Pour une paix durable au Mali

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Relever le défi  sécuritaire sur  l’ensemble du territoire

 

La donne sécuritaire est devenue un véritable cauchemar avec l’occupation du septentrion et la généralisation de l’insécurité qui n’épargne plus aucune région. Elle a été l’une des clés de l’élection présidentielle de 2013, la plupart des électeurs ayant voté avec l’intime conviction qu’IBK est l’homme qu’il faut pour restaurer l’ordre républicain et ramener la paix au Mali. L’évolution de la situation leur donne raison et, aussi certain que la signature de l’accord sous l’égide de la communauté internationale est un premier pas significatif, la CMA qui a paraphé l’accord sur le tard finira par le signer malgré les soubresauts actuels. La phase des discussions pour sa mise en œuvre à laquelle la CMA ne pourrait raisonnablement prendre part qu’en qualité de signataire s’ouvrira alors pour cet accord accepté par le Mali et jugé équilibré par la communauté internationale. En réalité, les mouvements rebelles ne perdent pas au change parce que les changements institutionnels prévus permettent de prendre en compte l’essentiel de leurs préoccupations mais au sein d’un Etat unitaire. A ce niveau, la vigilance doit être de mise pour éviter d’intégrer systématiquement tous les éléments des mouvements rebelles dont on sait aujourd’hui que beaucoup et pas des moindres n’ont aucune attache avec le Mali, ni juridique, ni même sociologique.

La prudence s’impose parce qu’après une grande crise, la paix s’obtient toujours au bout d’un long et tortueux processus qu’il faut savoir préparer et conduire sans céder à la lassitude et au laxisme. La priorité reste d’identifier clairement chaque élément avant le cantonnement des rebelles si l’on veut réussir la reforme en profondeur des forces de défense et de sécurité dont la restructuration technique et professionnelle est indispensable pour tenir compte de l’immensité et de la diversité du territoire malien. De ce fait, il faudra procéder à une adaptation et une spécialisation des effectifs autour des valeurs qui fondent la république. Les nouvelles forces de défense et de sécurité doivent devenir des unités disciplinées et aguerries, mieux équipées et moralement aptes, capables plus que par le passé de protéger l’Etat et les citoyens en toutes circonstances. L’organisation d’états généraux de la sécurité nationale pourrait ouvrir la voie à ce vaste chantier qui devra nécessairement s’appuyer sur la moralisation de la gouvernance.

 

Moraliser la  Gouvernance pour changer la société et réussir le  Développement

 

S’il y a un sujet qui fait l’unanimité aujourd’hui, c’est bien celui de la mal gouvernance en tant que source de tous les maux actuels du pays. La situation a empiré au fil des régimes politiques, atteignant des sommets insoupçonnés sous l’ère dite démocratique. La question de la gouvernance comporte deux composantes essentielles : l’une politique et institutionnelle, l’autre économique et sociale, celle-ci dépendant étroitement de celle-là.  L’instauration de la démocratie qui avait été présentée comme la panacée pour sortir le pays du marasme va vite prendre la forme du tonneau des Danaïdes, la plupart des responsables politiques et administratifs s’étant servis de leur position non pour promouvoir le mérite et l’excellence mais pour renforcer les clivages politiques au service d’intérêts partisans. Aussi, les intrigues, l’appartenance politique et le degré de militantisme se substitueront-ils à la compétence et à la vertu dans l’administration, ce qui aura pour effet la dégradation de la qualité du service, le pillage des ressources publiques en toute impunité, la stigmatisation des fonctionnaires honnêtes et non partisans qui se trouvent privés de considération et de promotion. En effet, lorsque le président de la république lui-même qui est la clé de voûte des institutions, le garant de la Constitution et de l’indépendance de la justice, n’arrive pas à s’élever au dessus des contingences mesquines et partisanes, le péril pour l’Etat en devient général et infini.  C’est le drame qu’a pourtant vécu le peuple malien pendant plusieurs décennies et qui a fini par mettre tout le monde d’accord sur le fait que la démocratie et la liberté ne sont rien sans un leadership fort, sans des gouvernants de qualité. Au vu de son parcours politique et des premiers mois de son mandat, on peut dire qu’IBK est le président qui s’est montré le moins partisan depuis l’instauration de la démocratie, ne privilégiant que les obligations que lui dicte sa charge. Il a conscience que les attentes du peuple malien sont nombreuses et légitimes, que son électorat dépasse très largement le cadre partisan et que le repli sur soi conduira fatalement comme par le passé à une gouvernance d’abus et d’impunité que les Maliens rejettent aujourd’hui. Le responsable politique en général, le président de la république en particulier doivent avoir un sens aigu de leurs responsabilités. C’est une exigence républicaine mais aussi la condition de la paix sociale et de la stabilité du pays, indispensables pour le développement. La nouvelle politique de décentralisation qui sous-tend une forte implication des communautés territoriales pourrait être l’occasion de remettre toutes les questions de gouvernance à plat, sortir de la sclérose et des clichés pour repartir sur des bases nouvelles.

Dans la gouvernance des hommes et des nations, les mots sont certes importants mais ce qui compte et reste durablement, ce sont bien les actes et eux seuls. Quittons donc le terrain stérile des intrigues partisanes et laissons la place au génie créateur du peuple malien !

 

Mahamadou Camara

Email : camara_m2006@yahoo.fr

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