Le mouvement populaire du 22 mars 2012 (MP22) et la crise malienne : Le colonialisme parasitaire français

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Depuis le début de l’année 2012, le Mali est confronté à une crise grave sans précédent qui menace les fondements de son intégrité territoriale et de sa souveraineté. Cette crise a des causes internes et externes.

 

Comme facteurs internes, il y a lieu de noter l’affaiblissement généralisé et progressif depuis le coup d’état réactionnaire du 19 novembre 1968 de la conscience nationale et du patriotisme au sein au sein de nos forces armées et de sécurité. Les forces armées et de sécurité ont été particulièrement marginalisées au cours des 20 premières années de l’ère démocratique : absence totale d’équipement et dévaluation progressive de la formation des hommes de troupes et leur ravalement au niveau de sous hommes.

Comme facteurs externes, on notera essentiellement la politique coloniale française qui a mené un véritable travail de sape et de déstabilisation de notre pays afin de créer les conditions d’une intervention armée.

 

Dans le cadre de ce meeting, il s’agit pour nous d’insister sur ces facteurs internes pour éclairer la conscience nationale.

 

I. Le colonialisme parasitaire français

La France est une puissance impérialiste décadente qui n’a pas encore tiré tous les enseignements de sa propre histoire contemporaine faite d’échecs et de défaites militaires cuisantes. Elle veut coûte que coûte maintenir son statut de moyenne puissance en instrumentalisant l’UE et en maintenant une domination sur les peuples noirs pour lesquels elle a un mépris de type raciste.

 

C’est elle qui a initié la déstabilisation de la Libye tout en programment celle de la bande sahélo-saharienne en Afrique Noire. Pour à bout du guide libyen, elle n’a pas hésité à promettre un Etat indépendant au nord mali aux combattants de la légion islamique d’origine malienne.

 

Dans ce travail de sape et de déstabilisation, elle a été aidée par nombre de pays de l’UE et les USA qui comme toujours sont passés maîtres dans l’art des doubles standards dans les relations internationales.

 

L’Occident qui a l’habitude d’accuser la Chine de piller les ressources du Continent noir, oublie d’ajouter que la Chine agit dans le cadre d’accords commerciaux d’égal à égal avec les gouvernements du Continent. Mieux, la Chine ne déstabilise les gouvernements africains pour leur imposer telle ou telle ligne politique.

Peut-on en dire autant de l’Occident ? Voyons quelques exemples historiques.

Qui a attaqué l’Egypte en 1956 pour avoir nationalisé le canal de Suez ? Ce n’est pas la Chine, mais la France et la Grande Bretagne.

 

Qui a fomenté le coup d’état du 19 novembre 1968 contre l’USRDA et le premier Président du Mali Modibo KEITA ? Ce n’est pas la Chine mais la France.

 

Qui a renversé le premier président du Niger Hamani DIORI parce qu’il voulait renégocier le prix de l’uranium de son pays ? Ce n’est pas la Chine mais la France qui soit dit en passant a empoché la bagatelle de 20 milliards d’euros (soit 13.120 milliards de Francs CFA, monnaie coloniale qui nous est encore subtilement imposée) pendant que le propriétaire légitime, le peuple nigérien n’empochait que 300 millions d’euros environ (soit 196,8 milliards de francs CFA) pendant la même période. En un mot le Niger a gagné la dixième partie de ce que la France a gagné ou la France a gagné dix fois ce que le Niger a gagné sur un produit qui appartient au Niger.

 

Qui a essayé de détruire le grand Nigéria en armant les séparatistes du Biafra car elle ne voulait pas d’une grande puissance en Afrique ? C’est toujours la France et jamais la Chine.

Qui a attaqué le palais présidentiel en Côte d’Ivoire pour renverser le Président élu Laurent GBAGBO sous couvert de démocratie et mandat onusien ? C’est toujours la France et jamais la Chine.

 

Chacun comprendra que la Chine et les BRICS auxquels elle appartient est l’avenir de l’Afrique et du monde, un monde où il fait bon vivre pour toutes les nations sans que les plus faibles n’aient à craindre constamment le courroux et la foudre des plus forts.

 

II. L’Occident et les doubles standards

Depuis que le Mali a été attaqué en 2012 par les narcotrafiquants djihadistes du MNLA, d’Ançar dine, d’AQMI et du MUJAO parrainés par la France, aucune puissance occidentale n’a donné un kopeck aux forces armées maliennes pour leur équipement.

 

Au contraire elles ont joué sur le pourrissement de la situation pour atteindre les objectifs fixés par les stratèges français. La France coloniale a même poussé le cynisme et l’arrogance jusqu’à faire bloquer les armes achetées par le Mali au port de Conakry avec la complicité des éléments fantoches de la CEDEAO.

Car il fallait que la situation se dégrade suffisamment pour ouvrir une large avenue à l’intervention française, intervention qui a servi à réoccuper le Mali sous couvert de combat tantôt contre le djihadisme tantôt contre le terrorisme.

Mais nous avons vu comment la France et ses alliés de l’OTAN se comportent vis-à-vis de l’Ukraine, de l’Irak ou du Liban. En Ukraine où des rebelles revendiquent légitimement leur identité russophone, l’Occident impose au gouvernement issu du coup d’état de Maïdan de réprimer la révolte à l’aide de chars, de mortiers, de canon en tout genre, d’hélicoptères et autres avions de guerre, l’argent et le matériel de guerre coulent à flot, l’effort de guerre étant ainsi financé par le FMI, les USA, l’UE et le Canada.

Le Liban et l’Irak qui sont attaqués par le mouvement djihadiste de l’EIIL (Etat Islamique en Irak et au Levant) sont promptement fournis en matériel de guerre adéquat alors que le même EIIL était sciemment financé par le gouvernement français pour combattre le gouvernement légitime syrien.

 

III. Barkhane et le mépris du Peuple Noir

L’opération Barkhane est l’aboutissement des efforts des stratèges français pour un nouveau pacte colonial.

 

Dans cette troisième partie qui traite de Barkhane, nous sommes censés parler du nouveau traité de défense franco malien. Or dans ce fameux traité, nulle part il n’est fait allusion à Barkhane. Vous comprendrez donc la supercherie de ce traité qui parle de tout et de rien, de tout sauf l’essentiel. Mais il est à noter que ce traité légalise le scandaleux accord que M. Dioncouda TRAORE a signé avec M. François HOLLANDE. Cet accord qui a permis à Mr François HOLLANDE de fixer la date des élections au Mali et de dire avec l’arrogance des conquérants qu’il était intraitable sur cette date par lui fixée. Le Mali est-il toujours un pays souverain ? Assurément non !

 

Comment un traité entre deux pays souverains peut-il entériner un accord illégal conclu entre un président intérimaire fantoche et une puissance occupante ? Surtout que l’on sait que cet accord entre la France et M. Dioncounda TRAORE permet aux troupes françaises d’aller partout où bon leur semble sur le territoire nationale sans obligation d’en informer la partie malienne ni avant ni après.

 

Puisque eux qui ont rédigé le fameux traité semble admettre que la lettre de Mr Dioncouda TRAORE découle du traité franco-malien de 1985 qui a été abrogé par l’actuel traité, la logique voudrait que tout accord découlant de celui de 1985 soit également abrogé. La désinvolture avec laquelle le traité de 1985 a été traité donne par ailleurs une idée de la légèreté et de la désinvolture avec laquelle ce dernier traité sera géré.

 

En effet, le traité de 1985 interdit formellement aux troupes françaises de combattre auprès de l’armée malienne. Cette disposition a été allègrement violée en janvier 2013. Pourquoi alors les colonialistes respecteraient-ils le présent traité à la lettre ? Quelle est d’ailleurs la lettre de ce traité ? De la fumée, rien de plus, de la fumée pour prendre dans un étau notre pays et son peuple.

 

Mais venons-en au fonds du traité. Sa première assertion est un faux car en proclamant que ; «Considérant les liens d’amitié anciens et profonds unissant le Mali et la France», les rédacteurs mentent, en effet les liens qui unissent le Mali et la France depuis le milieu du 19ème siècle sont des liens coloniaux et néocoloniaux. Rien de plus. Rien de moins. Sauf l’intermède d’indépendance de 1960 à 1968 et les vaines tentatives du Président Modibo KEITA de construire des relations amicales avec la France.

Mais il fallait que le rédacteur mente de prime abord pour donner l’illusion aux Maliens que nous avons signé un traité de défense d’égal à égal avec la France impérialiste.

Dès l’alinéa 3 de l’article 2, le caractère inégal et impérialiste est mis à nu car on y fait mention de la possibilité d’inviter l’UE et ses états membres à s’associer aux activités menées sur le couvert du traité. Aucune mention n’est faite ni de l’UA, ni de l’ONU et de leurs états membres.

 

Le deuxième alinéa du 4ème article qui parle d’échanges de vues et d’informations est un moyen peu coûteux pour la France de collecter des informations par les voies les plus officielles sur notre pays tandis que le 3ème alinéa du même article qui parle de l’organisation, de l’équipement et de l’entrainement des forces, pouvant se conclure par la cession gratuite ou onéreuse de matériels et équipement militaires est un moyen de nous encombrer de matériels obsolètes français à coup de milliards de nos francs coloniaux. Enfin les deux derniers alinéas du même article donnent la latitude à la France de pondre n’importe quel accord particulier face à un gouvernement apatride comme ceux de Mr Dioncounda TRAORE ou Ibrahim Boubacar KEITA.

 

L’article 6 prévoit l’installation d’un comité de suivi «pour donner une cohérence au traité». Cet article 6 en lui-même constitue un traité en soi, c’est un comité qui sera au service de la France pour mettre le Mali en coupe réglée.

 

L’article 17 parle d’échanges d’informations classifiées c’est-à-dire d’informations sensibles qui sera défini par un accord bilatéral, comme si le traité était un traité multilatéral.

Il faut rappeler que tous ces renvois à des accords ou arrangements ultérieurs échappent totalement au contrôle du législateur et du peuple malien. Ils ont pour objectifs de cacher la teneur réelle de ce traité criminel.

 

L’article 23 prévoit l’installation de système de communication des forces armées françaises c’est-à-dire des moyens d’écoute des communications des maliens.

Enfin, le plus grave dans tout cela, si l’on puisse dire, est que dans les dispositions finales, comme nous l’avons noté précédemment, le traité au lieu d’abroger purement et simplement les dispositions antérieures, les combine traîtreusement avec «d’autres accords conclus entre les Parties, en particulier l’accord sous forme d’échanges de lettres signées les 7 et 8 mars 2013».

Cette analyse du traité colonial que l’on veut imposer à notre peuple aujourd’hui n’est pas exhaustive. C’est un traité que nous ne pouvons accepter, que la nation ne peut accepter. Nous devons tout faire pour que l’Assemblée Nationale du Mali ne ratifie pas un traité aussi scélérat. Si d’aventure il venait à être ratifié quand même, nous devons tout mettre en œuvre pour son abrogation la plus rapide possible. Pour arriver à ces fins, nous ne devons à priori exclure aucun moyen de lutte ou de combat car il s’agit de la dignité, de l’indépendance et de l’intégrité territoriale de notre cher pays.

 

IV. Appel au monde Noir

Est-il besoin de rappeler que Barkhane dont on ne parle pas couvre cinq (5) pays (Mauritanie, Mali, Burkina Faso, Niger et Tchad) ?

 

Les forces d’occupations Barkhane sont présentes dans quatre (4) des cinq pays (Mali, Burkina Faso, Niger et Tchad), c’est-à-dire les 4 pays dirigés par des nègres et qui utilisent depuis toujours la monnaie coloniale dite Franc CFA. Il est urgent aujourd’hui de fédérer les Etats de nos différents peuples pour chasser les troupes coloniales françaises hors d’Afrique. Nous voyons comment le peuple arabe utilise l’idéologie de l’islam pour faire face à la domination impérialiste occidentale et réaliser son unité.

 

Le monde noir, de l’Amérique du Nord en passant par l’Amérique Latine et les Caraïbes, l’Afrique, le sous continent indien et l’Océanie doivenft se lever comme un seul Homme pour plus de dignité et de liberté. Nous n’avons pas besoin de troupes d’occupation pour nous protéger soit disant des terroristes alors que dans des lieux comme Fergusson et l’Australie, nous sommes soumis à des brutalités raciales indignes du genre humain. Pourquoi l’Occident n’aide- t- elle pas les pays d’Afrique noire prétendument menacés en leur livrant des armes (s’il est vraiment altruiste) comme il le fait avec le Liban ou l’Irak?

Même l’Ukraine industrielle disposant d’une quantité importante d’armes soviétiques est aidée matériellement et financièrement pour combattre les rebelles russophones. Le nègre est-il trop immature pour qu’on puisse lui faire confiance pour sa propre sécurité ?

C’est à nous de prouver que nous n’avons pas besoin de tuteur. Il faut faire en sorte que la terre d’Afrique se dérobe sous le pied de l’occupant. Il faut lui infliger une lourde défaite pour lui faire passer à jamais le goût de l’occupation et de la domination.

 

Il nous faut réaliser de manière urgente la fédération de nos forces comme le fit nos pères en 1946 à Bamako pour la création du RDA qui ont su mener le combat pour l’indépendance de l’Afrique Noire francophone.

Nous de la Mauritanie, du Mali, du Burkina Faso, du Niger et du Tchad, nous constituons la ligne de front. Avec le Sénégal, la Côte d’Ivoire, la Centrafrique, les Comores et Djibouti, nous devons réaliser de manière immédiate le front uni contre l’impérialisme français dans le juste et légitime combat pour la dignité de l’Homme noir.

 

Martin Luther King, Franz Fanon, Kwamé Nkrumah, Sékou TOURE, Modibo KEITA, Patrice E. LUMUMBA, Nelson MANDELA, Agostino NETO, Samora MACHEL, Robert MUGABE, PEMULWUY, Pearl GIBBS, John Jerry RAWLING, Thomas SANKRA, Cassius CLAY alias Mohamed Ali, etc., sont des exemples pour nous !

 

Bamako, le 19 septembre 2014

Pérignama SYLLA, Secrétaire Général du MP22

 

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