Non à une constitution rapiécée, non aussi à la récupération politique, mais oui au projet de constitution alternatif de la CNRI.

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Ce référendum du 20 mars est non seulement tardif, mais aussi inutile pour plusieurs raisons. Parce qu’il nous propose une constitution déjà insatisfaisante et non convenable aux citoyens. Alors, c’est une telle constitution que l’on tente, après avoir supposé maintenant bien rapiécée (daab daax ou jaag jaagal), de filer discrètement, sans débat au peuple sénégalais. Jusque-là et  malgré les réformettes introduites par cette révision, les principaux  griefs et critiques, qui étaient reprochés à la constitution de 2001, n’ont pas pour l’essentiel disparu. Donc, cette tentative à vouloir  faire du neuf avec du vieux est vaine et vouée à l’échec.

Mais, pourquoi d’ailleurs, le président Macky s’est-il donné tant de peine, a-t-il perdu tant d’argent et trop de temps, pour rien? Pourquoi, a-t-il préféré son unique conseiller constitutionnel, au détriment de la Commission nationale de réformes des Institutions (CNRI), qu’il avait de surcroit bien suscitée et créée avec ses représentants personnels, en plus, qui sont des co-auteurs? Quelles peuvent être, objectivement, les raisons fondamentales, qui ont motivé si subitement, une telle volteface du président Sall, sans même, en fournir, par respect, la moindre explication ni au Pr Mbow et les membres de la CNRI ni au peuple sénégalais le pourquoi ? La seule hypothèse plausible à cela, c’est qu’il a dû agir par autoritarisme, ou bien alors, il a dû se dire, c’est moi le chef, je fais alors ce qui me plait, comme disait son prédécesseur.

Mais, pourquoi le président Sall tient-il tant à rapiécer cette constitution, considérée comme inadaptée à notre situation présente, donc qui n’est plus appropriée pour notre pays ? Alors qu’il avait depuis 2013, à sa disposition et portée de main, les conclusions de la CNRI relatives à la réforme complète de toutes les institutions de la République, qui plus est, sur sa demande ? C’est un travail très professionnel, rondement mené et  fait dans les règles de l’art, sous la direction incontestable du très respecté et irréprochable Pr Amadou Moctar Mbow, avec une équipe de compétences avérées, chacun dans son domaine. Et en plus, avec la manière, pour avoir mené des enquêtes de proximité à travers tout le pays. A ces conclusions importantes et pertinentes, était joint en même temps, un projet de constitution fiable, novateur, complet et cohérent, qui  prenait en compte l’ensemble des préoccupations majeures auxquelles notre pays était confronté depuis son indépendance. Par ailleurs, c’est pourtant, bien le président Macky lui-même, qui avait sollicité et financé cette étude pour, disait-il, les besoins de l’approfondissement de la démocratie et de des libertés fondamentales dans notre pays. Ce qui est surprenant, inconvenant voire irrespectueux à l’égard des éminents membres de la CNRI, c’est le revirement à 180° du président Macky Sall en faveur et pour un simple projet de révision constitutionnel, produit par un singleton de professeur de droit constitutionnel, au détriment de celui d’une constitution, fruit d’une profonde  réflexion de la CNRI, qui importe le plus et à plusieurs égards, pour les citoyens.

Comme Me Wade en 2009 lors des élections locales, Macky Sall prend avec ce référendum du 20 mars 2016 et son reniement à sa parole, de gros risques, si jamais le non l’emportait. Et dans un tel cas de figure, il devra en tirer nécessairement l’attitude à prendre. Ce référendum est effectivement, pour Macky Sall, un test de grandeur nature, qui donnera la mesure exacte, du degré de sa  popularité en ce moment, au Sénégal.

En vérité, Macky Sall s’est lourdement trompé de référendum et de constitution à proposer. Et naïvement ou probablement par excès de confiance, il a écouté à tort, bien sûr, ses conseillers peu clairvoyants. Qui plus est, ils sont plus théoriciens que pratiquants professionnels du droit. Et ainsi, ils l’ont fourvoyé dans le cas présent. En effet, ils n’ont rien compris de la situation qui prévaut aujourd’hui dans le pays et n’ont pas su tâter correctement le pouls des populations, afin de pouvoir mesurer réellement, le degré actuel de déception de celles-ci ; tout naturellement, pour des raisons diverses et variées.

Et, le président Macky Sall aura, véritablement, raté le coche, à savoir celui d’avoir eu enfin, la belle opportunité de doter son pays d’une bonne constitution fiable et pérennisable. Mais malheureusement, il l’a  laissée filer, depuis qu’il s’est laissé embrigader par ces fameux conseillers, qui n’en étaient pas des meilleurs. Ces derniers l’ont, malencontreusement, convaincu à jeter par-dessus bord, aussi bien les conclusions des Assises nationales d’une part, celles de la CNRI avec son projet de constitution cohérent, fiable et en phase avec nos principales et essentielles préoccupations, relatives aux avancées démocratiques, à la justice sociale, aux libertés fondamentales et à l’égalité entre tous les citoyens de la République d’autre part, sans aucune discrimination. Légitimement, beaucoup d’entre nous s’attendaient à voir ce projet de constitution de la CNRI soumis au référendum, dès sa réception et après, bien entendu, les observations et ajustements nécessaires de la part du président. Mais hélas, c’est avec amertume et une grande déception que nous avons appris tous, le 31 Décembre 2015, que le président Macky a décidé de faire une sommaire révision de la constitution  de 2001, en lieu et  place d’une nouvelle, notamment celle de la CNRI. Et le 16 Février, il fait sa volteface amère et historique, en revenant totalement, sur sa promesse maintes fois renouvelée à travers le monde, c’est-à-dire de réduire son mandat de 7 à 5 ans. Mais voilà, qu’il saisit promptement l’avis du Conseil constitutionnel, qu’il transformera en une décision incontournable pour lui, afin de ne plus devoir respecter sa parole d’honneur. C’est vraiment  d’hommage pour lui !

Alors,  comme il n’y a jamais d’effet sans cause, cette décision brutale du président de la République, qui a pris à contre pied bon nombre d’entre nous, entrainera surement, un nombre important de citoyens complètement déçus, par le rejet catégorique sans ménagement du projet tant chéri de la CNRI, à s’opposer fermement contre sa proposition. Car, cette manière cavalière, de procéder du président Sall, a même exclu la règle élémentaire de préséance, qui consiste au moins, à faire une consultation préliminaire des alliés, acteurs politiques et de la société civile du projet, avant sa soumission au référendum. Comme nous le constatons, ceci n’a pas été observé. Au total donc, c’est un manque de respect et de considération notoires du président Sall à l’endroit tout d’abord de la CNRI, qui a vu son projet rejeté sans explication ni ménagement, mais aussi à quelques-uns des 65% d’électeurs qui se voient exclus et, qui avaient, pourtant, voté pour une 2e alternance, en vue d’une bonne gouvernance et de ruptures avec certaines pratiques nauséabondes du régime déchu. Cette décision, au demeurant inopportune, du président Macky Sall, ne traduit aux yeux de certains, rien d’autre, qu’une gestion solitaire et partisane de ce dernier, qui devrait cependant, être en tout temps, celui de tous les Sénégalais sans exception. Mais hélas, malheureusement, ceci n’a pas été le cas. En conséquence, qu’il ne soit pas surpris de voir certains citoyens, comme moi et tant d’autres, ne trouvant plus d’intérêt dans ce qui leur est proposé, ont pris ainsi, toutes leurs responsabilités en tant que citoyens libres, la ferme et souveraine décision de voter non au référendum du 20 mars 2016, si toutefois, celui.ci arrivait à se tenir. Ceci, afin de signifier, en toute objectivité et librement, leur désapprobation du sort final regrettable, qui a été  réservé au projet de constitution de la CNRI, comme du reste,  les conclusions des Assises nationales.

Actuellement, nous sommes bien dans les moments les plus favorables pour faire des amalgames ! Comme également, dans une période, de confusions des genres,  propice à la pêche des voix égarées dans les eaux troubles. Voilà pourquoi, les Sénégalais doivent être très vigilants et ne pas être amnésiques, au point d’oublier si vite, ce qui s’était passé au cours de ces 12 pénibles dernières années avec Me Wade et son PDS. En effet, depuis leur défaite cuisante en 2012, le PDS et ses alliés, qui ne se sont pas, jusque-là, avoués vaincus, remuent effectivement toujours, ciel et terre pour revenir au pouvoir, malgré le pillage systématique, qu’ils ont sciemment orchestré en toute connaissance de cause. Depuis lors, nous notons effectivement, quelques frémissements  de leur part, soi-disant, pour œuvrer à la retrouvaille de la famille libérale, cherchant ainsi, à recoller ou reconstituer tous ces morceaux qui se sont détachés du PDS éclaté en multiple morceaux, qui s’éparpillent un peu partout dans l’arène politique nationale. Ainsi, pour eux, toutes les occasions sont, actuellement, bonnes à saisir et exploiter, sournoisement, bien sûr, au-delà même de leur famille libérale originelle, en faisant feu de tout bois et  un clin d’œil à tout le monde sans distinction idéologique, mais surtout à la société civile, qui constitue pour eux, une importante réserve et manne de voix à part, à convoiter, dans le but inavoué de ferrer tout ce monde, derrière le PDS de Me Wade, pour le compte de son fils. C’est en fait, l’objet de toute cette agitation du PDS et de ses alliés dans la dernière période, de surcroit, avec ce fameux référendum, qui en définitive, est inutile, parce que son objet incongru, n’en vaut vraiment pas la peine. En effet, cette révision constitutionnelle, renvoie à l’image d’un vieil habit déchiré de partout que l’on tente de rapiécer vainement, pour le rendre  à nouveau neuf. Voilà pourquoi, cette constitution ne pourrait, en aucune façon, être rendue crédible, et moins encore satisfaisante, pour les Sénégalais qui aspirent au progrès et s’étaient beaucoup battus pour des ruptures profondes. Il faut que le président Sall et ses partisans soient totalement convaincus une bonne fois pour toutes, qu’on ne pourra jamais faire du neuf avec du vieux. Toutefois, il ne servirait à rien, au président Macky Sall, de reporter simplement la date du référendum, s’il s’agit de ramener, à nouveau, le même projet. Ce qui importe et qu’il y a lieu véritablement, de faire, c’est de le retourner à son géniteur, et le remplacer définitivement par celui de la CNRI.

Comme le dit l’adage : « La nuit tous les chats sont gris. »  Ainsi, dans cette période de confusion totale  au Sénégal où l’on ne parvient plus à distinguer qui est qui ou à situer précisément les limites à ne pas franchir ; les champions de la récupération politique, les politiciens opportunistes et arnaqueurs de tout bord, qui ne sont mus uniquement, que par leurs intérêts égoïstes et gains politiciens, sont, maintenant, en éveil ou plutôt effervescence. Ils s’activent frénétiquement et vont à la chasse pour caporaliser à tout prix, tout mouvement déboussolé sans but précis ou louable, pour les intérêts bien compris du peuple sénégalais ; dans ce tohu-bohu indescriptible et en cette veille de référendum peu probable, à des fins opportunistes et personnelles. Voilà pourquoi, nous devons tous, demeurer très vigilants, savoir où nous mettons les pieds et avec qui aller au moment opportun et décisif et, où ? Il doit être clair aussi  pour tout le peuple sénégalais, que le combat du PDS, qui tourne, pratiquement, autour de la libération de Karim Wade et de l’abandon de la traque des biens mal acquis, n’est pas le même que celui du peuple Sénégalais, qui se préoccupe lui pour son développement.

En réalité, Macky Sall étant sorti de cette école libérale est, politiquement, marqué à telle enseigne qu’il ne peut certainement pas se détacher librement de ces pratiques sclérosantes. Pratiquement, Macky Sall ne fait, quasiment, que suivre sur les traces de Me Wade. Voilà pourquoi, jusque-là, il n’a pas encore osé rompre avec les pratiques libérales héritées du PDS, afin d’innover, de choisir et prospecter d’autres voies plus prospères et propices au développement économique et social, qui tiennent justement compte des paramètres de la justice sociale et de l’égalité de tous les citoyens devant la loi et le patrimoine national.

Alors, si je vote NON, au référendum, ce n’est point et nullement pour rejoindre le PDS dans sa croisade pour revenir uniquement aux affaires. Il l’est moins encore pour dédouaner Me Wade de ses graves fautes de gestion chaotique de notre pays à la manière des souverains et du pillage systématique avec les siens de nos principales ressources nationales. En effet, je vote NON, au référendum du 20 mars 2016, pour marquer manifestement, mon désaccord avec cette constitution rapiécée, malgré les quelques maigres améliorations apportées ça et là, par les révisions. Je vote NON, également, parce que Macky Sall s’est écarté de la voie royale qui lui était bien tracée, s’il avait, simplement, opté pour l’application des conclusions des Assises nationales, mais, il s’est fait fourvoyer et conduire machinalement sur des chemins sinueux, qui ne mènent et ne peuvent mener que vers l’impasse, et  nous emblons même, y  être, actuellement.

Mais, par contre et surtout, j’aurai voté bien OUI, si le projet alternatif de constitution de la CNRI était plutôt soumis au référendum, en lieu et place de celle de 2001 révisée ou rapiécée. Quitte à repousser le référendum à plus tard, pour permettre un large et franc débat, autour de lui et au niveau national, avant d’être soumis au vote. Je voterai OUI aussi pour le projet de la CNRI, parce que je veux une constitution fiable et  pérenne, qui n’est pas susceptible de changements intempestifs et taillée au bon vouloir de chaque président qui arrive.

 

Mandiaye Gaye

Gaye_mandiaye@hotmail.com

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