Ou sont nos anciens présidents ?

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L’histoire politique du Mali de l’après Modibo Keita est aussi celle des actions et comportements  inexplicables et rebutants de ses anciens présidents dans la gestion du pays. Le poids des logiques derrière leur indifférence face àla gestiondu pays et leur silence coupable est vraiment à prendre en compte.

Mr Sidy Danioko

Le champ du possible est très large pour les anciens présidents. Certains, après leur retraite présidentielle s’adonnent à écrire des mémoires ou lancer des fondations. Que ça soit pour corriger des erreurs commises durant leur présidence, ou pour laisser beaucoup plus de tracesindélébiles pour s’immortaliser, ceci reste de classique pour un grand nombre d’anciens présidents. Les exemples foisonnent. Nelson Mandela en est un brillant exemple dans son autobiographie « Une Longue Marche vers la liberté ». De surcroit, après sa présidence, malgré le poids de l’âge, Mandela continua sa vie de combattant à travers différentes activités. D’autres, comme les anciens présidents capverdiens et Mozambicainont mené des médiations dans la résolution des conflits.John Rawlings, en plus de ses grands exploits à la présidence Ghanéenne, resta toujours l’enfant de l’histoire. Au cours des dernières années, il anima des conférences dans les universités du monde entier, y compris la grande conférence d’Oxford intitulée « la sécurité et la démocratie en Afrique ». Avec le temps, Il continua toujours à participer valablement au renforcement de la démocratie Ghanéenne. Il est à même d’infliger des critiques lourdes à son propre parti.

Même Abdoulaye Wade, malgré son impopularité dans son pays et sa cuisante défaiterejoignit son parti pour redorer son blason.Olusegun Obasanjo, après son règne chaotique, continua de jouer des rôles politiques et de leadership en Afrique.

En Amérique, les exemples plus récents sont ceux de Jimmy Carter, du père Bush, de Bill Clinton, et de George W. Bush. En termes de fondations, Jimmy carter est l’exemple le plus célèbre pour sa fondation Carter. A travers ses efforts pour la santé, la résolution des conflits dans le monde et sa promotion de la liberté et de la démocratie, il bénéficia donc le Prix Nobel  de la Paix de 2002. Bill Clinton,restaactif après son départ de la maison blancheet rédigea un mémoire sur sa vie. Il en est de même pourGeorge W Bush, pour s’incruster et demeurer dans la mémoire des gens publia une autobiographie intitulée les « Instants décisifs ».Autres exemples,Jacques Chirac etTony Blairpublièrent des livres.

Il n’est pas  rare de voir les anciens présidents donner des  cours àl’université, travailler et gagner plus, participer à des conférences, et être conseillers des états ou des compagnies.Vaclav Havel, ancienprésident de la République Fédérale de la République tchèque de 1993 à 2003,après sa présidence dispensa des cours à l’université de Columbia aux Etats Unis. Gerhard Schröder, quelques jours après sa défaite prit les rênes d’une société pour la construction de la liaison entre l’Allemagne et la Russie via la mer Baltique.

A la lumière de ces honorables cas, le contribuable malien est en droit de demander ou sont ses anciens présidents? Qu’est-ce qu’ils font? Surtout, pendant que le Mali traverse la plus grave période de son histoire? Pourquoi ce silence ? Est-ce un silence coupable ?Se reprochent-ils quelque chose ? Est-ce vraiment acceptable qu’ils récompensent le Mali de cette manière ?

Force est de rappeler que nos anciens présidents vivent du contribuable malien et pour ne rien faire alors que leurs homologues européens et américains continuent de travailler pour ne pas tomber dans l’oubli et la petitesse. Au moins, ceux-ci furent conscients que la marque des grands hommes est de partir … tout en restant.

L’indifférence coupable, désolante et crapuleuse de nos anciens présidents face à la situation actuelle du pays pose leur interpellation. Il est vraiment inacceptable le silence manifesté par les premiers responsables de l’actuelle situation du Mali dans son existence et dans ses diversités. En tout cas, leurs absences dans la gestion de cette crise ne sont que rengaines pour bon nombre de citoyens maliens. Ceci se justifie par leurs gestions calamiteuses de la question du nord.

Aujourd’hui plus que jamais, le contribuable malien est à l’attente de vos paroles de sagesse, suggestions, expériences, conseils, participations et actions pour sortir de cette impasse. Ceci est un préalable pour ne pas être jugés par l’histoire.

A part le président Modibo Keita, le soldat de l’indépendance, qui a glorieusement géré les premières heures de la rébellion, nos anciens présidents n’ont approché ce problème qu’avec laxisme et complaisance. Au lieu de trahir le peuple via une panoplie d’accords (Accord de Tamanrasset, Accord de Boureme et celui d’Alger) non soutenus sinon même établis à l’insu du peuple malien, nos trois derniers présidents devraient concerter le peuple malien par rapport à la gestion de son territoire. A défaut de cela et sous pression de je ne sais quoi, ils ont tous sacrifié le mali au détriment de leur propre survie.

Selon le Lieutenant-Colonel Rudolph Atallah, retraité de l’armée américaine et Senior Fellow de Michael S. Ansari Africa Center Atlantic Council et exécutif Chef de de White Mountain Research LLC, Moussa Traore, en 1991, engageait le Mali sur un certain nombre de points, y compris :

  • La réduction de la présence de l’armée dans le nord, surtout Kidal.
  • Le désengagement de l’armée de l’administration civile dans le nord.
  • L’élimination de certains postes militaires (considéré comme une menace par les communautés touarègues).
  • L’intégration des combattants rebelles dans l’armée malienne à rangs à déterminer.
  • Une garantie qu’une proportion fixe des investissements dans le domaine infrastructure (47,3 pour cent) sera consacrée au nord.

Alpha Oumar Konaré, face à la subite pression du Mouvement Patriotique Gandakoye (MPGK) et ses propres ambitions post présidentielles, draina le pays dans l’accord de Boureme. Cet accord conduisit à la soit dite « flamme de la paix »  au cours de laquelle 3 000 armes (grande majorité vint de  l’armée malienne, y compris des milliers de mines antichars) sont brûlées pour, selon lui,  marquer la volonté de tous les Maliens de vivre en paix.De plus, AOK facilita le recrutement d’un grand nombre de Touaregs dans l’armée Libyenne. Aujourd’hui, bon nombre de ces soldats formes par Kadhafi se battent aux rangs du MLNA et des islamistes. Nous constatons tous que ceci ne fut qu’un moyen de calmer les esprits non pour trouver une solution durable comme préconisée dans le préambule.

ATT, vu comme le premier responsable de l’infamante situation que nous vivons, entraina le Mali dans l’un des accords les plus contestés de son histoire. Ceci, pressentit depuis les premières heures comme une menace à l’intégrité de du pays, créa de débats houleux. Car, il fut considéré comme un moyen de trouver une solution éphémère et non durable aux problèmes. Néanmoins, il a tenu mordicus à son fameux accord.

Vraisemblable, tous ces accords déposèrent non seulement les premiers jalons de l’effritement de notre armée, et la fragilisation de l’Etat, mais aussi dynamisèrent l’idée de l’indépendance de l’azawad en gestation depuis 1960.

Sans ambages, je pense qu’un minimum de sérieux et de déontologie ne devraient laisser niMoussa Traorése terrer dans sa maison deDjicoroni, ni Alpha Oumar Konaré se cacher dans son mini-palais de Titibougou, ni ATT se réfugier et savourer lâchement sa vie d’exil. Car, la république malienne a été et reste très généreuse avec ces anciens présidents. Le peuple malien paye très cher le train de fin de ses anciens présidents.Il les offre une retraite dorée. Ils peuvent dire un très grand merci au Mali. Des avantages qui reposent sur le texte.Au premier rang de ces avantages, l’attribution d’une somptueuse maison ou ils pourront s’installer sans autant penser aux problèmes centraux du pays. Ils bénéficient aussi des voitures, de la sécurité, des rémunérations, indemnités, de l’assurance maladie et vie. En cas de décès, les veuves ne sont pas oubliées.

Ces anciens présidents coutent bien plus chers au contribuable malien que les rois de nos anciens empires qui se sont dignement battus  pour la grandeur du Mali, la sauvegarde de son territoire, et son rayonnement malgré les moyens rudimentaires qu’ils possédaient.  En tout cas, ces dernières épreuves tombèrent les masques et donnèrent raisons à  ceux qui ont toujours rechignéà dénoncer leur faux patriotisme qu’ils avaient autant crié. En toute honnête, leurs attitudes contrastent et tranchent avec le contenu des grands discours d’espoirs qu’ils nous faisaient avaler pendant des années. Au lieu qu’ils s’enorgueillissent de leurs transferts du palais de Koulouba à leur palais de la retraite, ils  doivent évidemment avoir honte. Le peuple a hâte de les entendre aujourd’hui en cette période tourmentée de sa vie.

Une contribution de Mr Sidy Danioko

sadiotounko@gmail.com

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2 COMMENTAIRES

  1. Mon frere, suite a la lecture de votre article, dont je qualifierai d’extraordinnaire, d’une excellence sans commune mesure double d’un engagement a la lumiere de l’ame lumineuse de nos ancetres dont la vision etait d’unir et non desunir, servire et non se servir, proteger notre heritage dans toute sa largesse pour une Afrique prospere et eternelle. Je ne pourrais en tant que africain, etre indifferent a vos propos, le Mali a qui je considere comme le berceau de la culture ouest africaine, la taniere de nos vestiges et le site de notre patrimoine, le Mali qui du reste depuis la naissance de l’empire etait et demeurera le cordon ombilical qui nous lie nous autres africains. Cependant, face a cette terrible tragedie qui fait la une dans la partie nord de l’empire ne devrait etre en aucun cas une preoccupation du gouvernement malien, mais en tout etat de cause un probleme de tous les citoyens de l’empire. En effet se poser la question de savoir “ ou sont les anciens dirigeants maliens est legitime mais audela de toute consideration la question que tout africain digne de son nom devrait se poser est: “ou sont les dirigeants de l’empire “.
    Implicitement, cela me renvoi a une pensee de Cheikh Anta Diop, qui dans un de ses messages qu’il addressait a la jeunesse africaine disait: “ Il vous faudra beaucuop de courage pour sortir l’afrique de sa situation actuelle ( chaotique, regressive et plusque inquietante), telle n’est pas la preoccupation de ces dirigeants en charge de conduire sa destine ( sortir l’afrique des tenebres de son histoire: sclavage et colonization; vers des lumieres: un lendemain clairevoyant et prospere pour tous ses enfants)”. Ce constat du Professeur etait vrai il y a 50 ans et reste une actualite patente a ce jour. Parconsequent, comprenons que la mission du jeune africain n’a connu aucun avancement elle a meme regresse et qu’il est grand temps pour la jeunesse africaine fasse le proce de leurs dirigeants en les dennoncant avec la plus grande energie en utilisant tous les moyens de communications qui sont leur disposition afin de ce faire entendre. Votre article rentre dans ce cadre et on ne peut, que saluer l’effort et le courage du frere d’arme et de sang que tu represente pour toute la jeunesse africaine.
    Unissons nous pour une Afrique meilleur.
    Le frere d’arme et de sang.

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