Projet de redécoupage territorial : Ce qu’il faut savoir sur le Nord

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Le projet de redécoupage territorial annoncé par le gouvernement ne cesse de défrayer la chronique. Sujet à la UNE dans presque toutes les causeries, ce projet ne fait pas que des élus. Au nord du pays, particulièrement dans les régions de Gao, Kidal et Tombouctou, l’inquiétude est encore plus présente. Une certaine maîtrise des réalités historiques et socio culturelles sont à prendre en compte avant toute opération. Ce texte écrit par un ressortissant de la zone permet de mieux cerner le sujet.

Contribution à propos du découpage administratif au niveau du cercle de Tessalit, région de Kidal

Un Peu d’Histoire: Kidal, jusqu’en 1960, était une subdivision du cercle de Gao. Tessalit était un poste administratif et Timtaghène (Timetrine comme on disait à l’époque), une zone sous la surveillance permanente d’un poste de Gendarmerie ou des patrouilles fréquentez des Goums.

En 1960, Kidal est devenu un cercle de la région de Gao, avec sept (7) arrondissements, dont ceux de Tessalit, d’Adiel-Hoc et de Tinkar. Déjà à cette époque, chaque arrondissement connaissait parfaitement les limites de son terroir et sa population.

En 1991, Kidal est érigé en région, avec quatre (4) cercles dont celui de Tessalit qui a comme arrondissements, Tessalit, Adiel-Hoc et Tinkar. L’espace et les populations n’ont pas varié d’un iota.

En 1996, les trois (3) arrondissements du cercle de Tessalit, sont érigés chacun, en commune rurale, sans aucune modification ni au niveau de l’espace ni à celui de la population.

En 2018, le Gouvernement du Mali, décide de revoir son découpage administratif, au niveau des circonscriptions territoriales décentralisées.

Un peu de logique: Face à cette nouvelle opportunité qui s’offre brusquement à tous, il est normal que chacun, là où il est, aspire à devenir une collectivité territoriale décentralisée s’il ne l’est pas encore et à monter au grade supérieur s’il l’est déjà. Dans le cercle de Tessalit, il semble que les trois communes rurales, voudraient, chacune, être inscrite au tableau d’avancement. Tout ça reste dans une logique vieille déjà de 58 ans, dans un mouvement d’ensemble, respectueux de l’histoire et de la géographie. La balle est maintenant dans le camp du gouvernement qui doit obligatoirement arbitrer.

Le problème : Selon des informations qui restent encore à vérifier, la commune rurale de Timtaghène (actuel chef-lieu : Inabag en lieu et place de Tinkar), non seulement voudrait devenir cercle, mais en s’étendant, sur le plan de l’espace, au détriment de celui de Tessalit, y compris pour un nouveau site chef-lieu de cercle. La conséquence immédiate en serait que le nouveau cercle de Tessalit (ancienne commune rurale du même nom) va être amputé de toute sa partie utile, son espace vital, avec des sites déjà en exploitation sur le plan économique et les seuls pâturages naturels. Les populations de ce futur cercle seront alors confinées dans la zone montagneuse, à la place des mouflons disparus, pour cause de braconage pour certains, mais en réalité à 50% pour cause de manque de pâturages. Pour faire passer une telle solution, il ya probablement un préalable, c’est de les mettre toutes dans une bouteille. Est-ce que ça en vaut la peine ?

La solution: Elle est inévitable et bien simple. Que chaque commune rurale, comme pendant au moins 58 ans de coexistence, reste dans les limites de son terroir et avec ses populations et évolue comme elle peut. Les dites limites, pendant toute cette longue période coloniale, n’ont jamais fait l’objet de la moindre contestation. Qu’est-ce qu’il y a eu alors de nouveau ?

 

  1. Conclusion : L’opération « découpage » lancé par le gouvernement, risque, s’il n’y prend garde de donner lieu à beaucoup d’autres « problèmes de Tessalit » dans le pays. Tout problème qui n’est pas vite et bien résolu, par contagion, peut s’étendre et devenir beaucoup plus difficile à maîtriser. Dans le Nord et le centre du pays, les conflits intra et intercommunautaires sont attisés par les rebellions, les terroristes et les trafiquants, est-ce qu’il est vraiment utile d’ajouter « le découpage territorial » à cette liste déjà trop longue ? Le gouvernement risque de se retrouver dans la situation de ce bûcheron qui, incapable de soulever le fagot de bois qu’il a ficelé, y ajoute encore d’autres bois. De toutes les façons, le problème de découpage territorial dans le cercle de Tessalit, qui n’est pas encore que « Potentiel » peut ne pas aller loin, à condition qu’il n’y ait pas des gens, des responsables dans le cercle de Tessalit, dans la région de Kidal, au Mali, qui ont n intérêt réel à jeter de l’huile sur le feu. Que Dieu fasse qu’il n’y ait pas du tout.

Issoiden Ag Sarid

Maître du second cycle à la retraite à Kidal

 

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