Mes raisons de voter pour Soumaïla Cissé.

0

M. Magassa : Je suis El Hadj Hamidou Magassa (pèlerinage 1993), alias Ganganasse (nom de fêtard) et Artigas (nom de guerre). Linguiste et anthropologue de formation, j’exerce comme consultant socio économiste au bureau d’études « Le SERNES », créé avec Soumaïla Cissé en 1992, suite à mon départ volontaire de la fonction publique où je fus recruté comme chercheur à l’Institut des Sciences Humaines en 1974. J’enseigne actuellement à l’Université de Bamako et à la nouvelle ENA (Primature). Au niveau associatif, je suis membre de plusieurs organisations nationales et internationales à caractère académique. Conseiller successif des deux Présidents du Haut Conseil Islamique du Mali, El Hadj Thierno Hady Thiam , mon grand frère de Ségou et El Hadj Mahmoud Dicko, mon imam de Badaladbougou, je ne suis membre d’aucune confrérie, secte ou association musulmane dépendant d’une des quatre écoles juridiques unanimement reconnues en Islam (hanbalite, malékite, chaféite ou hanafite). Les très sanglantes actuelles querelles d’école musulmane (sunnite, chiite, salafite ou autre) qui bouleversent le monde ne me concernent pas, Dieu merci !

 

 

Soumaila Cissé lors de son accueil à Mopti
Soumaila Cissé lors de son accueil à Mopti

Que pensez-vous de la « jungle politique » du Mali ?

Beaucoup de mauvaises choses qui m’ont fait éloigner de ce dangereux miroir aux alouettes même si j’ai loyalement servi mon collègue et ami Alpha Oumar Konaré comme porte-plume depuis la revue « Jamana » en 1983 et toutes les semaines dans le journal « Les Echos » dès sa création pour éclairer la gestation du Mouvement Démocratique qui nous a conduit à l’insurrection populaire du 26 mars 1991. Je dis bien insurrection populaire et non révolution.

 

La Constitution du Mali et beaucoup d’auteurs disent pourtant qu’il s’agit d’une révolution le 26 mars 1991.

 

Faux et archifaux car les maliens et leurs intoxicateurs intéressés n’ont pas peur des mots, griots et mendiants obligent ! On ne serait pas dans ce profond gouffre creusé par nous-mêmes depuis 1991 et qui nous a valu à Konna ce 11 janvier  l’Opération Serval à saluer, par la grâce de Dieu et de la France. Pour moi, une révolution signifie une profonde rupture créatrice de nouvelles valeurs institutionnelles dans le sens de la mutation sociale attendue d’un tel évènement politique et économique majeur. Il y a eu révolution en France en 1789 et en Iran, avec l’Ayatollah Khomeiny. Au Mali, on a tout juste réussi à se débarrasser d’un moribond monopartisme trentenaire pour malheureusement démultiplier les mêmes perversions avec cent cinquante partis du ventre.

 

 

Vous semblez amer, Monsieur Magassa, et fâché avec vos amis du Mouvement Démocratique. On vous dirait aigri.

C’est ne pas me connaître car le Président Konaré m’a déclaré « homme libre » quand j’ai fermement refusé d’être son Ministre de l’Education en avril 1993, sur invitation de Soumaïla Cissé, son Secrétaire Général à l’époque. Quelle responsabilité et mission impossible aurais-je porté devant Dieu et le Mali au regard de la présente tragédie de l’école malienne, dédiée à l’apprentissage de la corruption républicaine ? Depuis l’âge de neuf ans, je n’ai jamais sacrifié ma liberté de pensée et d’agir, mon honneur et mon bonheur d’homme à aucune illusion de pouvoir ou d’argent malgré toutes les opportunités qui m’ont été offertes en France, aux Etats Unis et en Arabie Saoudite. Mes parents, mes voisins et mes amis pourront en témoigner et je remercie le Tout Puissant de m’avoir donné soixante cinq ans de résolution dans ce sens car la revanche des illusions de pouvoir ou d’argent est toujours terrible

 

A quand remontent vos liens avec Soumaïla Cissé ?

Au Lycée Askia Mohammed de Bamako dans la première moitié des années 1960 et surtout, à l’Université de Dakar d’où le Président Senghor nous a expulsés en mai 1971 dans un avion spécial avec d’autres étudiants Voltaïques considérés comme agitateurs sur le campus très anti-négritude à l’époque. Ce lien de jeunesse à Dakar s’est sacralisé à Bamako avec la mort de notre camarade de la fac de sciences, Cheick Omar Tangara, dans les bras de Soumaïla Cissé, lorsque le tristement célèbre Directeur des Services de Sécurité du Mali, Tiécoro Bagayoko, s’est juré de nous ôter la vie avant de nous envoyer en prison militaire très répressive au Camp des Parachutistes. Membre du bureau des étudiants maliens à Dakar, c’est moi qui dirigeais ce groupe de « rebelles » à l’injustice d’Etat. Même si l’histoire récente du Mali nous a politiquement séparés, je voterais pour Soumaïla Cissé,  par devoir de dialogue et de réconciliation, car s’il y a un pays sur la planète terre où tout le monde se connaît et personne ne se parle sincèrement, c’est bien le Mali. C’est aussi dans sa belle famille Dakaroise du Bèlèdougou que je loge au cours de mes nombreux séjours au Sénégal.

 

 

En dehors de ces louables motifs personnels, quelles sont les raisons objectives pour lesquelles vous voterez pour Soumaïla Cissé ?

 

 

En première urgence nationale, Soumaïla Cissé, natif de Tombouctou et citoyen de Nianfunké, est le plus humainement indiqué pour panser avec sagesse la profonde blessure intercommunautaire subie dans le septentrion du Mali. Soumaïla en est comptable en partie car elle est essentiellement causée par l’irresponsabilité collective et la démagogie décentralisatrice de nos derniers dirigeants post 26 mars.  En second lieu, Soumaïla a la qualité intellectuelle de s’attaquer à la plaie purulente de l’école républicaine malienne au vu de son brillant parcours professionnel en France, au Mali et à l’UEMOA. En troisième lieu, Soumaïla a la confiance des investisseurs du monde entier pour relancer l’économie et la capacité publique et privée d’entreprendre sans avoir besoin de corrompre les énormes ressources, ni de passer son mandat à mendier dans des jets ou au carrefour de nos villes.

–           

–           

 

Quelle mise en garde avez-vous pour tous les candidats à l’échéance présidentielle de ce 28 juillet 2013 ?

A tous les candidats pour la magistrature suprême de notre cher pays, je rappelle que le Mali est effectivement un pays pauvre mais très riche de son éthique. Il a toujours été sévèrement intraitable pour le paiement de sa dette à l’égard de chacun de ses citoyennes, citoyens ou envahisseurs étrangers. Nous sortons d’un cinquantenaire de la République du Mali qui a montré à suffisance la fin dramatique de chacun de ses leaders politiques, de Fily Dabo Sissoko à Kidal en 1964 à ATT, à Bamako, le 22 mars 2012. L’erreur étant humaine partout au monde, sauf au mali, par manque délibéré de mécanisme de réponse critique, chacun paie ici le prix fort de sa vie ou de sa liberté à ce pays à qui Dieu a tout donné.

–           

–           

A qui s’adresse en particulier une telle observation pertinente ?

A nous tous, mais surtout au candidat qui ressemble le plus à un hippopotame, spécialiste en larmes de crocodile, faux bourgeois de nos « ancêtres les gaulois » et qui veut nous ramener aux sorcelleries

Commentaires via Facebook :