Dites-moi, dites-moi, mes amis, comme dirait Coluche, comment devient-on célèbre ? N’allez surtout pas me dire qu’il faut beaucoup de talents, d’efforts et de sacrifices comme pour les Messi et autres Ronaldo ou Drogba, Weah, Seydoublen, Étoo, ou les Salif Keïta, Youssouf Ndour, Toumani et Sidiki Diabaté et autres. Cette accession à la célébrité ne m’intéresse pas, car je n’ai aucun des atouts de ces vaillantes personnalités. Je parle d’une célébrité fulgurante qui doit une large part au hasard et où on n’a même pas besoin de se mouiller la chemise.
Je me rappelle d’un ami pince sans rires qui se voyait déjà célèbre rien qu’en créant son parti. Je peux vous dire que pour toute forme de célébrité, cet ami, comme moi et beaucoup d’imprudents, nous avons plutôt laissé des plumes et que nos maigres portefeuilles en ont largement souffert.
Je vois aujourd’hui fleurir un autre marche pieds vers la gloire ou une raclée amère, être ni plus ni moins que candidat à la plus haute distinction de l’Etat malien, Président de la République et locataire de Koulouba. Il paraît que certains, à l’instar de Sarkozy en rêvent au point de se croire déjà Président avant même les élections, renforcés en cela par les assurances de charlatans de fortune et les ossements des quelques malheureuses bêtes ou volailles ou même des victimes humaines. Beaucoup oublient qu’on ne devient pas du jour au lendemain présidentiable et qu’il faut une longue préparation. J’en ai connu hélas qui, de la célébrité et d’une situation prospère sont devenus pauvres comme vous et moi et ne se sont jamais remis de cette folle aventure. Pour la célébrité, c’est pour certain un feu follet, le temps de se faire gruger par quelques aigrefins et courtisans professionnels, et fini les lampions de la gloire et bonjour la solitude, l’amertume et le regret de celui qui se dit si j’avais su… Loin de moi l’intention de jouer les Cassandre ou les oiseaux de mauvaise augure, mais j’ai approche et même été un des fidèles lieutenants d’une malheureuse victime de ce qui a été une fâcheuse aventure, ruinant les efforts d’une brillante carrière pour ne pas appeler à la prudence tous ceux qui devraient compter sur leur seule ressource et se laisseraient griser par une vaine et éphémère gloriole dont la durée de vie est dépendante de la consistance de leur budget électoral. Partisan du changement j’applaudirais évidemment notre futur Macron, s’il y en a, mais je me garderais néanmoins de vendre la peau de Boua ou celle de ses poursuivants immédiats dont certains semblent avoir de réelles cartes à jouer. A d’autres je conseille la prudence jusqu’à l’arrêt couperet de notre inénarrable Cour Constitutionnelle qui risque d’avoir une interprétation impitoyable des critères de la loi électorale. Parlant de gloire, fut elle éphémère, je tire mon chapeau à ceux qui, pendant quelques mois, avant la désillusion que je leur souhaite pas de voir leur rêve présidentiel brisé, auront au moins éprouvé cette sensation enivrante qu’un politicien à la petite semaine comme moi et bien d’autres de ma catégories ne connaîtront jamais, même en rêve, se prendre même pour quelques secondes comme des Présidentes de la République. Bon vent à tous nos candidats, même aux futurs ex candidats que la Cour Constitutionnelle ne se privera pas de laisser sur le tapis.
Me Abdoulaye Garba Tapo