Les qualificatifs sous-développés sont attribués sans distinction à tous les pays du Sud bien que ces pays connaissent des niveaux différents de sous- développement. Le concept du sous-développement qui est un non développement de type occidental repose sur certains critères communs à tous les pays sous-développés appelés critériologie, c’est-à-dire des « critères typologiques basés sur les mêmes caractéristiques au départ mais comportant de multiples catégories et types de sous-développement au plan critériologique ».
Le sociologue français, A. SAUVY, définit le sous-développement par onze (11) caractéristiques résumées ainsi :
•Mortalité et fécondité élevées ;
•Sous-alimentation de la population ;
•Faible éducation scolaire ;
•Stade primaire de l’économie (agriculture, mine).
Certains économistes ont élaboré des critères qui contiennent quasiment les mêmes variables mais mettent l’accent sur les aspects économiques et structurels, c’est-à-dire la croissance économique et les critères structurels. Le professeur français, PERROUX, a différencié croissance et développement économique.
Selon l’économiste français, le développement économique commence par l’accroissement continu du produit net et la transformation des structures économiques et sociales alors que la croissance économique peut se limiter à l’accroissement du produit net. Ainsi, l’Américain W.W. ROSTOW a fondé sa théorie sur l’évolution sectorielle qu’il décrit par trois (03) secteurs : primaire, secondaire et tertiaire.
Le décollage économique commence par l’évolution progressive du secteur primaire au secteur secondaire et au secteur tertiaire.
La plupart des analystes du sous-développement se sont limités au stade du sous-développement. Ils n’ont pas défini le stade où les pays pauvres s’engagent résolument dans la voie du développement. La typologie de ces pays est fondée sur les caractéristiques du sous-développement mais s’y ajoutent les caractéristiques évolutives qui s’efforcent de distinguer des catégories et des types de pays qualifiés sous-développés.
Cette analyse classifie les pays sous- développés en deux (02) catégories, les pays en voie de développement et les pays sous-développés. Les premiers sont au stade évolutif et les seconds sont au stade primaire non évolutif. Les pays en voie de développement sont engagés dans un processus de décollage socio-économique vers le développement par la progression continue des secteurs économiques du primaire, secondaire et tertiaire et disposent de finances publiques au service de l’intérêt général.
Les ressources publiques sont entièrement consacrées au développement socio-économique du pays.
Ces pays se classent dans la catégorie de « pays en voie de développement ». La deuxième catégorie de « pays sous- développés » se situe au stade non évolutif et souvent régressif qui ont transformé les finances publiques en finances d’Etat où les ressources publiques sont au service de dirigeants étatiques qui se livrent aux détournements des deniers publics à des fins personnelles par l’organisation et la création des sinécures, de structures redondantes et la multiplication de services de contrôle qui procèdent à des audits sélectifs où les sommets du pouvoir sont épargnés.
L’Etat est rançonné par des Gouvernements surdimensionnés au regard des si
tuations socio-économiques du pays.
A chaque changement de Gouvernement, on assiste à une avalanche de dépenses publiques improductives dont les achats de véhicules neufs, les aménagements de logement de fonction et les frais d’installation pouvant s’élever à plus de quarante cinq million (45 000 000) de francs CFA par Ministre entrant.
Les gaspillages de fonds publics sont l’apanage des pays sous-développés non évolutifs. Ces pays se trouvent au stade primaire initial. De par l’incurie des dirigeants, les pays sous-développés primaires sont condamnés à la paupérisation et à la médiocrité. De l’analyse critériologique approfondie des pays qualifiés sous-développés, il ressort deux (02) types de pays pauvres, ceux qui sont en voie de développement ayant amorcé leur décollage économique et social et ceux qui n’ont entamé aucun processus d’évolution vers le développement, pays qualifiés de «Quart-monde ». Tel est le cas des Etats africains francophones où les populations se trouvent au stade de la survie.
Par Tiécoro DIAKITE, Docteur en Economie du développement
(Paris 1)
Ancien Expert principal du BIT
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