Kidal concentre à nouveau les attentions : durant ces derniers jours, la capitale de l’Adrar a connu quelques tentatives d’agitation, censées signifier à la République qu’elle n’était pas la bienvenue. Mais la population n’a pas répondu aux appels à manifester et à protester. Kidal est préoccupée par la récente recrudescence des explosions de mines qui pourrait créer une psychose parmi ses habitants : les autorités en vigueur sont aujourd’hui interpellées sur cette question et sont mises face aux intentions qu’elles ont annoncées. Mais en ont-elles la réelle volonté ?
Kidal qui brûle le drapeau Malien ? La portée symbolique du geste est forte, mais ce dernier ne fut l’œuvre que d’une poignée d’agités. Kidal qui proteste contre la présence de quelques députés ? Oui, mais la manifestation a rassemblé… moins de 100 personnes. Les Kidalois ont aujourd’hui une préoccupation : quelques-uns posent, durant la nuit, et parfois en plein jour, des mines sur les axes de circulation empruntés par les populations, faisant peser sur tous une menace dont les habitants de la ville ne veulent plus.
Aussi les Kidalois se tournent vers les autorités auto-proclamées de la ville: quatre (4) IED en moins d’une semaine, peut-on parler d’une réussite de l’opération sécuritaire annoncée en début d’année 2019 par ceux qui dirigent la ville ? A vrai dire, si cette opération a eu l’impact souhaité en matière de banditisme, Kidal connait toujours son lot d’actes de terrorisme : mines, enlèvements. C’est à croire que les autorités se concentrent sur la petite délinquance. Mais en aucun cas elles ne doivent fermer les yeux sur ces actes puisque leur objectif annoncé est de « restaurer la paix, la sécurité et la quiétude ». Les Kidalois veulent des actes et des résultats.
Qui sont ces mystérieux poseurs d’IED qui profitent encore, semble-t-il, d’une certaine liberté d’évolution ? Cela n’est plus un secret, l’ombre de Sidan Ag Hitta plane derrière les actes terroristes perpétrés à Kidal, tandis que les artificiers de la mort ne sont pas nombreux et leurs noms circulent.
C’est peut-être ce qui explique que Barkhane semble, actuellement, renforcer ses contrôles à Kidal et dans les alentours. La capacité d’agir de ces poseurs d’explosifs s’en verra ainsi considérablement réduite. Si tous les comportements suspects font l’objet d’un contrôle, alors la population de Kidal ne tardera pas à avoir la confirmation de l’identité de ceux qui les mettent en danger et salissent l’image de leur ville.
Que Barkhane et la MINUSMA accentuent les contrôles, c’est incontestablement une bonne chose. Mais encore faut-il que les autorités suivent : il n’y a pas d’autorité sans combiner volonté d’agir et capacité à produire des résultats. En annonçant un renfort des contrôles des véhicules armés, de la circulation des armes, la CMA disait vouloir soigner l’image de la ville. Mais ça n’est qu’en montrant une réelle intention et en confirmant celle-ci par des actions débouchant sur des résultats que ceux qui dirigent actuellement la ville soigneront l’image de cette dernière… et aussi leur propre image.
Ibrahim Keïta
Page FB : Association des Victimes du Terrorisme au Mali @HalteTerrorismeMali
Twitter : @ikeitakeita