Opinion : Profil du nouveau leader malien pour 2013

4

Ralph Waldo Emerson avait l’habitude de saluer ses vieux amis qu’il n’avait pas vus depuis quelque temps de la manière suivante : «Qu’est-ce que tu as compris depuis la dernière fois ?» Depuis l’annonce des nouvelles élections pour juillet 2013, je me suis permis de l’imiter en demandant à certains amis et camarades ce qu’ils avaient compris depuis la dernière fois. Apparemment, pas grande chose, car la seule question qu’on m’a posée est la suivante : Toi, tu vois qui en 2013 ? Suivi de ce commentaire : Cette fois, il faut que nous soyons du bon côté, c’est-à-dire avec le vainqueur !

 

Bakary Mariko
Bakary Mariko

Peu importe, même s’ils ne proposent pas de perspectives gagnant-gagnant pour le peuple et qu’ils prônent la continuité totale du système finissant. Or, Dieu sait qu’il faut de la rupture, même si cela doit se faire dans la continuité. Tous semblent adopter la position stérile du spectateur, alors ce qui se joue ici, est loin d’être un spectacle ; il s’agit plutôt de l’avenir et du devenir de notre pays, le Mali.

Il existe actuellement presqu’un conformisme intellectuel au sein de notre société, plus particulièrement au sein de nos grands partis, au lieu d’être des aiguillons intellectuels stimulant de leur impatience généreuse et de leurs coups d’éperons, agaçant le débat politique pour pousser le gouvernement à aller à des élections transparentes et crédibles. Ils se contentent d’attendre et d’observer comme tout le monde.

Aujourd’hui, l’ampleur des défis et le rythme du changement ne semblent pas s’être accompagnés de grandes notions, ni de grands hommes pour les mettre en œuvre. Ce qui me fait penser à la lettre adressée en 1790 par Abigail Adams à Thomas Jefferson : «Voici venus les temps difficiles qu’un génie aimerait vivre. Les grandes causes appellent les grands hommes». S’il y a eu, dans l’histoire, un moment où une vision stratégique globale du leadership a vraiment manqué dans notre pays, c’est maintenant. Le besoin n’a jamais été aussi grand, car l’incapacité généralisée de nos gouvernants et de certains leaders de nos organisations à répondre aux attentes de leurs commettants, est un facteur inquiétant. Ce vide augure peut être la venue de nouveaux leaders avec l’émergence de grands hommes et femmes. On peut attendre de nouvelles visions passionnantes du pouvoir. Le pouvoir est à la fois l’élément le plus nécessaire et le plus décrié de tout progrès humain. Il est l’énergie fondamentale nécessaire pour lancer et soutenir une action ou la capacité de traduire l’intention en réalité et de soutenir l’action. Le leadership est l’usage judicieux de ce pouvoir et cela s’appelle, le leadership transformatif, c’est-à-dire le leader qui motive les autres à agir, qui transforme les exécutants en chefs et qui peut faire des chefs, de véritables agents du changement. C’est ce leadership efficace dont le Mali a besoin en cette année, pour le faire passer de son état présent à un état futur, en créant des perspectives potentielles pour le peuple, en l’inspirant la volonté de changer et d’instiller de nouvelles philosophies et stratégies, de nature à mobiliser et à focaliser l’énergie et les ressources. Pendant dix ans, le leadership a brillé par son absence : impuissance face à la crise,  impuissance face à la complexité, avec les contradictions et la polarisation de la pensée et de l’action. Le pouvoir a été miné et une sorte de désordre s’est installé. Les institutions ont été rigides, laxistes ou inconstantes. Des prétendus chefs semblaient ignorants et insensibles, bornés et irresponsables.

Pis que tout, des solutions ont été échafaudées à la hâte ou tout simplement pas échafaudées du tout. Nos leaders ont manqué d’engagement et de motivation, ils n’ont pas réussi à inculquer vision, compréhension et confiance au peuple. Aujourd’hui, nous devons faire du problème de leadership, l’élément central de l’effort de création du progrès, du mode de développement et de survie de nos organisations. Les problèmes actuels ne seront pas résolus, sans des organisations performantes et les organisations performantes, sans un leadership efficace. Notre pays a besoin d’être dirigé pour combattre sa somnolence et pour l’adapter à l’évolution des circonstances. Pour cela, il lui faut un leader qui lui confère sa vision et son aptitude à traduire cette vision en réalité. Ce leader sera celui qui parviendra à dominer la confusion actuelle, par opposition à ceux qui se contentent de réagir, qui baissent les bras, vivent dans un état de choc permanent et attendent tranquillement qu’on leur renvoie l’ascenseur. Le réveil sera brutal pour eux.

Nous avons besoin de leaders d’avant-garde, c’est-à-dire, des leaders qui ne se contentent pas de pousser plus loin ce que d’autres ont déjà fait, mais des leaders qui créent de nouvelles idées, de nouvelles politiques et de nouvelles méthodologies. Des leaders qui, selon Camus, «créent dangereusement» et ne se contentent pas de maîtriser des activités fondamentales. Leur perspective est orientée vers la vision et ne perdent pas leur temps à chercher à savoir «comment il faut faire», mais à savoir «ce qu’il faut faire». Nos leaders doivent comprendre qu’on ne peut rien accomplir de valable sans détermination. Pour diriger, il faut savoir où on va soi-même, de ce qu’on a été à ce qu’on souhaite être, malgré les ambigüités, et contre l’adversité inhérente aux idéaux et aux intérêts. Ils doivent comprendre que la confiance est le ciment qui préserve l’intégrité d’une telle entreprise, le lubrifiant qui la permet de fonctionner. La confiance implique la responsabilité, la constance et la fiabilité. Or, on ne fait pas confiance à des gens cohérents et constants, dont on connaît les positions et qui s’y tiennent. Les leaders qui bénéficient de la confiance des autres, se font connaître et précisent leur position.

En politique, la position, c’est-à-dire, ce qui est juste et nécessaire, la persévérance et la détermination, sont des éléments déterminants pour créer un leadership de nature essentiellement humaine. Ce qui n’est pas le cas au Mali. Car, à quelques mois des élections générales, c’est le silence radio du côté de nos leaders. À part quelques-uns qui sont connus par leur positionnement et leur vision, tous les autres sont dans les grandes manœuvres avec la prudence d’un chat de gouttière parcourant un champ de mines, un vrai tandem chef/exécutant, dirigeant/dirigé. Toute chose qui les discrédite et crée dans le pays un climat lourd et suspicieux.

Demain, ce blanc-seing et cette démission générale face aux questions d’intérêt national, certains vont le payer cher, car à ce que je sache, il n’y a qu’un seul fauteuil de président à Koulouba. À cause de leur mutisme, inconstance et incohérence, ces élections qui doivent être comme une fête pour une véritable alternance démocratique au Mali, risqueraient d’être un hold-up électoral, un véritable passage en force, une nomination à cause de l’état d’impréparation générale (manque de fichier électoral fiable) et des différentes manœuvres entreprises pour détourner l’attention du peuple.

 

Déjà, il faut corriger la mise en place ratée de la Commission électorale nationale indépendante (Ceni) qui est, par essence, et qui a pour vocation d’être le gendarme des joutes électorales. Sinon, elle restera une tache noire sur sa crédibilité et entachera la moralité des scrutins. Face à cette situation, le Mali aura besoin d’un leader visionnaire qui ne lui fait pas perdre son temps et qui sera capable de le rêver grand. Selon Walt Disney, «Si vous êtes capable de le rêver, vous êtes capable de le faire». Un leader capable de susciter enthousiasme et engagement chez les autres, de présenter une image convaincante d’une situation recherchée, un leader qui a une identité établie, capable d’engagement, de faire face à la complexité, et d’avoir de la crédibilité. Un vrai Homme d’État doublé d’un diplomate. «Le diplomate n’est jamais en position de faiblesse, car il a apprécié le rapport de force et qu’il a en tête, alors même qu’il négocie un plan B qui est précisément celui de la guerre.  S’il est un stratège, c’est aussi un As des tactiques. Il connaît ses dossiers, perçoit les ruses de son adversaire qui n’a pas vu les siennes ; sait ce qu’il peut concéder et ce qui n’est pas négociable. Bref, c’est un professionnel des relations humaines qui maîtrise ses émotions, autant que sa partition et sait jouer à merveille son rôle, comme un acteur de l’ombre. Sa devise : ruse et efficacité !». Il lui faudra de l’engagement pour se faire un nom après cette crise, en trouvant des solutions urgentes aux problèmes (corruption, école, santé, insécurité etc.). Mais aussi, gérer les contestations post-électorales, la réconciliation et la reconstruction. Il lui faudra faire face à la complexité de l’évolution rapide et spasmodique de la situation en général et plus particulièrement, de la question de l’insécurité dans le nord de notre pays, surtout avec la nouvelle donne sécuritaire dans la bande sahélo-saharienne. Il lui faudra décrédibiliser l’image négative du Mali et qui risque de se dégrader davantage, pendant et après la période électorale auprès de certains de nos partenaires. Il doit impérativement réhabiliter l’image du Mali sur la scène internationale à travers une diplomatie active et crédible où notre Oui sera considéré comme un Oui et notre Non comme un Non, sans que nous subissions le coup de la réputation.

Le nouveau leader doit réussir à vaincre la résistance au changement, en suscitant des visions de l’avenir qui évoquent la confiance dans de nouvelles pratiques, ainsi que la maîtrise de celles-ci.

Au Mali, la brutalité du désenchantement est à la hauteur des illusions et des attentes entretenues de manière irresponsable avec des risques majeurs de violence et d’atteintes à l’Etat de droit. La politique qui est l’art de rendre possible ce qui est nécessaire par la pédagogie et l’action, s’est perdue dans la communication et la démagogie. La perte de la capacité  de leadership est allée de pair avec la fuite devant la politique, la vraie, celle qui consiste à se colleter avec le réel pour inventer l’avenir.  Aujourd’hui, à cause du problème de leadership, nous sommes confrontés à un avenir incertain et instable, mais qui, pour autant, n’échappe pas à toute vision. La vision est la denrée des leaders, le pouvoir est leur monnaie d’échange. Nous abordons un tournant de l’histoire de notre Nation et nous ne pourrons revenir, en tant qu’individus ou en tant que pays, à ce que nous étions, il y a dix, cinq ou même un an. L’avenir, c’est maintenant, et c’est à nous de jouer. Je suis sûr que malgré la situation actuelle, le peuple malien ne restera pas les bras croisés.

Mariko BAKARY

(Depuis la France)

Commentaires via Facebook :

4 COMMENTAIRES

  1. Au secours!!! Quelqu’un peut me dire s’il a compris quelque chose de cet texte infâme et nauséabond. Le conseiller de Sanogo croit qu’il est en position de nous tirer le profil de notre futur président. Mr Mariko soyez humble et respectez un peu les maliens; vous aviez soutenu ATT au point de vous battre pour lui à la mairie de Montreuil(France) il ya peu de temps, vous ^tes le représentant d’un groupe de militaire écervelés et mythomanes; heureusement que personne ne vous écoute. hèrè kè an kan

  2. Mr MARIKO,si vous etes sincere,vous devrez continuer a conseiller Sanogo et sa clique si toutefois il se souvient de vous apres avoir eu 4 millions par mois.Sinon je ne suis pas sur que vous soyez le conseiller approprie pour le Mali ou son leader…Voyez vous ? Les Maliens ne se donnent meme pas le temps de vous lire a plus forte raison commenter. ➡ ➡ ➡ ➡ ➡ ➡ ➡ ➡ ➡ ➡ ➡ ➡ ➡ ➡

    • Je vois que nous faisons partie des rares internautes à avoir lu ce torchon!
      A vrai dire, je ne l’ai même pas lu. C’est comme à l’école, quand il y a trop de dissertations à corriger, le prof lit l’introduction puis la conclusion et il donne une note!
      J’ai fais pareil et je ne donnerai pas plus de 06/20 à ce cancrelat!!!
      Ce cancre là!!!

  3. Bakary MARIKO, enlève ta face de singe de là. Membre du CNDerrière que tu es!
    Tu crois pouvoir donner des leçons de politique aux maliens?
    Tu fais quoi en France même!?
    Tu as été pitoyable lors du débat sur France 24 avec le MNLA.
    Alors, épargne nous ton vomis et continue de torcher le derrière de ton sale Capitaine!

Comments are closed.