Non à l’instrumentalisation de la santé par les narcodjihadistes !

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La difficile crise que traverse le Mali depuis 2012 génère des effets de bord avec lesquels les Maliens, qu’ils soient du Nord ou du Sud, ne sont malheureusement que trop familiers : tant la qualité que le volume de soins dispensés au Mali a diminué significativement ces dernières années. Les dépenses de l’Etat malien, d’après les derniers chiffres de l’Organisation Mondiale de la Santé, ont chuté de 22.3 dollars par habitant en 2011 (plus haut historique depuis l’Indépendance) à moins de 17 dollars par habitant, soit une baisse de 27% des dépenses de santé (à taux de change constant), alors qu’elles figurent déjà parmi les plus faibles au monde. Or il est probable que ces chiffres se soient aggravés depuis. Les ONG maliennes et internationales qui animent avec courage de nombreux (mais pourtant ô combien insuffisants !) dispensaires et cliniques jusque dans les coins les plus reculés du pays, font face à de nombreux défis pour tenter de compenser ce reflux budgétaire : risque épidémique, risque sécuritaire, rupture de chaines logistiques, diminution des dons sur fond de crise économique mondiale de longue durée.

 

Dans ce contexte, il est particulièrement regrettable de constater la recrudescence d’un mal déjà ancien au Mali : le vol de véhicules d’organisations humanitaires telles que la Croix Rouge ou d’autres, par des groupes se revendiquant d’organisations « djihadistes », dont on déplore encore récemment quelques exemples. Le but de ces vols est clairement établi : se servir, sous couvert de ces véhicules arborant les emblèmes de leurs organisations, de véhicules logistiques ou de voitures piégées en préparation d’attentats. Cette instrumentalisation de la santé des Maliens doit cesser car elle est insupportable pour la population qui les subit.

 

Par ailleurs, les organisations terroristes commettent une grave erreur tactique en commettant ces vols. Tout d’abord, les forces de sécurité maliennes et internationales sont bien sûr au fait de ces événements et redoublent de vigilance lorsqu’un de ces véhicules approche un poste gardé. L’effet de surprise est donc nul. Ensuite, la population a connaissance de ces vols également et a tôt fait de blâmer leurs auteurs pour la diminution des soins qu’ils reçoivent. L’effet psychologique sur les villageois est donc négatif. Enfin, ces organisations ont pour règle de soigner les malades et blessés maliens, quel que soit leur camp, dans ce conflit dont le Mali souffre depuis trop longtemps. Elles privent donc leurs combattants, dont les rangs sont régulièrement décimés par les opérations conjointes franco-maliennes, de soins médicaux, ce qui contribue à les démotiver et à provoquer des désertions. Elles perdent donc sur tous les tableaux.

 

Dr. Patrick SCHWARTZ

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