L’écrivain essayiste Luc Ferry avait dit un jour en substance « Les Français ont mis un gamin à l’Elysée. Ils en paieront le prix ».
Un universitaire du pays des Tounkas, des Mansas, des Famas, des Sonis et Askias, des Amenokals et des Emirs a fait la réflexion suivante : en réagissant comme il l’a fait au discours du Dr. Choguel Kokalla Maïga, Premier ministre, Chef du gouvernement du Mali, prononcé à la Tribune des Nations unies à New York, le 25 septembre 2021, il s’est comporté comme un enfant à qui on a retiré ses jouets : il trépigne, vitupère et traite avec un mépris souverain les autorités de la Transition particulièrement le Dr. Choguel Kokalla Maïga. Il se met ainsi sur le dos le peuple malien tout entier, y compris les anti-putschistes militants mais patriotes.
Du reste, n’est-il pas passé maître dans l’art d’offenser les peuples ?
Quelle colère peut-elle justifier qu’il puisse douter de l’existence d’une Nation algérienne avant la conquête coloniale ? Comment peut-il tenir de tels propos dans un contexte tendu par sa décision, justifiée ou non, de limiter le nombre de visas accordés aux Algériens, Marocains et Tunisiens ? Tout le monde se souvient avec quelle vulgarité le Président Macron a répondu à ceux qui se demandaient où est passé son Hôte du jour ! « Roch ? Il est allé pisser ! ». Quel respect pour un pair ! Le Président Roch Marc Christian Kaboré est tout de même le Président du Burkina Faso, Chef de l’Etat et aîné d’Emmanuel Macron ! Ce qui veut dire beaucoup en Afrique. C’est aux Français de juger si Gaston La Gaffe est digne d’un deuxième mandat pour diriger la France, si respectée dans le monde, singulièrement par les peuples de ses anciennes colonies !
Les Maliennes et les Maliens, eux, savent à quoi s’en tenir !!!
C’est sans doute agacé, révolté et inspiré aussi ce jour-là ‘‘Il faut le dire’’, que le Premier ministre Choguel Kokalla Maïga parlant au nom de l’Etat malien, s’est écrié à la Tribune des Nations unies à New-York : le Président de la République française au moment des faits « a abandonné le Mali en plein vol » !
A Annefis, à la lisière entre l’Adrar des Ifoghas, la 8ème région administrative du Mali et Gao la 7ème, le chef du contingent à la reconquête du Mali, ordonne aux FAMa, qui ont laissé tant de morts sur le terrain depuis Konna (Paix à leurs âmes), de se cantonner là et de laisser les nouveaux conquérants continuer la route avec l’armée tchadienne. Tout respectueux qu’il soit de la valeur guerrière de la vaillante armée tchadienne, aguerrie, c’est connu, le natif du Dendi, ne peut qu’être offusqué et s’interroger comme la plupart des Maliennes et des Maliens : Quelles peuvent être les motivations qui ont inspiré le Président François Hollande, le ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian et Laurent Fabius, ministre des Affaires étrangères, pour stopper l’armée malienne à Annefis ? Estimaient-ils les militaires tchadiens meilleurs connaisseurs de l’Adrar des Ifoghas ? Les supposait-ils plus braves, plus aguerris que les soldats maliens ? Ces derniers seraient-ils plus sauvages que les Tchadiens et susceptibles de massacrer sous les yeux des Français leurs frères Touaregs avec lesquels ils vivent depuis des siècles ? Toutes ces hypothèses, même fondées, sont offensantes pour l’Armée malienne, et surtout mettent en exergue la ferme volonté des dirigeants français d’opérer la partition du pays, conformément aux engagements pris par le Président Nicolas Sarkozy.
Vinrent ensuite des oukases insupportables à tous égards après les actes d’humiliation déguisés en actes de libération pris comme tels par les naïfs et les authentiques séparatistes du MNLA (Mouvement national de Libération de l’Azawad).
C’est d’abord le cri du cœur douloureux et inoubliable pour les Maliens et les Maliennes de Monsieur le ministre Alain Juppé, qui a déclaré le 7 février 2012 devant le Sénat français lors de la 60ème séance de session ordinaire 2011-2012, répondant à une question de Mme Catherine Tasca : « Au Mali, la rébellion touarègue a remporté d’importants succès militaires. La question doit être traitée au fond, ce qui impose de respecter l’Accord de Bamako ». Parlant d’importants succès militaires, Monsieur Alain Juppé fait probablement allusion aux massacres d’Aguel Hoc au cours desquels sont tombés le Capitaine Sékou Traoré et ses hommes dont les munitions étaient épuisées et qui n’entendaient pas se rendre au MNLA !
Le camarade ‘‘BAD’’, comme le nomment affectueusement ses Amis et Compagnons de lutte, avait juré, vivant, de ne jamais abandonner les populations maliennes d’Aguel Hoc aux mains de hordes barbares du MNLA. Il avait pris soin de libérer tous ceux parmi les militaires qui n’acceptent pas de défendre, les mains nues, la Patrie, de mourir pour Elle, débout !
Hommage éternel à ces vaillants fils du Mali qui ont sacrifié leurs vies pour que le Mali reste uni !
C’est enfin le successeur de François Hollande, Emmanuel Macron qui ordonne : « Il faut respecter les délais dont vous avez convenu vous-mêmes avec la Cédéao ».
Le Président Ibrahim Boubacar Kéita annonce-t-il son intention d’ouvrir le dialogue avec les djihadistes maliens pour l’arrêt du bain de sang que connaît notre pays, que l’Elysée d’Emmanuel Macron s’insurge immédiatement et dit impérieux : il n’est pas question de discuter avec des djihadistes !
Réalisant que le Président de la République du Mali ne fait qu’exprimer la volonté des citoyennes et des citoyens du Mali, l’équipe macronienne adoucit ses propos et annonce à satiété, il faut tout de même tracer des lignes rouges.
Des lignes rouges pour qui au juste ?
Décidément le Président Macron, les ministres Madame Florence Parly et Monsieur Jean-Yves Le Drian pourraient être assimilés à des descendants des colons des 17èmes, 18èmes et 19èmes siècles, ou tout au moins, être fortement imprégnés de culture colonialiste voire esclavagiste. De toute évidence, ils ne maîtrisent pas tout à fait l’Histoire coloniale de leur pays. Ils ignorent sûrement le sort réservé au Capitaine Morisson par le Fama Babemba Traoré du Kénédougou. Savent-ils qu’il a fallu dix-huit ans aux chefs militaires chargés de la colonisation pour venir à bout de la résistance de l’Almamy Samori Touré ? Les révoltes du Bélédougou conduites par Koumi Diossé, des Bwa-Miniankas dirigées par Bazani Théra, des Iwlimenden, Arma, Songhoy, peul ayant eu pour chef l’Aménokal Firhoun Ag Al Insar leur sont peut-être inconnues. La plupart de leurs généraux illustres de la première guerre mondiale ont fait leurs armes ici au Soudan français : Archinard, Galliéni, Foch et bien d’autres.
Les Soudanais et les Français se sont mesurés pesés et sous pesés pendant de longues années. C’est pour cela que recevant le Premier ministre Lionel Jospin, à l’Assemblée nationale du Mali le 21 décembre 1997, un dimanche, j’ai pu dire dans l’allocution de bienvenue : Maliens et Français sont des cousins à plaisanterie. Des Sinanku !
Le député élu à Nioro du Sahel et ministre des Zones arides et semi arides Tiébilé Dramé s’en souvient peut-être !
Il faut aux dirigeants français actuels réviser leur mode de communication avec les dirigeants maliens ! Le Président et grand poète Léopold Sédar Senghor aurait dit un jour : il ne faut jamais affronter les Maliens ; celui qui le fait n’obtiendra rien d’eux ! A contrario, celui qui les flatte, aura tout d’eux !
Comment peut-on concevoir un tel type de relations humaines, a fortiori de relations entre Etats souverains tous membres des Nations unies : nous, chefs d’Etat de quinze pays européens n’aimons pas Poutine, n’aimons pas son régime ! Nous, nous menons une guerre à peine voilée à l’Etat russe !
Nous vous ordonnons en conséquence, dirigeants maliens de haïr Poutine et son régime, de mener la guerre à l’Etat russe et de ne pas établir de relation de coopération avec la Fédération de Russie. Surtout pas de coopération militaire, surtout pas avec les formes définies par la Fédération de Russie et l’Etat malien !
Nous, chefs d’Etat de quinze pays européens, considérons la société de sécurité russe baptisée Wagner comme formée de mercenaires. Aussi ne faudrait-il jamais que vous acceptiez que cette société russe soit utilisée par la Fédération de Russie dans sa coopération avec vous.
Vous semblez éprouver une peur bleue de Wagner et croyez reconnaître leurs éléments parmi quatre, voire six cents russes qui seraient en train de combattre dans les régions de Tombouctou et Bandiagara.
Maliens ! Pardonnons-leur car ils ne savent pas, le Président Macron et ses ministres.
Encore une fois laissons les Peuples de France la responsabilité de les juger et de les dégager si nécessaire à l’élection présidentielle d’avril 2022 !
Nous avons décidé que vous, dirigeants maliens, n’êtes pas assez mûrs pour choisir vos partenaires. Vous n’êtes pas assez décolonisés pour faire de tels choix. Vous ne pouvez pas encore distinguer vos amis de vos ennemis ! Nous ferons les choix pour vous ! Que dire quand de tels propos peuvent dans leur essence sortir de la bouche d’une responsable passée AS dans l’énoncé de Contre-vérités du genre, il n’y a jamais eu de bavure à Bounty. Une personne qui demande une enquête internationale indépendante après la déclaration de la Minusma reconnaissant que les frappes aériennes de Bounty dans la Commune rurale de Gandamia, région de Douentza ont bien visé une cérémonie de mariage entraînant des morts et des blessés. La parole de l’Équipe du Président Macron n’est plus crédible pour le Mali ! Barke annabijo ! Comme on dit à Débéré, chez moi !
Tout ce qui est probablement pénible pour les Maliennes et les Maliens c’est que l’Allemagne, la première puissance de l’Europe à avoir reconnu l’Indépendance de la République du Mali, figure parmi les quinze chefs d’Etat ou de gouvernement qui ont signé un tel document !
Bamako le 22 janvier 2022
Pr. Ali Nouhoum Diallo,
Ancien Président de l’Assemblée nationale du Mali
Ancien Président du Parlement de la Cédéao,
Grand Officier de l’Ordre national du Mali,
Un vieil ami de la France profonde, de la France laborieuse