Afin de consolider la paix, les accords d’Alger ont prévu la mise en place d’un « Mécanisme Opérationnel de Coordination ». Au-delà du symbole constitué par l’organisation de patrouilles communes entre les FAMa et les groupes armés signataires, ce dispositif va permettre la sécurisation de populations jusqu’ici prises en otage par la prolifération de postes de contrôle. C’est à Gao que le MOC doit être lancé … Pour al Mourabitoune, le MOC sifflera la fin de la récréation, si on peut oser cette métaphore enfantine pour des assassins, kidnappeurs, mercenaires d’Aqmi et transporteurs de drogue. Dans la cité des Askias, des personnalités ont fricoté avec al-Mourabitoune, ex-Mujao. Parmi eux, « l’honorable » Mohamed Ould Mataly, dont chacun sait qu’il « s’arrange » avec les terroristes. Mais les temps changent, et les doubles jeux ne sont plus à la mode. Alors, monsieur Ould Mataly, il faut maintenant choisir entre la sécurité de Gao et l’argent facile de vos trafics !
Ces dernières semaines, le ciel de Gao s’est assombri de nouveau. Depuis la fin avril, les menaces verbales et les tracts circulent en ville, visant spécifiquement les membres de la CMA et de la Plateforme qui participent au MOC. Début juin, un papier signé d’al-Mourabitoune annonçait que tout collaborateur du MOC serait exécuté. Ce ne sont pas des paroles en l’air, deux officiers ont déjà été assassinés au mois de mai. Les attaques coordonnées sur la Minusma et sur les démineurs qu’elle emploie complètent ce tableau alarmant.
La population attend la mise en place des patrouilles mixtes avec impatience. Elle sait qu’il s’agit du meilleur moyen de revenir au calme et d’avancer vers le développement. Tout est prêt, les listes des combattants sont bouclées, les travaux sur le site de regroupement sont pratiquement finis, la matériel est commandé, les livraisons sont en cours. Plus rien ne s’oppose à ce que soit franchi ce pas décisif. Alors pourquoi certains cherchent-ils à gagner du temps et à défendre l’indéfendable ?
En fait, nous connaissons bien la réponse. Mohamed Ould Mataly, rallié au Mujao quand ceux-ci contrôlaient la ville, continue d’avoir des liens très étroits avec al-Mourabitoune. Pas besoin d’aller chercher des preuves, il l’a reconnu lui-même quand, en fin d’année dernière, des membres d’al-Mourabitoune ont été tués dans des affrontements avec Barkhane. Certains terroristes ont été faits prisonniers et le député Ould Mataly est venu réclamer leur libération, car c’était ses combattants. Il est resté proche du narco-djihadiste Yoro Ould Daha et du puissant chef communautaire et trafiquant Hanoun Ould Ali.
Le MOC ne pourra pas se faire avec des narco-notables à la tête de Gao. On ne peut construire la paix et pactiser avec les djihadistes. Gao a besoin de sécurité et du MOC. C’est le moment pour chacun de balayer devant sa porte, car il ne peut plus y avoir d’agent double au sein du processus de paix. Que monsieur le député Mohamed Ould Mataly se le tienne pour dit.
Idrissa Khalou