Ouf, la 3ème institution du pays sera bientôt installée ! Dans quelques jours, ce sera l’épilogue de ce périlleux parcours du combattant entamé par le peuple malien depuis bientôt 7 mois, pour redevenir un peuple «normal».
A l’examen des résultats provisoires, le Rassemblement pour le Mali (RPM), le parti du Président IBK, est crédité d’une soixantaine de députés. Ce qui voudrait dire qu’il faudrait au RPM un ralliement de 14 députés pour avoir la majorité absolue avec laquelle le Président Ibrahim Boubacar Keïta pourra gouverner sans anicroche. Connaissant l’esprit courtisan et la tendance alimentaire de nos politiques, il va de soi que Laji Burama n’aura pas à négocier pour parvenir à ses fins.
Les honorables de Bagadadji se bousculeront à coup sûr devant sa porte pour faire partie de la majorité présidentielle. Il faut s’attendre à ce qu’au moins une quinzaine de partis sur la vingtaine qui seront à l’hémicycle rejoignent la majorité présidentielle, soit au moins 45 députés ! Dans notre hypothèse, nous excluons de la majorité présidentielle l’Adema-Pasj, l’URD, le Sadi et le Parena qui sont respectivement crédités de 21, 17, 4 et 3 députés.
Nous savons que notre pari est risqué de considérer l’Adema-Pasj comme faisant partie de l’opposition, connaissant son passé et sachant qu’il participe à l’actuel gouvernement. Nous avons aussi conscience que certains ténors de ce parti, surtout ceux ayant participé aux gestions précédentes du pays, ne sont pas tous immaculés et exempts de tout reproche dans le domaine de la gestion de la chose publique. D’où la recherche effrénée d’accès à l’hémicycle ou celle d’une alliance vaille que vaille avec le prince du jour, pour pouvoir se protéger, ne serait-ce que provisoirement, d’une éventuelle poursuite judiciaire. Et pourtant, si ce parti veut aller dans le sens de l’histoire et vouloir participer à l’instauration d’une véritable démocratie dans notre pays, il devrait avec le nombre de députés qu’il aurait (2ème après le RPM), prendre courageusement la tête de l’opposition et l’animer en alliance avec l’Urd et le Parena, et, pourquoi pas, avec le Sadi? Il aurait ainsi l’occasion et le temps de se refonder, de se donner un leadership et d’envisager l’avenir avec plus de sérénité. Toute autre solution serait à notre avis, de courte vue, voire suicidaire. Pour une formation politique ambitieuse, la fuite en avant continuelle conduit inévitablement à l’autodestruction politique.
Le grand chamboulement, cependant des dinosaures sont toujours là.
Au regard de ces résultats provisoires, nous remarquons qu’il y a un grand renouvellement de pensionnaires au sein de l’hémicycle. Cependant, la sagesse commande d’attendre les résultats officiels afin de voir dans quelle proportion l’Assemblée Nationale (A.N) s’est renouvelée et faire une analyse plus fine des forces politiques en présence à l’A.N,. Pour cette nouvelle législature, sous réserve de la confirmation officielle des résultats, sans entrer dans les détails, nous relevons la présence sans discontinuer depuis plus de vingt ans de dinosaures de la politique tels que Assarid Ag Imbarcawane (député élu à Gao), l’inamovible 2ème vice-président, Mahamadou Gassama (« député étrangleur », élu à Yélimané), Bajan Ag Hamatou (député élu à Ménaka), Mohamed Ag Intallah (« député 100% » élu à Tin Essako), Mahamadou Cissé (député élu à Kayes), etc. Nous observons avec étonnement l’absence à l’hémicycle d’un autre mastodonte de la scène politique, il s’agit de Nock Ag Attia de Diré. Enfin, comment expliquer la défaite de la liste du groupement de partis Adema-Pasj / Cnid-fyt / Rpdm conduite par deux candidats à la magistrature suprême issus de deux formations politiques avant-gardistes de la révolution de mars 1991 ? Est-ce à dire que l’esprit de mars 1991 ne fait plus recette ou ce sont les hommes censés le représenter qui ne sont pas à la hauteur, qui n’inspirent plus confiance ? Leur échec aux législatives démontre-t-il a postériori les choix inadéquats de leurs partis de leur mise en selle pour postuler la magistrature suprême ?
Avec l’installation de la nouvelle Assemblée Nationale dans quelques semaines, nous aurons matière à juger de l’action gouvernementale. Nous serons surtout édifiés, selon le comportement de nos élus si la crise institutionnelle, politique et économique à laquelle nous sommes confrontés depuis mars 2012 a é t é le déclic qui nous incite à être plus honnêtes vis-à-vis de nous-mêmes et du peuple malien.
Hamidou ONGOÏBA
B.P E 1045 Bamako
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