La restauration de la paix et de la cohésion sociale constitue un impératif de développement qui interpelle tous les acteurs concernés.
Il ne faut jamais perdre de vue que la réputation dont jouit notre pays reste liée à la caractéristique essentielle de sa société, une société multiraciale, multiethnique, paisible et ouverte sur l’extérieur.
Personne ne peut douter qu’au Mali, le goût prononcé pour la rencontre de l’autre, l’émulation, le sens de l’esprit de famille, de l’esprit communautaire, la solidarité, le partage, le don de soi pour une bonne et juste cause commune, ont toujours été les principaux facteurs de développement et de brassage au fil des générations.
Qu’elle soit prise au sens psychologique ou sociologique, la paix est le fondement de toute vie collective qui se veut prospère.
Si l’on est pas en paix avec soi et avec les autres, il est difficile d’envisager toute construction qui va au delà de sa propre personne: l’amour, l’estime, l’accomplissement de soi, l’épanouissement général.
Les premières victimes de l’insécurité sont les populations, particulièrement les femmes et les enfants qui en paient les plus lourds tributs.
Ce sont ces populations qui subissent, de près, les ravages, les débordements, les exactions, les déchirures du tissu social, les blessures de trop qui en découlent, souvent sans aucun moyen de défense efficace.
Cependant, seul le dialogue consensuel demeure un recours salutaire pour résoudre l’ensemble des problèmes structurels et conjoncturels que rencontrent , çà et là, dans le temps comme dans l’espace, les différentes communautés, la finalité est d’éviter la dégradation du climat social.
Nos compatriotes savent, plus quiconque , comprendre que la paix n’a pas de prix et qu’elle demeure le levain de toute cohésion sociale.
Ils savent aussi comprendre et admettre qu’il faut purifier le cœur, que le pivot des liens de fraternité reste le pardon.
Néanmoins, ils ne cessent de s’interroger sur leur avenir en ce qui concerne surtout les disparités de développement qui existent entre les localités, la lutte contre la pauvreté et tous les vices que cette pauvreté peut engendrer(perte de valeurs, corruption, incivisme, oisiveté, dépravation des mœurs, indiscipline, violences etc.)
Les problèmes de survie se posent de plus en plus avec acuité et bon nombre de nos communautés assistent, impuissantes et sceptiques, à la perte de leurs vraies valeurs socio culturelles, à des changements climatiques persistants, à la dégradation de l’écosystème et à bien d’autres contraintes qui paralysent leur vie quotidienne.
La conjoncture difficile et incertaine qui prévaut dans le monde de nos jours, les multiples attentes à combler face aux soucis récurrents sont des aspects qui militent pour l’accélération du retour d’une paix définitive, inscrite dans la durée et l’harmonie et, partant, pour l’impérieuse nécessité de revoir le mode de gouvernance sur toute l’étendue du territoire national.
La mal gouvernance a été très préjudiciable à la relance des activités socio économiques nationales sous les meilleurs auspices.
La bonne gouvernance, inspirée par un leadership de qualité, est la clé de toute coexistence pacifique, de toute sortie en douceur de la crise sécuritaire, de toute recherche de solutions inclusives durables, à travers notamment les prédispositions humaines des communautés à se rencontrer, à se comprendre naturellement et à s’ouvrir les unes aux autres.
Aussi, l’Etat se doit d’assumer pleinement ses obligations régaliennes dans l’intérêt supérieur des populations, sans exclusive aucune, avec l’engagement résolu de veiller scrupuleusement à la sauvegarde de la paix et de la justice sociales. Ce faisant, il consolide ses fondations, se met pour toujours à l’abri de nouvelles secousses de nature à mettre en danger la vie de la nation, à hypothéquer lourdement l’avenir.
Par ailleurs, notre armée nationale a montré ses limites à défendre , elle toute seule, l’intérêt de la nation et même à protéger les populations en cas d’attaques. Elle manque d’assez de détermination et de moyens pour garantir l’intégrité du territoire, l’unité nationale.
Dans tous les cas, faut-il se convaincre qu’en l’absence d’un environnement paisible et sécurisé, aucun développement durable n’est possible.
La dimension religieuse revêt une importance spéciale dans le processus dynamique de retour de la paix et de la stabilité sociale.
Selon la religion musulmane qui est majoritaire au Mali, Dieu créa l’hmme et en fil un être social; de ce fait aucun être humain ne peut vivre seul; isolé de ses semblables.
Par ailleurs, malgré la nécessité de la coexistence entre les hommes, il arrive que des individus subissent des agressions, des violations de la part de leurs semblables. Ces agissements et manquements circonstanciels conduisent souvent les victimes à se défendre, à revendiquer leurs droits, à les protéger. Il en résulte parfois des dérives au sein des communautés mais il faut savoir, dans l’intérêt général, pardonner les fautes et éviter d’appliquer le principe de réciprocité.
Il convient de souligner que la résolution de la problématique de la paix, de la cohésion sociale au Mali et ailleurs ne peut que s’inscrire dans une approche innovante , intégrée, combinant à la fois les méthodes analytiques et systémiques; elle suppose une réforme profonde de l’organisation et du fonctionnement de l’Etat.
Toute la crise sécuritaire que notre pays a connue ces dernières années a une dimension large, des ramifications diverses. Une sortie définitive de cette crise reste donc liée à une étroite coopération sous régionale et internationale, seule capable de prévenir, de juguler ses effets collatéraux .
Le processus de la construction d’une nation paisible, réconciliée avec elle même est exigeant et de longue haleine. L’esprit de l’intérêt public doit être tenu en éveil à tous les niveaux de responsabilité, d’information, de sensibilisation et être inspiré par les meilleures pratiques pour recoudre le tissu social, pour sceller définitivement la paix, l’entente.
Le dialogue consensuel qui a toujours prévalu dans un esprit d’apaisement, de tolérance, reste un recours de premier choix en vue de résoudre les problèmes communautaires, de relancer le développement, le seul combat qui vaille pour gagner le pari du meilleur devenir du pays..
Enfin, transcendant les épreuves endurées lors des douloureux événements de l’année 2012, les stigmates, la crise de confiance déplorée au sein de certaines communautés, nos compatriotes, les autorités politiques, administratives, la société civile, les partenaires au développement, ont besoin, à l’unisson, du retour rapide de la paix dans le septentrion malien, au seul bénéfice du pays tout entier, de la sous région, voire du reste du monde.
Chirifi Moulaye HAIDARA