Si l’oubli était une punition qu’on inflige au commun des mortels, même la mort ne saurait engloutir certaines personnes qui se sont distinguées en bien dans l’exercice de leur sacerdoce. En effet, comme le dit mon ami sénégalais Falilou Cissé : « c’est à bas âge que les destins les plus exceptionnels prennent leur envol pour marquer, à jamais et de la manière la plus remarquable possible, l’histoire de leurs semblables » Alors, le Procureur Idrissa Hamidou Touré ne déroge pas à cette règle.
En ces temps de péripéties où tout le monde cherche à gagner son procès pas devant le juge mais devant l’opinion, être procureur est laborieux voire périlleux. Mais il s’agit de servir la loi et non des hommes, de la respecter et de la faire respecter, à la limite, au service du pays sans cruauté inutile ni faiblesse coupable.
Certes sa personnalité peut dérouter à bien des égards : homme à plusieurs facettes, sa curiosité insatiable ne cesse d’étonner et de confondre. Rigoureux sans être dogmatique, souple sans être complaisant. Pur produit de l’école publique malienne, il réussit à faire taire et à tordre tous les nervis de la République. Pour ne pas faire du Mali un pays de prébendes, il ne doit, et aucunement, avoir des citoyens à la marge des lois de la République.
Indubitablement, c’est là le seul moyen de le comprendre en tant que sujet pensant et agissant en pleine conscience du droit. D’où la nécessité impérieuse, à mon avis, de saisir la trajectoire de l’homme. Je m’en voudrais d’affecter, même subrepticement, votre humilité mais je me dois de dire ce que je crois de l’homme. Même là, je ne pourrais tout dire quoi que tout mériterait d’être dit. Avec un parcours qui tutoie déjà l’histoire, ses actes donnent l’opportunité de lui faire figurer parmi la constellation des grands noms inscrits au fronton de l’institution juridique.
En minorant substantiellement son parcours, on ne peut s’empêcher de constater qu’il a toujours foi en la personne du juge qui doit incarner les valeurs morales et intellectuelles, d’indépendance, d’impartialité et de compétences incontestables qui fondent sa légitimité et sa crédibilité.
En ces moments où les procès-verbaux sont étalés sur les réseaux sociaux par la bénédiction des personnes encagoulées, en ces moments où émergent des faux messies de droit, tout est défi mais il ne peut y avoir la place à la fuite ou au renoncement devant une quête pressante de justice. Il ne peut y avoir de recul lorsque des pyromanes pillent, écument et défient la République, se croyant tout permis. Il est temps de sortir le fouet. Son comportement, indemne d’un jugement, suscite beaucoup d’espoirs. Donc il faudra être fort pour sanctionner les fautes commises.
Une justice forte et indépendante est la condition sine qua non du développement, de l’harmonie nationale et de la paix sociale. Ni les stigmatisations ni les intimidations n’ont réussi à lui faire tordre la main voire à travers lui tordre la main au droit. Dans ce corps qui n’est pas à l’abri de compétitions, son nom rejoindra ceux des illustres fils et filles de la République au panthéon des personnages de légende, malgré lui.
Le Pays a besoin d’un vaste et puissant transfert du passif à l’actif, du négatif au positif, de l’immobile au dynamique, de ce qui pèse à ce qui propulse, de ce qui plombe à ce qui soulève. Le Pays nous appelle à ce qu’on jaillisse des tranchées, qu’on renverse les barrières et les murailles, qu’on franchisse les lignes de démarcation pour qu’à chaque chose, nébuleuse ou douteuse, jaillisse la lumière et apporte le développement tant attendu.
Monsieur le Procureur, il faudra être fort parce qu’on est arrivé à tuer en nous des valeurs pour faire émerger la course effrénée à la sauvegarde de soi.
Abdoulaye Maiga,
Etudiant Malien,
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