Militant Adéma, j’ai été surpris comme bon nombre d’autres camarades de constater la présence d’Ousmane Sy parmi les postulants à la candidature pour l’investiture du parti au titre de la prochaine présidentielle.
Ils étaient 20 candidats à briguer l’investiture de l’Adéma/PASJ pour l’élection du président de la République de juillet prochain. Selon un communiqué diffusé par le secrétariat permanent du parti à l’issue de sa réunion du mercredi 13 mars dernier, nous avons été informés de l’invalidation de la candidature du camarade Mohamed Ag Bilal au motif que l’attestation de sa section d’origine ne figure pas dans son dossier de candidature.
Désormais, ils ne sont plus que 19 postulants à la candidature du parti, dont les dossiers ont été transmis depuis le 13 mars dernier à la commission de bons offices par celle en charge de la validation. Si dans le fond cet engouement pour servir le pays à travers le parti peut être considéré comme un acte légitime pour tout militant, faudrait-il encore que cela n’affecte pas la crédibilité des institutions de la République en charge de la transition, donc de l’organisation et de la gestion de l’ensemble du processus électoral.
Perçue sous cet angle, on ne peut raisonnablement s’empêcher de se poser un certain nombre de questions ou de questionnements quant à la candidature d’Ousmane Sy, secrétaire politique du comité exécutif (CE), mais surtout secrétaire général de la présidence de la République avec rang de ministre depuis le conseil des ministres du 26 décembre 2012.
Proche parmi les plus proches du président de la République par intérim, pour avoir été déjà membre de son cabinet lorsque le Pr. Dioncounda Traoré était président de l’Assemblée nationale, cet brillant intellectuel peut-il ignorer les conséquences ou l’impact de son acte sur l’image globale des institutions de la République devant conduire cette période de transition jusqu’à terme ?
En effet, comment ne pas se poser des questions sur cette candidature qui est en porte-à-faux avec les décisions de la Cédéao, de l’Union européenne et de l’ensemble de la communauté internationale quant à la stricte neutralité des membres des organes et institutions de la transition par rapport au processus électoral à venir.
En plus de ces positions communes à la communauté internationale, le président de la République par intérim, Pr. Dioncounda Traoré, a lui-même affirmé de façon solennelle que ni lui, ni aucun autre membre d’aucune institution ou organe de la transition ne saurait être partie prenante aux élections générales devant mettre fin à la période de transition.
Tout ceci paraissait très clair et précis dans l’esprit du citoyen lambda et encore plus du militant Adéma. Est-ce une décision unilatérale de la part de l’intéressé sans consultation, ni avis préalable du président de la République par intérim ? Assisterait-on à sa démission de ses fonctions de secrétaire général de la présidence de la République dans les prochains jours afin de se consacrer entièrement à sa campagne pour les primaires du parti ? Comment cela a-t-il pu échapper à la vigilance des membres de la commission de validation ?
Quelles que soient les raisons et motivations, cette candidature apparaît tout au moins comme un pavé dans la mare de la présidence par intérim du Pr. Dioncounda Traoré, du reste un camarade du parti jusqu’à son investiture dans ces nouvelles fonctions à la magistrature suprême du pays le 12 avril 2012.
De la part d’un éminent intellectuel comme Ousmane Sy, une telle remise en cause des engagements pris et de la parole donnée de celui qui l’a choisi en qualité de plus proche collaborateur pour une période aussi sensible et délicate que la transition, ne contribue pas à rassurer davantage le citoyen sur l’impérieuse nécessité de neutralité des organes de la transition et des personnes qui les incarnent, qui semble être une condition sine qua non de la crédibilité de l’ensemble du processus électoral.
Lorsqu’on sait que cette crédibilité constitue aujourd’hui une exigence absolue de toutes les parties prenantes du processus, il importe d’en déduire que la démarche du camarade Ousmane Sy est inopportune. Elle l’est d’autant plus qu’elle met certainement mal à l’aise le président de la République par intérim dans l’exercice de sa mission à la tête de l’Etat, mais aussi elle ne contribue surement pas à l’amélioration de l’image de la classe politique dans son ensemble et singulièrement du parti aux yeux des observateurs et autres partenaires.
A quelles fins peut-elle donc se justifier ? Elle répond à quelle stratégie si ce n’est que de créer davantage de trouble dans les esprits déjà meurtris par toutes ces souffrances qu’endurent nos compatriotes ? Autant de questions et de questionnements que nous devons nous poser de prime à bord à l’intérieur de notre parti et au-delà par rapport à la dynamique politique nouvelle que les derniers événements de 2012 nous incitent à cultiver désormais.
Pour toutes ces raisons, j’estime que c’est une candidature inopportune et irrecevable en l’état actuel des choses et ceci dans l’intérêt supérieur du parti et du pays tout entier. Car elle pose non seulement plus de problèmes qu’elle n’en résout, mais également elle en rajoute à une situation déjà bien confuse et complexe que le président de la République par intérim, avec l’appui des partenaires internationaux et bilatéraux, s’emploie au quotidien à atténuer autant que se peut.
Il est donc du devoir de tous, singulièrement des militants de l’Adéma/PASJ (sa famille politique historique et naturelle) de l’y accompagner et de lui faciliter la tâche à travers les actes et actions que nous sommes amenés à poser durant toute cette période extrêmement sensible. Il est donc souhaitable que le camarade Ousmane Sy se retire du processus en cours et se donner le temps de mieux se préparer pour d’autres échéances futures.
Faut-il rappeler que le camarade Ousmane Sy, avant sa nomination aux hautes fonctions de secrétaire général de la présidence de la République avec rang de ministre, a été ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation sous le régime de Alpha Oumar Konaré ; expert au Programme des Nations unies pour le développement (Pnud) ; puis chef de la Mission de décentralisation et des réformes institutionnelles du Mali.
Il est également le promoteur du Centre d’expertises politiques et institutionnelles en Afrique (Cepia) qu’il dirige depuis janvier 2004 et coordonnateur de l’Alliance pour refonder la gouvernance en Afrique et vice-président de l’Institut de recherche et débat sur la gouvernance.
C’est dire que nullement les compétences et les qualités intrinsèques d’homme d’Etat du camarade Ousmane Sy ne sont remises en cause dans cette tribune.
Salutations militantes !
Bréhima N. Sidibé
(Section VI du District de Bamako)
Ce sera probablement l’ouverture de la boîte aux pandores. Après Ousmane SY, le Ministre des AFfaires Etrangères Tiéman H. Coulibaly, Président de l’UDD pourrait être tenté par l’aventure. Que vaut réellement la parole donnée du malien en ce 21è siècle? En tout cas, surement pas grand chose.
Il a ses raisons de persister dans cette voie. Dans les jours à venir, il se prononcera sur son sort et cela fera jurisprudence pour les autres
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