Connu pour son attachement indiscutable à la patrie ainsi qu’au terroir, Me Malick Ibrahim Maïga, avocat de son état, ne fait pas dans la complaisance en abordant la question de l’insécurité au Nord-Mali. Nous vous proposons, ici, la teneur de propos recueillis auprès du coordinateur de la CENI dans la Région de Kidal par des confrères des radios Adahar Koïma et Naata, à la faveur d’un récent passage dans la Cité des Askia.
Quelle est votre vision générale de la question sécuritaire au Nord-Mali ?
Vous me posez une colle d’autant que je ne suis pas un chef militaire, je ne suis pas un responsable ministériel quelconque. Ceci dit, je suis un fils de Gao, un fils du Nord, mais avant je suis un citoyen malien épris de paix et de justice. A ce titre, je puis vous donner mon opinion de ce que le pays traverse, malheureusement à un moment où il ne le faut pas. Je pense que c’est bien dommage ce que nous vivons, mais je suis de ceux qui pensent que le pays fait l’objet d’attaque non pas rebelle mais terroriste. Attaque terroriste parce que ceux-là qui ont pris les armes soi-disant pour obtenir une partition du pays – que sais-je ? – pour obtenir une République de l’Azawad – ne savent même pas où se situe l’Azawad et qui en sont les vrais propriétaires. Géographiquement, ils ne peuvent pas le situer, en tout cas l’Azawad n’est pas là où ils pensent qu’il est. Mieux, si on veut parler de revendication de propriété, l’Azawad n’est pas la propriété de ceux qui prétendent en réclamer l’érection en république. C’est pourquoi je considère que le Mali fait l’objet d’attaque terroriste.
Quelle approche de solutions préconisez-vous ?
Aujourd’hui, nous avons besoin que tous les fils du pays, tous les fils du Nord se donnent la main pour y faire face. Ces actes sont le fait de quelques groupuscules d’ethnie, de tribu composant la grande diversité ethnique de notre pays. C’est une infime minorité de la tribu qu’on appelle Ifoghas, une infime minorité de la tribu Chamanamas, une infime minorité des Idnans. Cela veut dire que la majorité de ces gens-là sont pour le Mali et sont dans le Mali. Et, ceux qui se sont mis au ban de la République méritent que la République ne leur fasse aucun cadeau. Voilà pourquoi, en tant que citoyen, j’estime que nous devons nous mettre derrière l’Etat du Mali, derrière le président de la République, le Gouvernement, derrière l’armée malienne. Tous sans exception : totalités Imghad, arabe et songhoï, majorités Ifoghas, Idnan et Chamanamas, pour que nous boutions ces terroristes hors des frontières de notre pays. Pour cela, c’est très simple, il faut un effort de guerre national, il faut que le Gouvernement prenne des dispositions offensives. Je salue en cela les grands efforts patriotiques déployés tous les jours par les forces armées et de sécurité du Mali. Je pense en l’occurrence à trois des enfants du terroir, le Colonel Major Oul Meydou, le Colonel Major Elhaj Gamou, le Colonel Didier Dakouo, le chef d’Etat-Major adjoint le Général Keïta, entre autres. Ces gens-là, ils déploient tous les jours des efforts pour échec au terrorisme.
Mais, au plan politique, j’estime que le gouvernement doit tout de suite prendre des mesures rapides, des mesures radicales pour faire en sorte que soient poursuivis et arrêtés ceux qui avaient des responsabilités publiques – députés pour certains, conseillers à la présidence pour d’autres – et qui ont pris le parti de s’allier au terrorisme. Ces gens-là, le Mali, à travers ses autorités de poursuites – notamment le Parquet Général – doit faire en sorte que soit décerné un mandat d’arrêt international contre les députés, contre les fonctionnaires qui se son alliés aux terroristes qui se trouvent ailleurs sur le territoire de pays amis du Mali. Qu’on nous les envoie chez nous et que nous les jugions ! Que ceux qui ont commis des atrocités soient jugés pour crime de guerre devant la justice internationale, les militaires qui ont déserté et que nous connaissons tous – il y en a par exemple qui avaient des grades de colonel obtenus facilement parce que le Mali est un pays de paix prêt à tous les sacrifices pour peu qu’il y ait la paix – ces gens-là qu’on les poursuive aussi et qu’on les traduise en cour martiale. En tout état de cause, que le Mali n’accepte plus jamais que ceux qui l’ont trahi au profit du terrorisme reviennent dans notre pays et intègrent l’armée ou les structures administratives de notre Etat. C’est ce que je pense personnellement de cette situation sécuritaire. Qu’on se donne la main parce que c’est une cause nationale, une cause sous-régionale parce que dès qu’on parle de terrorisme, il n’y a pas que le Mali qui soit concerné : le terrorisme menace toutes les nations civilisées dont celle du Mali, le terrorisme menace la France et je suis surpris qu’une certaine presse proche de l’Etat français donne l’impression de soutenir ces terroristes parce qu’un terroriste depuis le Sahara du Mali est capable de commettre des méfaits à Paris, aux Etats Unis, en Irak ou partout ailleurs. Voilà pourquoi toute la communauté nationale, sous-régionale – je pense à ceux qui font frontière avec le Mali et qui font cause commune avec nous – que tout le monde nous nous mettions ensemble pour écraser les terroristes.
Il est vrai que l’union fait la force, mais comment voyez-vous le cas de nos concitoyens qui ont choisi d’évacuer leur famille en restant eux-mêmes parmi nous ?
Vous savez, dans une situation de confusion, on peut être amené par réflexe et instinct de conservation à poser des actes qui peuvent prêter à interprétation. Je sais que beaucoup n’ont pas compris que des responsables de notre pays, qui ont des responsabilités importantes au niveau de l’administration, au niveau même de la République, puissent penser que leur famille ou eux-mêmes sont en insécurité dans un Etat comme le Mali, suite aux attaques terroristes. C’est juste un instinct de conservation et il nous appartient de les rassurer, de rassurer tout le monde que le Mali est un et indivisible, que le Mali est pluriel, démocratique, que le Mali est un état de tolérance où nous sommes les mêmes où nous nous connaissons.
Souvenez vous qu’entre les années 1990 et 1994, il y a des gens qui, suite aux malheureuses représailles souvent aveugles des populations – faisant écho bien sûr à la barbarie de certaines bandes armées à l’époque – il y en a disais-je qui ont perdu une bonne partie de leur famille. Il y a un adage songhaï qui dit que lorsqu’on se fait dévorer par quelque chose de blanc, quand on aperçoit une blancheur au loin, on a tendance à prendre des dispositions. Je pense c’est leur cas. Mais déjà, puisqu’ils ont compris que le Mali est un état lucide, que les Maliens font le distinguo entre les terroristes et ceux qui ne le sont pas , je pense qu’ils ne servent pas le pays en sortant massivement, en allant ailleurs sur le territoire mauritanien ou burkinabè où on parle de réfugiés. Il faut qu’ils reviennent et qu’eux et nous on se donne la main pour faire échec au terrorisme parce que nous savons que eux leurs soucis sont les nôtres, que leur soucis c’est l’indivisibilité du Mali, l’acceptation de l’autre malien en étant différent, leur souci c’est la paix au Mali. J’en appelle donc à eux pour qu’ils comprennent que c’est servir d’ailleurs les terroristes que de partir alors qu’on est pas menacé. Je pense que le souci des hautes autorités, du président la République a toujours été – il en a même été incompris – de ne pas faire d’amalgame. Effectivement les gens ne sont prêts à faire de l’amalgame et dès lors que tout le monde a compris que c’est une infime minorité qui a versé dans le terrorisme, on ne va pas confondre cette infime minorité avec cette grande majorité qui est pour la paix et l’indivisibilité du Mali. Qu’ils viennent donc et qu’ensemble nous construisions notre pays.
Qu’est ce qui fait, selon vous, que les sédentaires refusent de se retrouver dans la Région de Gao et n’arrivent pas à s’entendre sur la question, quand on sait que certains parmi nous contribuent à grossir les rangs de l’ennemi ?
Moi, je pense que je ne vais pas faire d’extrapolation pour dire que les sédentaires ne s’entendent pas. J’estime qu’il n’y a pas de problème au niveau des sédentaires et comme dans tout groupe humain il peut y avoir des bonnes graines et des mauvaises. Si vous voulez parler de nos frères qui sont poursuivis parce qu’ils font les recruteurs pour les terroristes, ce sont des gens qui ont choisi de chuter, nous n’allons pas les suivre dans leur chute, mais c’est bien dommage que l’histoire nous donne raison parce que je me rappelle qu’en 2009 j’attirais déjà l’attention de vos auditeurs sur le danger de choses sous-jacentes qui ont fait l’objet de tapages médiatiques sur lesquels je ne veux pas revenir. Aujourd’hui j’ai plutôt l’impression qu’il y a une unité sur l’essentiel : le Mali, le soutien au Président de la République et au Gouvernement, le soutien à notre armée, l’unité de tous contre le terrorisme.
Ne pensez-vous pas que réintégrer dans l’armée ceux qui braquent des armes contre leurs propres frères militaires contribue à perpétuer le phénomène ?
Dans mes propos liminaires, j’ai tenu à dire que les mesures urgentes que l’Etat doit prendre c’est la fermeté quel que soit le cas de figure, quelles que soient par ailleurs les possibilités de négociation et d’entente avec ceux de nos frères qui sont tenus par le terrorisme – et dont j’espère qu’il feront plus tard le distinguo entre le bien et le mal et qu’on peut récupérer. Je disais donc dans mon propos liminaire qu’il faut que l’Etat mette le citoyen à l’aise sur deux points : Primo tous ceux qui ont rallié le mouvement terroriste – appelé avec emphase le MNLA – et qui étaient dans les rangs de l’armée n’aient aucune possibilité de réintégrer l’armée. C’est une chose non négociable car autant l’indivisibilité du territoire du Mali n’est pas négociable, autant la partition du Mali est hors de propos, autant la mise en mal de son unité est hors de propos, autant la possibilité ne doit pas être donnée à ceux de l’armée qui ont rallié les terroristes de la réintégrer, même s’ils se ressaisissaient. Ensuite, ceux qui étaient hommes politiques et qui les ont ralliés – qui étaient hier députés et représentants du peuple, doivent être poursuivis pour hautes trahison.
En tant que coordinateur de la CENI dans la région, que direz-vous des implications
de cette situation sur le processus électoral ?
Je vais vous surprendre en disant que beaucoup de gens ne savent pas que deux des quatre cercles de Kidal étaient pratiquement laissés à eux-mêmes depuis plus d’une année. C’est-à-dire depuis plus d’une année l’administration dans le cercle d’Abeibara s’est repliée à Kidal, l’administration dans le cercle de Tin Essako de même. Pour autant cela n’a pas empêché à la révision des listes électorales de se faire correctement. C’est une situation qui peut certes perturber le travail de la CENI mais qui ne le compromet pas outre mesure. Je dois rappeler – j’ai eu à le dire dans certains fora récemment – que même des rébellions n’ont pas pu empêcher les élections de se tenir – c’est le cas du Sénégal et de la Casamance depuis quarante ans que le président de la République a lui-même rappelé – à fortiori des terrorismes. Le terrorisme n’a pu empêcher à une élection de se tenir nulle part.
Vous n’avez donc aucune inquiétude sur l’adéquation des dispositions qui seront prises ?
Je suis arrivé à Gao et je dois continuer sur Kidal où je dois avoir une séance de travail avec les démembrements de la CENI, toutes les commissions locales au niveau cercle comme au niveau communal. J’en profite pour lancer un appel à l’endroit des populations pour qu’elles reviennent chez elles. A ma connaissance Kidal n’est pas attaqué et je ne sais pas pourquoi les gens vont vider Kidal. Je pense que l’Etat va mettre les moyens qu’il faut pour que les élections se tiennent. Moi, en ce qui me concerne, jusqu’ici, je n’ai pas vu de signes qui puissent compromettre la tenue des élections. Autrement dit je suis confiant et je pense qu’avec l’engagement et les grandes dispositions sécuritaires qui ont été prises, avec le réarmement moral de nos troupes, nous allons pouvoir assurer la sécurité et tenir ne serait- ce que pour 24 heures les élections dans l’ensemble du territoire.
MERCI D’ETRE LA PREMIERE PERSONNE A METTRE DES DOUTES SUR LA SITUATION GEOGRAPHIQUE DE L’AZAWAD : C”EST UNE ZONE GEOGRAPHIQUE AU NORD EST DE TOMBOUCTOU SANS LOCALITE S IMPORTANTES ET SEPARE DE KIDAL PA
bien dit Moonsieur Maliki. Il faut aller aux urnes impérativement.
Quelle honte qu’un homme de droit puisse parler de la sorte.
Pauvre Maliba, quand des interets personnels prennent le pas sur l’interet general, c’est la derive. Un responsable de la CENI ne peut que dire autre chose que les elections se tiennent meme au prix de la scission du pays. J’ai vraiment mal
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