MNLA : « Vous avez voulu éviter la guerre au prix du déshonneur. Vous aurez le déshonneur et vous aurez la guerre » (Winston Churchill).

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A force de complaisance, ‘’les démocrates maliens’’ ont fini par capituler devant le rouleau compresseur de la guérilla séparatiste touarègue. Capitulation qui a conduit à des accords successifs notamment l’Accord de Tamanrasset(1991), le pacte national (1992) et l’Accord d’Alger(2006). L’idéologie d’une suprématie raciale des touaregs a germé. Avec une fierté à peine masquée, le MNLA a revendiqué le massacre d’Aguel-Hoc en février 2012, au vu et au su de la cour pénale internationale(CPI), et, grand paradoxe, dans le même temps crie ‘’au génocide dans l’Azawad’’ dès qu’on touche à un touareg. Il ne fait aucun doute que cette rébellion a des relents racistes. La conclusion à laquelle on parvient, à la lecture de cet article, est que la rébellion label MNLA, il faut le dire, pose une question de vacuité politique, de faiblesse de l’Etat malien.

 « Vous avez voulu éviter la guerre au prix du déshonneur. Vous aurez le déshonneur et vous aurez la guerre » (Winston Churchill).

De la complaisance des « démocrates maliens » …

« Comment éviter la guerre ? » telle a été la ligne de conduite des dirigeants civils et militaires maliens sur la Question du Nord, depuis 1968. Tout dirigeant politique doté d’une intelligence moyenne dirait qu’il faut préparer la guerre pour vivre en paix !  Mais la réponse des dirigeants maliens a été : « courage fuyons » ! Ce comportement a été bien perçu par les groupuscules irrédentistes pour ce qu’il est : de la lâcheté personnelle et de l’incompétence politique. Alors ils ont fait monter les enchères à coup de violences et de campagne médiatique internationale. Les dirigeants n’ont pu, ou n’ont voulu, répondre de manière appropriée ni à l’un, ni à l’autre. Résultat : l’État a été chassé du Nord par ces groupes en liaison dangereuse avec Aqmi-Mujao.

Circonstance aggravante pour les autorités, elles ont rejeté les mises en garde émises par de bonnes volontés maliennes, comme s’il n’y avait point de salut en dehors de leur politique antipatriotique. Ainsi en 1991, le Collectif pour la paix et le développement au Mali – Copadem France, regroupement de plusieurs associations maliennes – avait alerté les dirigeants maliens sur la dangerosité des revendications suivantes de la rébellion :

–         la gestion des régions du Nord par les seuls autochtones

–         une police locale dépendant des seules autorités régionales

–         le bannissement de l’armée dans les régions revendiquées

–         l’instauration d’une justice islamique

Une vingtaine d’exemplaires de ce Mémorandum avait été distribuée aux officiels à Segou, dans la Salle Tientigiba Danté lors de la Conférence technique préparatoire (du Pacte national). Ces remarques avaient valu des censures partielles sur les discours et les interventions des représentants du Copadem à la rencontre de Segou (novembre 1991) puis à celle de Mopti (décembre 1991).

à la capitulation

La complaisance a conduit à la capitulation de l’État malien : capitulation confirmée accord après accord, depuis 1991.

Première capitulation : l’acceptation de l’idée d’un « Pays Touareg » comprenant les zones de Kidal, Tombouctou et Gao ; que le « Peuple Touareg » a des « spécificités » le plaçant au-dessus de toutes les autres composantes de la nation malienne. Et qu’en conséquence son « Pays » doit bénéficier d’un « Statut particulier » (Accord de Tamanrasset en 1991).

Deuxième capitulation : le Pacte national (1992) a été utilisé pour former environ 3000 « jeunes rebelles », les éléments de la future armée du « Pays Touareg », les « fameux intégrés » (ou « infiltrés ») et les futurs cadres administratifs, des milliers de jeunes « intégrés dans les différents services de la fonction publique ». Et toutes ces « intégrations » ont été faites aux conditions dictées par les dirigeants de la rébellion !

Troisième capitulation : par l’Accord d’Alger de 2006 on a accepté que les « Maliens », en particulier les Noirs du Sud  quittent le « Pays Touareg » : d’où la « délocalisation des casernes militaires » et la formation « d’unités spéciales de sécurité » avec des Touaregs, essentiellement.

Et pendant que l’on recrutait des milliers de jeunes touaregs dans tous les services de la fonction publique, que proposait-on aux dizaines de milliers d’autres jeunes maliens ? Rien ! Combien d’entre eux sont ainsi morts sur les chemins de l’émigration vers l’Europe ?

Le Copadem écrivait en 1991 : « Le pays touareg qui nous est aujourd’hui décrit et que certains dissidents revendiquent, recouvre essentiellement des régions qui, historiquement ont été longtemps sous domination Mandé, Songhoï ou Haoussa. Hier comme aujourd’hui, les Songhoï et les Peuls sont largement majoritaires dans ces régions ». Et de mémoire d’historien il n’y a jamais eu de royaume de l’Azawad, nulle part en Afrique de l’Ouest. L’Azawad qui est connue est une cuvette entre Araouane et Tombouctou !

 L’idéologie de la suprématie raciale des rebelles

 Tous les Touaregs ne soutiennent pas la rébellion, encore moins l’application de la « charria ». En outre, les Touaregs dans leur ensemble sont une minorité parmi les populations des régions Nord du Mali : environ 7% à 10%. Et moins de 5% de la population totale malienne estimée à plus de 15 millions d’habitants.

Comment une poignée de leaders auto-proclamés peut-elle prétendre diriger des populations dont elle n’est pas issue ? Réclamer un territoire appartenant à 90% aux Peulhs, aux Sonraïs et aux Bellas ?

Réponse : au nom de l’idéologie de la supériorité raciale que certains responsables de la rébellion touarègue revendiquent plus ou moins publiquement.

Les premières déclarations sur la supériorité raciale touarègue remontent aux années 1990 : un leader de la rébellion avait déclaré : « Nous (les Touaregs) sommes les seuls représentants de la race blanche  encore dominés par les Noirs » (Jeune Afrique, cité in AfricaMaat, 03-05-2012). Cela n’avait indigné personne en France, ou en Europe de façon générale ! Fort de cette sympathie, le MNLA a ainsi revendiqué avec fierté le massacre d’Agel-Hoc en février 2012 : plus de cent prisonniers militaires et civils ligotés et exécutés, égorgés et éventrés !

La Cour pénale internationale, CPI, n’a rien vu, rien entendu et rien dit! « La rébellion touarègue a remporté récemment d’importants succès militaires au Nord du fleuve Niger », avait même commenté un ministre français ! Le MNLA crie aussi au « génocide dans l’Azawad », dès que l’on touche à un Touareg, fut-il combattant d’Aqmi-mujao et la communauté européenne répond en écho.

Des conseillers ou médiateurs étrangers, appartenant à ce lobby touareg, avaient demandé aux autorités maliennes en 1991 d’accepter « l’idéologie des Touaregs pour qui la dévolution du pouvoir doit tenir compte de la couleur de la peau » ? Cette idéologie raciste est partagée par tous leaders de la rébellion, d’hier et d’aujourd’hui. Ainsi, à lire leurs témoignages et déclarations, on a l’impression que tout ce qu’il y a de grands et de nobles au Mali est d’origine touarègue ou arabe : la richesse culturelle des Touaregs, la lutte des Touaregs contre la colonisation et pour l’indépendance, les villes célèbres créées (Essouk, Arouane, Tombouctou). Quid de Babemba, Tiéba, Samory, etc ?

En vérité chaque communauté peut être fière de la participation de ses aïeux à l’édification du Mali : comme nous le rapporte l’historien Djibril Tamsir Niane, Tombouctou, connue dans le monde entier, a été fondée par les Touaregs, développée par les Songhoïs mais le fabuleux monument (la mosquée de Djingarey Ber) et les mosquées de Gao et Djenné ont été construits par les rois du Mandé. Tombouctou doit son rayonnement à la sécurité que lui assuraient ces rois Noirs. Sans quoi elle serait restée un vulgaire campement de nomade.

Comme tous les fascistes, partisans de l’idée de la supériorité raciale, les leaders de la rébellion veulent réécrire l’histoire de cette partie du Mali qui serait le berceau des « Azawadiens » ! Et ce mépris pour le reste du monde malien a été illustré par le porte-parole du MNLA dans un débat sur TV5-Monde en décembre 2012. Une scène cruelle, pathétique et dérisoire où le M. Ag Assarid était face à l’élue de la nation, Mme Haïdara : tous deux originaires du même village que le rebelle à annexé (parce qu’il a des armes) et veut administrer du seul fait de son origine touarègue ! Et tout le drame de cette rébellion est là : elle a un fondement idéologique raciste !

Autre illustration de cette idéologie raciste dont ce monsieur a fait montre : les Touaregs sont marginalisés au Mali, culturellement et économiquement, il faut donc que « le Mali lui prouve qu’il est malien » ! Qu’il sache qu’au Panthéon malien il est écrit « Aux Grands Hommes, la Patrie reconnaissante ». Et que selon la sagesse populaire « les cimetières sont remplis de personnes indispensables ».

Rappelons aussi que les Touaregs sont la minorité la mieux traitée au monde. Selon l’ancien président ATT, 8 mars 2012, des troubles éclateraient au Sud si on rendait public les fonds engloutis dans le Nord ! Sans résultats ! Quelques faits bien connus : les Arabo-touaregs environ 20% de la population du Nord, mais 11 députés sur 18 députés au total ; donc 7 députés pour 80% de la population locale. Depuis 1963, il n’y a jamais eu de gouvernement sans un ou deux ministres touaregs. Et grâce au Pacte national (1992), plus de dix mille jeunes arabo-touaregs avaient été intégrés soit dans l’armée, soit dans la fonction publique. Coût : plus de cent dix milliards de francs Cfa.

Enfin, en matière de gouvernance, les dirigeants maliens, Bambara, Peulh, Sonraï, Dogon, Arabe, Soninké, Touareg, etc, tous sont aussi vertueux les uns que les autres pour s’offrir des villas cossues, des voitures luxueuses et des comptes bancaires bien garnis. Au dépens du pauvre citoyen malien qu’il soit touareg, arabe, peul, bambara,etc ! Bref, l’Etat malien est géré par des individus cupides et immoraux qui n’ont aucune pensée, aucune considération pour les populations rurales de Kayes à Kidal.

Droits de l’Homme … et Question Bella

 Le MNLA déclare adhérer à la Déclaration universelle des Droits de l’homme, et à la Déclaration africaine des droits de l’homme et des peuples, sur son site Internet. Tant mieux ! Mais pourquoi pas un mot sur le sort des Bellas, les « Tamasheqs noirs » ! D’après des enquêtes menées par plusieurs universitaires maliens, à la demande de Temedt (Association des ”Tamasheqs Noirs”) et d’une ONG britannique, l’esclavage survit plus ou moins à Mopti, Gao, Tombouctou et Kayes en…2012. On les appelle « Bella » chez les Touaregs, « Rimaybé » chez les Peulhs et « Bagna » chez les Songhaï. Mais ce sont les Bellas qui subissent l’esclavage sous sa forme la plus violente. Ce silence sur le sort et la condition des Bellas est une autre preuve de l’archaïsme et du décalage du MNLA par rapport à tous les principes modernes de gouvernance. Idéologie archaïque et féodale qui explique pourquoi le MNLA a pactisé avec des partisans d’une forme archaïque de l’islam qui autorise l’amputation de main, de pieds et autres crimes culturels ! Déshonneur et capitulation : depuis vingt ans, au nom de la realpolitik, nos « grands démocrates », qu’ils soient du Nord ou du Sud, ont eux aussi fermé les yeux sur cette triste et honteuse réalité. (Pour les détails et les témoignages poignants d’esclaves, voir le livre Esclavage au Mali, ouvrage collectif d’universitaires, l’Harmattan-Mali en 2012).

Après le déshonneur … la guerre

Le MNLA et Ansar-Dine ont invité Aqmi-Mujao et autres Jihadistes-fascistes au Mali. N’était-ce pas le but de la stratégie basée sur le démantèlement des camps militaires ? Créer une « zone franche au Nord » pour le trafic de drogue et les enlèvements d’occidentaux ! Ce déshonneur, les dirigeants de ce pays, depuis 1968, en partagent la responsabilité.

Le MNLA et Ansar-Dine ont livré Gao, Tombouctou et Kidal aux terroristes d’Aqmi-Mujao. Et comme toute colonisation ou domination repose sur l’exercice de la violence extrême sur les colonisés, ces nouveaux colonisateurs n’hésitent pas à couper des mains, à amputer des pieds, à violer les femmes, à détruire les repères culturels des colonisés dominés. Bref, s’imposer par la terreur au quotidien !

Nous sommes là aujourd’hui parce que nos « grands démocrates » ont organisé la déconfiture de l’armée malienne. Pour se mettre à l’abri de coups-d’Etat  pendant qu’ils pillaient le pays ! Malheureusement, de la fin de l’Égypte des pharaons à celle de nos Grands Empires et Royaumes, l’histoire nous enseigne qu’aucun peuple ne peut vivre libre sans une armée forte. C’est la force de frappe de l’armée qui garantit à la nation et au peuple la paix et la sécurité. Comme on dit au Mandé, « si vous tuez votre chien parce qu’il est méchant, celui du voisin vous mordra ». C’est dans la paix et la sécurité que l’on construit un pays !

Il est légitime qu’un peuple occupé utilise tous les moyens possibles pour se libérer ! Chaque Malienne ou chaque Malien doit considérer la libération de Gao, Tombouctou et Kidal comme une  guerre de libération nationale : il s’agit de récupérer  les terres de nos ancêtres. Elles sont à nous, ces terres : tous les moyens doivent être employés contre la nébuleuse MNLA-Ansar Dine-Aqmi-Mujao ! La guerre de libération nationale exige que le Mali compte d’abord sur ses propres forces ! Si d’autres la font pour nous, ils nous réclameront le prix du sang versé pour notre liberté. S’ils ne le font pas, leurs enfants le réclameront à nos enfants. L’armée seule ne peut pas mener ce combat. Chaque citoyen doit participer à la guerre de libération nationale dans les quartiers, les rues, les champs : les populations martyrisées doivent guider les balles, les obus et les missiles des militaires, débusquer les terroristes et leurs complices. Ce sont elles qui savent qui a fait quoi, qui est qui, et qui se cache où ! Chaque occupant est une cible.

Cela fait plus de vingt ans que la rébellion est animée par des personnages qui ne respectent ni leur signature, ni leurs engagements ! Ils ont ouvert la porte  au terrorisme international, des criminels qui ont martyrisé les maliens, et demandent toujours plus à la République ! Autant de considérations qui les disqualifient pour toute négociation. Et pour citer une parlementaire du Nord : « MNLA-Ansar-Dine et Aqmi- Mujao, c’est bonnet blanc, blanc bonnet ».

Enfin, veillons à ce que nos « grands démocrates » n’aillent pas, comme par le passé, signer un nouvel accord de capitulation, comme l’autonomie de Kidal, à Tamanrasset, Alger ou Ouagadougou.

Mânes de nos Ancêtres, Grands Fétiches rescapés, Allah, Bouddha et Jésus, protégez ce pays, le Mali !

Y. Togora, COPADEM

 

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7 COMMENTAIRES

  1. je m’incline devant cette écriture sortie de ne sais où ,mr togola ton article est d’une triste réalité,chapeau.nous sommes nos propres ennemis,la cupidité a fait du malien un être servile,incompétent ,immoral et plus dangereux apatride .tout ce qui est important chez lui ce qu’il vole au peuple et le met dans sa besace . les enfants gâtés de la république ont tout eu mais ils en demandent encore et encore.les différents gouvernements qui se sont succédé ont dilapidé les fonds qui devaient aller à notre armée .l’adage dit qui veut la paix prépare la guerre et nous dans tout ça on continuait à désosser nos chars comme si il était écrit quelque part qu’il n’y aura plus e guerre.la langue et les dents qui sont si proches arrivent à se fâcher ,donc tout grand pays a une grande armée pour couper court à toute velléité d’attaque ennemie.tant qu’on ne trouvera pas une solution à la corruption on n’avancera pas.

  2. Le Mali est un et indivisible. Ils finiront par comprendre car le temps est maître de ceux, qui pensent qu’ils n’ont pas de maître. « On ne doit pas être gouverné par des noirs » disent ils mais eux, doivent diriger les noirs parce qu’ils sont nés du soleil. Ils se trompent vraiment et ont tout intérêt à se calmer.

  3. Bravo pour cet article qui en dit gros. En effet, le MNLA n’est qu’une manifestation du racisme. “On ne doit pas être gouverné par des noirs”. Voilà outre la quintessence de la lutte du mouvement. Depuis l’indépendance jusqu’à ce jour, la particularité de Kidal est effective avec l’admission du pouvoir local de la famille INTALLA dans l’Adrar, la famille descendante de Cheick El Kebir (Kounta) dans le Gourùma et dans le Tilemsi. Je veux citer les famille de feus Boundama à RHAROUSS ET Badi à Agahmor (ALMOUSTARAT). Tous les honneurs sont rendus à ces familles et même des passavants économiques leurs étaient accordés. Les pauvres bellah sont des sujets parce que leur crime c’est d’être nés noirs. Que les grands ethnologues d’Europe puissent ignorer ce drame, me rend perplexe. Encore bravo mr TOGOLA pour ce article. Le MNLA sera ce qu’est aujourd’hui l’autorité palestinienne. Inshallah. Gouvernement en exil et champion des réceptions diplomatiques. Que les arabes s’agitent, peu importe.

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