Les communautés Songhoy (appelées aussi : Songhay, Songhaï, etc.), très diverses dans leurs origines, leurs cultures et leurs civilisations, sont issues d’un grand ensemble, l’Empire Songhaï qui fut le plus grand empire ouest-africain médiéval. Il s’étendait de la Gambie au Lac Tchad d’une part, du sud de l’Algérie (on y trouve un peuple Songhay dit Korandjé) au nord de la Guinée Conakry, d’autre part.
Sa grandeur résidait dans un long processus de brassage culturel (4000 ans avant J. C.).
Il fut à la fois une puissance militaire, économique et scientifique (en témoignent : les grands travaux de canaux, des lacs, le commerce de l’or, l’exploitation des salines de Taoudéni, et de Tégghazza, la construction et l’animation des universités de Gao, Tombouctou et Djenné).
Ses premières capitales furent successivement Koukia (Gungiya), Saney et Gao en 1010. Les populations des communautés Songhoy appelées souvent Koïra-Boro au Mali (Hommes de la Cité ou Citoyens), pratiquaient depuis la nuit des temps, et encore aujourd’hui, des activités économiques comme l’agriculture, l’élevage, la pêche, la chasse et le commerce.
Les groupes sociaux Songhay, Gorongobou, Sorko, Arma, Arabes, Bellah, Foulane, Bambara, Soninké, Dogon, Kounta, Chérif, Sourgou, Zerma, Kourteye, Gourmanthié, Mossi, et autres, vivaient dans une unité et une solidarité exemplaires.
Les communautés de culture Songhay, constituant la population majoritaire du septentrion malien (environ 70%) se sont toujours battues pour la construction de l’unité nationale et le respect des valeurs républicaines, sans jamais se prévaloir de quelconques traitements de faveur.
Les grandes sécheresses des années 1972-1975 avaient fortement destructuré le fondement socio-économique des communautés, en outre les différentes rébellions ont, à leur tour, singulièrement impacté leur cohésion sociale et leur vivre-ensemble multiséculaire.
Dans toutes les propositions de solutions à ces crises, les populations à la base, majoritaires n’ont pas été suffisamment associées à l’identification des causes profondes, ni à la recherche de solutions, et encore moins à leur mise en œuvre.
La situation actuelle du Mali en général, et en particulier celle du septentrion a créé, de fait, des communautarismes dans le pays où seules les communautés de culture Songhoy ne se sont pas organisées dans une telle logique. En effet, quelles que soient les difficultés, ces communautés ont toujours privilégié le dialogue intercommunautaire ainsi que les solutions globales aux solutions individuelles ou de groupes ethniques.
Face à un environnement géostratégique non maitrisé, des communautés de notre pays se sont engagées, depuis quelques décennies, dans une compétition autour d’enjeux politiques, sécuritaires, économiques et sociaux qui ne laisseront plus indifférentes les communautés de culture Songhay.
Nous, cadres des communautés de culture Songhay, tenant compte des conséquences des incertitudes géopolitiques et, face aux menaces permanentes et programmées contre l’existence même de notre terroir et de nos populations, décidons de :
-défendre notre patrimoine historique, nos intérêts moraux, socioculturels et économiques ;
-jouer notre partition dans un Mali unique, laïc, républicain et démocratique ;
-mettre en place une instance dédiée à la mise en œuvre des solutions répondant aux attentes et aspirations profondes de nos communautés.
Bamako, le 14 mai 2016-05-14
Pour les cadres des communautés de cultures Songhay
Le Groupe de contact