Mouvement Vert-Jaune-Rouge : Lettre ouverte à son Excellence, Monsieur Ibrahim Boubacar Keïta, Président de la République du Mali

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Monsieur le Président,

Le Mouvement Vert-Jaune-Rouge, dans cette lettre, voudrait s’incliner sur les dépouilles mortelles de nos valeureux soldats de la paix tombés à Gao le 19 janvier 2017.

Tout en condamnant avec la dernière énergie cet attentat terroriste d’une lâcheté inimaginable et tous les actes de violence à travers le pays, nous n’allons jamais nous fatiguer de vous demander de tout mettre urgemment en œuvre pour une réhabilitation rapide de nos forces de défense et de sécurité nationale.

C’est le lieu de saluer tous les efforts déjà entrepris, sous votre direction, pour que les forces de défense et de sécurité soient à hauteur de souhait. Et, vous l’avez à juste titre rappelé dans votre adresse à la Nation, à l’occasion du 56ème anniversaire de l’Armée malienne en des termes très clairs. Et, nous citons : « Depuis mon entrée en fonction, j’ai placé le réarmement moral, la reconstruction des capacités opérationnelles et l’amélioration des conditions de vie des FAMAS au cœur de mon action. Par l’adoption de la Loi d’Orientation et de Programmation Militaire nous avons démontré que nous ne lésinerons sur aucun moyen pour mettre nos soldats dans les conditions leur permettant d’assumer avec honneur leurs missions au service de la nation. Aujourd’hui, les FAMAS sont pleinement mobilisées pour la défense de l’intégrité du territoire, de la souveraineté de l’Etat et de l’unité nationale. Il me plait de souligner que l’acquisition récente de moyens aériens apportera un renforcement significatif de leurs capacités opérationnelles ».

Monsieur le Président,

Eu égard aux menaces sécuritaires permanentes sur le pays, nous estimons que ces actions entreprises doivent être rapidement renforcées par une mobilisation de tous les maliens, des champs aux bureaux en passant par nos marchés.

Vous avez admis dans votre déclaration à la Nation le 19 janvier 2017 que  les moyens de l’Etat du Mali sont limités. Et, nous pensons que tous les maliens ont conscience de cela. Et, à juste titre, ils seront individuellement et collectivement prêts à se mobiliser pour assister l’Etat dans un effort exceptionnel de guerre.

Des initiatives urgentes doivent être prises par l’Etat pour la mobilisation de la contribution volontaire des maliens pour aider  à équiper nos forces de défense et de sécurité.

Monsieur le Président,

Il est instruit à tous les maliens par notre hymne national que « Si l’ennemi découvre son front. Au-dedans ou au-dehors. Debout sur les remparts. Nous sommes résolus de mourir… ».

Conformément à cette instruction, dans une lettre à la date du 13 août 2016, nous avons proposé une série de mesures qui pourraient aider le Mali, en termes de ressources financières, à doter notre pays d’une force de défense et de sécurité à hauteur de souhait et des défis qui s’imposent à nous.

Monsieur le Président,

Nous voulons, ici et maintenant, réitérer ces propositions qui vont au-delà de l’effort déjà inscrit au budget national.

Notre pays ne doit pas et ne doit plus, s’asseoir et attendre, comme la pluie qui tombe du ciel, les ressources nécessaires pour faire face aux nouveaux défis qui s’imposent.

C’est le lieu de saluer la coopération internationale, qui a de tout temps joué sa partition, mais au regard de la conjoncture internationale, les maliens doivent s’habituer à ne compte que sur leurs efforts personnels.

Monsieur le Président,

En plus de la mobilisation des maliens de l’intérieur et de l’extérieur pour contribuer à l’effort de guerre à travers des comptes bancaires dont les numéros doivent être rapidement publiés, rien n’interdit aujourd’hui aux autorités maliennes d’ instituer de nouvelles taxes sur la propriété foncière ou de mobiliser les nombreuses taxes qui ne sont jamais payées. Cela pourrait constituer une source de revenus considérables pour l’effort de guerre.

Nous sommes menacés par les terroristes et nous devons nous donner les moyens pour assurer notre défense. Et, cela devra commencer par un changement de comportement des uns et des autres. En effet, depuis l’avènement de la crise, rares sont les maliens qui ont changé leur mode de vie. Même l’Etat malien n’a pas révisé son train de vie pour se donner  plus de moyens à consacrer à la défense de la patrie.

Les véhicules administratifs sont utilisés en dehors des jours de service. Les bons d’essence sont distribués comme des cacahouètes dans certains départements et structures d’Etat. L’eau et l’électricité sont gaspillées, au rythme qu’on a l’impression que les usagers n’ont pas conscience qu’elles proviennent de ressources tarissables. Et que leur utilisation abusive grève les dépenses publiques.

Notre pays est en passe de devenir champion du monde en corruption de tous genres.

Monsieur le Président,

Une Nation dont l’existence est menacée par des crises multiformes, ne devait pas souffrir d’autant de corruption. Et, des actions de grandes envergures doivent être menées pour sanctionner tous les acteurs qui confondent leurs poches avec le trésor public. Dans le cas d’espèce, les sanctions ne suffiraient pas. L’Etat devra se donner les moyens de récupérer tous les derniers publics qui ont pris des chemins tortueux, afin de les mettre au service de la puissance publique.

C’est à ce seul prix que l’on pourra remobiliser les maliens pour la patrie. Et, nous n’avons pas le temps. La menace terroriste, nous pousse à vite agir pour un réarmement moral des citoyens maliens.

Monsieur le Président,

Si des dispositions claires sont prises pour mettre un terme à la mauvaise gestion des ressources publiques, vous conviendrez avec nous que le Mali n’est pas un Etat pauvre. Il y a tellement de ressources dans ce pays qui pourraient être mobilisées pour la cause nationale.

Ailleurs, dans le monde, les grosses fortunes contribuent à hauteur de leur richesse au développement de leur pays. Mais, au Mali ces gros portefeuilles ne sont pas bien taxés, ou souvent préfèrent payer des dessous de tables aux fonctionnaires d’Etat pour ne pas payer ce qui devait l’être normalement.

Nous n’allons pas, nous fatiguer de vous demander de voir du côté des propriétaires des grosses demeures qui longent les deux rives du fleuve Djoliba, de Kabala dans le mandé à Moribabougou.

Nous sommes aussi préoccupés par le cas de ces milliers de maliens qui se donnent le luxe d’avoir des titres fonciers sur des milliers d’hectares. En son temps, nous avons estimé qu’avec la levée de la suspension sur l’acquisition des terres, si une taxe annuelle était appliquée sur ces terres, à défaut de renflouer la caisse de l’Etat pour l’effort de guerre, elle aura le mérite de mettre un coup de frein à la course aveuglée et éhontée de s’approprier les terres communautaires.

Monsieur le Président,

Nous avons aussi clairement indiqué que notre souhait est de voir l’Etat malien faire payer de façon convenable une taxe conséquente à tous les acquéreurs de terrains. Et, nous rappelons notre conviction selon laquelle, si des dispositions sont prises pour la bonne gestion des ressources qui seront mobilisées par la perception de ces différentes taxes, l’Etat du Mali, n’aura aucun problème à se doter d’une armée digne de nom qui pourra lui assurer un sommeil tranquille.

Monsieur le Président,

Nous le répétons à nouveau : « Dans la prise en charge de la menace Djihadiste et des velléités sécessionnistes sur son territoire, le Mali ne doit pas tendre la sébile ».

Nous avons suffisamment de ressources non mobilisées ou mal mobilisées pour rendre à notre armée toute sa dignité.

En donnant à l’armée malienne les moyens en hommes et en armes, il n’y a aucun doute, la dignité et l’honneur du Malien seront restaurés.

Bamako, le 27 janvier 2017

Yagaré Baba Diakité

Président du Mouvement Vert-Jaune-Rouge

 

 

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