PDES lancement Nioro : La force qui forge

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Nioro du Sahel est à quelques 432 km de Bamako, la capitale du Mali. Situé dans la région de kayes, Nioro est proche de la frontière mauritano-malienne. Ce trajet Bamako-Nioro, entièrement asphalté(goudronné), se pratique aisément en 5 heures d’horloge. Dans un minibus transportant une dizaine de passagers nous sommes entrés, ce vendredi 23 juin  vers 22h30, à Nioro du sahel. Cette ville s’annonçait par le jaillissement de lumières des frontons des maisons et des phares des autos et des motos sous un climat chaleureux au sens propre et figuré d’une nuit sahélienne de vendredi. Elle est aussi une nuit animée par la préparation à la fête de lancement du parti PDES  pour laquelle des gens de plusieurs autres villes et village se joignaient aux habitants de Nioro.

Ce même vendredi nuit vers minuit, entre Didiéni et Diéma, à un peu plus de 100 Km de Nioro du Sahel, des bandits de grand chemin ont piégé une dizaine d’autos et leurs passagers, selon un chauffeur d’une auto du PDES et une passagère. Après avoir érigé un long et gros tronc d’arbre sur la route, les kidnappeurs armés de fusils, de couteaux et de fouets, ont menacé et étendu par terre tous les passagers avant de les dépouillés de leurs biens. « Ils ont enlevé mes bijoux en or, versé le contenu de mon sac à main par terre, tâté mes seins et soutiré mon cellulaire que j’avais caché dans le soutien…Moi aussi, mon cellulaire et mes 70.000 fcfa ont usurpés… ils étaient six gaillards armés qui se sont emparés d’une quarantaine de cellulaires et près de 2 millions de cfa, se disaient entre eux, avant de disparaitre dans la nature», nous ont détaillé la passagère et le chauffeur.  

Au moment où ces filous sans filiation achevaient leur sordide extorsion, les militants et sympathisants du PDES, Parti pour le Développement Economique et la Solidarité, s’activaient dans la ville de Nioro à vérifier la puissance de la rampe de lancement de leur parti.

Initialement prévue pour 16 heures, l’arrivée du président du PDES, Hamed Diane Séméga, a connue une grande improvisation temporelle imposée par une grande foule qui a entièrement envahit le terrain de l’évènement depuis 11 h 30. Cette immense foule pouvait-elle maintenir longtemps son enthousiasme sous une température chaudement encombrant ? Pour ne pas abuser de l’engagement militant des partisans, le président du PDES a été conduit à la Place de l’évènement. Hamed Diane Séméga, accompagné de sa délégation, y a effectué une entrée traditionnellement triomphale en suivant une cinquantaine de jeunes hommes portant les couleurs du parti et bien en selle sur leurs grands chevaux. Parmi ces jeunes cavaliers une dizaine brandissait des fusils traditionnels et détonnait des coups de feu. Des détonations relayées par des chasseurs esquissant de bons pas de danse.

Ces bruits sporadiques de fusils si retentissants soient-ils n’absorbaient ni le son des instruments ni la voix perçante du griot et artiste de renommée internationale, Abdoulaye Diabaté. Accompagné de son groupe, Diabaté, le griot intellectuel et auteur compositeur, déversait une ambiance captivante sur le public enchanté.

Dès après l’installation du président du PDES et de sa délégation, le maitre de cérémonie, A. Dagamaissa(époux de la célèbre artiste Babani Koné) procéda éloquemment à une présentation bien détaillée des personnalités nationales et locales du PDES sans oublier les notables de Nioro. Parmi les discours prononcés, retenons celui du 2eme vice-président, NDiaye Bah. De 13h21 à 25, l’omniprésent homme politique a lancé aux militants un vibrant message de détermination et surtout d’abnégation pour une continuelle expansion du parti. Quant au président qui devait clore la période des discours, Hamed D. Séméga a fait son intervention entre 13h38 et 48. Il s’est d’abord exprimé en français pendant près de 3 minutes et le reste en Soniké, langue la plus parlée à Nioro du Sahel. Le président a souligné la nécessité de soutenir les cellules de base comme racine nourricière qui grandit et fortifie le parti. Par sa stature imposante(Personne ne paraissait plus grand que lui dans la foule) et son humilité remarquable, le chef du PDES et natif de Nioro a remercié d’abord Dieu qui lui a donné la chance de vivre: «ce jour historique » avant de revenir sur l’anecdotique citation qu’il avait dite lors de la cérémonie de création de son parti, le 17 juillet 2010 dans le CICB à Bamako «le plus long voyage commence par un pas ».

Par un langage tranchant, le premier responsable du Parti pour le Développement Économique et la Solidarité a répondu à ceux qui ne voient pas la nécessité de créer une nouvelle formation politique dans une forêt de partis (plus de 120) au Mali : «pour nous, le maître-mot en politique, c’est l’engagement dans la constance…il faut souvent le rappeler, pour nous, le bilan du Projet pour le Développement Économique et Social constitue le socle de stabilité sur lequel nous construisons l’avenir politique du PDES »

L’actuel homme fort du PDES non moins ministre de l’Équipement et des Transports a été cajolé par la foule qui entrecoupait, par des ovations, son discours en soniké pendant lequel il a mentionné modestement : « Quand je m’apprêtais à venir ici(Nioro), Tiéoulé Dramé( président du Parena) m’a appelé pour me souhaiter bon voyage et bonne chance».

Hamed Diane Séméga a été très réconforté non seulement par l’accueil populaire qui lui a été réservé mais surtout par l’allégeance que les leaders traditionnels lui ont fait sans détour. Le retour sur scène de Abdoulaye Diabaté et ses musiciens vers 19h00 a donnée une nouvelle allure à la mobilisations de la population autour du PDES et son président qui a été visiblement ému par l’arme verbal, vocal, et musical que cet artiste engagé sait habillement manier.

Après le manger du début de nuit, le président du PDES a décidé d’inviter dans sa villa la dizaine de représentants de la presse pour une discussion sans restriction.

À la question de savoir les raisons des absences remarquées de certains responsables du parti comme J. Bittar, A. Sow et A Goita, le président du PDES a répondu que les deux premiers cités lui ont signifié leur empêchement d’ordre social. Quant au troisième il ignorait la raison de son absence. À quel niveau se trouve les querelles de leadership entre le président Séméga et son 1er vice-président Bittar, lui a-t-on demandé, Sans tournure inutile, le propriétaire de la maison s’est exprimé : « Je suis le seul président du PDES…lors de nos réunions je n’ai d’abord constaté aucune contestation de mon autorité ni par Bittar ni par quelqu’un d’autre. Au moment de la formation du parti, c’est moi qui suis allé demander à Bittar d’être dans le futur parti. Comme il est le président du Conseil Économique Social et Culturel, j’ai souhaité qu’il soit le 1er vice président du parti. Entre lui et moi, il n’y a pas, à mon avis de problème. »

Selon certaines informations, l’ancien premier ministre Modibo Sidibé pourrait être le candidat du PDES aux élections présidentielles de 2012, avez-vous des contacts avec lui ? L’homme fort du PDES a précisé « Sachez que Modibo Sidibé n’est pas membre de notre parti. Il n’a jamais pris contacte avec nous dans ce sens. Nous avions de bonnes relations pendant tout le temps qu’il a été chef du gouvernement. D’ailleurs Modibo Sidibé a été mon professeur quand j’étais étudiant… notre parti aura son candidat en 2012 »

Actuellement aucun parti ne pouvant gagner les élections sans passer par des alliances ou des fusions quelle est la forme que vous privilégiez pour les échéances de 2012 ? « D’abord il n’est pas bon de faire n’importe quelle alliance ou fusion pour le pouvoir. Il faut que les projets de société des partis se ressemblent. Nous sommes, au PDES, plus ouverts aux alliances… »

Plusieurs autres questions ont été posées lors de cette rencontre de discussion qui a été très fructueuses. Elle nous nous a donné l’occasion de mieux connaitre et comprendre l’homme Hamed Diane Séméga et son parti le PDES même si nous savions que ce parti est une force certaine, sur l’échiquier politique. Mais quel genre de force représente ce PDES ?, peut on se demander.

À la lumière de toutes les activités de ce lancement à Nioro, on peut comprendre que le PDES n’est pas une force qui fonce. Car toute force qui fonce s’enfonce vite. Le PDES peut être considérée comme la force qui forge. Toute force qui forge forme et façonne. La force qui forge est une force de modération, modélisation et d’expansion tranquille. Par sa persévérance à la présidence, Séméga et son équipe dirigeante ont  fait du PDES, en moins d’une année, une force qui forge. Cette force du PDES pourra-t-elle résister aux facteurs endogènes de compression et exogènes de pression avant les échéances électorales de 2012 ?

Le Fonçant est improbable, le Forgeant est développable.

 Une contribution de Mr Lacine Diawara, écrivain et consultant en communication.  

 

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