Négociation avec le MNLA : Dioncounda a-t-il parlé au hasard ou sous pression, au nom du Mali?

Presque quatre semaines après le début de l’offensive aérienne et terrestre des troupes françaises épaulées par notre armée nationale, la guerre du Sahara est en passe d’être gagnée par l’ensemble des troupes alliées.

De réunions en réunions, de sommets en sommets, le Président par intérim, Dioncounda Traoré, et le ministre des Affaires étrangères, font le déplacement et y participent pour expliquer la situation dans laquelle se trouve le Mali.
Le dernier sommet, celui d’Addis Abeba du mois de janvier, a vu la consécration par la Communauté internationale du statut de Président légitime de Dioncounda Traoré. C’est justement au cours de ce sommet que le très malicieux Christophe Bouabouvier a entrainé Dioncounda sur le terrain d’une assurance qui frise l’excès de confiance.
Concernant la question de savoir avec qui négocier la paix dans la perspective de l’après guerre, Dioncounda a prévenu que: «Le seul groupe avec lequel nous pouvons envisager des négociations c’est certainement le Mnla, à condition qu’il renonce à toutes ses prétentions territoriales». Il a ajouté que «Ançar-dine s’est disqualifié, que ce mouvement n’était plus éligible au dialogue quelque soit par ailleurs le masque que certains d’entre eux ont décidé de porter désormais». L’allusion est faite au dissident Mouvement islamique de l’Azawad.
Avec qui Dioncounda a-t-il pris langue pour tenter de réhabiliter le Mnla ? Certainement pas avec François Hollande qui a dit ceci par rapport aux négociations. «Il ne m’appartient pas de dire avec quelles forces les Maliens doivent discuter». Ensuite il a enfoncé le clou en disant que  «ceux qui ont les armes doivent les déposer et ceux qui utilisent les armes contre le Mali seront combattus et vaincus».
Au moment où Dioncounda parlait de négociation avec le Mnla, les députés disaient non à une quelconque négociation avec le Mnla et les Maliens, dans leurs réactions, sont majoritairement opposés à une négociation avec le Mnla, selon le journal Info-Matin. C’est ce que pense aussi le Coren représentant légal des populations du nord. Mieux, ce dernier souhaite des pourparlers avec l’ensemble des communautés qui habitent le nord, sans privilégier l’ethnie Touareg qui n’est pas majoritaire dans lesdites régions.
En désignant les seuls Touaregs comme interlocuteurs de l’Etat, Dioncounda se met dans la même ligne que Alpha Oumar Konaré et Amadou Toumani Touré qui ont fait allégeance aux Touaregs de Kidal. En 2006, ATT est même arrivé à faire sortir sur le petit écran des soldats qui enlevaient leurs armes pour les jeter à terre en proclamant «moi aussi, je veux la paix». Quoi de  plus ridicule que ce geste de la part d’un militaire?
Dioncounda, en tant que 1ère institution du pays, ne doit plus parler au hasard sans consulter la Représentation Nationale et les autres Institutions.
Il doit savoir que le Mnla est l’ennemi n°1 du Mali entier pour des raisons que tout le monde sait, à savoir la rébellion armée contre sa propre patrie en intelligence macabre avec les groupes armés radicaux qui ont violenté les populations civiles innocentes des mois durant.
Je ne s’aurai mieux apprécier la situation plus que le Président du Niger qui pense que choisir le Mnla comme interlocuteur est une erreur d’appréciation de la part de la France, et j’ajouterai que même de Dioncounda. Le Mnla était absent du territoire et est constitué en grande partie de Libyens. Il continue à revendiquer Kidal et Ménaka armes en main.
Dioncounda a décidé du dialogue de son propre chef, depuis son investiture le 12 avril 2012 et dans son discours à la nation le 22 septembre 2012, il a dit que son premier, deuxième et troisième choix, c’est le dialogue.
C’est comme cela qu’il était arrivé en 2007, lors d’une conférence de presse de l’Adema-Pasj, à dire que si l’Adema ne soutenait pas ATT qu’elle allait avoir sur son dos la Justice, la Sécurité d’Etat et le Contrôle d’Etat. Une autre bourde de taille qui a mis mal à l’aise, en son temps, les abeilles. C’est le même Dioncounda qui a dit à Christophe Bouabouvier, concernant le Ganda koy et le Ganda iso, que ces deux mouvements sont gentils, mais que c’est du folklore ce qu’ils font, donc insignifiants dans cette guerre. Il devrait préciser que ces deux forces d’auto-défense sont les plus importantes depuis la rébellion de 1990 et même après. Elles ont été le fer de lance pour pallier la carence et la complicité de l’Etat dans le septentrion malien. Ces mouvements revendiquent plus de 2 000 éléments opérationnels, en attente d’être intégrés dans le dispositif de l’armée pour aller à l’assaut des assaillants.
Ce mépris de la part de Dioncounda à l’égard de Ganda koy et Ganda iso, veut-il dire que les autres communautés du nord seront exclues des futures négociations ou  du futur recrutement dans l’armée malienne? Entre les deux, il n’y a qu’un pas à franchir et que Dioncounda n’hésitera pas à faire, si nous ne prenons pas garde. Les mêmes causes produisent les mêmes effets.
Qu’est ce que le Malien lamda va penser à la suite de cette bourde de Dioncounda ?
Sauf qu’il est dans la même logique que les dirigeants touaregs de nos institutions que sont Assarid ag Imbarcawane, 2ème vice président de l’Assemblée nationale et Oumarou ag Ibrahim le président du Haut conseil des collectivités (Hcc) qui pensent encore qu’il faut négocier avec le Mlna. Veulent-ils se remettre en scelle auprès du Mnla où se positionner pour les négociations futures?
Selon le Président du Niger  «un voleur qui change d’habit reste toujours un voleur». C’est exactement le cas du Mnla et du Mia. Moi j’ai voulu entendre ces responsables parler de dialogue politique avec l’ensemble des communautés du nord, plutôt qu’avec les seuls Touaregs du Mnla. Est-ce parce qu’ils sont Touaregs ou c’est la France qui est soupçonnée de vouloir mettre Kidal sous la tutelle du Mnla à travers eux?
Si c’est le cas, les populations maliennes et la représentation nationale diront non à la France. Déjà sur la question, les Maliens de France ont interpellé les dirigeants maliens et français. Ces touaregs du Mnla n’ont aucun droit à la parole ou à l’action, les Maliens leur refuseront cela. Cette minorité est non représentative car basée uniquement sur une revendication, au départ raciale et ensuite territoriale (le territoire revendiqué étant celui de leur transhumance historique et non des peuples de la zone). Ces groupes ne représentent même pas une majorité de la population tamashek car une grande partie d’entre elle espère rester les enfants du Mali qui prend fort soin de son peuple.
De la même manière qu’on dit non à une quelconque négociation avec le Mnla, nous disons non au piège mortel que Ban Ki Moon veut imposer au Mali, c’est-à-dire une force de maintien de la paix à Kidal sur le territoire du Mali entre le Mali et les mouvements: Mujao, Aqmi, Ancar-dine, Mnla et Mia.
Tous ces mouvements sont les mêmes. Ils sont tous apparentés, parlent la même langue, ont la même peau. Ils se différencient tout simplement par leurs habits. Ils évoluent en système de vases communicants, selon Mohamed Bazoum, Ministre nigérien des Affaires étrangères.
Dioncounda doit consulter largement avant de prendre une décision engageant le pays. Le peuple n’acceptera plus les diktats des Touaregs indépendantistes, en nous considérant tous comme leurs Bellas, qui quelque part ont besoin de profiter de cette occasion pour s’affranchir des pratiques esclavagistes et racistes.
Comme le disait le doyen Saouti Haïdara dans sa «ligne de force», le Mali est sommé de dialoguer avec les Touaregs par l’Ua, la Cedeao, la France, l’Union européenne et l’Onu. Si nous sommes contraints, pouvons-nous refuser ? Non ! Nous devons nous apprêter à aller au dialogue, mais avec l’ensemble des populations du Nord. Cela doit être notre ligne de défense à ne pas lâcher.
Aussi il s’agit de voir comment remettre le pays sur la trajectoire de son destin
La voie parait dure, mais faut-il rappeler les faits singuliers, que c’est dans le feu que le fer se trempe et devient acier; que c’est dans la douleur que l’âme trouve la révélation de sa force. C’est dans la bravoure que les peuples surmontent leurs drames. Transformons notre échec en victoire.
On peut imaginer d’une part l’action des phénomènes concourant au rétablissement de l’unité du Mali, on peut aussi imaginer, d’autre part, les enjeux géopolitiques soulevés par ce problème du nord.
Pour ce récit, nous sommes invités à la réflexion sur le futur du nord Mali abritant des bassins pétroliers (pétrolifères) gazeux, d’uranium, d’or, pétrole, ce dernier avec des indices favorables selon des spécialistes. C’est –à-dire que la compétition occidentale a de beaux jours devant elle.
Honorable Lanceni Balla KEITA
Député à l’Assemblée nationale du Mali.
Député au Parlement Panafricain à Johannesburg/Afrique du Sud

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