I- INTRODUCTION :
1- Le 4 septembre 2013, le Président Ibrahim Boubacar Keïta a juré devant Dieu et le peuple malien de préserver en toute fidélité le régime républicain, de remplir ses fonctions dans l’intérêt supérieur du peuple, de préserver les acquis démocratiques, de garantir l’unité nationale, l’indépendance de la patrie et l’intégrité du territoire national.
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3- Elu pour conduire le pays hors du gouffre dans lequel la rébellion, le coup d’Etat et l’occupation l’ont plongé en 2012, IBK a littéralement enfoncé le Mali. Douze mois après son élection, l’immense espérance suscitée à l’intérieur et à l’extérieur du Mali s’est transformée en une profonde déception tant les chances du pays de se relever et de se redresser ont été gâchées par une gouvernance chaotique, la corruption, une gestion calamiteuse des deniers publics, l’amateurisme et l’incompétence.
4- Le président a dilapidé l’immense capital de sympathie dont notre nation bénéficiait en Afrique et dans le monde. Le quotidien du Malien est devenu insupportable. La situation générale du pays s’est empirée. Rien de concret n’a été réalisé en une année. On n’entend que des histoires de milliards, de dizaines de milliards, d’avion, d’hélicoptère, de Porsche, de Range Rover, de Rolls Royce, de construction de palais ou d’agrandissement et d’embellissement de résidences privées sur financements publics. Pendant ce temps les défis les plus brûlants du pays restent sans début de solution et plus grave, l’Etat a perdu sa souveraineté sur la quasi-totalité du Nord.
II- UN AN DE VIOLATIONS DE LA CONSTITUTION:
5- L’article 29 de la constitution du Mali dit: « Le président de la République est le chef de l’Etat. Il est le garant de la Constitution. Il incarne l’unité nationale. Il est le garant de l’indépendance nationale, de l’intégrité du territoire, du respect des traités et accords internationaux. Il veille au fonctionnement régulier des pouvoirs publics et assure la continuité de l’Etat».
6- Le deuxième alinéa de l’article 37 de la constitution de 1992 stipule clairement : « Après la cérémonie d’investiture et dans un délai de 48h, le président de la cour suprême reçoit publiquement la déclaration écrite des biens du président de la République.
Cette déclaration fait l’objet d’une mise à jour annuelle. »
Le garant de la Constitution a violé l’article 37 de la Constitution en ne se soumettant pas à la règle de la déclaration publique de ses biens.
7- Le 18 mai 2014, le premier ministre, de retour de Kidal, s’est permis de déclarer que « le Mali est en guerre » en violation de l’article 71 de la Constitution qui dit: « La déclaration de guerre est autorisée par l’Assemblée nationale réunie spécialement à cet effet. Le président de la République en informe la nation par un message».
Dans ses adresses à la nation, le 19 mai, en français et en bamanan, le président de la République, au lieu de rappeler à l’ordre son Premier ministre, lui a apporté son soutien et sa caution.
III- IBK : « L’ETAT C’EST MOI ! »
8- Tout au long des douze mois écoulés, le président de la République a donné l’impression d’avoir conquis le pouvoir par le fer, et d’avoir conquis les Maliens par le fusil tant ses principaux actes ont manqué de l’humilité qui sied à un élu qui a un bail avec le peuple, tant il s’est cru tout permis, tant il a piétiné et fait piétiner les règles élémentaires qui gouvernent les finances publiques. Le Président s’est comporté au cours de l’année comme si le trésor public était sa propriété privée.
9- C’est ainsi que par sa seule volonté, sans aucune consultation du gouvernement et du parlement, hors de toute inscription budgétaire, 20 milliards de francs CFA ont été sortis des caisses de l’Etat pour acquérir un Boeing 737 non encore immatriculé au compte du Mali.
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11-C’est ainsi que les travaux d’agrandissement et d’embellissement de la résidence privée du chef de l’Etat sont financés par la Régie de la présidence de la République alimentée à coup de milliards par le trésor public. Des abus de biens sociaux sous la forme de travaux de rénovation des résidences de plusieurs personnalités du régime, sur fonds publics, sont signalées ici et là.
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13-C’est ainsi que l’immeuble du Secrétariat Général de la présidence, don de la République populaire de Chine (inauguré le 30 novembre 2007) est en cours de démolition pour être remplacé par un nouvel immeuble comportant de nombreuses « facilités » du genre : « Apatam en vitres blindées » ou « promenade du Président ». Les coûts de construction de ce nouvel immeuble qui s’élèvent à plusieurs milliards de francs n’avaient fait l’objet d’aucune inscription dans le budget initial 2014.
14-C’est ainsi qu’un marché de gré à gré de 108 milliards de francs CFA a été attribué, en novembre 2013, par le fait du prince, à un homme d’affaires ami et conseiller spécial du Président pour des fournitures à l’armée dont certaines (notamment les uniformes, les chaussures et les camions) n’avaient aucun caractère de secret-défense. Point culminant de l’opération douteuse: le ministre des Finances a couvert ce marché par une garantie de 100 milliards de francs CFA déposée auprès de la banque du conseiller spécial.
15-C’est ainsi qu’un marché de gré à gré de 25 milliards a été attribué, en mai 2014, à un homme d’affaires proche des cercles du pouvoir pour la livraison à l’armée de véhicules de transport et de camions-citernes. La première partie de ce marché s’élevant à près de 10 milliards a fait l’objet de surfacturations allant jusqu’à 400%.
16- Entre septembre 2013 et août 2014, des marchés de gré à gré de près de 300 milliards de francs CFA ont été attribués à une trentaine de sociétés au titre de la Défense nationale.
17-C’est ainsi que la famille du Président s’est emparée de tous les échelons des institutions de la République : présidence, gouvernement et Assemblée nationale.
AVONS-NOUS PERDU LE NORD?
18-En septembre 2013 au moment où le président prenait fonction, grâce à l’Accord préliminaire de Ouagadougou et aux efforts soutenus de la communauté internationale, il y avait à Kidal un gouverneur de région, des préfets et des sous-préfets désignés par l’Etat central.
L’élection présidentielle et des législatives y avaient été organisées tant bien que mal. Un détachement des FAMA était consigné au camp n°1. Le drapeau malien flottait sur Kidal.
19-Douze mois plus tard, les politiques menées par le Président ont conduit à la perte de la quasi-totalité du Nord du pays. Les drapeaux des groupes du Nord flottent aux portes de Gao et de Tombouctou. L’autorité de l’Etat malien s’est rétrécie de manière humiliante au Nord.
20-La gestion du Nord s’est caractérisée tout au long de l’année par :
– Le déni de réalités et une méfiance injustifiée vis-à-vis de l’Accord préliminaire de Ouagadougou,
– Les déclarations tonitruantes suivies d’aucun effet,
– Le pilotage à vue, les tâtonnements et l’improvisation,
– L’immobilisme qui a conduit au pourrissement de la situation,
– L’aventurisme qui a conduit à la visite du Premier ministre à Kidal, le 17 mai et à la guerre non préparée du 21 mai,
– L’amateurisme et l’incompétence.
Le président de la République a cautionné la visite irresponsable du Premier ministre à Kidal, le 17 mai 2014.
21-Le soir du 17 mai, les militaires maliens en poste au camp des FAMA ont informé la délégation gouvernementale qu’ils ne mangeaient pas à leur faim depuis leur arrivée à Kidal. Au lieu de trouver des solutions urgentes à cette grave et simple question, le Premier ministre, aussitôt sorti de Kidal, s’est livré à une surenchère guerrière dont l’aboutissement a été l’humiliation de l’armée et de la nation, le 21 mai. Le cessez-le feu unilatéral proclamé par le Président au soir du 21 mai avait les allures d’une reddition sans condition.
22-Le bilan non officiel des journées tragiques des 17 et 21 mai serait de :
– 42 morts (dont les six administrateurs civils) et 87 blessés le 17 mai.
– 150 morts et disparus, 40 prisonniers, une centaine de véhicules ( pick-up équipés, camions de transport de troupes) le 21 mai.
23-Suite aux errements du président et de ses gouvernements, le Nord échappe chaque jour un peu plus au Mali : c’est un comité de gestion composé de représentants de trois groupes armés qui administre Kidal. Toute la zone de Ménaka est sous administration MNLA. Les groupes du Nord font la loi jusqu’aux abords de Gao et Tombouctou. Les camionneurs qui se rendent en Algérie paient les droits de passage aux barrages installés par les rebelles.
24-Après avoir clamé sur tous les toits que « la commedia dell Arte (c’est-à-dire le Kotéba) a assez duré », qu’il ne laisserait aucun rebelle « se hisser à son niveau », qu’il ne se «laisserait pas trimballer », qu’il ne « négocierait pas tant que les groupes du Nord n’auront pas déposé les armes », que « les négociations ne se tiendraient nulle part ailleurs qu’au Mali », le président de la République s’est rendu, en juillet dernier, à Canossa-« en Alger » aux pourparlers inter-maliens dans un rapport de forces totalement défavorable au Mali.
25-En s’abstenant d’utiliser les dispositions (pourtant favorables au Mali) de l’Accord de Ouagadougou, en n’engageant pas le dialogue inter-malien dans les délais prescrits par cet Accord, le chef de l’Etat a fait prendre au pays d’énormes risques : pourrissement de la situation, défaite militaire, humiliation de la nation, émiettement/multiplication des groupes du Nord, participation aux négociations en position d’extrême faiblesse.
26-Pire, le gouvernement se rend aux négociations sans aucune vision. Sans aucune stratégie. En s’en remettant totalement à l’Algérie, comme indiqué dans la lettre (révélée par la presse) que le chef de l’Etat a adressée à son homologue algérien.
27- Nous n’avons absolument rien contre la facilitation de l’Algérie dont nous saluons l’engagement aux côtés du Mali depuis le déclenchement des rébellions en 1990. Mais nous disons très clairement qu’un Etat souverain et responsable ne délègue pas à un voisin, quel qu’il soit, la gestion d’une question aussi importante que celle touchant aux 2/3 de son territoire.
IV- L’IMAGE TERNIE DU MALI :
28-Le 19 septembre 2013, pour célébrer le retour du Mali à l’ordre constitutionnel et dans le concert des nations, une vingtaine de chefs d’Etat et de gouvernement d’Afrique et de France, les représentants des grandes puissances et des principales organisations africaines et internationales se sont donné rendez-vous à Bamako. Le monde entier avait espéré que le Mali allait écrire de nouvelles et belles pages de la gouvernance démocratique sur le continent. De nombreuses personnalités africaines et des amis du Mali avaient fait le déplacement pour être les témoins oculaires du nouveau départ de notre vieux pays.
29-Une année plus tard, nul ne décrit mieux que le Président lui-même la dilapidation du précieux capital de sympathie accumulé par le Mali. Paraphrasant le poète Kipling, IBK a dit, le 24 juin, aux leaders des partis politiques réunis à Kuluba : « nous avons perdu en un seul jour le gain de cent parties».
30-Les dépenses de prestige, les voyages incessants et improductifs à l’extérieur (quarante en douze mois contre quatre à l’intérieur), la mauvaise gestion des finances publiques, les passations de marchés douteux et opaques, l’immobilisme dans la gestion du Nord, l’aventurisme des 17 et 21 mai ont totalement ruiné la réputation internationale de notre pays. Le Mali a perdu toute crédibilité à l’extérieur.
31-Les poursuites judiciaires lancées à Paris contre un homme d’affaires français spécialisé dans les jeux de hasard et les courses hippiques et dont le chef de l’Etat se dit «ami» et « frère » n’ont pas contribué à rehausser l’image du Mali au cours de cette année.
V- UNE SITUATION ECONOMIQUE ET FINANCIERE INTENABLE :
32-La situation financière est tendue. Les ménages tirent le diable par la queue depuis de longs mois. La précarité s’étend. Les couches qui arrivaient à peine à joindre les deux bouts n’en peuvent plus en ville comme en campagne. L’activité économique tourne au ralenti. Les commerçants détaillants comme les gros opérateurs économiques sont au bord de l’asphyxie. Les arriérés de la dette intérieure étouffent les entreprises du secteur privé.
33-C’est dans un tel contexte que sont survenues, en cascades, à partir de mai 2014, les décisions de suspension de l’aide budgétaire par les institutions financières et les partenaires bilatéraux.
En effet, le FMI qui a accusé notre gouvernement de « malversations », la Banque Mondiale, l’Union Européenne et plusieurs partenaires bilatéraux ont suspendu le versement de l’aide budgétaire en attendant l’audit des contrats d’achat du second avion présidentiel et du marché de gré à gré de 108 milliards attribué à GUO-STAR..
C’est plus de 150 milliards de francs CFA qui sont gelés.
34-Déjà les tensions de trésorerie se font sentir. Le ministère des Finances a mis la pression sur les services de l’assiette (Douanes, Impôts et Domaines) pour surpasser les objectifs initialement fixés. Les grands payeurs de taxes (sociétés, importateurs) sont sollicités pour faire face à la situation en payant par anticipation.
35-Pour atteindre les « nouveaux objectifs rectifiés » imposés par la suspension de l’aide budgétaire, le ministère des Finances a déterré de vieux textes augmentant les taxes au cordon douanier. Ce faisant, il a provoqué la colère des importateurs: à la date du 22 août plus de mille camions-remorques étaient bloqués aux frontières.
36- La loi des finances rectifiée adoptée par l’Assemblée nationale, le 25 août, est en soi un aveu. En effet, le budget rectifié sous l’injonction du FMI est révélateur des malversations effectuées par le gouvernement pour acheter le Boeing 737 du Président, et des
mic-macs opérés (la garantie bancaire de 100 milliards) pour couvrir les commandes d’uniformes, de chaussures et de camions militaires du conseiller spécial du Président. Il étale au grand jour le mensonge d’Etat et l’arrogance qui caractérisent la gouvernance du Mali depuis un an.
VI- CONCLUSION
37-Le Mali s’est beaucoup fragilisé pendant la première année de la présidence d’IBK. Le pays n’a tiré aucun profit de la disponibilité de la communauté internationale à notre endroit. Au contraire, nous nous avons, par nos errements, compromis nos chances de sortir du précipice. Pire, nous avons perdu le contrôle de la quasi-totalité du Nord.
38-Au regard des actes posés depuis un an, nombre de Maliens, d’amis du Mali et d’observateurs sont déçus et désemparés. En mettant en parallèle le bilan des douze derniers mois et le serment prêté le 4 septembre 2013, on mesure mieux l’étendue du gâchis.
1-NOS PROPOSITIONS
2-Sur la constitution et l’orientation générale :
– Respecter toutes les dispositions de la Constitution, faire la déclaration de biens,
– Mettre fin au pilotage à vue et à l’improvisation en instaurant une gouvernance moderne et prévisible,
– desserrer l’étau de la famille sur les institutions et l’administration,
– Réduire les voyages à l’étranger,
– inverser toutes les priorités jusqu’ici observées,
– en vue de réduire la personnalisation du pouvoir, réformer la constitution pour, entre autres, équilibrer les pouvoirs entre le Président et l’Assemblée Nationale et faire élire le chef de l’Etat par un parlement monocaméral élu à la proportionnelle. Une telle réforme aurait aussi pour effet d’économiser les coûts de plus en plus faramineux de l’élection présidentielle,
3-Sur le Nord:
– Organiser une Table Ronde de toutes les forces vives du pays, y compris de la diaspora, pour convenir d’une plateforme nationale engageant tout le pays.
– Insister sur le retour des forces rebelles aux positions d’avant le 17 mai,
– Exiger que les groupes du Nord qui ont accepté le principe de l’intégrité du territoire descendent leurs drapeaux,
– Avancer l’idée de l’élection des gouverneurs de toutes les régions du Mali par des assemblées régionales élues au scrutin proportionnel,
– Concevoir le dialogue inter-malien en trois étapes (discussions avec les groupes armés, congrès des communautés du Nord, assisses nationales),
4-Sur les relations avec la communauté internationale:
– Travailler à regagner la confiance de l’Afrique et du monde en démontrant une nouvelle volonté de résoudre la crise du Nord par des moyens démocratiques et en instaurant des règles de bonne gouvernance économique,
– Préparer avec rigueur la prochaine mission du FMI prévue pour fin septembre,
– Répondre clairement aux questions posées par le FMI,
5-Sur la situation économique et financière:
– Mettre fin aux dépenses de prestige et surseoir aux travaux de construction et de rénovation,
– Vendre les deux avions présidentiels,
– Instaurer la transparence dans la passation des marchés publics,
– Régler la dette intérieure et injecter de l’argent frais dans les circuits économiques,
VII- APPEL
Nous invitons tous les Maliens qui sont indignés par la gestion patrimoniale du pays, tous ceux qui sont inquiets par la mauvaise gestion de la question du Nord, tous les déçus de la nouvelle gouvernance et tous ceux qui sont choqués et dégoûtés par le pillage des maigres ressources du pays et la passation ininterrompue de marchés opaques à ne pas se décourager, à se mobiliser, à résister, à nous rejoindre pour obliger le Président à changer d’orientation, de cap, à inverser les priorités, à mettre fin aux dépenses ruineuses de prestige et à desserrer l’étau de sa famille sur le gouvernement, l’Assemblée nationale et l’administration.
Bamako, le 30 août 2014,
Le Comité Directeur du PARENA
il faut une prise de conscience du Président et respecté son slogan le Mali d’abord et non ma famille d’abord
Malheureusement 2/3 de la population malienne ne savent pas lire et comprendre la langue française. Le PARENA doit faire passer ce message dans les langues nationales. Je suis RPM mais j’accepte ces critiques d’une opposition digne de nom. Mais gare à toi Tiébilé si tu acceptes de partager le pouvoir avec la gouvernance d’IBK.
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