Il semblerait qu’il y ait deux poids deux mesures dans le traitement de la question sécuritaire du Centre. En effet, alors que l’on apprend que notre gouvernement aurait ouvert des canaux de dialogue avec Hamadoun Kouffa (affaire de l’arrestation de l’avocat Hassan Barry), la milice Dan Na Ambassagou semble simultanément faire l’objet d’un apparent rejet (une de ses bases a même été bombardée par l’armée malienne). Elle, qui pourtant, s’était fixé comme objectif légitime la lutte contre la katiba djihadiste…
Il est vrai que la milice, sans être expressément nommée, est fortement soupçonnée d’être responsable du massacre d’Ogossagou de mars 2019. Dans son rapport, la MINUSMA a effectivement mis en évidence la présence de chasseurs dogons sur place. Le bilan terrifiant de 157 victimes, ne doit toutefois pas nous faire oublier la pression génocidaire qu’exerce au jour le jour Hamadoun Kouffa à l’encontre des populations. En assassinant ici trois notables ou là deux soi-disant informateurs, elle est d’autant plus malsaine qu’elle est difficile à quantifier. Une chose est sûre : la katiba Macina tire profit des tensions intercommunautaires. Elle entretient même le chaos pour rallier les individus les plus vulnérables et les mettre au service de sa cause maudite.
Alors pourquoi vouloir dissoudre Dan Na Ambassagou qui, si elle ne massacrait pas sans discrimination les populations peulhs, pourrait apparaitre comme un bon remède contre les djihadistes ? D’abord, parce que l’on ne doit pas donner raison au mouvement de Youssouf Toloba qui encourage indirectement la multiplication des milices. Elles appliqueront leurs propres règles sans aucun contrôle de la part de l’Etat.
Ensuite, sans doute, parce que combattre en ordre dispersé ce groupe djihadiste est contre-productif et que la réponse doit dépasser le périmètre de la lutte locale pour rallier le cadre international que l’on connait tous, aussi imparfait soit-il. Autant de bonnes raisons pour lesquelles les milices d’auto-défense ne sont pas une réponse satisfaisante dans la lutte contre le djihadisme.
Hamadoun Kouffa le sait bien. Dans son rêve d’un royaume du Macina, il a épousé un diable arabo-wahhabite qui lui a promis un fief en échange de sa soumission et de celle de la population au salafisme radical. Pour éviter d’en subir le joug, la meilleure manière de faire disparaître la katiba Macina et son chef serait de s’unir et non de saupoudrer le territoire de milices en une résistance désunie.
Contrairement à l’avis de certains détracteurs qui cherchent à diviser, il s’agit, avec l’appui de la communauté internationale, de se mettre en ordre de bataille jusqu’à la victoire, en exigeant aussi de l’Etat et de ceux qui le dirigent de faire leur devoir !
On n’enterre pas le bouc jusqu’aux cornes, on l’enterre tout entier !!
Auteur : Pr Mamadou Maïga
5 décembre 2019