Primaires Adéma: Les Vérités d’un militant à Dioncounda TRAORE

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    Camarade président, vous me permettrez cette familiarité en vous appelant ainsi puisque je suis un militant de l’Adema-PASJ, ce parti pour lequel vous avez tant donné. Tout donné. Un parti que vous avez toujours servi et dont vous ne vous êtes jamais servi.

    Camarade Président, on dit chez nous que si votre ami est incapable de vous dire la vérité alors payez votre ennemi pour qu’il le fasse.

    Camarade Président, c’est fort de cette conviction que moi, qui ne suis ni votre ami ni votre ennemi mais un simple militant, je me permets de vous interpeller en vous posant ces dix questions sur la situation qui prévaut aujourd’hui au sein de notre parti à savoir la candidature à la candidature de l’Adema pour la présidentielle de 2010, tout en espérant que le Camarade Abdoul TRAORE dit DIOP ne m’en tiendra pas rigueur.

Premièrement :
Camarade Président, ma première question est toute simple : Diable qu’êtes-vous allez chercher dans cette galère ? En effet, beaucoup de militants comme moi avaient tant espéré que vous saurez résister aux chats des sirènes des courtisants qui s’agitaient autour de vous pour vous pousser à vous lancer dans la danse. Camarade Président, ce faisant ils n’ont cherché et ne cherchent que leur propre intérêt qui certainement ne tient nullement compte ni du vôtre ni de celui du Parti encore moins celui du Mali.

Deuxièmement :
La deuxième question découle de l’analyse que je fais de votre parcours d’homme politique. Militant vous avez été, militant vous l’êtes et vous le serez pour le restant de votre vie certainement. Or le militantisme suppose un certain nombre de qualités et d’attitudes dont la critique et l’autocritique sur la base de l’analyse concrète d’une situation concrète. Camarade Président, si en bon militant vous avez procédé ainsi avant de vous décider à faire acte de candidature et je n’ai aucune raison d’en douter alors à la question de savoir si vous êtes réellement l’homme de la situation, qu’elle a été votre réponse ?

    Tout homme politique est-il forcément destiné à devenir un homme d’Etat ? Vos parcours successifs à la tête de différents départements ministériels plaident-ils dans ce sens ? Vos détracteurs, et Dieu sait que je n’en fait pas partie affirment que la seule qualité dont vous avez fait montre dans ces différents département a été de ne rien changer à rien. A ce propos, d’aucuns racontent cette boutade attribuée à une employé subalterne de l’Assemblée Nationale interpellant un de vos proches : « Vous qui n’avez pas su gérer Bagadaji (AN) vous voulez gérer Koulouba ? On aura tout vu dans ce pays ».

    Bon laissons leur la responsabilité de leurs propos. Mais tout de même Camarade Président malgré ma bonne disposition à votre égard, je ne puis m’empêcher de vous poser cette question : Êtes-vous vraiment convaincu du bien fondé de votre candidature ?

Troisièmement :

Camarade Président, je ne vous ferai pas l’injure de croire à tous ces propos malveillants qui circulent sur votre compte dans certains milieux où certainement vous n’êtes pas en odeur de sainteté. Cependant, je me dois de vous les rapporter afin que vous apportiez une fois pour toutes, un démenti cinglant à ces insinuations calomnieuses ?

Camarade Président que répondez-vous à ceux qui prétendent qu’il existe un deal secret entre vous et l’URD ? Comment expliquez-vous que les plus farouches défenseurs de votre candidature soient tous des gens proches de Soumaïla CISSE d’une manière ou d’une autre ?  

N’est-il pas étonnant de retrouver aujourd’hui auprès de vous des gens qui naguère ne faisaient pas mystère de leur hostilité, pour ne pas dire plus, pour vous Président ? En tout cas le militant lambda, lui, a été prompt à comprendre le manège. Et vous Camarade Président ?

Quatrièmement :
D’aucuns pensent que la prochaine Conférence National de l’Adema-PASJ ne sera qu’un marché de dupes qui ne consistera qu’a donner au choix du CE un semblant de légitimité. Pour cela, ils se fondent sur un simple calcul arithmétique : les délégués de la Direction du Parti (CE, les commissions financières, la commission de discipline, le Mouvement des Femmes et celui des jeunes) sont plus de 400 personnes contre 104 délégués des sections dans le meilleur des cas avec deux représentants par section. Etant entendu que les délégués de l’extérieur n’excèderont probablement pas 30 personnes. Camarade Président quelle légitimité tirerez-vous d’une telle Conférence Nationale dont le seul but serait d’imposer le choix du CE au lieu de le faire valider par les militants ?

Cinquièmement :
Camarade Président, on dit que comparaison n’est pas raison et pourtant malgré cette évidence je ne peux m’empêcher de vous rappeler l’expérience malheureuse de l’élection du bureau de l’Association des Municipalités où malgré la mise en place d’une commission de bons offices les candidats sont restés sur leur position jusqu’au jour de l’élection. Conséquence : exclusion des deux candidats rebelles par ailleurs poids lourds du Parti ? Qu’en sera-t-il dans le cas autrement plus important de candidature à la présidence ?

Sixièmement :
Cette sixième question est relative à l’affaire la plus importante et certainement celle pour laquelle vous n’êtes pour rien et pourtant que vous continuerez à traîner longtemps comme un boulet au pied. Il s’agit de l’affaire du Code de la famille et de la personne. Camarade Président, vous et tout le Parti avec, avez laissé l’opinion publique et plus grave encore les milieux religieux accuser l’Assemblée Nationale par conséquent son Président que vous êtes, d’être les auteurs d’un code jugé intolérable pour ne pas dire plus. Camarade Président depuis lors, c’est comme si vous étiez tombé sous le coup d’une fatwa. Dans les hameaux les plus reculés le mot d’ordre semble être le même : Tout sauf Dioncounda, cet ennemi de l’islam ? Camarade Président allez-vous sacrifier le Parti sur l’autel de votre intérêt personnel ? Si on n’y prend pas garde ce tout sauf Dioncounda ne se transformera-t-il pas en tout sauf l’Adema PASJ ? Je suis convaincu que vous finirez par privilégier le salut du Parti.

Septièmement :

Parlons à présent des possibles alliances avec des partis et leurs conséquences. Ceci m’amène à parler du fameux deal avec l’URD dont certains parlent. Camarade, de mémoire d’homme politique on n’a jamais vu pareil intérêt qu’un parti politique porte à la désignation du candidat d’un autre parti. Le  grand enjeu au sein de l’URD aujourd’hui c’est sans conteste ceci : Tout faire pour que Dioncounda soit le candidat de l’Adema-PASJ à l’élection présidentielle. Pour ce faire du côté du Parti de la poignée de mains on est prêt à signer les yeux fermés tout accord de désistement mutuel au second tour. Il est vrai que dans la situation actuelle pour l’URD le risque est presque nul. C’est de bonne guerre. Mais est-il exact que vous aussi vous jouez le jeu en connaissance de cause ? Et pour quelle raison ? Existe-il réellement des taupes de Soumaïla CISSE dans votre entourage ?

-Par ailleurs, supposons, dans le meilleur des cas qu’en contrepartie du soutien apporté à Soumaïla CISSE devenu président, que l’Adema obtienne la primature et que vous vous restiez au perchoir ce serait pour combien de temps ? Qui pourrait empêcher le nouveau président de dissoudre l’AN au bout de six mois maximum pour s’offrir sa propre majorité ?

Huitièmement :

La huitième question m’amène à vous demander si vous avez envisagé l’hypothèse d’un éventuel échec de la commission de bons offices, du CE. Comment feriez-vous alors pour éviter l’éventualité d’un congrès extraordinaire au cas où les perdants contesteront le choix du CE pendant la Conférence Nationale ? Faut-il vous rappeler que le CE propose mais que la Conférence Nationale peut valider ou non ce choix ?

Neuvièmement :
Il est vrai que je ne comprends pas grand-chose à la politique politicienne. Mais tout de même je me suis toujours demandé : Diable et ATT dans tout ça ? Oui je sais qu’il n’est pas militant Adema et qu’il est neutre et au dessus des partis politiques qui l’ont tous soutenu pendant ces dix ans à Koulouba. Mais naïvement j’étais en train de me mettre à sa place en me posant cette question. Si j’avais été président est-ce que je me désintéresserai du problème de ma succession dans le camp du plus grand parti. Si ce parti faisait comme si je n’existais plus quelle serait mon attitude ? Prendrai-je le risque de laisser le pays entre les mains de quelqu’un en qui je n’ai nullement confiance ? Pourrai-je ne pas être regardant sur la valeur des hommes qui prétendent me succéder si j’aime réellement mon pays et suis conscient de l’avoir bien servi ? N’est-ce pas là trahir son serment que de ne pas s’assurer qu’on va laisser le pays en de bonnes mains ?

Dixièmement :
Camarade Président il ne me restait qu’à vous souhaiter bon vent ! Malheureusement je ne sais pas dans quelle direction vous allez réellement ? Le savez-vous vous-même ? Donc je vous dis que Dieu vous inspire ! Amen ! 
Kala Jula Sangoï DIABATE,
Militant ADEMA à Djicoroni (Source : Nouvel Horizon)

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