Pèlerinage : le cœur autour de la présence divine

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MecqueAlors que les pèlerins musulmans sont actuellement à la Mecque pour accomplir le traditionnel pèlerinage de l’islam, Zaman France revient sur les rites et les modalités d’accomplissement du 5e pilier de l’islam.

Le pèlerinage pour l’année 1436 touche à sa fin. Les pèlerins s’apprêtent à quitter leur état de consécration rituelle et à retrouver leur état profane et ordinaire.

 

Pour ce faire, ils devront effectuer une dernière circumambulation autour de la Kaaba, celle de l’adieu. Le fait de marcher autour d’un édifice ou d’un symbole religieux n’est pas propre à l’islam. C’est un rite que l’on rencontre dans nombre de religions, notamment le judaïsme.

Un rite qui occupe sans doute une place centrale dans le pèlerinage puisqu’en hébreu le mot ‘hag’ apparenté à l’arabe ‘hajj’, «pèlerinage», dérive d’une racine qui signifie à l’origine «décrire un cercle».

 

Le rite n’était pas inconnu des Arabes polythéistes, qui le pratiquaient d’ailleurs autour de cette même Kaaba, alors temple païen abritant plus de trois cents idoles.

Le Coran rappelle néanmoins que la fonction de ce symbole de l’Unicité divine avait été dévoyée et que l’institution de la Kaaba et de ses rites sacrés est liée à Abraham et à son fils Ismaël, auxquels Dieu a confié «le soin de préserver la pureté de [Son] temple à l’intention de ceux qui viendront y accomplir des circuits rituels, faire une retraite ou s’incliner et se recueillir» (II : 125).

«Une tournée de salutation»

La circumambulation à proprement parler, appelée tawâf, «circuit», a lieu à trois reprises pendant le hajj en conformité avec le «circuit» effectué par le Prophète lui-même à l’occasion de son «pèlerinage d’adieu».

Après avoir procédé à une ablution majeure, le pèlerin signale son entrée dans l’état de consécration ou pureté rituelle en se vêtant d’un habit blanc, spécial, composé de deux pièces. Il entame alors «une tournée de salutation», le rite initial effectué lors de l’arrivée à La Mecque.

 

Entrant dans la Grande Mosquée par la porte septentrionale (Bab as-Salam), il avance vers la Pierre noire incrustée dans le mur de la Kaaba. Il effectue alors, successivement et sans interruption, les sept circuits dans le sens contraire des aiguilles d’une montre.

A la fin de chaque circuit, il est recommandé de toucher la Pierre noire, ou, si la foule est trop dense, de la saluer au moins de loin.

 

A la conclusion, le pèlerin se presse contre la partie du mur de la Kaaba située entre la Pierre noire et la porte de la Kaaba. Enfin, il effectue des prières derrière la station d’Abraham et s’imbibe d’une gorgée de l’eau sacrée du puits de Zamzam.

Là-dessus, le pèlerin prend congé en touchant de nouveau la Pierre noire dans un geste d’adieu.

Le «circuit d’adieu»

La seconde série de circumambulations, «le circuit du débordement», a lieu le dix du mois après le retour à La Mecque depuis le Mont Arafat. Cette série est obligatoire et constitue un des rites principaux du pèlerinage dans son ensemble. La troisième série est connue sous le nom de «circuit d’adieu».

 

Comme son nom l’indique, il s’agit du cérémonial final effectué à la conclusion du pèlerinage avant le voyage de retour.

 

Certains mystiques, dont notamment al-Hujwiri et Ibn Arabi, ont relevé le fait que le sens antihoraire de la circumambulation était celui où le cœur était le plus proche de la Kaaba, axe du monde. Le grand penseur et mystique al-Ghazali compare ainsi le pèlerin durant le tawâf à un ange encerclant le trône divin.

Letawâf corporel ne serait ainsi qu’un symbole externe de la circumambulation du cœur autour de la présence divine de la royauté céleste, dont la Kaaba est la représentation dans le monde ici-bas.

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