« J’attends d’eux qu’ils clarifient et formalisent leurs demandes à l’égard de la France et de la communauté internationale » (…) « Souhaitent-ils notre présence et ont-ils besoin de nous ? Je veux des réponses claires et assumées sur ces questions. » (…)« Je ne peux ni ne veux avoir des soldats français sur quelque sol du Sahel que ce soit à l’heure même que l’ambiguïté persiste à l’égard de mouvements antifrançais, parfois portée par des responsables politiques » (…)« C’est la raison pour laquelle j’ai invité à Pau le 16 décembre prochain les cinq chefs d’Etat africains impliqués dans le G5 Sahel, pour pouvoir apporter des réponses précises sur ces points ; leurs réponses sont aujourd’hui une condition nécessaire à notre maintien »Une invitation sous forme de convocation en bonne et due forme des présidents Mahamadou ISSOUFOU du Niger, Roch Marc Christian KABORE du Burkina Faso, Ibrahim Boubacar KEITA du Mali, Idriss DEBY du Tchad et Mohamed Ould Cheikh Mohamed Ahmed El-GHAZOUANI de la Mauritanie, un coup de pression pour certains, une mise en demeure pour d’autres, un retour de ce paternalisme d’une époque révolue qui ressurgit! Analyse.
Quelles sont les raisons qui peuvent expliquer cette sortie macronienne du mercredi 4 décembre 2019 sous forme de mise en demeure aux chefs d’État du G5 SAHEL ?
Une invitation de chefs d’Etats étrangers obéit à des règles élémentaires de respect dans les formes diplomatique et protocolaire; ce qui apparait comme une convocation sur un coup de menton avec un ton d’où il ressortait un certain agacement, fait couler beaucoup d’encre et de salive et heurte les consciences nationales des pays concernés et au-delà, d’une bonne partie de l’Afrique, même si le tir a été rectifié par la remise d’une invitation officielle par l’envoyé spécial du président MACRON au Sahel.
Sans aucun doute la mort des 13 soldats français et l’émotion nationale suscitée lors de la cérémonie d’hommage aux Invalides, les considérations de politique interne française sont passées par là ; Il n’est pas inutile de rappeler que cette guerre au Sahel a un coût tant sur un plan humain, financier (l’opération BARKHANE coûte 700 millions d’euros par an).
Les prises de position de certaines personnalités et particulièrement celle du chanteur Salif Keita qui a eu un retentissement international au point de provoquer un communiqué de l’ambassade de France au Mali qui relève du Quai d’Orsay, celles de certaines personnalités politiques en Afrique ont également fini par interpeller le pouvoir en France ;
Des manifestations ont eu lieu au Mali et au Burkina Faso pour demander le départ des forces internationales étrangères, récemment, le camp de la MINUSMA à Mopti a été pris pour cible, saccagé et pillé par une foule de manifestants déchaînés, en colère.
Il convient de rappeler que la victoire militaire de l’opération SERVAL tant annoncée n’a pas été synonyme de sortie de crise au Mali, la crise n’a fait que s’accentuer dans son aspect sécuritaire. Il y a une réaction assez répandue au sein des opinions nationales qui consiste à croire que c’est le retour de la colonisation, que les forces étrangères sont présentes pour défendre les intérêts géostratégiques de l’ancien colonisateur la France. L’armée française est présente depuis bientôt sept années avec un bilan mitigé ; de l’accueil populaire réservé aux forces françaises au commencement de l’opération SERVAL en 2013 à l’euphorie qui s’en est suivie, l’on est passé petit à petit au doute, à une incompréhension, qui prend la forme d’une impopularité, voire d’une hostilité à l’endroit de ces forces. Le constat est que les groupes djihadistes sévissent toujours malgré leur présence, les attaques se multiplient et se sont étendues du nord au centre du Mali et pire, dans les pays voisins, au Niger et au Burkina Faso.
D’autre part, la grande majorité des maliens ne comprend toujours pas que les forces françaises aient pu collaborer avec les groupes armés séparatistes (particulièrement le MNLA), qui ont eu des liens avec les groupes djihadistes pour envahir le nord du Mali, les maliens ne comprennent pas que le cas de Kidal qui est considéré comme l’épicentre du djihad au Sahel, n’ait jamais été résolu par la France lors de la Libération des régions du Nord, comme ce fut le cas pour Gao et Tombouctou. L’armée française dans le cadre de l’opération SERVAL, était là pour réunifier le pays, aider l’État malien à recouvrer son intégrité territoriale. Cette ambiguïté à propos de Kidal existe encore aujourd’hui !
Ce qui est considéré comme l’expression d’un sentiment anti français au Sahel n’est autre que l’indignation face aux milliers de morts, de victimes civiles et militaires, la détresse des familles endeuillées, la tristesse des veuves, des orphelins; au Mali c’est le cri du cœur, c’est le drame vécu par toute une nation après les tueries de soldats maliens à Indelimane, Boulkessi, Mondoro, Dioura, Guiré, Soumpi, Boni, Nampala, Niafunké, Ménaka; ce sont les massacres des femmes, des enfants, des populations paisibles sans défense à Koumaga, Koulongo, Ogossagou…
L’indignation ce sont des centaines d’écoles qui sont fermées au nord et au centre du Mali, des milliers de populations déplacées internes, des milliers d’enfants qui ne vont plus à l’école en raison de l’insécurité liée au terrorisme qui avait été déclarée comme ayant été vaincue par l’opération Serval.
Il n’est pas rare de constater les mêmes réactions virulentes au sein d’une certaine partie de l’opinion publique française où des voix s’élèvent pour dénoncer la politique de la France dans les pays d’Afrique et particulièrement au Sahel avec une présence militaire accrue, certains n’hésitant pas à parler d’occupation néo colonialiste, d’autres de présence stratégique pour la sauvegarde des intérêts des multinationales comme ORANO (ex AREVA) pour l’exploitation de l’uranium au Niger.
“Il faut qu’ils l’affirment politiquement dans leur pays devant leur opinion publique. C’est une condition nécessaire. J’en tirerai les conséquences si ces conditions ne sont pas remplies” (…)
Attendre des chefs d’État du G5 SAHEL qu’ils clarifient et formalisent leurs demandes à l’égard de la France et de la communauté internationale, leur demander d’apporter des réponses claires et assumées sur la question de la présence militaire française dans les différents pays concernés n’est ni plus ni moins qu’une mise en demeure qui pourrait même être interprété comme un piège, pourquoi ?
1- Le président MACRON ne s’attend certainement pas à un front révolutionnaire des chefs d’État du G5 SAHEL pour demander la fin de l’opération BARKHANE, tout au plus, cette opportunité doit être saisie pour se dire certaines vérités puisque c’est la demande forte exprimée par le président français ;
2- Par cette demande de clarification, le président MACRON est en quête de légitimité et de justification du déploiement militaire de l’opération BARKHANE vis à vis de l’opinion nationale en France non seulement, et il pourra toujours envoyer un message aux pays du G5 SAHEL pour dire que c’est à la demande des chefs d’État que la France intervient pour les aider à lutter contre le terrorisme.
3- Cette rencontre au sommet sera conclue par un communiqué conjoint qui n’aura certes pas la valeur d’un traité ou une convention internationale multilatérale, mais représentera un symbole fort d’engagement des États du G5 SAHEL par rapport à la France. Il va falloir convaincre les opinions nationales, ce qui ne sera pas une tâche aisée !
Qu’on ne s’y trompe pas, il n’y aura pas de changement de braquet subitement, la France ne va pas se retirer ni du Mali, ni du Sahel du jour au lendemain, cela sonnerait comme un échec retentissant et serait un appel aux GAT ” venez, nous ne sommes plus là!”
Les pays du Sahel, c’est en quelque sorte la deuxième frontière aux portes de l’Europe, celle qui vient après la première qui est le flanc Méditerranéen avec le Maroc, l’Algérie, la Tunisie, donc il est important que les pays de l’Union européenne interviennent en amont pour les questions sécuritaires et pour faire face au péril djihadiste.
Souvenons-nous, la première visite en Afrique du président Macron nouvellement élu, fut de se rendre à Gao, sans passer par Bamako et dans son discours, il a tenu à expliquer devant la presse à Gao, au Mali, que « l’opération Barkhane ne s’arrêtera que le jour où il n’y aura plus de terroristes islamistes dans la région », c’était le 19 mai 2017.
Le premier ministre français Édouard Philippe n’a t-il pas qualifié d’indispensable l’action militaire de la France au Sahel en mettant en avant l’intérêt de la France?
Oui, il y a des intérêts économiques de la France en Afrique, sans aucun doute, au delà de la présence de milliers de ressortissants français au Sahel.
Recommandations aux chefs d’État du G5 SAHEL, si j’étais président…
Des objectifs communs, une unité d’action pour une solution commune, tel doit être le leitmotiv mis en avant pour les chefs d’État du G5 SAHEL qui doivent parler d’une seule voix à Pau le 16 décembre au regard du défi sécuritaire qui est le même pour ces pays et qui devrait s’articuler autour de deux questions fondamentales :
– Qui a intérêt à la perpétuation du conflit au Sahel ?
– Pourquoi la crise sécuritaire ne fait que s’aggraver, s’étendre malgré une présence massive de forces militaires, de soldats de la paix (FAMa, BARKHANE, MINUSMA, FG5 SAHEL)?
Moi président de la République, je dirai à la France que je suis l’émanation de mon peuple qui a des aspirations légitimes, qui exprime ses incompréhensions, son exaspération, sa colère.
Moi président de la République, je demanderai à la communauté internationale, particulièrement au conseil de sécurité des nations unies de revoir le mandat de la MINUSMA dans une optique offensive, les faits sont têtus, il n’y a jamais eu autant de victimes civiles au Mali malgré la présence de la force ONUSIENNE dont l’une des missions est la protection des civils; le Mali a plus besoin d’une force de lutte contre le terrorisme au regard de l’évolution de la conflictualité et non d’une force d’interposition.
Moi président de la République, je parlerai au nom des maliens qui n’ont toujours pas compris pourquoi la région de Kidal n’a pas été libérée en 2013 lors de l’opération SERVAL, comme ce fut le cas pour Gao et Tombouctou, et avant la signature de l’accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger qu’on brandit pour expliquer que c’est pour le respect des dispositions de cet accord que l’armée malienne ne peut pas rentrer à Kidal;
Moi président de la République, je demanderai à la France et à la communauté internationale le désarmement du MNLA, du HCUA et de tous les groupes armés, de toutes les milices qui sévissent au nord et au centre du Mali ;
Moi président de la République, je demanderai à la France et à la communauté internationale qu’il faudrait trouver une solution à la crise Libyenne, et là, les pays occidentaux sont interpellés, tant que la Libye restera un sanctuaire de groupes djihadistes, le Sahel en subira les dommages collatéraux!
Partant du constat qu’il y a une urgence sécuritaire et humanitaire au Sahel, il y a la nécessité de traiter les causes profondes de la violence et une prise en charge financière des programmes d’urgence avec une répartition à l’échelle internationale conformément au communiqué conjoint du 4 juillet 2019 du G7 et G5 SAHEL
Les chefs d’Etat des 5 pays du Sahel doivent rappeler au président MACRON que la lutte contre le terrorisme est une responsabilité collective, car une partie de la sécurité du monde se joue dans cette région meurtrie et de ce fait, nécessite une mobilisation internationale très forte pour combattre ce fléau qui bouleverse la vie de millions de personnes et ébranle le fondement institutionnel de ces États.
L’organisation d’un sommet extraordinaire de la CEDEAO sur le sujet brûlant du terrorisme le 14 septembre 2019 à Ouagadougou la capitale du Burkina Faso avait pour objectif d’envisager une approche de sécurité concertée pour l’ensemble des pays d’Afrique de l’Ouest et du Sahel dans l’optique d’une harmonisation des dispositifs de sécurité des différents États dans une stratégie globale.
Les chefs d’État auront aussi l’occasion de rappeler à la France et à la communauté internationale les problèmes de financement de la force G5 SAHEL, qui n’a toujours pas obtenu les moyens nécessaires pour exécuter ses missions à hauteur de souhait.
Il est une réalité indéniable que les mêmes chefs d’État du G5 SAHEL ne cessent de marteler: aucune armée africaine de la bande sahélo sahélienne (à l’exception du Tchad dans une certaine mesure) n’est capable de faire face à cette guerre asymétrique par faute de moyens, d’équipements adéquats, de formation, des problèmes liés au recrutement, à la corruption au sein de ces armées…
Développer la coopération…
Face à ce constat des armées nationales qui ne sont pas capables de relever le défi sécuritaire elles seules, que faudrait-il faire ? Former, renforcer, rééquiper, augmenter, les capacités opérationnelles, face aux menaces asymétriques, il faudrait des armées fonctionnelles, mobiles, réactives, agiles, rapides.
Il faudrait développer la coopération bilatérale, régionale et multilatérale, un partenariat gagnant-gagnant
Pour tous les observateurs avertis, c’est un secret de polichinelle que les chefs d’État demandent le placement de la force G5 SAHEL sous chapitre 7 de la charte des Nations Unies. Le président du Niger Mahamadou ISSOUFOU lors de son interview accordée au journal « Les Echos » en marge du forum de Rhodes de l’institut Dialogue des civilisations n’a t-il pas affirmé je cite : « Nous souhaitons que cette force conjointe soit mise sous chapitre 7 de la charte des Nations unies [qui éventuellement autorise le recours à la force. La communauté internationale ne s’intéresse pas assez à nos problèmes, alors qu’elle est intervenue dans la crise irakienne, en Syrie et en Afghanistan. Nous avons un sentiment de deux poids deux mesures. Nous avons aussi demandé que le mandat de la MINUSMA [la mission des Nations unies au Mali] soit étendu à d’autres pays et qu’il soit offensif. La préoccupation, ce n’est pas le maintien de la paix, mais la lutte contre le terrorisme. »
Roch Marc Christian KABORE, président en exercice du G5 SAHEL a rappelé la même position que le président ISSOUFOU à propos du placement sous le chapitre 7 de la charte des Nations Unies le 26 août 2019, lors de la conférence de presse conjointe du président de la République française, de la chancelière allemande Angela Merkel et consacrée au Sahel; le président DEBY du Tchad est sur la même longueur d’ondes.
De quoi s’agit-il ?
CHAPITRE VII : ACTION EN CAS DE MENACE CONTRE LA PAIX, DE RUPTURE DE LA PAIX ET D’ACTE D’AGRESSION
Article 39
Le Conseil de sécurité constate l’existence d’une menace contre la paix, d’une rupture de la paix ou d’un acte d’agression et fait des recommandations ou décide quelles mesures seront prises conformément aux Articles 41 et 42 pour maintenir ou rétablir la paix et la sécurité internationales. (Voir en annexe le chapitre 7 de la charte des Nations Unies)
Rappel : Qu’est ce que l’opération BARKHANE ?
L’opération Barkhane est la plus grande opération extérieure de la France. Elle participe à des patrouilles de combat aux côtés des forces maliennes et des milices partenaires, à la collecte de renseignements et à la formation, en passant par des activités de développement local destinées à combler le vide laissé par un gouvernement absent.
Malgré ces différentes actions, les responsables français insistent sur le fait que la priorité de Barkhane est la lutte antiterroriste et que celle-ci a lancé des opérations visant à tuer d’importants dirigeants djihadistes, dont deux des cinq dirigeants fondateurs du Groupe pour le soutien de l’islam et des musulmans (Jama’at Nusrat al-Islam wa al-Muslimeen, JNIM), ainsi que Almansour Ag Alkassoum et plusieurs autres.
Dirigée par la France, l’opération BARKHANE a succédé à l’opération SERVAL en août 2014, mais avec une portée géographique beaucoup plus large. Dans le cadre de cette opération, environ 4500 militaires sont déployés. La force est répartie entre les pays du Sahel, le Mali, le Burkina Faso, le Niger et le Tchad. Elle dispose également d’avions de combat et de bases de collecte de renseignements et d’opérations à Niamey, Agadez, Arlit, Tillabéry, capitale du Niger, et de nombreux autres sites, ainsi que près de 1 500 soldats dispersés dans le Nord du Mali entre la grande base de Gao, les autres à Kidal, Tombouctou et Tessalit et, plus récemment, une base à Gossi, plus proche du centre du Mali et de la frontière avec le Burkina Faso. Depuis le 26 juillet 2019, ils sont placés sous le commandement du général de division Pascal FACON, qui opère depuis un poste de commandement interarmées de théâtre unique, stationné à N’Djamena au Tchad. Le dispositif de Barkhane s’articule autour des trois points d’appui permanents : Gao au Mali, Niamey au Niger et N’Djamena au Tchad. Pour pouvoir agir dans les zones les plus reculées, aux côtés des armées partenaires, des détachements sont également déployés sur des plateformes désert-relais ou sur des bases avancées temporaires.
L’opération a, en effet, comme objectif noble de lutter contre le terrorisme dans le Sahel, en amont pour, disent les experts, contenir la menace sur place afin d’épargner l’Europe, particulièrement la France du péril djihadiste.
Volonté réelle de lutter contre ce mal du siècle, sommes-nous tentés de dire, ou positionnement géostratégique dans la bande sahélo-sahélienne pour ses intérêts, notamment l’uranium du Niger exploité par AREVA (actuellement ORANO), retour fracassant avec bruit de bottes de l’ancien colonisateur dans son pré-carré au mépris de la souveraineté des différents États du Sahel ?
L’opération Barkhane a été au centre de plusieurs polémiques et les ressentiments des populations sont mitigés quant à son action dans les différents pays du Sahel. Certaines voix s’élèvent pour affirmer que l’opération est en train de s’embourber, d’autres parlent même d’échec car les attaques terroristes et djihadistes n’ont jamais cessé depuis le début de l’intervention française au Sahel.
Les populations du Sahel expriment plutôt un sentiment d’incompréhension, d’exaspération lorsqu’ils font une estimation de ce qui pourrait être le bilan précis de l’opération BARKHANE par rapport aux moyens matériels et financiers engagés et l’adéquation avec les résultats escomptés.
Il serait trop facile et simpliste d’expliquer tous les problèmes du Sahel par la présence de la force BARKHANE; les causes de l’effondrement, de la fragilité, des vulnérabilités, des faiblesses de nos États, de la faillite sécuritaire ont pour nom mauvaise gouvernance, corruption, népotisme, tous les maux qui minent et gangrènent l’administration publique.
Si nous en sommes là, c’est parce-que ni la CEDEAO, au delà l’union africaine n’ont pas été capable de déployer une force d’intervention rapide. Il urge qu’il puisse y avoir sur le continent une force militaire capable d’intervenir dans les différents États eu égard à la menace djihadiste en Afrique et particulièrement au Sahel.
Les chefs d’État du G5 SAHEL doivent saisir cette opportunité pour parler en toute franchise, sans langue de bois, demander et obtenir qu’il y ait un véritable partenariat gagnant-gagnant d’État à État, que toutes les formes d’ambiguïté et de duplicité cessent!
Après tout la fin ne justifie t-elle pas les moyens?
Sory I SAKHO
Titulaire du MBA SPÉCIALISÉ MANAGEMENT DE LA SÉCURITÉ INTÉRIEURE DE L’INSTITUT LÉONARD DE VINCI À LA DÉFENSE, FRANCE.
*Auteur de la thèse : “Le Défi sécuritaire au regard de l’évolution des menaces terroriste et djihadiste au Sahel : le cas du Mali”.
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ANNEXE
CHAPITRE VII : ACTION EN CAS DE MENACE CONTRE LA PAIX, DE RUPTURE DE LA PAIX ET D’ACTE D’AGRESSION
Article 39
Le Conseil de sécurité constate l’existence d’une menace contre la paix, d’une rupture de la paix ou d’un acte d’agression et fait des recommandations ou décide quelles mesures seront prises conformément aux Articles 41 et 42 pour maintenir ou rétablir la paix et la sécurité internationales.
Article 41
Le Conseil de sécurité peut décider quelles mesures n’impliquant pas l’emploi de la force armée doivent être prises pour donner effet à ses décisions, et peut inviter les Membres des Nations Unies à appliquer ces mesures. Celles-ci peuvent comprendre l’interruption complète ou partielle des relations économiques et des communications ferroviaires, maritimes, aériennes, postales, télégraphiques, radioélectriques et des autres moyens de communication, ainsi que la rupture des relations diplomatiques.
Article 42
Si le Conseil de sécurité estime que les mesures prévues à l’Article 41 seraient inadéquates ou qu’elles se sont révélées telles, il peut entreprendre, au moyen de forces aériennes, navales ou terrestres, toute action qu’il juge nécessaire au maintien ou au rétablissement de la paix et de la sécurité internationale. Cette action peut comprendre des démonstrations, des mesures de blocus et d’autres opérations exécutées par des forces aériennes, navales ou terrestres de Membres des Nations Unies.
Article 43
Tous les Membres des Nations Unies, afin de contribuer au maintien de la paix et de la sécurité internationale, s’engagent à mettre à la disposition du Conseil de sécurité, sur son invitation et conformément à un accord spécial ou à des accords spéciaux, les forces armées, l’assistance et les facilités, y compris le droit de passage, nécessaires au maintien de la paix et de la sécurité internationales.
L’accord ou les accords susvisés fixeront les effectifs et la nature de ces forces, leur degré de préparation et leur emplacement général, ainsi que la nature des facilités et de l’assistance à fournir.
L’accord ou les accords seront négociés aussitôt que possible, sur l’initiative du Conseil de sécurité.. Ils seront conclus entre le Conseil de sécurité et des Membres de l’Organisation, ou entre le Conseil de sécurité et des groupes de Membres de l’Organisation, et devront être ratifiés par les États signataires selon leurs règles constitutionnelles respectives.
Article 44
Lorsque le Conseil de sécurité a décidé de recourir à la force, il doit, avant d’inviter un Membre non représenté au Conseil à fournir des forces armées en exécution des obligations contractées en vertu de l’Article 43, convier ledit Membre, si celui-ci le désire, à participer aux décisions du Conseil de sécurité touchant l’emploi de contingents des forces armées de ce Membre.
Article 45
Afin de permettre à l’Organisation de prendre d’urgence des mesures d’ordre militaire, des Membres des Nations Unies maintiendront des contingents nationaux de forces aériennes immédiatement utilisables en vue de l’exécution combinée d’une action coercitive internationale. Dans les limites prévues par l’accord spécial ou les accords spéciaux mentionnés à l’Article 43, le Conseil de sécurité, avec l’aide du Comité d’état-major, fixe l’importance et le degré de préparation de ces contingents et établit des plans prévoyant leur action combinée.
Article 46
Les plans pour l’emploi de la force armée sont établis par le Conseil de sécurité avec l’aide du Comité d’état-major.
Article 47
Il est établi un Comité d’état-major chargé de conseiller et d’assister le Conseil de sécurité pour tout ce qui concerne les moyens d’ordre militaire nécessaires au Conseil pour maintenir la paix et la sécurité internationales, l’emploi et le commandement des forces mises à sa disposition, la réglementation des armements et le désarmement éventuel.
Le Comité d’état-major se compose des chefs d’état-major des membres permanents du Conseil de sécurité ou de leurs représentants. Il convie tout Membre des Nations Unies qui n’est pas représenté au Comité d’une façon permanente à s’associer à lui, lorsque la participation de ce Membre à ses travaux lui est nécessaire pour la bonne exécution de sa tâche.
Le Comité d’état-major est responsable, sous l’autorité du Conseil de sécurité, de la direction stratégique de toutes forces armées mises à la disposition du Conseil. Les questions relatives au commandement de ces forces seront réglées ultérieurement.
Des sous-comités régionaux du Comité d’état-major peuvent être établis par lui avec l’autorisation du Conseil de sécurité et après consultation des organismes régionaux appropriés.
Article 48
Les mesures nécessaires à l’exécution des décisions du Conseil de sécurité pour le maintien de la paix et de la sécurité internationales sont prises par tous les Membres des Nations Unies ou certains d’entre eux, selon l’appréciation du Conseil.
Ces décisions sont exécutées par les Membres des Nations Unies directement et grâce à leur action dans les organismes internationaux appropriés dont ils font partie.
Article 49
Les Membres des Nations Unies s’associent pour se prêter mutuellement assistance dans l’exécution des mesures arrêtées par le Conseil de sécurité.
Article 50
Si un État est l’objet de mesures préventives ou coercitives prises par le Conseil de sécurité, tout autre État, qu’il soit ou non Membre des Nations Unies, s’il se trouve en présence de difficultés économiques particulières dues à l’exécution desdites mesures, a le droit de consulter le Conseil de sécurité au sujet de la solution de ces difficultés.
Article 51
Aucune disposition de la présente Charte ne porte atteinte au droit naturel de légitime défense, individuelle ou collective, dans le cas où un Membre des Nations Unies est l’objet d’une agression armée, jusqu’à ce que le Conseil de sécurité ait pris les mesures nécessaires pour maintenir la paix et la sécurité internationales. Les mesures prises par des Membres dans l’exercice de ce droit de légitime défense sont immédiatement portées à la connaissance du Conseil de sécurité et n’affectent en rien le pouvoir et le devoir qu’a le Conseil, en vertu de la présente Charte, d’agir à tout moment de la manière qu’il juge nécessaire pour maintenir ou rétablir la paix et la sécurité internationales.