouté, en superposant d’autres erreurs plus graves sur celles existantes. Ce qui  fait de cet acte 3 aujourd’hui, un monstre difforme aux contours mal définis. Ce qui sème une  cacophonie et confusion  monstrueuse dans leur gouvernance locale, à telle enseigne que, personne ne s’y retrouve plus maintenant. Ainsi, les collectivités locales présentement, au vu de leur  nombre pléthorique et viabilité douteuse, c’est le revers de la médaille qui se produit. Donc, le contraire de l’objectif initialement visé, c’est-à-dire la décentralisation des collectivités locales. Ce qui devait  signifier, leur détachement d’une centralisation excessive et étouffante de l’administration centrale, pour leur permettre de s’autogouverner par elles-mêmes, et  d’avoir leur autonomie de gestion.  Et qui dit autonomie, pense, forcément, à la dotation  des collectivités locales de  ressources matérielles, financières et humaines de qualité  suffisantes, pour leur fonctionnement normal et régulier.

Au total, les collectivités locales sont aujourd’hui, à cause de difficultés inouïes de toutes sortes, dans l’inquiétude. Elles sont devenues ingouvernables, faute justement de moyens adéquats pour gérer une multitude de collectivités locales avec leurs cohortes d’élus. Des élus,  dont certains, avec des fortunes diverses sont  « analphabètes », et aussi dépourvus de la moindre compétence capable  d’administrer  ne serait qu’un petit village. Alors, dire à l’ère du numérique qu’un maire peut être analphabète, c’est un argument fallacieux et de l’hérésie.

Par ailleurs, en transformant toutes les communes d’arrondissement de l’époque en communes de plein exercice sans distinction aucune, sans aussi les soumettre cas par cas,  à une analyse fine, c’est de l’archaïsme, et de surcroit, quand il s’y ajoute, que tous les départements ont été mués aussi en collectivités locales, sans aucun test d’expérimentation, cela donne manifestement une gouvernance par pilotage à vue.

Et cependant, Il est par principe, fortement recommandé, l’évaluation des politiques expérimentales, pour juger  de leur pertinence et la preuve de leur d’efficacité dans la pratique, avant de les globaliser ou étendre sur un rayon plus large ou l’ensemble du territoire.  A cet effet, je vous invite à lire mon article déjà publié sur la décentralisation intitulé : « Décentralisation rationnelle et viable oui, mais non à la prolifération des collectivités locales  sur des bases politiciennes. » voir : www.devoircitoyen.fr

Puisqu’il n’est jamais trop tard pour bien faire, il faut revoir de fond en comble l’acte 3 de la décentralisation dans le cadre de la réforme proposée par la CNRI. Il faut couper aussi définitivement, le cordon ombilical de certaines associations et unions d’associations avec l’Etat, car rien ne justifie qu’elles reçoivent des fons de l’Etat. Sinon, nous irons, avec ce système, droit au mur dans sa forme actuelle.

Mandiaye Gaye

Gaye_mandiaye@hotmail.com

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