Deux jours après avoir pris la décision courageuse et risquée d’engager les forces de l’armée française contre la coalition terroriste-jihadiste, le Président Hollande voulait « informer les maliens de France de cette décision et connaître leur réaction et celle des maliens de l’intérieur, surtout ceux vivant dans les régions nord du Mali ». C’était lors de l’invitation d’une délégation des maliens de France (15 personnes) par le Président français, à l’Elysée, ce dimanche 13 janvier 2013 à 9h. Durant 2 heures d’horloge, le Président Hollande et ses hôtes ont passé en revue les différents aspects de cette intervention militaire française qui de par son intensité et sa rapidité aura sauvé l’existence de notre pays, avons-nous affirmé. En effet, après une journée de combats violents, la coalition terroriste-jihadiste a mis en déroute, une fois de plus les forces loyalistes qui se replièrent à Sévaré.
La chute de Konna a créé une grande frayeur chez les maliens et leurs amis car, cette ville se situe non loin de Sévaré et Mopti considérés par les stratèges militaires comme le verrou dont la prise, non seulement compliquerait toute intervention militaire pour la mission internationale de soutien au Mali (MISMA), mais aussi et surtout mettrait le reste du Mali à la portée de l’ennemi. C’est en raison de risques manifestes pour l’existence du pays tout entier, et estimant que le Mali se trouve désormais en état de légitime défense que le Président Dioncounda Traoré a demandé l’aide militaire directe à son homologue de la France, qui l’a accordée de suite. Il est tout à fait admis désormais que l’intensité et l’efficacité de l’intervention des forces spéciales françaises ont très rapidement arrêtées l’avancée des terroristes-jihadistes et de permettre à l’armée malienne de récupérer Konna, après la fuite des assaillants.
Cette nouvelle et le désormais engagement de la coalition internationale dans notre pays a créé un soulagement et un regain d’espoir pour tous les maliens et leurs amis. Le Président français a insisté sur la légalité internationale, qui justifie la présence des forces militaires françaises. En effet, la légitime défense, stipulée dans le chapitre 7 de la charte des Nations Unies, constitue selon le Président Hollande le fondement juridique de cet engagement « hors agenda » de la France dans le processus de libération des régions nord du Mali. Aussi, les différentes réunions de la CEDEAO et de l’ONU, qui ont permis de mieux cadrer légalement l’intervention des forces internationales à travers un mandat du conseil de sécurité, constituent pour le Président français une preuve de la volonté de son pays de ne jamais se substituer aux africains dans la résolution de leurs problèmes.
En réponse à l’inquiétude des maliens de France de voir les forces françaises se retirer après le retrait des assaillants de Konna et leur fuite dans le désert, le Président a rassuré tout de suite, en disant qu’il n’est pas question pour lui de laisser les choses pendantes et que l’accompagnement des forces de la MISMA se fera jusqu’à la restauration de l’intégrité territoriale du Mali. Le président Hollande n’a pas omis de souligner la forte sensibilité de cet engagement militaire. En effet, d’une part, il avait sans cesse répété que son pays se limiterait, en cas d’intervention militaire, à un apport logistique et de renseignements ; et d’autre part il y a la gestion du problème des otages français détenus dans le Sahara malien par les terroristes-jihadistes.
La mort du soldat BOITEUX n’arrange pas non plus la situation du dirigeant français. Car l’opinion publique française est à fleur de peau chaque fois que des citoyens de ce pays sont en danger ou meurent pour des causes souvent jugées loin de leur préoccupation immédiate. Malgré ces considérations a priori opposables à toute intervention sur le terrain, le Président Hollande a pris la décision d’engager la France et son armée dans la guerre contre des terroristes qui menacent l’Europe et d’autres pays souverains de l’Afrique. Il l’a fait « uniquement par devoir, sans aucune autre considération financière ou commerciale » selon ses propres termes. Une telle clairvoyance dans le choix, au moment où la désespérance de notre peuple était totale ne pouvait laisser indifférent la délégation des maliens de France qui, a remercié le Président français pour son courage et sa détermination à rester fidèle à ses valeurs de solidarité et d’assistance à notre pays.
Le président français a aussi été édifié sur les réactions favorables et le soutien unanime de la communauté malienne de France et du peuple malien partout à travers le monde. Les populations des régions nord du Mali ont fait transmettre leur espoir de voir arriver très rapidement les forces de la MISMA, auxquelles elles ne manqueront pas de se joindre pour parachever la tâche de libération de leurs villes et villages. En bons maliens, la délégation a remis au Président français 5 noix de colas symbole de respect et de reconnaissance du peuple malien à son endroit, pour ce geste qui mérite déjà toute leur gratitude, avant le grand jour de la restauration complète du territoire malien.
Mahamadou Cissé, membre de la délégation des maliens de France