Profanations de Tombouctou : «J’accuse… le gouvernement»

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Le temps semble donner raison à ceux  qui étaient pessimistes quant à l’efficacité du gouvernement de transition de Cheick Modibo Diarra. Ce gouvernement semble  avoir accouché d’une souris et s’engouffre chaque jour qui passe en prenant le pouvoir comme un héritage de copinage.

Depuis trois mois, il exerce dans l’anarchie, avec son lot de décisions aussi impopulaires qu’il l’est lui-même. Les actes qu’il pose et  les décisions qui ont été   prises jusque là n’ont que contribué à nous enliser dans  cette crise et à nous conduire à une catastrophe humanitaire et  patrimoniale.

On se rappelle encore que c’est le  gouvernement de CMD, à travers son ministre de la Culture, Mme Diallo Fadima Touré, qui avait demandé à l’Unesco d’inscrire Tombouctou, ainsi que le Tombeau des Askias, tenus par des islamistes, sur la Liste du «Patrimoine mondial en péril». Le Comité du patrimoine mondial, réuni à Saint-Pétersbourg le 08 Juillet, a accepté la demande formulée par le gouvernement du Mali. Selon la déclaration de l’Unesco, «la décision vise à favoriser la coopération et le soutien en faveur de sites menacés par le conflit armé qui affecte la région». Depuis fin mars, l’Unesco avait multiplié les appels et les alertes pour mobiliser l’opinion publique et éviter une destruction du patrimoine sacré de Tombouctou. Malheureusement, la suite des événements a donné raison aux observateurs les plus sceptiques.

Après l’inscription de la Ville sainte sur la liste du patrimoine en danger de l’Unesco, la réaction des islamistes n’a pas tardé. Les islamistes ont lancé leur furie destructrice contre les sites de la région. Alors, à  travers cette démonstration, on se rend compte qu’il ya un lien de cause à effet  entre cette décision  politique de notre gouvernement  et ses conséquences désastreuses sur Tombouctou.

Imprudence ou ignorance, quand on sait que cette inscription par l’Unesco  sur la fameuse liste n’a jamais sauvé un patrimoine en danger? Sans nous leurrer, nous savons bien que l’inscription sur la liste des sites en péril n’a jamais favorisé ni l’obtention, ni la mobilisation souhaitée, ni le sauvetage des sites. On se rappelle encore  le  site de Bamiyan, en Afghanistan, où les Talibans avaient détruit à l’explosif, en 2001, des statues de Bouddha. A noter qu’en l’occurrence l’organisation internationale s’était montrée à l’époque impuissante pour empêcher la destruction du site afghan…

L’action du gouvernement était peut être partie d’une bonne intention, mais reste néanmoins insuffisante face  à la situation actuelle, Dans le cas de villes comme Tombouctou, la situation est décrite comme «catastrophique» par des habitants privés d’eau et d’électricité. Quelle errance de vouloir sauver ou  établir un dialogue avec des islamistes qui nient le fondement même de la notion de patrimoine mondial? Comment peut-on mettre autant d’énergie à engager des sanctions inefficaces pour sauver le patrimoine dans une zone  en guerre? Ce gouvernement a juste le mérite d’avoir occasionné la destruction de ces trésors.

Amanie Touré, Analyste

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