Monsieur Le Gouverneur,
Je viens par la présente vous exposer une situation qui dure et me semble un peu compliquée, mais ne vous engage pas. Seulement, je me fais un devoir de vous l’exposer, en tant que successeur de ceux qui l’ont initiée.
J’étais à Ségou comme Directeur de l’Espace Culturel Mieru Ba.
Il se trouve que j’avais écrit un texte que j’ai cédé au cercle de Ségou dans le cadre de la Semaine Régionale. Ledit texte -Dugutigi den- a été classé premier à l’issue de la Semaine. Quandla Région a voulu reconduire la pièce pour la Biennale, je leur ai fait remarquer que mon œuvre était déposée au Bureau Malien du Droit d’Auteur (BUMDA). Il fallait donc mon accord pour une exploitation publique. Ils n’ont pas voulu en tenir compte, et j’ai écrit au BUMDA pour me plaindre et réclamer mes droits. Le Bureau a dû appeler le Directeur de la Jeunesse pour lui demander des comptes. Un après midi, Monsieur Le Gouverneur m’a téléphoné, me proposant un entretien à propos de ma pièce. Je lui ai répondu que ce serait quand et où il voudra. Deux jours après, je suis passé au bureau pour le rencontrer et parler de la pièce. Quand on m’a introduit, avant qu’on ait fini d’échanger les amabilités, un ministre arrivait. Alors j’ai compris que je devais prendre congé de Monsieur Le Gouverneur Abou SOW.
Il ne m’a plus rappelé et je ne suis plus revenu pour aborder le sujet. Mais le Directeur Régional de la Jeunesse d’alors- Sékou Tidiani DIAW- me rassurait souvent. Avant d’aller à Kayes Monsieur le Gouverneur m’a encore appelé pour me demander de le laisser faire la Biennale. Il m’a assuré qu’il s’acquitterait de payer mes droits qui s’élevaient à Deux Cent Cinquante Mille francs, une fois de retour à Ségou. J’en ai informé encore le BUMDA avec lequel il a été convenu de laisser Ségou exploiter ma pièce en attendant la fin de la Biennale. C’est peut être à ce niveau que nous avons été trop légers, en ne demandant pas un engagement écrit des autorités de Ségou. Mais, à notre décharge, nous ne pouvions pas montrer à Monsieur Le Gouverneur que son engagement sur parole n’était pas suffisant. Le lendemain de la prestation de la troupe de Ségou le Directeur Régional m’a encore appelé pour me rappeler que le Gouverneur venait de lui réitérer son engagement envers moi.
Au retour de Kayes, toutes mes tentatives pour le rencontrer sont restées vaines. Quelques mois après, il était promu Secrétaire d’Etat.
J’ai appelé un de ses collaborateurs pour savoir la démarche à suivre. Lui m’a conseillé de voir le représentant de BUMDA à Ségou. J’ai donc repris contact avec la représentante d’alors qui m’a accompagné dans le bureau de l’intérimaire qui nous a dit n’avoir eu aucun mot dans la passation. Il a quand même promis de s’en occuper dès que possible. Nous en avons encore informé le BUMDA à Bamako.
Plusieurs jours après, j’ai pris contact avec le Directeur de Cabinet qui assurait l’intérim.
Il m’a demandé de venir avec le Directeur de la Jeunesse qui a confirmé ma version des faits.
Le Bureau des Droits d’Auteur a envoyé un représentant officiel qui m’a un jour accompagné dans le bureau du Chef de Cabinet.
Pendant l’entretien, le Conseiller Yacouba Samoura est entré et il lui a dit de s’asseoir pour écouter. Lui aussi a confirmé être au courant puisqu’il m’avait un jour annoncé et le Gouverneur l’avait chargé de me dire qu’il s’acquitterait de cela dès que les temps seraient cléments. Ce jour-là, l’intérimaire s’est « engagé sur l’honneur à gérer le problème ». Il a promis d’en parler dans sa passation et je ne lui ai plus demandé s’il l’a fait.
Ce qui est sûr, à ce jour, tous les artistes qui ont fait la Biennale de Kayes au compte de Ségou ont été rémunérés sauf moi, auteur de la pièce. Le Bureau Malien des Droits d’Auteur qui est chargé de gérer les droits des auteurs semble avoir montré ses limites.
Je m’en remets à votre sens de la justice.
Je n’ai pas de contrat écrit avec la région de Ségou, rien ne vous engage à me payer quoi que ce soit, mais je ne crois pas que justice ait été rendue à mon endroit.
Si Monsieur Le Gouverneur, vous pensez que je n’ai droit à rien, je vous prierais d’oublier cette lettre.
Espérant un écho favorable à ma démarche, je vous prie de recevoir, Monsieur Le Gouverneur l’expression de mon profond respect.
Ségou, le 05 Mai 2010
Mamadou Sangaré
Responsable de développement culturel en Région-Kidal